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Violentes bagarres à Lille entre la police et des manifestants algériens Plusieurs blessés

Article paru dans le quotidien Le Monde, le 3 mai 1955

Lille, 2 mai. – Le 1er mal a été marqué dans le Nord par des bagarres entre la police et des Algériens, notamment à Lille, à Douai et à Maubeuge.

C’est à Lille que les incidents ont été les plus graves. Deux meetings avaient été autorisés : l’un, organisé par Force ouvrière, à la Bourse du travail, l’autre, par la C.G.T., devant l’hôtel de ville. Au moment où Ils étaient presque terminés, vers 11 heures, des bandes d’Algériens débouchant de toutes les rues aboutissant à la place de la République, proche de la préfecture et de la Bourse du travail, vinrent se réunir, au nombre d’environ mille cinq cents, pour former un cortège et un défilé, portant le drapeau à croissant noir sur fond rouge du M.T.L.D., et des banderoles reproduisant les slogans de ce mouvement :  » l’Algérie aux Algériens « ,  » Libérez Messali Hadj « , etc. Des papillons représentant le portrait de Messali Hadj étaient jetés à profusion.

Les forces de police très nombreuses, composées de C.R.S. et de gardiens de la paix, foncèrent immédiatement sur les manifestants. La bagarre fut très rude et très rapide. Le drapeau fut enlevé par la police, les banderoles furent arrachées. One violente échauffourée se produisit, qui fut suivie d’une fuite générale de tous les manifestants dans les rues voisines. Plusieurs d’entre eux, pour éviter la police, se réfugièrent même dans des maisons particulières rue Gambetta. Des groupes qui tentaient de se reformer à certains carrefours furent dispersés par des grenades lacrymogènes.

Dès le début de la collision on comptait plusieurs blessés de part et d’autre. Du côté du service d’ordre il y en avait une vingtaine, dont deux grièvement.

Poursuivant leur manifestation, des groupes d’Algériens se répandirent alors dans les rues de la ville, particulièrement dans le centre, et vers la banlieue, brisant les glaces des autos en stationnement et des magasins à l’aide de briques, de pavés et de pièces de fonte enlevées à des canalisations d’eau. Le calme ne fut rétabli qu’une heure plus tard. On compte soixante-dix arrestations. Des patrouilles de police ont continué toute la journée de circuler dans la ville, demandans leurs papiers aux groupes d’Algériens qu’elles rencontraient.

À DOUAI, dans la matinée également, il fut procédé à quarante arrestations au cours d’une manifestation. Certains Algériens étaient porteurs de rasoirs et de couteaux.

À MAUBEUGE les manifestants étaient au nombre d’environ cinq cents. La police s’étant opposée au cortège, une partie d’entre eux se répandirent dans des Jardins entourant deux maisons, et de là bombardèrent les représentants du service d’ordre. Il y eut neuf blessés parmi les policiers et douze parmi les Algériens.

À VALENCIENNES les forces de police s’opposèrent à la manifestation qui devait être organisée l’après-midi : mais il n’y eut pas d’incident grave.

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