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Intervention de Melle Dehbia au 2e congrès de l’USTA

Intervention de Melle Dehbia au 2e congrès de l’USTA, texte paru dans La Voix du travailleur algérien, décembre 1959.

 

 

Mlle DEHBIA, de Roubaix :

Chères sœurs et chers frères,

Deux années se sont écoulées depuis le Premier Congrès de l’U.S.T.A. Ces deux années pleines de luttes et de sacrifices ont démontré aux adversaires de la classe ouvrière algérienne que ni les complots ni les assassinats ne peuvent détourner l’U.S.T.A. de la noble mission qu’elle s’est fixée d’accomplir pour la paix, la liberté et le bien-être de la classe ouvrière algérienne dans une Algérie libre et heureuse.

En ce jour du II° Congrès de l’U.S.T.A., j’adresse mon salut le plus fraternel à toutes les femmes travailleuses libres, à nos sœurs algériennes qui partagent la vie dure et pénible de leurs époux ou de leurs parents ici en France. J’adresse mon salut le plus fraternel à nos sœurs algériennes qui sont en Algérie, derrière les barreaux, dans les cachots des bastilles colonialistes ou derrière les barbelés des camps de concentration.

Pour ce qui est de la lutte de la femme algérienne mes chers camarades vous êtes au courant de ces exploits et de la place importante qu’elle a de plus en plus dans la vie algérienne. Nous ici, en France, nous avons toujours manifesté notre présence à vos côtés et lutté courageusement pour défendre nos droits légitimes. Nous, présentes à vos côtés, comme dans le passé, nous tenons, plus que jamais, à lutter courageusement pour défendre nos droits. Nous nous associons à vous dans toutes les manifestations et dans toutes les luttes, car nous tenons à mener, nous aussi, le combat pour l’émancipation de la femme algérienne qui est la plus déshéritée au monde. Nos frères s’exilant en France laissent derrière eux leurs familles, leurs enfants. Ils se privent de loisirs, mènent une vie très modeste pour économiser sur leurs maigres salaires pour pouvoir envoyer leur mandat mensuel, mandat qui est, pour leurs enfants, une question de vie ou de mort. Car il importe de souligner qu’il n’existe pas de caisses d’assistance en Algérie pour secourir ceux qui ont faim et ceux qui ont froid sans compter les difficultés de toutes sortes qu’ils rencontrent.

Restés en Algérie, la femme et ses enfants se trouvent dans une situation dramatique. Pour comprendre ce drame, il est nécessaire de savoir que laissée seule et sans ressources, la femme est dans l’impossibilité de subvenir aux besoins de sa famille en Algérie. Abandonnée à son triste sort, elle doit lutter pour sauver son existence et celle de ses enfants, et cela par quels moyens ?

Sachez qu’il n’existe aucun secours ni organisme social qui puisse s’occuper sérieusement de ces foyers déshérités. Mais, permettez-moi de vous dire que nous songeons sérieusement à l’avenir et que notre seul espoir c’est bien l’U.S.T.A. En effet, c’est grâce à l’U.S.T.A. que je me trouve là dans cette salle pour participer à vos travaux. En effet, c’est grâce à l’U.S.T.A. que j’ai appris à lutter et que j’ai appris le sens de la responsabilité, non pas du foyer, car je suis encore jeune, mais à l’usine, devant le patron, pour défendre nos droits et le droit de mes camarades qui m’ont fait confiance et l’honneur de les représenter. C’est grâce à l’U.S.T.A. que j’ai appris à ne pas céder à l’intimidation et au chantage que ce soit de la police ou du patronat. Nous sommes sûres et certaines que l’U.S.T.A. se penchera, dans un proche avenir, sur le problème de la femme dans son ensemble et étudiera tous les moyens qui permettront à la femme de se libérer, de s’émanciper et de participer à la vie active du pays.

Bon courage, mes frères, bon courage, mes sœurs.

En avant tous et toutes pour l’émancipation de l’homme et de la femme.

En avant dans la lutte pour des lendemains radieux, pleins d’espoir et de bonheur.

En avant pour la liberté, pour la justice et pour la fraternité.

Vive l’U.S.T.A. !

Vive l’Algérie !

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