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Chawki Salhi : Algérie. Entre la mosquée et la caserne

Article de Chawki Salhi paru dans Inprecor, n° 334, du 5 au 18 juillet 1991, p. 3-5.

Au lendemain de l’arrestation d’Ali Belhadj, tribun vénéré des jeunes révoltés des quartiers les plus populaires d’Alger, et d’Abassi Madani, porte-parole et président du Front islamique du salut (FIS), le 30 juin 1991, les intégristes étaient prostrés. Ces personnages quasi mythiques, qui menaçaient de « guerre sainte » et traitaient d’égal à égal avec le régime, pouvaient donc être arrêtés par de simples mortels en uniforme de gendarme sans que le ciel ne tombe sur la tête de Chadli. Épuisés par leurs assauts dispersés et minoritaires à travers les quartiers d’Alger, ébranlés par la mise en cause publique d’Abassi, « danger pour l’islam et le pays », lors d’une interview télévisée de membres du Majliss al Choura (1), isolés dans l’opinion publique qui aspire au retour au calme ne voyant aucune issue à la crise, les intégristes sont incapables de riposter et leurs appels à la « guerre sainte » ne sont suivis à Annaba, Mostaganem, M’sila et dans le quartier de Bachdjarah à Alger que de manifestations peu nombreuses et sans efficacité militaire aucune. Les secteurs les mieux préparés ont été démantelés par des perquisitions et des arrestations, comme lors des affrontements du 29 juin au soir à Bel court, quartier d’Alger baptisé « Kaboul » par les islamistes, fief des radicaux du groupe Takfir Oual Hidjra.

Dès octobre 1990, en accord avec Mehri, le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Abdelaziz Belkhadem, nouveau président de l’Assemblée populaire nationale (APN), a entrepris de donner une cohérence au parti au pouvoir et de réduire l’impact du FIS.

Le désenchantement des électeurs du FIS était palpable dès l’automne 1990, car ces communes islamiques qui, promettait-on, assureraient le logement, le travail et le mariage aux jeunes, n’ont eu aucun effet sur la vie quotidienne. Ces élus, qui devaient régler les problèmes dans les mosquées en présence de tous, se sont retranchés, comme les précédents, derrière les plantons des mairies. Seule différence notable : les privilégiés, bénéficiaires des rares logements et autres aides, étaient tous barbus. Le FIS a tardé a réagir, menant campagne pour que cesse l’étranglement financier des mairies par l’Etat central, soutenant les sinistrés du tremblement de terre de 1989 non relogés, sans reconquérir pour autant la confiance de ses électeurs déçus. Une nouvelle organisation intégriste, Hamas, a même commencé à grignoter ses secteurs modérés.

La guerre du Golfe a permis au FIS, le 17 janvier 1991, de prendre la direction des masses révoltées, malgré les réserves importantes dues à son ambiguïté par rapport à l’Arabie saoudite. Mais sa surenchère militariste, qui a séduit les jeunes, a accouché de milices armées (« armées » seulement de discours sur la « guerre sainte »), impuissantes à affronter Bush. La jeunesse prit alors ses distances.

La grève générale des 12 et 13 mars appelée par l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) contre la vie chère, a rencontré un succès total ; l’opposition virulente à cette initiative du FIS et du Syndicat islamique des travailleurs (SIT) a profondément et durablement discrédité les islamistes. Prenant la mesure du tassement de l’électorat du FIS, Chadli a précipité les échéances, fait voter les lois électorales nécessaires et annoncé le 3 avril, des élections pour le 27 juin.

Pendant le mois de jeûne du Ramadan (qui a commencé mi-avril cette année), les bandes intégristes de Takfir Oual Hidjra s’en sont pris aux spectacles et aux cités de jeunes filles. Les médias ont alors déclenché une campagne aux arrières-pensées électorales évidentes ; mais, dans une société plutôt traditionaliste et victime d’une paupérisation accélérée, qui se préoccupe vraiment d’aller au spectacle ? Cela n’a effrayé que les couches moyennes. Le FIS a répliqué à la campagne de presse en allant à l’essentiel, en ouvrant ses marchés islamiques exonérés d’impôts, financés par les mairies et tenus par des semi-bénévoles qui cassaient les prix. Mais, avec le scrutin à deux tours, Hamrouche, le Premier ministre de l’époque, n’en avait cure, son découpage électoral, inique, réduisant à néant les espoirs intégristes. Le nombre d’électeurs par siège de député varie de 2 000 à 100 000 selon que l’on ait voté FLN ou FIS ; le Sud et l’extrême-Est sont favorisés et les villes écrasées. En supposant le maintien des scores du 12 juin 1990, le FLN escomptait entre 198 et 320 députés pour 17 % des électeurs ; et le FIS entre 134 et 265 députés pour 34 % des électeurs. L’incompétence des états-majors politiques, démocrates ou intégristes, avait permis de faire passer, avec l’accord de tous, ce mode de scrutin à deux tours, qui supprime la représentation de tous les partis, réduit le Front des forces socialistes (FFS) à un bastion en Kabylie et au Centre (ses autres voix étant perdues) et assure au FLN un rôle de « dernier recours » contre le FIS rassemblant au second tour les deux tiers de l’électorat sur ses candidats.

La grève du FIS

Le FIS ne pouvait accepter d’aller à la défaite le 27 juin et a donc exigé l’abrogation des lois électorales et la tenue d’élections présidentielles anticipées, sinon… c’est la grève générale a annoncé Madani, poussant le bouchon un peu plus loin.

Il y avait peu de chances qu’un tel mouvement soit suivi, après le grave recul du FIS consécutif à la grève générale de l’UGTA, mais surtout parce que l’opinion était lassée du jeu des partis qui, décidément, n’apportait aucun espoir. Aussi le pouvoir a tenté d’enfermer le FIS dans cette position et le secrétaire général du FLN, Mehri, a interpellé Madani à ce propos lors d’un face-à-face télévisé. L’appel à la grève, le 25 mai, apparaît donc comme un mauvais calcul comme une fuite en avant de Madani, qui appréhendait notamment son jugement du 26 mai, pour une déclaration diffamatoire. Le résultat en a été dérisoire : 100 grévistes sur 15 000 travailleurs au Complexe de véhicules industriels (CVI) de Rouiba, 3 sur 500 dans une entreprise de chimie, etc. Par unité, par dizaines, les militants du FIS quittaient le travail dans l’indifférence générale, à l’exception peut-être des champs pétroliers où une proportion plus importante de travailleurs a suivi la grève. Les marchés islamiques ont fermé, les mairies du FIS aussi, mais les commerçants sont resté ouverts, sauf à Médéa et Tlemcen, villes moyennes de l’intérieur.

Les campus universitaires ont été perturbés, mais une réaction saine, solidaire contre la répression et ferme sur le principe du droit de voter la grève dans des assemblées générales, a fini par isoler les centaines de marcheurs du FIS. Les manifestations ont été très minoritaires mais le pouvoir a exagéré cet échec, voulant à tout prix faire étalage à la télévision de l’impuissance du FIS. Celui-ci a alors changé de tactique et misé sur les marches en fm de journée. Hamrouche a reçu les dirigeants du FIS pour leur accorder quatre places publiques où manifester à Alger, dans le but délibéré de faire monter la tension et d’obtenir le ralliement de l’électorat affolé aux jupons du FLN.

Cela a provoqué un malaise au niveau des masses, qui pardonneront difficilement aux partis démocratiques et aux révolutionnaires leur inactivité et le fait d’avoir abandonné aux intégristes tous les mots d’ordre contre la dictature – les premiers parce qu’ils étaient uniquement préoccupés par leurs campagnes électorales, les seconds parce que, si leur impact médiatique est important, leurs capacités sont dérisoires. Quelques grenades lacrymogènes et les jeunes ont commencé à s’interroger ; lorsque, dans la nuit du 2 juin, la police a entrepris de déloger des manifestants, une partie de la jeunesse a basculé, le mouvement a changé de dimension et de nature ; l’état de siège a été déclaré.

Le 4 juin, alors qu’Hamrouche estimait la situation encore maîtrisable, ses adversaires au sein du FLN ont exigé qu’il décrète l’état de siège – il faut dire que les prêteurs italiens avaient suspendu l’octroi d’un crédit de 7 milliards de dollars à cause de l’instabilité, et que le Fonds monétaire international (FMI) a été le premier à soutenir la proclamation de l’état d’urgence.

La démission d’Hamrouche, sous le prétexte qu’il ne voulait pas « être l’homme de deux politiques » (en réalité, il a refusé de sacrifier ses ambitions en devenant le bouc émissaire de la répression), a causé une impression de déroute du pouvoir : une grève très minoritaire réussis-sait à renverser le cabinet, à obtenir des présidentielles anticipées et un gouverne-ment de coalition. Ces concessions, incompréhensibles après la mise du pays sous férule militaire, ont gonflé de puissance les intégristes et démoralisé le reste de l’opinion, prise à la gorge par l’apparente montée du FIS – notamment les couches moyennes modernistes, qui étaient proches de la panique.

Le « drôle d’état de siège »

Alors que les intégristes, rassurés, plastronnaient, on observait également une profonde inquiétude au sein des masses populaires. Pourtant, l’état de siège s’est installé sans réaction de la population et de la jeunesse, contrairement à ce qui s’était passé en octobre 1998, où il avait donné le signal de la révolte. Paradoxalement, il rassure les intégristes eux-mêmes car il signifie la fin des affrontements, et donc du risque d’y laisser sa peau.

Très vite cependant, le pouvoir essaye d’effacer cette impression de déroute, annonçant tout d’abord que l’état de siège allait durer, puis livrant une guérilla de communiqués et de mesures contre le FIS : Belhadj a été mis en cause dans l’affaire d’un ressortissant français islamiste (Didier Roger Guyan), qui aurait introduit des armes et des explosifs en Algérie ; les municipalités ont été sommées de supprimer leurs pancartes « mairies islamiques » ; les meetings du vendredi dans les mosquées ont été régulièrement dénoncés et menacés par des communiqués inquiétants des autorités militaires. Mais toutes ces mesures ont fait apparaître le pouvoir comme velléitaire car elles n’ont pas été suivies d’effet : malgré la lourdeur des accusations, Belhadj n’a pas été inculpé ; les maires remettaient dans la journée les pancartes enlevées la nuit par les militaires ; et chaque vendredi, malgré le déploiement des chars, les meetings intégristes se tenaient, avec des appels désormais réguliers à la « guerre sainte ».

Le FIS semblait indestructible et hors d’atteinte, alors que les meetings du FFS étaient déjà interdits avant l’état de siège et que le Parti socialiste des travailleurs (PST) était mis en demeure de ne pas tenir un meeting à Bejaïa, que son local d’Oran était perquisitionné après une diffusion de tracts, et ses responsables de Bejaïa interrogés après un collage d’affiches.

On a également assisté à un tournant religieux du discours officiel : chaque ministre ou responsable s’est mis à user et abuser de formules rituelles et de versets coraniques, contribuant à faire monter l’inquiétude de la population.

L’arrestation de Belhadj et de Madani a été le premier geste d’autorité du pouvoir – dans la phase précédente, sa politique avait jeté les hésitants dans les bras de ceux qui semblaient être les plus forts, les intégristes. Mais c’est une triste victoire que celle de l’armée : en faisant des intégristes les seules victimes de la répression, et les seuls capables de tenir la rue durant toute une période, elle prépare un autre raz-de-marée intégriste à court ou moyen terme, quand les réformes libérales du FLN seront appliquées et que la misère et le désespoir auront encore augmenté.

Quels démocrates ?

Les partis démocratiques se succèdent, ridicules, dans l’antichambre du nouveau chef de gouvernement, Ghozali, auquel ils font allégeance. Ils acceptent l’indignité de se plier au régime et bredouillent des déclarations abstraites, alors qu’ils sont interdits de manifestation et astreints au couvre-feu. Le PST, seule organisation à refuser cette démarche, apparaît totalement étranger à la communauté des partis agréés par Chadli et continue à demander la levée de l’état de siège (voir encadré, p. 5) ; à cause de cette attitude, il s’est attiré les foudres du pouvoir. Les partis démocratiques soutiennent ce curieux « gouvernement de coalition » qui ne rassemble que… des membres du FLN ! Ils se regroupent pour soutenir cet énième cabinet FLN depuis l’Indépendance, dont le Premier ministre les traite, d’ailleurs, de haut en les mettant en demeure de se prononcer en sa faveur, contre le FIS.

L’attitude des partis démocratiques à l’égard de l’état de siège est hésitante et, le plus souvent, ils se prononcent pour les chars. Ben Bella, le 19 juin, date anniversaire du coup d’Etat où l’armée l’a renversé, a salué cette dernière, qui serait « au-dessus de tous et composée de gens honnêtes », et a timidement suggéré qu’on aille vers la levée de l’état de siège, comme le demande tout aussi timidement Aït Ahmed du FFS, qui a eu au moins le mérite de le dire ouvertement. A part la Ligue de défense des droits de l’homme de maître Ali-Yahia et le PST, personne n’exige clairement la levée de l’état de siège sauf, bien sûr, Louiza Hanoune du Parti des travailleurs (PT, organisation du courant lambertiste) – mais elle est terriblement compromise avec le FIS depuis sa visite à Abassi Madani et à cause de son soutien à la grève des islamistes, feignant d’ignorer ses objectifs proclamés de « République islamique ». ll suffit donc apparemment de réclamer le départ de Chadli pour recevoir le soutien du Parti des travailleurs, qui a été jusqu’à présenter la grève minoritaire du FIS comme celle du « peuple ». D’ailleurs, Louiza Hanoune, rejetée dans l’opinion, est une héroïne dans les milieux intégristes ; à chacun son camp… Quant au Parti de l’avant-garde socialiste (PAGS, Parti communiste algérien) passablement décomposé, il joue les « harkis » (2), demandant l’interdiction du FIS et s’interdisant donc à lui-même toute activité dans les quartiers populaires.

Les volte-face des intégristes

Les contradictions des positions d’Abassi Madani et l’incohérence de sa résistance à l’état de siège ont pourtant fini par user sa crédibilité. En effet, les parents des victimes ne lui ont pas pardonné d’avoir envoyé des jeunes à l’abattoir et ses partisans ne pouvaient plus accepter ces affrontements très minoritaires qui durent sans rime ni raison, en l’absence apparente d’un plan cohérent et de perspectives.

Madani a tout d’abord soutenu le gouvernement Ghozali, confirmant, y compris, ce soutien après la mise en cause de Belhadj dans le complot avec l’étranger – puis, tout d’un coup, il a demandé la levée de l’état de siège, quelques jours avant son arrestation. Ces incohérences se sont soldées par une perte de crédibilité et un discrédit qui ont permis l’arrestation de Belhadj, précédée de la liquidation de l’appareil du FIS et de l’arrestation de ses cadres intermédiaires, ce qui a permis une grande efficacité de cette action et expliqué l’absence quasi-totale de réactions et de solidarité avec les islamistes.

Les médias occidentaux évoquent trop facilement le spectre du coup d’état militaire : pourquoi les militaires algériens fomenteraient-ils une action de ce type alors que les généraux sont au pouvoir depuis le coup d’Etat de l’armée des frontières, à l’été 1962 ? L’ouverture démocratique concédée après les événements d’octobre 1998 ne sera pas remise en cause, car elle est nécessaire pour attirer la confiance des impérialistes. En outre, c’est une façon de gouverner beaucoup plus stable et efficace par sa souplesse que la dictature militaire. Le régime n’aurait eu recours à une telle solution extrême que s’il avait été sérieusement ébranlé. Or cela n’a pas été le cas, même si l’on a craint un moment qu’un début de déstabilisation de la base de l’armée par le FIS ne finisse par rendre inefficaces les forces de répression du régime et provoque l’écroulement de l’armée de Chadli. Cela n’aurait pas été un phénomène révolutionnaire, car le FIS est une force réactionnaire, mais cela aurait constitué une chance historique pour cette minorité d’intégristes, désireux d’imposer un ordre rétrograde qu’il faut combattre.

Aujourd’hui il faut s’attendre à une ouverture économique plus importante. « Plus de demi-mesures » titrait le 2 juillet, L’Horizon, le quotidien du soir. La laborieuse ouverture de juillet 1990 aux concessionnaires étrangers, qui leur permettait de vendre en devises contre des promesses d’investissement, a été dépassée en février 1991 par la libéralisation totale, du moins sur le papier, du commerce extérieur. Il faut s’attendre à ce que, pour faire honneur aux prêts des banquiers japonais, italiens, ou français qui se bousculent auprès du gouvernement Ghozali, l’ouverture soit encore plus accentués. Les entreprises locales en faillite, tenues à bout de bras pour six mois seulement, le temps de passer les échéances législatives, connaîtront certainement de sérieuses difficulté. L’ouverture du commerce extérieur entraînerait l’écroulement du textile, de la chaussure et des industries de transformation. Le gouvernement a promis que cette ouverture ne saborderait pas l’outil industriel national – mais il n’y a pas de solution à la quadrature du cercle. L’écroulement délibéré du pouvoir d’achat, à travers la dévaluation administrative du dinar décidée par le pouvoir et par les réformes fiscales injustes pour les masses, provoque une paupérisation accrue. On prévoit 4 millions de chômeurs et des lendemains sombres après les élections. Comment le régime actuel pourrait-il survivre sans s’insérer encore un peu plus dans le giron impérialiste, en sabordant tous les efforts d’industrialisation nationale, alors que la déstabilisation récente l’a contraint à quémander davantage de soutien aux impérialistes ?

Il faut se garder de penser que les intégristes sont hors jeu, au contraire. Le FIS, momentanément déstabilisé, était le seul parti inséré dans les secteurs populaires, en l’absence d’alternative socialiste ou populiste et encore moins démocratique. Demain, après-demain, lorsque la misère des réformes libérales deviendra apparente, un autre parti du désespoir, qui ne s’appellera pas forcément FIS, risque de reprendre en charge la révolte de la jeunesse.

3 juillet 1991


1) Il s’agit de la direction du FIS. Elle a perdu environ 20 de ses 35 membres – une dizaine sont en prison et quatre d’entre eux sont en dissidence ouverte.

2) Les harkis sont les Algériens membres de l’armée française lors de la guerre de libération d’Algérie qui se sont battus aux côtés des Français contre le FLN.

* L’Algérie dans lnprecor, voir en page 2.


Contre l’état de non-droit

Voici la plus récente en date des déclarations du Parti socialiste des travailleurs (PST) algérien.

« Notre opposition aux projets politiques de MM. Belhadj et Madani, à leurs méthodes, à leurs actions récentes, ne nous empêche pas de considérer leurs arrestations comme entachées par le fait qu’elles se déroulent durant l’état de siège, c’est-à-dire durant un état de non-droit. Il existe suffisamment de lois et d’institutions répressives qui permettent de prendre en charge toutes les atteintes aux droits des citoyens. Il faut lever l’état de siège qui ne signifie pas seulement l’intervention de l’armée pour des opérations de police, mais plutôt la suspension des droits démocratiques concédés et des garanties accordées en matière de droits de l’homme. L’état de siège interdit aux travailleurs, aux masses populaires et aux partis de se réunir et de s’exprimer hors des canaux banalisés par les autorités militaires. il faut laisser le libre débat de tous les citoyens, de tous les courants sans exclusive. Il n’y a pas de solution policière à un débat politique.

« M. Ghozali a reconnu, le 27 juin, qu’il ne dirige pas une commission électorale mais bien un gouvernement. Son programme pour gouverner ce sont les réformes libérales anti-populaires, celles de Hamrouche. Son pouvoir c’est la continuité du régime en place depuis 1962 ; l’approbation de son programme par l’Assemblée populaire nationale (APN) du FLN ne lui donnera aucune légitimation supplémentaire. Faut-il alors solliciter cette APN pour voter une quatrième version de la loi électorale ? Non ! Il faut élire à la proportionnelle une assemblée constituante souveraine, une assemblée de représentants du peuple qui proposeront une Constitution et des lois électorales et économiques qui correspondent aux aspirations des masses. »

Alger, le 1er juillet 1991

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