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Opposition : être à la fois révolutionnaire et opposé au régime

Article paru dans le Bulletin de liaison du Parti de la Révolution Socialiste, n° 12, 1er mai 1967, p. 12

Au départ, écartons l’idée selon laquelle le rassemblement, sans aucune exclusive, de l’opposition est la condition de toute marche en avant et, qu’à ce titre, il doit être recherché à N’IMPORTE QUEL PRIX. Cette notion d’OPPOSITION UNIQUE est un mythe réactionnaire de même que celle de PARTI UNIQUE. En fait, la glorification de l’unicité cherche à masquer la réalité des antagonismes de classes et à confondre les intérêts des exploiteurs et ceux des exploités dans un mouvement commun au nom d’un soi-disant intérêt national.

En tant que militants révolutionnaires socialistes, la seule unité qui nous intéresse est celle des classes laborieuses, exploitées et déshéritées.

En tant que Parti de la Révolution Socialiste, l’unification à laquelle nous travaillons sans cesse, c’est celle des représentants authentiques et sincères de ces classes. Choix qui exclut nettement toute action commune, même pour des objectifs limités, avec les charlatans, les politiciens véreux, les profiteurs, les exploiteurs ou les parasites, même s’ils affichent une opposition intransigeante au pouvoir.

L’Etat algérien actuel est REACTIONNAIRE, DICTATORIAL et BUREAUCRATIQUE. Cette nature anti-populaire est clairement prouvée par la répression brutale des militants révolutionnaires, par l’étouffement des libertés syndicales, par l’interdiction du droit de grève, par la liquidation de l’autogestion, par la saisie permanente de leur presse. Ces caractéristiques ne sont pas dues à un rapport de forces défavorable à l’intérieur de l’appareil d’Etat, mais elles sont les résultantes de la NATURE DE CLASSE DE CET ETAT, dominé par la petite-bourgeoisie bureaucratique et du FAIBLE DEGRE d’ORGANISATION DES MASSES qui, écartées de la vie politico-économique du pays, n’ont pas encore leur expression politique propre, c’est-à-dire LEUR PARTI DE CLASSE.

Aussi, faut-il rejeter toute analyse qui ne tienne pas compte de la contradiction principale – Etat bureaucratique dominé par la petite-bourgeoisie et forgeant sans cesse son appareil répression – et masses populaires dont toutes les tentatives d’organisation sont violemment réprimées – et qui ne préconise l’opposition résolue au REGIME DANS SA TOTALITE. Il ne s’agit pas, bien sûr, de nier les contradictions internes du pouvoir, mais elles sont secondaires si la lutte est menée sur des classes de classe et en vue de construire le mouvement capable de « BRISER LA MACHINE BUREAUCRATIQUE ET MILITAIRE DE L’ETAT ».

En d’autres termes, unité de l’opposition signifie unité des avant-gardes révolutionnaires sur une base claire pour l’édification effective d’un parti d’avant-garde et non un alibi cachant la répugnance profonde à recourir aux masses.

La Révolution Socialiste c’est, au premier chef, l’affaire des exploités.

Ceux qui basent leur tactique sur des processus situés en dehors des masses : luttes d’appareil, manœuvres de coulisses, ententes de sommet ne peuvent se prétendre réellement révolutionnaires. C’est dans cet esprit qu’il faut rejeter toute ALLIANCE HETEROCLITE entre des forces disparates dans le seul but de PRENDRE LE POUVOIR. Les opposants révolutionnaires devront, non seulement se mettre d’accord sur les principes et les objectifs de l’action, mais ils devront fixer les moyens à employer et la tactique à suivre pour engager l’entreprise révolutionnaire.

En conclusion, le P.R.S. refusera de s’unir avec tout mouvement qui n’aura pas un contenu révolutionnaire clair (lié aux masses et non aux exploiteurs) ou qui ne sera pas résolument opposé au régime. Il envisage l’avenir avec sérénité et continue de tout mettre en oeuvre pour qu’un Parti d’avant-garde se constitue et se renforce. Il dénoncera toutes les tentatives de la petite-bourgeoisie bureaucratique ou même de la bourgeoisie de se servir des masses populaires pour consolider leurs privilèges.

Les masses devront s’organiser afin de construire la seule force capable de s’emparer du pouvoir d’Etat et de faire triompher leurs intérêts. Elles ne doivent et ne devront FAIRE CONFIANCE qu’à leurs propres organisations : celles qui sont sous LEUR CONTROLE. Dès maintenant, elles doivent se rendre compte que leurs ennemis sont nombreux et que leur lutte sera difficile ; mais il est certain qu’elle sera victorieuse.

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