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Gérard Gilles : Psychanalyse et révolution

Article de Gérard Gilles paru dans Recherches libertaires, n° 1, décembre 1966, p. 1-5

Notes de lecture sur « EROS et CIVILISATION », de H. Marcuse et « EROS et THANATOS », de O. Brown

Un biographe de Freud raconte que celui-ci, débarquant aux États-Unis, aurait déclaré à un ami qui l’accompagnait : « Nous leur apportons le poison ». Paroles qui semblent prophétiques quand on découvre les ravages que fait aujourd’hui la psychanalyse dans ce pays. Elle a échappe aux psychiatres, à qui elle était primitivement destinée, pour tomber entre les mains de tous, y compris de gens dont on peut se demander en quoi cet instrument peut leur être utile, tels les sociologues marxistes ou les théologiens protestants, — ce qui nous a valu les deux ouvrages traduits en français qui sont l’objet de la présente critique.

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Herbert Marcuse et le problème de la paix au Moyen-Orient

Article paru dans Eléments, revue du Comité de la gauche pour la paix négociée au Moyen-Orient, n° 1, décembre 1968, p. 22-23

Herbert Marcuse (source)

Nous avons estimé intéressant de publier un extrait d’un débat qui s’est tenu en juillet 1967 à Berlin et auquel participaient notamment, outre Marcuse, Rudi Dutschke et Wolfgang Lefèvre. Au cours de ce débat, le philosophe américain a été amené à préciser sa position sur le problème du Moyen-Orient.

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Robert Langston : Herbert Marcuse et le marxisme

Article de Robert Langston paru dans Quatrième Internationale, 27e année, n° 36, mars 1969, p. 53-59

On peut distinguer trois périodes plus ou moins nettes dans le développement intellectuel du philosophe Herbert Marcuse, âgé de 70 ans. Ses premiers travaux, tel son essai de 1932 sur les manuscrits économiques et philosophiques du jeune Marx — alors récemment découverts — montrent l’influence dominante de son professeur, le philosophe existentialiste allemand Martin Heidegger. Dans les années d’exil à cause du régime nazi — les années 30 — Marcuse se libère progressivement de l’influence de Heidegger et se rapproche du marxisme orthodoxe, avec cependant un fort penchant hégélien. Cette phase culmine dans Raison et Révolution (1941), le meilleur ouvrage de Marcuse et peut-être le meilleur livre de langue anglaise jusqu’à présent écrit sur Hegel. Ici, Marcuse voit dans la classe ouvrière industrielle la « force de négation » qui transformera le monde.

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Paul Mattick : Les limites de l’intégration. L’homme unidimensionnel dans la société de classe

Ma recension du livre de Paul Mattick, Les limites de l’intégration. L’homme unidimensionnel dans la société de classe (Caen, éditions Grevis, 2021) vient de paraître dans ContreTemps. Revue de critique communiste, n° 51, octobre 2021, p. 152-153

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Nicolas : La diffusion de la répression

Article de Nicolas paru dans La Lanterne noire, n° 4, décembre 1975, p. 28-32


LA PROTECTION DES HONNÊTES GENS

Discours politiques, commentaires de journaux, informations, événements, contre-informations, la petite phrase pleine de présages, les mots mille fois amplifiés par les moyens de communication de masses et analysés en long et en large par les spécialistes, soutenus et expliqués par les intellectuels de tous bords… un monde de mots, de signes, de représentations nous entoure, nous unit ou nous désunit, nous transperce, nous emmerde.

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Herbert Marcuse : De l’ontologie à la technologie. Les tendances de la société industrielle

Texte d’Herbert Marcuse paru dans Arguments, n° 18, 2e trimestre 1960, p. 54-59


Les pages suivantes contiennent des idées développées lors d’un cours fait en 1958-59 à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes ; elles font partie d’un livre, à paraître, consacré à l’étude de certaines tendances de base de la société industrielle la plus évoluée, aux Etats-Unis en particulier (1). Ces tendances paraissent engendrer un mode de pensée et de comportement qui réprime ou rejette toutes les valeurs, les aspirations et les idées non conformes à la rationalité dominante. C’est par conséquent une dimension entière de la réalité humaine qui se trouve supprimée : la dimension qui permet aux individus et aux classes de développer une théorie et une pratique du dépassement et d’envisager la « négation déterminée » de leur société. La critique radicale, l’opposition efficace (intellectuelles aussi bien que politiques) se trouvent désormais intégrées au status-quo ; l’existence humaine semble devenir « uni-dimensionnelle ». Une telle intégration ne s’explique nullement par l’émergence de la mass culture, de l’Organization man, des Hidden Persuaders, etc. ; ces notions appartiennent à une interprétation purement idéologique qui néglige l’analyse des processus fondamentaux : les processus qui minent la base sur laquelle l’opposition radicale pourrait se développer.

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Hélène Gérard : Herbert Marcuse, Eros et civilisation

Article d’Hélène Gérard paru dans Socialisme ou Barbarie, n° 36, avril-juin 1964, p. 79-83

Par la critique à laquelle elle soumettait les valeurs bourgeoises, l’œuvre de Freud fit, à son apparition, l’effet d’une bombe. Cette bombe, la bourgeoisie s’employa aussitôt à la désamorcer : aux Etats-Unis, où la psychanalyse prit rapidement une grande extension, la technique psychanalytique fut isolée des fondements philosophiques de la théorie et de ce divorce naquit une nouvelle conception de la maladie, parfaitement acceptable pour l’ordre établi : l’inadaptation sociale. L’objectif de la cure psychanalytique ne fut plus, des lors, que d’amener les inadaptés à se conformer de nouveau aux normes de la société.

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Herbert Marcuse : L’amour et la mort (Eros et Thanatos)

Texte d’Herbert Marcuse paru dans Arguments, n° 21, 1er trimestre 1961, p. 59-64


A condition de n’être pas réprimée, la sexualité tend à se transformer en Eros, c’est-à-dire à se sublimer en relations permanentes et élargies (comprenant des relations de travail) où se trouve intensifiée et amplifiée la satisfaction des instincts. L’Eros aspire à se perpétuer en un ordre durable. Cette aspiration rencontre dans le domaine de la nécessité une première résistance. Certes, la misère et la pauvreté qui dominent dans le monde pourraient être maîtrisées au point que rien ne s’opposerait plus à l’avènement d’une totale liberté ; mais cette maîtrise semble devoir toujours être remise à plus tard, créer éternellement des contraintes nouvelles. Tout le progrès technique, la rationalisation de l’homme et du travail, n’ont pas aboli le travail contraignant, aliéné, mécanique, que l’on fait sans plaisir et sans y trouver une réalisation de soi (1).