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Le Parti du Peuple Algérien reste lui-même

Article paru dans le Bulletin d’informations du PPA, n° 1, juillet 1962

 

 

Le Parti du Peuple Algérien reste lui-même

Pour une certaine opinion, le P.P.A, ses militants et MESSALI HADJ doivent présentement se frotter les mains à propos des divergences surgies au sein du F.L.N. On ne peut plus se tromper et c’est là une erreur à la fois stupide et grossière.

Le Parti du Peuple Algérien est bien au contraire affligé de ce qui arrive en Algérie au moment même où l’indépendance autorisait de grands espoirs à notre peuple. Assurément, il est affligé, car le P.P.A. n’a cessé, depuis au moins quatre ans, de prêcher l’union et la réconciliation entre tous les courants nationalistes afin d’éviter le spectacle combien bouleversant et déchirant que nous vivons aujourd’hui.

Où allons-nous et où va le F.L.N. qui, il y a encore quelques jours, se présentait comme un mouvement politique fort, puissant et cohérent ?

Ce qui affecte actuellement le F.L.N. était inscrit dans sa destinée et le P.P.A. l’a pressenti et prévu.

En effet, le F.L.N. est une formation qui réunit en son sein plusieurs mouvements politiques très différents les uns des autres et la cause des ralliements de ces mouvements au F.L.N. n’a rien eu de national et moins encore de révolutionnaire. Cette formation politique ressemblait à un récipient rempli d’éléments chimiques différents, et il était à prévoir que la poussée de la lutte révolutionnaire et les chocs découlant des sept années de guerre, allaient faire éclater ce récipient.

Le P.P.A. n’a pas voulu se rallier et se fondre au sein du F.L.N. pour plusieurs raisons. Cette attitude a coûté très cher au P.P.A., à ses militants, à ses maquis et à ses dirigeants. De plus, MESSALI HADJ et ses amis ont été traités de contre-révolutionnaires pour avoir observé cette attitude. Bien sûr, cette assertion, hélas ! combien trompeuse, a été démentie de la manière la plus magistrale par les événements que nous vivons. Il est vrai aussi que le Président du P.P.A. n’est plus le seul à être dans ce cas aujourd’hui tandis que l’étiquette de « contre-révolutionnaire » et autres qualificatifs sont répandus sur le compte de Ben Bella, du colonel Boumedienne, du commandant Slimane, Khider Mohamed et autres…

En vérité, cette apparence met un voile devant l’essentiel et ne mériterait guère de retenir l’attention si ce n’était que ces appellations et ces accusations gratuites n’étaient jetées en l’air que pour dissimuler des problèmes politiques qui opposent aujourd’hui les différents clans du F.L.N.

Par ailleurs, chacun de ces mouvements politiques ayant rejoint le F.L.N., entendait à sa manière et l’indépendance et l’avenir algérien. Pour tout dire, il est presque sûr qu’un certain nombre de ces ralliés ne pensait même pas à ces problèmes et ne considérait le F.L.N. que comme un tremplin et une assurance pour leur propre survie politique.

La situation que nous vivons actuellement ressemble pour beaucoup aux années 1952 à 1954. A cette époque, une crise grave secouait le M.T.L.D. Celle-ci séparait le M.T.L.D. en deux parties : ceux qui étaient pour la révolution et ceux qui avaient opté pour la collaboration avec le néo-colonialisme personnifié par M. Chevallier, maire d’Alger et ancien ministre de Mendès-France. En un mot, cela nous conduira bien naturellement à préciser, une fois de plus, que l’attitude du Président MESSALI ne s’en est trouvée que mieux confirmée, car sans son opposition farouche et son ardeur conjuguée à celles de milliers de pionniers de la Révolution, notre pays se serait trouvé englouti dans la déchéance contre-révolutionnaire dans laquelle les centralistes ont tenté de le conduire.

Cette attitude, en somme, a légitimité la position du M.T.L.D. dont la mission au premier Congrès – 15 février 1947 – décida du principe de la révolution et de l’action directe. Ce principe fut non seulement confirmé par le Congrès extraordinaire d’Hornu – 14 juillet 1954 – mais encore celui-ci, étant donné la conjoncture pré-insurrectionnelle nord-africaine, décida d’accélérer les préparatifs afin de faire face au déclenchement de la révolution.

En conséquence, le même problème, à savoir l’indépendance et l’édification de l’Etat algérien sur des bases démocratiques et sociales restent à réaliser. La réforme agraire, tant réclamée par le mouvement nationaliste algérien, l’introduction progressive d’un socialisme qui tiendrait compte de notre vie nationale et islamique sont autant de problèmes qui s’imposent à n’importe quel gouvernement algérien de demain.

Le Parti du Peuple Algérien reste fidèle à cette politique et considère que la révolution algérienne n’a pas réalisé tous les objectifs qu’elle s’est assignés.

Le Parti du Peuple Algérien ne consentira jamais que les quarante années de lutte, de souffrances et de sacrifices disparaissent. Il ne veut pas davantage que les huit années de guerre soient sacrifiées à des combinaisons politiques qui tourneraient le dos aux objectifs sacrés de la Révolution.

Pour toutes ces considérations, le P.P.A. demande une Conférence de la Table Ronde en présence de tous les représentants des courants politiques algériens en vue d’arrêter un programme politique commun répondant aux objectifs de la Révolution algérienne.

L’UNION des Algériens ne peut se faire seulement autour d’un certain nombre de personnes jouissant d’un prestige momentané, cette UNION, disons-nous,  ne peut se faire qu’autour d’un programme qu’il importe de réaliser en tenant compte de la conjoncture actuelle et des nécessités de l’heure. Cette initiative aura l’importance de mettre fin à la surenchère et à la démagogie. Cela évidemment nous amènera inévitablement à la formation d’un gouvernement d’union nationale le plus large possible. C’est là, à notre avis, le seul moyen d’éviter à notre pays le chaos, l’anarchie, voire l’intervention étrangère.

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