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Racistes et anti-racistes contre le prolétariat

Article paru dans Parti de classe, n° 6, octobre 1985, p. 15-18


Après la marche pour l’égalité et contre le racisme de ’83, après les mobylettes de Convergence, parties de cinq villes de France et culminant dans le défilé-carnaval de plus de 30 000 personnes à Paris le 1 déc. ’84, voici les projecteurs braqués sur « SOS-Racisme » et sur un nouveau happening musical à Concorde. Tous les ans on nous sert les mêmes salades, accommodées d’un assaisonnement différent.

Les organisateurs de la marche ’84, qui dès la début ont pu compter sur l’aide et le soutien de l’Etat français, des démocrates, des associations humanistes et religieuses, du MRAP à la LCR en passant par d’autres nationalistes, disent ne pas agir dans un but politique précis et de simplement vouloir « montrer ce qui se passe dans les cités, comment y vivent les jeunes de toutes horizons et exprimer leurs espoirs. » Les mots d’ordre de la marche : « Pour une France pluriculturelle » ; « Ensemble pour l’égalité » ; « Ni rejet, ni assimilation, pour une nouvelle citoyenneté » …

Quant à « SOS-Racisme » avec le badge « touche pas à mon pote », il s’en tient à un discours plus primaire, il se dit simplement « contre tous les racismes » et se démarque sur le terrain par ses conférences de presse, ses enquêtes et contre-enquêtes, ses démarches juridiques et autres mobilisations de « sensibilisation ».

TOUTES CES INITIATIVES S’INSCRIVENT DANS LA LISTE NOIRE DES ATTAQUES QUE MENE LE CAPITAL CONTRE NOTRE CLASSE.

Depuis l’accès du PS au pouvoir en ’81, plébiscité démocratiquement par l’ensemble des citoyens-électeurs, tous les prolétaires ont bénéficié des fruits de l’action gouvernementale : augmentation du chômage (dont plus personne aujourd’hui n’ose nier la nécessité), expulsion de tous les « irréguliers » (!), renforcement des forces de la démocratie (nouvelle croisade de P. Joxe pour moderniser l’appareil répressif), restructurations (= intensification de l’exploitation) sans oublier l’action de Badinter qui accorde des soins très particuliers (les révoltes dans les prisons en témoignent) aux brebis galeuses de la France socialiste. Aujourd’hui, avec « SOS-Racisme », comme hier avec « Convergence », l’Etat reçoit un nouveau soutien pour l’assister activement dans sa répression du mouvement prolétarien, plus particulièrement en ce qui concerne le secteur explosif des jeunes immigrés.

En effet, en France c’est surtout durant l’été ’81 que ces jeunes prolétaires des banlieues Lyonnaises et Marseillaises, las de subir l’ennui et la misère de leurs vies, se sont révoltés. Ce ne fût point une révolte spécifique : au même moment les émeutes de Brixton, où blancs et noirs, hommes et femmes, jeunes et vieux étaient unis pour s’attaquer à la flicaille et pour incendier et piller, suivies quelques mois plus tard par des nouvelles révoltes dans 12 autres villes d’Angleterre, démontraient que cette lutte est celle de tous les exploités !

« SOS-CAPITALISME »

Pour empêcher l’affirmation violente dans la lutte de la communauté d’intérêt qui unit tous les prolétaires du monde face à la bourgeoisie, le capital avive le racisme, l’impose systématiquement dans tous les rapports entre citoyens, comme un des moyens pour opposer les prolétaires les uns aux autres, pour les atomiser.

La bourgeoisie n’a pas inventé le racisme, il est le produit de la division de la société en classes. Le capital, dans sa course effrénée pour les profits, engendre toujours des différences catégorielles entre les prolétaires, dont la plus importante, celle entre travailleurs nationaux et étrangers. En exploitant ces différences, la bourgeoisie développe et généralise l’idéologie raciste et en fait une force matérielle de sa conservation : le racisme permet d’éviter la polarisation de la société en deux classes antagoniques.

Maie le complément indispensable du racisme, est l’anti-racisme. Les anti-racistes veulent maintenir une société où règne l’harmonie entre tous les citoyens qui tous, malgré leurs différences de culture et de couleur de peau, devraient pouvoir bénéficier des mêmes droits. Mais de quels droits bénéficient les prolétaires ?

Hier, quand l’immigré valorisait le capital, crachait de la valeur, il ne posait aucun problème à la société ; bien au contraire, les bourgeois accueillaient les immigrés les bras ouverts (ce qui est une façon de parler, car quand ce n’était pas la faim qui obligeait les prolétaires à parcourir des milliers de kilomètres pour trouver du travail, c’était directement l’Etat qui, fusils braqués, les obligeait à venir chercher ce travail !). Mais aujourd’hui, c’est la crise, il y a trop de prolétaires, il s’agit donc d’en éliminer une partie : la bourgeoisie se découvre un « problème d’immigration ». Et nos anti-racistes de crier au loup : Non au racisme ! Droits égaux pour tous !

Du moment que les prolétaires se comportent en citoyens honnêtes et responsables, ils peuvent bénéficier de tous les droits imaginables : s’ils acceptent de participer à l’effort national pour sauver l’économie, s’ils acceptent de participer aux élections, aux syndicats et avalent sans rechigner toutes les restrictions, s’ils acceptent de se faire interpeller et contrôler, s’ils acceptent tout, y compris les licenciements, les expulsions et jusqu’au sacrifice de leurs vies dans des guerres d’extermination toujours plus meurtrières. Ces citoyens-là ont tous les droits (qui dans certains pays sont des devoirs !) : de vote, d’expression, d’association, …

Mais que les prolétaires, et peu importe alors la couleur de leur peau., ne respectent plus la logique capitaliste (ou que leur simple présence gène cette logique), s’ils disent non aux sacrifices, merde à l’économie nationale, s’ils luttent contre les baisses de salaires, s’ils s’organisent contre les expulsions et les brimades, et aussitôt, au nom des droits et de la démocratie, au nom de la civilisation, un déluge de répression s’abat sur eux. Ces prolétaires-là, qui cassent la paix sociale et s’organisent contre l’ordre établi pour obtenir par la force la satisfaction de leurs besoins, ne sont que des étrangers, des provocateurs, les ennemis de la démocratie !

En revendiquant les « droits égaux pour tous », les anti-racistes ne font qu’un peu plus soumettre les prolétaires aux « lois du peuple français » qui ne font que réglementer, comme partout ailleurs, les rapports entre vendeurs et acheteurs de marchandises, qui ne font donc que soumettre les prolétaires à la nécessité pour le capital de se débarrasser des marchandises forces de travail excédentaires aux besoins de sa valorisation ! Revendiquer les « droits égaux pour tous », c’est soumettre les prolétaires à la répression légale de l’Etat, à toutes les mesures anti-ouvrières, qui sont très démocratiquement décidées par les parlements élus par la nation ! Faut-il rappeler la « régularisation des sans-papier » qui a permis à l’Etat français, soutenu par tous les gauchistes, d’expulser des dizaines de milliers d’immigrés ! ! ! Voilà le genre de perspectives que nous proposent les anti-racistes !

SOLIDARITE DE CLASSE

Notre lutte n’a rien à voir avec l’obtention du droit de se faire exploiter et réprimer légalement. Les droits ne sont que la légitimation de la démocratique terreur bourgeoise. Ne nous laissons pas tromper par leurs discours sur la « solidarité » entre français et immigrés, par leurs flatteries des bons immigrés, qui « ont contribué à la richesse de la France ». Cette solidarité-là, c’est la paix sociale, c’est le renforcement pour tous les prolétaires de la soumission individuelle au capital.

Pour empêcher les baisses de salaires, les licenciements, la répression policière, les expulsions, les refoulements, les agressions fascistes, nous n’avons pas besoins de pitié ni de charité, mais de notre force de classe organisée au-dessus de toutes les divisions.

Les organisations tels que « SOS-Racisme » ne font que préparer la dénonciation, l’isolement des ouvriers combatifs qui, pour se défendre contre les expulsions, les ratonnades, les flicages, … utilisent l’action directe contre toutes les forces de l’ordre, les fascistes, les syndicats, sans avoir à se justifier comme étant de bons citoyens et démontrant que seule la lutte sur le terrain de la guerre de classe contre toute la légalité bourgeoise représente l’intérêt de tous les prolétaires.

La répression d’une partie de la classe ouvrière est une défaite pour toute la classe : contre les curés anti-racistes, organisons-nous contre tous les sacrifices, pour une solidarité active avec tous les prolétaires en lutte !

A BAS L’EGALITE !

NE CREVONS PAS POUR LE CAPITAL ; VIVONS POUR NOS LUTTES !

LE PROLETARIAT N’A PAS DE NATIONALITE, NI DES DROITS !

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