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Un code de la famille réactionnaire

Article paru dans Travailleurs immigrés en lutte, n° 59, juin-juillet 1984, p. 17


Le code de la famille vient d’être adopté par l’APN le 29 mai dernier en Algérie. Cela faisait des années que le « code du statut personnel » était discuté. Les hésitations du régime à ce propos traduisent l’âpreté des contradictions qui existent entre les fractions « bourgeoises « libérales » et « traditionnelles ». Les différences entre ces fractions sont plus formelles que réelles. Le texte définitif devra être publié dans un délai d’un mois après son adoption. Nous aurons donc l’occasion d’en reparler de manière plus détaillée à ce moment-là. Mais la presse officielle parle déjà d’un « coup porte à l’inégalité entre les sexes ». Est-ce vrai ?

Evidemment non ! Il apparaît déjà que :
– la polygamie est toujours considérée comme légale, même si la première femme a le droit de demander le divorce si elle n’y consent pas.
– les discriminations concernant le droit à l’héritage sont atténuées, mais maintenues.

Si l’on se réfère à ces doux points uniquement, on peut constater que le régime bourgeois, malgré quelques concessions mineures à son aile « libérale », a adopté une législation réactionnaire qui constitue un pas supplémentaire dans l’oppression des femmes, et qui consacre sur le papier l’inégalité entre hommes et femmes.

Encore faut-il préciser qu’entre la loi et la réalité concrète de la vie des femmes, il y a un décalage énorme. Femmes vendues, battues, répudiées, enfermées à la maison et cantonnées dans le rôle de procréatrices, inégalités de salaires, devant l’emploi, etc., voilà en quelques mots la situation des femmes en Algérie.

Les nouvelles lois n’ont finalement rien de surprenant, elles confirment si besoin était la nature oppressive du régime. La situation actuelle des femmes arrange la bourgeoisie algérienne, car elles subissent un tel écrasement idéologique, moral, religieux, législatif, qu’elles n’ont que peu de possibilités d’abord de prendre conscience de leurs intérêts, ensuite de se battre contre leur sort. Que se passerait-il pour le pouvoir si la moitié non reconnue de la population active de l’Algérie réclamait son droit au travail, se révoltait contre son statut d’éternelle mineure, décidait de descendre dans la rue ?

La bourgeoisie algérienne avait besoin depuis longtemps d’un texte exhaustif qui fixe les limites étroites des libertés individuelles des femmes, (bien qu’en l’absence de ce texte, sa volonté arbitraire faisait quand même loi !). Aussi ne nous y trompons pas : nous n’avons rien à attendre de l’Etat bourgeois algérien, pas plus que de l’UNFA et du PAGS d’ailleurs, qui parfois essaient de canaliser les velléités de révoltes. Nous n’aurons en matière de droits que ce que notre lutte leur arrachera. A ce titre, la lutte des travailleuses et des femmes des masses laborieuses est celle de toute la classe ouvrière en Algérie, hommes et femmes. Nous devons tout faire pour sensibiliser les travailleurs algériens pour qu’ils participent à la lutte contre une oppression qui est aussi la leur.

Les travailleuses représentent une fraction minoritaire et particulièrement exploitée de la classe ouvrière en Algérie, sans parler des femmes de travailleurs qui ne peuvent avoir accès au marché du travail : tous les travailleurs doivent se mobiliser pour l’égalité des droits pour les femmes, et contre le statut personnel, contre le code de la famille !

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