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Batna : Lycéens en grève et répression policière

Article paru dans El Jarida, n° 8, 21 février 1970

مجموعة من طلبة الجامعة (photo publiée dans El Djeich, février 1970, p. 19)

Les 1 300 élèves du lycée arabisant de BATNA (« Abbès Laghrour ») se sont mis en grève pour protester contre leurs conditions de vie déplorables : éternisation des locaux « provisoires » dans une caserne désaffectée, absence totale de chauffage, EAU rationnée à un verre par repas et un litre tous les 2 jours pour se laver !

La grève a éclaté un matin à 8 heures à la grande surprise de l’administration (le proviseur ne se réveille qu’à 11 heures), qui, malgré les longs préparatifs de l’action (collecte de fonds pour assurer le retour des internes dans leurs familles, organisation d’une permanence en ville, constitution de piquets de grève…) ne s’était douté de rien.

La grève a été suivie à 100 %. Elle a duré dix jours malgré les menaces de l’administration et la répression policière qui s’est abattue sur les jeunes de la ville, répression déguisée par les plumitifs algériens en opération (voir coupure ci-contre) anti-cheveux longs.

La situation reste extrêmement tendue car les élèves du lycée arabisant ont nettement conscience du caractère démagogique et réactionnaire de la politique gouvermentale d’ARABISATION. Il s’agit ni plus ni moins de créer un sous-enseignement destiné aux enfants pauvres. Pas de débouché en dehors de la théologie, car l’enseignement supérieur est en français ! Les lycéens francisants du lycée Benboulaïd, sont, par contre, privilégiés, leur lycée ensemble moderne de 1 200 places n’accueille que 600 élèves !

C’est à l’inauguration de ce lycée que les élèves arabisants ont montré leur mécontentement en croisant leurs bras au passage de Taleb Ahmed venu consacrer l’inégalité entre les « futurs cadres de la nation » et ceux qui, issus d’un milieu paysan sont engagés dans une voie sans issue réduite à un rôle de figuration pour gonfler les statistiques.


Opérations cheveux longs et mini-jupes

BATNA.

La police de Batna a déclenché hier matin, la chasse aux « cheveux longs ».

Cette opération qui se déroule à l’échelon national est accueillie avec une profonde satisfaction par les populations qui déplorent largement des modes de vie de l’Occident.

Elle a pour buts essentiels, l’assainissement des esprits de nos jeunes, tenant à devenir trop obscurs et constituant un obstacle majeur à la marche de notre pays vers le progrès.

Aussi, nous pouvons nous demander : « Quels sont les bienfaits des cheveux longs ? Et quelle est leur utilité ? »

Sur le plan social, ce geste n’a aucune signification. En réalité, il a le sens d’une marche vers la décadence, d’un déroutement qui pourrait être critique quand on pense à la mission que nous devons accomplir, mission qui nous a été transmise par les un million et demi de Chahid.

Comment se caractérise la chasse proprement dite ?

Les jeunes possédant les cheveux longs sont ramassés dans les fourgons de la police. Ces jeunes sont de différentes qualités sociales : étudiants, agents administratifs, voyous proprement dit et autres. Au centre du commissariat on leur coupe les cheveux en échange de la somme de la coiffure qu’ils doivent obligatoirement payer.

On nous a fait part que la seconde opération sera naturellement la chasse aux mini-jupes.

Parallèlement à cette opération, les agents de l’ordre (…) des voyous qui adressent des railleries mal fondées à nos sœurs de l’institut islamique qui méritent un grand respect.

Ali BENBELGACEM.

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