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Khedidja : Meeting à la fac centrale d’Alger, les étudiants combattent pour leurs revendications, pour leur organisation

Articles parus dans Tribune algérienne, n° 18, décembre 1978, p. 11-17

« Une jeunesse potentiellement révolutionnaire » (photo publiée dans El Djeich, n° 187, décembre 1978, p. 12)

Dimanche 17 Décembre 1978, s’est tenu un meeting de protestation contre les pseudo-élections qui se sont déroulées dons les différents instituts et facultés.

Tous les orateurs ont dénoncé les assemblées dirigées par les responsables des comités de volontariat, staliniens du PAGS, « qui ont roulé les étudiants », « qui ont fait leur cuisine entre eux » et qui ont exclu les étudiants qui posaient leurs propres revendications.

Un orateur s’est élevé contre la division propagée par les dirigeants des CVRA, entre étudiants arabophones et francophones. Il a expliqué que c’est le venin pour que les étudiants se déchirent entre eux. Applaudi, il a conclu en expliquant la nécessité de l’organisation étudiante dirigée par les étudiants eux-mêmes.

Un autre étudiant a appelé à la démocratie et a crié pour que les étudiants s’expriment librement en vue de s’organiser démocratiquement et arracher leurs revendications propres.

Tous les orateurs se sont déclarés pour le socialisme, pour la démocratie.

Il est un fait que l’UNJA n’est pas l’organisation de la jeunesse algérienne, ni des étudiants. D’ailleurs selon la presse officielle où les chiffres sont gonflés démesurément 3000 étudiants ont participé aux différentes assemblées générales… alors qu’il y a 25 à 30 000 étudiants à Alger.

Les étudiants dans leur « totalité » sont confrontés à d’énormes problèmes : pas de livres, pas de documentation en arabe dans les bibliothèques, pas de personnel d’encadrement compétent, pas de transport, pas de logement, pas de débouchés à la fin des études.

Les étudiants ont en assez !

Leur colère s’est exprimée ouvertement, quoi que disent le pouvoir et les CVRA .

La majorité des étudiants, veut s’organiser. Les étudiants combattent pour créer l’organisation syndicale indépendante des étudiants.

*

Le MEETING d ‘ALGER n’est que le début.

*

KHEDIDJA


Grève de la SONACOME à Constantine : la classe ouvrière combat

Un militant ouvrier écrit :

« Toutes les grèves qui ont eut lieu en Algérie n’ont jamais été révélées officiellement dans le quotidien national « El-Moudjahid » et dans « Révolution et travail » organe de l’UGTA. Malgré ce manque d’informations sur la lutte des travailleurs algériens, les événements qui ont eut lieu à la SONACOME de Constantine (Août 78) ont montré que les travailleurs non seulement sont au courant des manifestations (grèves) et des interventions du pouvoir, mais savent en tenir compte dans leur lutte.

Ceci a été prouvé de manière flagrante chez les travailleurs de la SONACOME. En effet, au courant du mois d’Août 78, la direction de la SONACOME a imposé aux travailleurs une grille des salaires qui était totalement au désavantage des aspirations salariales des travailleurs (le travailleur qui était classé comme ouvrier spécialisé (ancienne grille) se retrouve comme ouvrier simple (nouvelle grille).

Ces derniers se sont vus démunis de leurs grades et par voie de conséquence leurs salaires diminués. Dans cette unité qui doit regrouper 600 ouvriers environ une grève se déclencha en réponse à cette grille.

Le Wali et le Commissaire du Parti sont venus successivement parler aux travailleurs grévistes, le Wali demanda aux travailleurs grévistes de
reprendre le travail en leur promettant d’arranger leur situation. Les travailleurs lui répondirent : « au lieu de t’occuper de nos problèmes occupe-toi des rues pourries de Constantine et du manque d’eau continuel de Constantine. »

Ensuite ce fut le tour du commissaire du parti qui leur promit également de régler leurs problèmes. Les travailleurs lui répondirent : « avec la crise du logement qu’il y a tu devrais répartir tes 3 ou 4 villas au peuple ».

A ce moment là, le Directeur d’unité prend la fuite vers Alger. Devant cette réaction des travailleurs les autorités leur envoyèrent la gendarmerie pour les sommer de reprendre leur travail, les travailleurs refusent de reprendre le travail en leur disant il faut que Boumedienne vienne ; c’est alors que les gendarmes les chargèrent avec des barres de fer. Les travailleurs quittent l’entreprise. Les gendarmes sont allés à leurs domiciles avec armes pour les ramener de force au travail.

Devant cette réaction de la gendarmerie, les travailleurs prenaient leurs familles et allaient passer la journée à la plage de Skikda (à une centaine de Kms de Constantine) ou ailleurs pour éviter les gendarmes. Ce manège a duré une semaine environ, la direction licencia ceux qu’elle soupçonnait être les meneurs et les membres du comité de grève.

Peu de temps après, au cours d’une assemblée générale de l’UGTA, un travailleur appuyé par l’ensemble de l’assemblée demanda et proposa une motion pour la réintégration immédiate des licencies de la SONACOME, cette motion a été accepté massivement et à l’unanimité. »

– CONTRE cette nouvelle grille des salaires
– CONTRE les licenciements
– POUR une augmentation massive des salaires
– POUR une UGTA au service des travailleurs.

AMAR


Pour la libération immédiate de Dalila Maschino

Le 10 octobre 1978, Maitre Zavrian, avocat de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme, rendait public le rapport sur l’enquête qu’il a effectuée en Algérie sur le sort de Dalila Maschino, kidnappée à Montréal, et séquestré depuis à EL-EULMA (Algérie). Ce rapport (1) confirme les conclusions de l’enquête menée par les autorités canadiennes. Il y a eu violation des droits de l’homme, des droits internationaux, des droits et liberté fondamentaux. Bien plus, le rapport de Maître Zavrian conclut, contrairement aux affirmations du gouvernement algérien, qu’il ne s’agit pas d’une affaire privée et que tout au contraire, le gouvernement et le régime algérien sont responsables de la séquestration de Dalila. Le rapport de la Fédération Internationale se termine par la conclusion suivante :

– le gouvernement algérien doit intervenir pour mettre fin à cette séquestration car autrement « il serait démontré que la volonté d’un homme bien introduit (Zéghar, N.D.L.R.) pourrait permettre de faire fi des règles les plus élémentaires du droit et du respect de la personne humaine ».

Les closes sont dès lors claires ; LE GOUVERNEMENT ALGERIEN EST RESPONSABLE !

Dalila Maschino doit recouvrir immédiatement sa liberté et sa dignité !

Le 20 octobre 1978 une assemblée générale de signataires de la pétition « Pour une commission d’enquête » aboutissent à la même conclusion et mettait en place un collectif pour la libération de Dalila Maschino
rassemblant d’une façon représentative le mouvement ouvrier et démocratique.

Organisations, militants et responsables syndicaux vont faire leur cette conclusion. Télégrammes ont afflué à l’Ambassade d’Algérie pour faire part de cette exigence. Une délégation de personnalités du mouvement ouvrier et démocratique s’est rendue à l’ambassade d’Algérie le mardi 7 novembre pour y déposer une lettre. Elle a trouvé porte close ! La démonstration n’est plus à faire.

Le gouvernement algérien protège le gangster Zéghar !

Dès lors : Quelle solution ? Quelle action entreprendre ?

– Pour certains, DALILA MASCHINO est une bourgeoise (la preuve : son frère est multimilliardaire ). . . C’est donc une affaire qui ne concerne pas les révolutionnaires algériens ! SANS COMMENTAIRE !

– Pour d’autres enfin, la campagne pour la libération de Dalila ne peut être menée que par les seuls algériens, pire, par les seules algériennes !

Un point commun à tous ces arguments : « Laissons Dalila croupir dans sa maison prison » !

Les militants de « Tribune Algérienne » qui, dès le premier jour, se sont trouvés au premier rang de la campagne pour la libération de Dalila
disant :

– L’unité pour la libération de Dalila Maschino doit se réaliser !

– Le mouvement ouvrier et démocratique peut arracher Dalila à sa prison !

La libération de Dalila Maschino ouvre la voie concrète du combat pour les libertés démocratiques fondamentales et les droits de la femme algérienne.

C’est pour cela qu’il soutiennent sans réserve le Collectif pour la libération de Dalila Maschino, et toute les formes d’organisation et d’action, de par le monde, se mobilisent pour la :

– LIBERATION DE DALILA !

Brahim

-Dernière minute – Le 1er décembre – journalistes suédois se sont rendus à EL-EULMA pour faire une enquête sur le sort de Dalila. Leur visa a été légalement délivré à l’Ambassade d’Algérie à Stockholm. Après quelques heures d’enquête parmi la population d’EL-EULMA, ils ont été « arrêtés » par quatre hommes armés. Les quatre individus sont des hommes de main de Zéghar. Ramenés à Alger ils ont été interrogés pendant 20 heures au quartier général de la police à Alger et accusés d’espionnage et jetés dans le premier avion ! Le gouvernement suédois a élevé une protestation officielle ! Un communiqué de l’A.F.P. du 7.12.78 précise ces faits.
Une nouvelle démonstration que le gouvernement algérien protège Zeghar et des hommes !

Documents, renseignement, prises de positions :
madame David, 32 rue de Joinville 75019 Paris


POUR LA LIBERATION DE DALILA MASCHINO

Voici plus de six mois que Madame Dalila MASCHINO, légalement mariée en France, a été purement et simplement kidnappée, à Montréal, par son frère Messaoud Zeghar, haut dignitaire du régime algérien.

« Il est clair que le ministre Québécois de la Justice a prouvé qu’il y avait eu crime, nous en demandons réparation » a déclaré à ce propos K. TRUDEAU, Premier ministre du Canada. Celui qui a enlevé Dalila MASCHINO l’a conduite en Algérie. Il apparaît à l’évidence qu’elle y est, depuis, séquestrée. Et, ne serait-ce que pour cette raison là, « l’affaire » Dalila MASCHINO ne peut-être considérée comme une affaire privée et engage la responsabilité du gouvernement algérien.

Nous ne pouvons accepter cette situation. Car autrement, comme
l’écrit Maître ZAVRIAN, de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme, à l’issue de la mission qu’il a effectuée sur cette affaire en Algérie : « Il serait démontré que la volonté d’un homme, bien introduit auprès du pouvoir, pourrait permettre de faire fi des règles les plus élémentaires du droit et du respect de la personne humaine. »

Nous situant hors de toute politique partisane, nous nous faisons les interprètes d’un nombre croissant de démocrates qui se mobilisent pour que Dalila MASCHINO puisse, en toute liberté, exercer son choix personnel. L’ambassadeur d’Algérie en France ayant refusé de nous recevoir, nous nous adressons au gouvernement algérien pour dire :

LA SEQUESTRATION INIQUE QUI SE PERPETUE SUR LE TERRITOIRE ALGERIEN DOIT CESSER !

DALILA MASCHINO DOIT RECOUVRER IMMEDIATEMENT SA LIBERTE ET SA DIGNITE

Nous appelons tous ceux et toutes celles qui sont attachés aux droits les plus élémentaires, à la dignité de la personne humaine à s’associer à ce combat en signant et en faisant signer cet appel et à adresser des télégrammes exigeant la libération immédiate de Dalila MASCHINO, à l’ambassadeur d’Algérie en France (18 rue Hamelin PARIS 16e)

Laurent SCHWARTZ, Michel BROUE, JANKELEVTTCH, Yves TERNON, J.J. MARIE, Yves DECHEZELLES, Maître DAVID-LAMBERT, HANSEN, L.P. LETONTURIER, M. FERON, P. DIDIER, P. PLANTAGENET, J. MINCES, P. HOFFMANN, K.F. DAVID, A.M. BONNET, M. HEBERLE

N.B. La Fédération de l’Education Nationale, la C.G.T.-F.O., l’U.N.E.F. (Unité syndicale) ont déjà pris position en ce sens.

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Correspondance : Collectif pour la libération de Dalila MASCHINO

– Mme DAVID -, 32 rue de Joinville 75019 PARIS – Crédit lyonnais Agence JH 690 Compte n° 40 549 F

– Michel BROUE , 9 rue Brézia 75014 PARIS

25 Novembre 1978

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