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Algérie : Congrès sur fond d’élections

Article paru dans Inprecor, n° 331, du 24 mai au 6 juin 1991, p. 27


Du 1er au 3 mai 1991, s’est tenu, à Tipaza, le premier congrès légal du Parti socialiste des travailleurs (PST). En présence de près de 700 personnes, ce congrès s’est déroulé dans un contexte politique dominé par la préparation des prochaines élections législatives du 27 juin 1991.

Il existe maintenant, en Algérie, près de 42 partis ou assimilés comme tels. Les prochaines élections seront sans doute déterminantes pour apprécier leur réelle influence.

Beaucoup d’incertitudes demeurent quant aux résultats de ces élections et la bataille du second tour, dans la plupart des wilayas, risque de tourner à un affrontement entre le Front de libération nationale (FLN), au pouvoir, et le Front islamique du salut (FIS), grand vainqueur des élections municipales (voir Inprecor n° 312 du 29 juin 1990).

Depuis les émeutes d’octobre 1988 et l’ « ouverture démocratique » acceptée par le régime, le PST s’est rapidement développé. Il regroupe plusieurs centaines de militants et près de trois mille adhérents, organisés dans des structures plus souples.

Trois quart des participants au congrès avaient moins de trente ans, et l’on comptait 70 femmes déléguées. Le PST a su, en prenant la tête de nombreuses luttes, devenir la force politique d’extrême gauche la plus importante d’Algérie.

Le 1er juin s’ouvrira la campagne officielle pour les élections
législative. Le PST sera présent dans 60 wilayas sur 541. Les conditions administratives parfois arbitraires (la limite d’âge minimum a été fixée à trente ans pour les candidats, ce qui pénalise particulièrement le PST) ne lui ont pas permis de se présenter dans 200 circonscriptions, comme il le souhaitait.

Malgré l’appel à la constitution d’un front ouvrier populaire, lancé par le PST, le Parti d’avant-garde socialiste (PAGS, parti communiste), a préféré ne pas se présenter (sans doute à cause de la grave crise qu’il traverse depuis son dernier congrès). Quant au Parti des travailleurs (organisation lambertiste), il s’est prononcé pour un « gouvernement de salut public » avec le FLN et le FIS, et préfère présenter ses propres candidats. Le PST a néanmoins réussi à faire quelques alliances locales avec des militants du Front des forces socialistes (FFS), de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), des mouvements sociaux, des femmes et le mouvement culturel berbère.

L’absence de traditions politiques unitaires et d’alliances politiques à gauche pèsera, sans doute, fortement sur les résultats de ces élections.

D’autre part même si les médias rendent encore relativement compte de la présence d’autres partis en dehors des grands ténors, il est possible que dès l’ouverture officielle de la campagne, les moyens financiers fassent la différence en termes d’audience.

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