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Faillite du nationalisme du FLN, poussée de la réaction islamiste en Algérie

Article paru dans Le Bolchévik, n° 103, juillet-août 1990, p. 12, 9, 10 et 11


Le résultat des élections locales du 12 juin a fait l’effet d’une bombe en Algérie et dans toute l’Afrique du Nord. Le Front islamique du salut (FIS) s’est emparé de la majorité des grandes villes et des villes de moyenne importance et a pris le contrôle de 32 wilayas (départements) sur les 48 que compte le pays, alors que le FLN n’a réussi à conserver qu’à peine un tiers des conseils municipaux. Certes, les réactionnaires islamistes du FIS ont obtenu cette écrasante majorité avec 35 % d’abstentions et, surtout, la majorité des femmes n’ont pu exprimer librement leur choix puisqu’à cause du système de vote par procuration institué par le FLN les chefs de famille pouvaient voler pour leur femme et leurs filles.

Quoi qu’il en soit, le vote du 12 juin représente avant tout un désaveu du FLN, corrompu et décomposé, qui dirige le pays depuis 1962, date de l’indépendance arrachée à l’impérialisme français rapace et sanguinaire après huit ans d’une guerre particulièrement meurtrière pour le peuple algérien. Mais cela représente également une dramatique progression de l’influence de la réaction islamiste et de son appel à la guerre sainte contre les femmes qui a trouvé un écho dans les masses urbaines déshéritées.

Fait significatif, seule la Kabylie a démontré son hostilité à la fois au FLN et au FIS en s’abstenant massivement (78 % environ) et en apportant ses suffrages au Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), un parti au programme bourgeois libéral, surtout basé sur la petite-bourgeoisie berbère. Ce vote d’opposition est l’expression de la méfiance et de l’hostilité de la population berbère vis-à-vis du FLN qui a entrepris de « construire la nation algérienne », « arabe et musulmane », à coups de décret-loi et de matraque. Cette politique réactionnaire s’est traduite, par exemple, par une campagne d’arabisation forcée ayant pour pendant la négation totale des droits démocratiques nationaux des Berbères, qui, par ailleurs, ont été aux premiers rangs de la lutte pour l’indépendance. D’autre part, il ne fait pas de doute pour cette minorité opprimée depuis des décennies que le FIS, fanatique de l’arabo-islamisme, ne pourra lui apporter qu’une oppression encore plus brutale.

En 1988, l’Algérie a été profondément ébranlée par des grèves ouvrières et, en octobre, par des émeutes de la faim déclenchées par la jeunesse sans avenir des quartiers pauvres d’Alger et d’autres villes et écrasées dans le sang par l’armée. Par la suite, le président Chadli Bendjedid promit le multipartisme et des « élections libres » et intensifia la libéralisation de l’économie (vente des entreprises nationalisées aux multinationales, privatisation de l’agriculture, levée du contrôle des prix), ce qui a simplement eu pour effet d’accentuer le chômage et l’inflation.

A peine un an et demi après la répression sanglante de 1988, le pays est à nouveau au bord de l’explosion. Partout, manifestations et agitation se développent contre les conditions de vie intolérables, et la classe ouvrière défie à nouveau le régime de Chadli par une vague de grèves dans des secteurs stratégiques. Mais si les explosions de 1988 étaient marquées par le vide politique et l’absence d’alternative au FLN, aujourd’hui le sinistre FIS a entamé une lutte sans merci pour le pouvoir et se présente comme la seule opposition radicale au régime.

Le soulagement provoqué par la fin du monopole politique du FLN s’accompagne de la peur grandissante de ce que les fanatiques islamistes qui contrôlent maintenant le pouvoir local pourraient en faire. Outre les ressources financières supplémentaires auxquelles ils vont accéder et qui vont leur permettre de payer des hommes de main et de s’acheter plus de soutiens politiques, ils auront toute latitude pour faire régner par la démagogie et la terreur leur ordre moral, interdire l’alcool, fermer les discothèques, interdire la mixité dans l’enseignement et sur les lieux de travail, et surtout imposer à celles qui l’ont rejeté l’esclavage du voile et mettre encore plus d’obstacles à leur accession au monde du travail.

La victoire électorale des islamistes apparaît également comme une menace sur les autres pays du Maghreb déchirés par les mêmes contradictions. Et la menace se fait plus pressante dans la Tunisie voisine, longtemps présentée comme un modèle de nationalisme « modernisateur », mais où les intégristes du Mouvement de la tendance islamique représentent aujourd’hui la principale opposition au régime. Le renforcement du FIS ne peut que donner des ailes à cette autre vermine qui a profité du désarroi de la classe ouvrière tunisienne qui, trahie par ses directions, n’a pu offrir aucune perspective après l’écrasement des émeutes de la faim en 1984.

En France aussi, le résultat des élections algériennes a pris une allure d’affaire intérieure. L’impérialisme français, qui a saigné l’Algérie coloniale pendant 130 ans, qui a sur les mains le sang de milliers et de milliers d’Algériens et qui participe aujourd’hui, avec la complicité du FLN, à l’étranglement du pays par le biais des rapports de domination néo-coloniaux, s’est empressé par la voix de Mitterrand d’affirmer clairement sa volonté de continuer la même politique quelle que soit l’équipe au pouvoir. Et il a trouvé en Madani, le patron du FIS, un interlocuteur de bonne volonté qui, au lendemain des élections, a bien pris soin de rassurer la France impérialiste de ses bonnes intentions, et ce malgré la démagogie soi-disant anti-impérialiste dispensée dans les mosquées par Ali Belhadj, son second.

La montée de la réaction intégriste en Algérie est une menace directe également pour les travailleurs algériens et leur famille qui font partie de la classe ouvrière en France. Car non seulement elle peut renforcer en France les islamistes qui cherchent à profiter du désespoir des jeunes issus de l’immigration auxquels la bourgeoisie française refuse tout avenir, mais surtout elle alimente l’hystérie raciste qui règne dans ce pays. En novembre dernier, l’affaire des foulards islamiques a servi de prétexte à une campagne raciste au nom de la « défense de la laïcité » et a mis en lumière le large consensus raciste sur la ségrégation imposée aux « immigrés » et à leurs enfants. Luttant fermement pour les pleins droits de citoyenneté pour les « immigrés »), nous avons condamné les exclusions de ces jeunes filles des établissements scolaires, exclusions qui ne pouvaient représenter qu’un acte de discrimination raciste (cf. le Bolchévik n° 97, novembre-décembre 1989). Dans le même temps, notre organisation internationale, la Ligue communiste internationale, s’est battue et se bat avec intransigeance contre les forces islamistes qui veulent contraindre les femmes à porter le voile, comme en Iran et en Afghanistan.

MOBILISATION OUVRIERE POUR BALAYER LA REACTION ISLAMISTE !

Le 20 avril, le FIS se livrait à une démonstration de force en faisant défiler 100 000 manifestants dans les rues d’Alger. Partis des mosquées, les manifestants, exclusivement des hommes (les organisateurs avaient interdit aux femmes d’y participer), ont convergé vers le palais présidentiel. Les intégristes étaient rejoints par les jeunes chômeurs de Bab-el-Oued et autres quartiers pauvres de la capitale. Le service d’ordre paramilitaire écartait toutes les femmes rencontrées sur son chemin. Devant le palais présidentiel, les organisateurs donnèrent lecture d’une liste de revendications, appelèrent à dissoudre le parlement (exclusivement FLN) et exigèrent de Chadli un engagement à faire respecter la loi islamique, la charia, qui préconise, entre autres châtiments, la lapidation des femmes accusées d’« adultère ».

Au lendemain des élections, Ali Belhadj, le prêcheur démagogue du FIS, déclarait que « c’est l’islam qui a été vainqueur, comme toujours, et non la démocratie » et que les musulmans ne seront pas satisfaits avant d’avoir « rétabli le khalifat » (le Monde, 16 juin). Mais ces références permanentes à l’orthodoxie religieuse s’accompagnent d’une allégeance de classe clairement démontrée par le FIS lui-même. Allié aux commerçants, au système parasitaire du trabendo (trafic en tous genres au marché noir), il a organisé récemment la jeunesse des quartiers pauvres d’Alger pour nettoyer les rues, cassant ainsi la grève des éboueurs qui luttaient pour leurs salaires et des logements décents.

En réponse à la montée de la réaction islamiste, plusieurs manifestations ont été organisées. Le parti au pouvoir avait d’abord appelé à une contre-manifestation le même jour que la manifestation du FIS, et l’a annulée au dernier moment. Le 17 mai, le FLN organisait finalement sa propre manifestation de masse à Alger, rassemblant environ 100 000 personnes, originaires pour la plupart des zones rurales et amenées en cars à Alger pour la circonstance. Dans cette manifestation pro-gouvernementale, peu de femmes et de jeunes et surtout des mots d’ordre patriotiques.

La semaine avant, le 10 mai, une manifestation appelée par les partis « démocratiques », dont les staliniens du Parti d’avant-garde socialiste (PAGS), le RCD et plusieurs organisations féministes, avait rassemblé à peu près le même nombre de participants. Mais c’est la manifestation appelée par le Front des forces socialistes (FFS), dirigé par Hocine Aït-Ahmed, qui rassembla la foule la plus importante, environ 200 000 personnes, où les femmes étaient nombreuses et où les hommes arboraient des badges, en français, arabe et berbère : « Touche pas à ma sœur », un mot d’ordre visant à affirmer leur volonté de défendre les femmes contre les attaques islamistes mais qui est pour le moins ambigu dans une société où les femmes ont à subir la tutelle permanente et dégradante de leur père, frère, mari etc. Le dirigeant du FFS, un des derniers chefs historiques du FLN encore vivants, qui vient de rentrer en Algérie après 23 ans d’exil jouit d’une immense popularité, et pas seulement en Kabylie. Emprisonné dès 1963 par le gouvernement de Ben Bella pour avoir pris la tête d’une révolte en Kabylie, poursuivi depuis 1966 (date de son évasion) par le gouvernement algérien, son autorité repose aujourd’hui essentiellement sur son image d’éternel rebelle, jamais compromis par l’exercice du pouvoir, Mais son programme ne présente en aucune façon une rupture avec le FLN dont il utilise le verbiage usé jusqu’à la corde. Malgré toute une série de revendications démocratiques justifiées comme l’égalité pour les femmes, le respect des droits nationaux des Berbères et la laïcité, il n’en demeure pas moins que, tout comme le FLN, il cherche dans l’islam une référence pour l’action politique. De fait, la seule perspective politique qu’il offre, la « démocratie », n’est qu’une version plus respectable du maintien de la domination capitaliste néo-coloniale qui étrangle aujourd’hui les masses algériennes. Un programme qui ne se distingue en rien de celui des autres partis « démocratiques » dits d’opposition et légalisés récemment par le pouvoir, y compris celui du Mouvement pour la démocratie en Algérie (MDA) que dirige l’ancien président Ben Bella, démagogue islamiste, avec lequel d’ailleurs Aït-Ahmed fut allié un moment.

La seule chose que les libéraux, la « gauche» et même l’« extrême gauche » ont à proposer à ceux qui refusent la dictature moribonde du FLN et la théocratie du FIS, c’est de se rassembler derrière le drapeau de la « démocratie »… capitaliste. Mais il ne peut y avoir de démocratie parlementaire – que se sont payée par le pillage impérialiste les métropoles occidentales dans le cadre du capitalisme pour aucun pays néo-colonial. Lors de la manifestation du 10 mai, la banderole de tête proclamait « Non au fascisme ». Cette perspective est une réminiscence des fronts populaires européens des années 30 qui ont enchaîné la classe ouvrière aux partis bourgeois libéraux. De telles coalitions « larges » ont été impuissantes à arrêter la montée du fascisme, car elles laissaient intactes les racines matérielles – le capitalisme pourrissant – sur lesquelles le fascisme se développe. En Algérie, cette perspective de front populaire implique un soutien au FLN (ou au moins au président Chadli) dont la politique économique et la répression brutale ont poussé les jeunes des quartiers pauvres dans les bras des fanatiques intégristes.

Une partie de la population, effrayée par le danger islamiste, regarde du côté de l’armée pour stopper cette menace mortelle (cf. le Monde, 8 mai). Détentrice de fait du pouvoir réel depuis l’indépendance, imposant à la tête de l’Etat ses hommes, Ben Bella, Boumédiène et Chadli, l’armée est effectivement l’autre force centrale qui peut faire basculer la situation politique en Algérie. Libération du 14 juin citait une interview significative d’officiers supérieurs qui n’hésitent pas à dénoncer le « laxisme et la carence des autorités » et affirment : « Pour le moment, nous observons. Nous faisons tout pour respecter la légalité. Mais l’Etat se doit de réagir après les élections. Faute de quoi, nous refuserons de laisser piétiner les libertés. » En clair, une menace de coup d’Etat militaire comme ultime recours pour faire régner « l’ordre ». De plus, on ne peut exclure la possibilité d’une « solution » à la soudanaise, où l’armée s’emparant du pouvoir politique appliquerait le programme du FIS, avec ou sans ces islamistes.

Seul le prolétariat, combinant lutte pour les tâches démocratiques et lutte pour les tâches socialistes, a la puissance sociale d’en finir avec le régime du FLN, de stopper la montée de la réaction islamiste et de briser l’étau de la domination impérialiste – en instaurant son propre pouvoir.

LA FAILLITE DU NATIONALISME PETIT-BOURGEOIS

Sous le régime des nationalistes du FLN, la vie quotidienne est une succession sans fin d’injustices et de tracasseries. Le rationnement ou les coupures d’eau incessantes ajoutent à l’enfer de la vie domestique pour les femmes obligées de se lever à n’importe quelle heure de la nuit, quand l’eau revient. La pénurie dramatique de logements oblige les familles à s’entasser à l’intérieur d’appartements exigus dans des quartiers de plus en plus délabrés. Pour trouver de simples produits de première nécessité, il faut faire d’interminables queues devant les magasins d’Etat, d’où ces produits disparaissent régulièrement pour réapparaître à des prix montés en flèche sur le marché privé. Les bidonvilles qui entourent les grandes villes comme Alger ne cessent de s’étendre. Une jeunesse entière n’a aucun espoir de trouver un jour un travail régulier (d’après l’Office national des statistiques, en juillet 1989 près de 83 % des personnes qui cherchaient un emploi avaient moins de 30 ans). Et pendant ce temps, les millionnaires profiteurs du « socialisme » sillonnent la ville avec arrogance dans leur Mercedes.

A l’origine, le FLN s’était lancé dans une politique d’investissements dans l’industrie lourde du secteur nationalisé, la pierre de touche du « socialisme » algérien, et qui – c’était promis moderniserait le pays et le conduirait à l’indépendance économique vis-à-vis de l’impérialisme. Des raffineries géantes, des usines sidérurgiques, des cimenteries et autres usines « clés en main » ont été achetées à l’étranger. Du fait de la pénurie chronique de pièces détachées et de main-d’oeuvre qualifiée, ces usines ont tourné généralement bien en dessous de leurs capacités. Mais cette politique a permis par contre à une couche de bureaucrates d’Etat et de l’armée, ainsi qu’à leur entourage, de monter des sociétés privées qui, grâce à leurs relations, ont pu faire des profits en achetant des produits semi-finis de l’industrie d’Etat à des prix de faveur. Beaucoup de ces nouveaux capitalistes ont ainsi amassé des fortunes colossales. Dans le même temps, la classe ouvrière s’est beaucoup renforcée numériquement – son importance a doublé depuis l’indépendance.

Ce système profondément contradictoire, qui a favorisé les pires excès de corruption, de gaspillage et de pillage des fonds publics, a constitué une machine économique coûteuse et hautement inefficace, mais il a continué à fonctionner aussi longtemps qu’il a été généreusement alimenté par les revenus de l’exportation du gaz et du pétrole. En réalité, derrière la façade, l’Algérie est restée comme une colonie classique, dépendante de la vente de ses ressources en gaz et pétrole (98 % de ses exportations) aux impérialistes.

A la fin des années 70, le prix du pétrole sur le marché mondial est tombé en chute libre, passant de 40 dollars le baril en 1979 à 12 dollars fin 1988. Les revenus de l’Etat diminuant, le FLN s’est engagé dans une frénésie d’emprunts pour maintenir l’économie à flot. Aujourd’hui, le pillage impérialiste de l’Algérie est devenu flagrant : le service de la dette engloutit les trois quarts du revenu total des exportations.

S’ajoute à cela la désorganisation complète, de son agriculture qui conduit aujourd’hui l’Algérie à importer près de 90 % de ses besoins alimentaires. Et parallèlement, le régime Chadli en accélérant la privatisation de l’agriculture a conduit à une concentration des terres entre les mains de gros propriétaires privés alors que le nombre des paysans sans terres s’accroît et vient grossir la masse des chômeurs dans les bidonvilles qui entourent les grandes villes.

A l’automne 1988, toutes ces tensions ont explosé et mené à une confrontation qui sonna le glas du soutien populaire au FLN. Une vague de grèves contre l’austérité gouvernementale menaçait de se transformer en grève générale. La jeunesse en colère des quartiers pauvres d’Alger se souleva. Comme ils s’en prenaient aux bâtiments gouvernementaux, symbole du pouvoir du FLN, et aux symboles de l’opulence comme le complexe commercial Ryad-el-Fateh, le gouvernement fit appel à l’armée. Quelque 500 jeunes à Alger et dans d’autres villes ont été tués et beaucoup d’autres torturés à l’électricité ou avec d’autres techniques héritées de la répression coloniale française (cf. le BoIchévik n° 88. novembre 1988).

Aujourd’hui, à nouveau la puissante classe ouvrière algérienne, qui dès novembre 1988 reprenait ses grèves, est entrée en lutte. Des conflits longs et durs touchent de nombreux secteurs comme la production de pétrole d’Hassi-Messaoud, la distribution de carburant, d’électricité et de gaz, Naftal et Sonegaz à Alger, mais également le secteur public des postes, les travailleurs de la santé et la construction navale, comme au chantier de Mers-el-Kebir. Les travailleurs qui se heurtent à l’arrogance des directeurs se battent pour l’amélioration du pouvoir d’achat, la retraite, la garantie de l’emploi, l’emploi pour les jeunes et le logement social. A côté de ces revendications immédiates et urgentes, les ouvriers luttent aussi contre la gestion désastreuse, la corruption et, comme à l’ENTP à Hassi-Messaoud, contre l’« autonomie » des entreprises, c’est-à-dire la privatisation. La plupart de ces conflits tentent d’échapper au contrôle de l’UGTA, le « syndicat » qui n’est qu’un appendice de l’appareil du FLN destiné à contrôler et à mettre au pas les travailleurs de plus en plus hostiles à l’égard des bureaucrates syndicaux désignés par le gouvernement. Le congrès de l’UGTA en juin dernier a même dû se tenir sous la « protection » des brigades anti-émeutes pour empêcher les « dissidents » de s’exprimer (Horizons, 29-30 juin). Les travailleurs doivent lutter pour briser le carcan de l’UGTA et construire des véritables syndicats, indépendants de l’Etat capitaliste. D’autre part, les staliniens du PAGS, bien implantés dans la classe ouvrière, n’ont rien d’autre à lui offrir que de suivre servilement Chadli (comme ils l’ont fait pour tous les gouvernements depuis 1962) et proposent « l’arrêt de l’émiettement et la polémique entre les forces démocratiques » (Horizons, 28 juin) dans une recherche criminelle, et par ailleurs illusoire, d’un front populaire de collaboration de classes dans le cadre d’un « islam de fraternité et humaniste ».

Pour l’instant, malgré sa combativité, la classe ouvrière algérienne, trahie de tous côtés, a été incapable de consolider ses luttes éparses dans une offensive unifiée, de se poser comme une alternative au régime du FLN et d’offrir une perspective aux masses plébéiennes et en particulier à la jeunesse désespérée. Cela a laissé le terrain libre aux islamistes du FIS qui cherchent à pousser leur avantage y compris dans la classe ouvrière en créant leur propre « syndicat ».

A BAS LA GUERRE SAINTE CONTRE LES FEMMES !

Aujourd’hui, les droits des femmes sont au centre de l’agitation politique. La montée des islamistes a été marquée par une campagne de terreur contre les femmes qui, selon eux, ne se conforment pas aux préceptes coraniques. Au début des années 80, les Frères musulmans à Oran avaient scandalisé l’opinion publique en attaquant violemment des jeunes femmes habillées à l’occidentale, allant jusqu’à leur lancer de l’acide au visage. Depuis, les intégristes ont mené des campagnes contre l’éducation mixte et le droit des femmes au travail. En octobre dernier, ils essayèrent de casser la grève des enseignants en exigeant que les enseignantes soient forcées de prendre une retraite anticipée. Plus récemment, ils ont organisé des descentes musclées dans les cinémas, les discothèques, les bars et les restaurants qui restaient ouverts pendant le Ramadan.

Leurs cibles principales sont notamment les femmes divorcées qui vivent ou apparaissent en public seules, c’est-à-dire sans être sous la surveillance directe d’un père ou d’un mari. En novembre dernier, la maison d’une femme a été brûlée à Annaba parce qu’elle était membre d’un groupe de femmes. A Ouargla, une autre a provoqué leur colère parce qu’elle vivait seule avec ses enfants et menait une vie « libre ». Ils brûlèrent sa maison, et son fils mourut dans l’incendie. De plus en plus couramment, le FIS se permet de poster ses gros bras à l’entrée des cités universitaires, vérifiant les papiers des hommes qui essaient d’entrer et empêchant les jeunes femmes de sortir après 18 heures, brutalisant celles qui refusent de se soumettre, ainsi cette étudiante de Blida fouettée par cette vermine parce qu’elle se rendait le soir à une réunion du PAGS. Aujourd’hui, nombre de femmes se sont mises à porter le voile uniquement pour ne pas être importunées ou battues par ces nervis quand elles s’aventurent seules dehors. Et jusqu’à présent les attaques répétées de ces bandes ont bénéficié d’une indulgence bienveillante du gouvernement qui les a largement utilisées ces dernières années pour terroriser la gauche en particulier dans les universités.

L’Algérie est aujourd’hui un pays déchiré par des contradictions qui pourraient bien déboucher, comme en Iran, sur la réaction la plus noire. Si les intégristes arrivaient au pouvoir, c’en serait fini même des quelques droits minimes qui existent aujourd’hui en Algérie pour les femmes tels que le droit formel au travail, celui de se pourvoir en justice ou de s’habiller comme elles le désirent.

NON AU VOILE ! POUR LA SÉPARATION DE LA RELIGION ET DE L’ETAT !

La guerre victorieuse d’indépendance menée par les masses algériennes contre le colonialisme français a été invoquée à l’époque par les nationalistes du tiers monde pour prouver que la révolution ouvrière n’était plus nécessaire pour ouvrir la voie à la libération vis-à-vis de l’impérialisme. Avec le renversement du capitalisme à Cuba, le soi-disant « socialisme » algérien était censé confirmer le potentiel révolutionnaire des paysans et des masses plébéiennes que l’idéologue du FLN, Frantz Fanon, appelait les « damnés de la terre ». Mais à la différence de la révolution sociale qui établit à Cuba, par le haut, un Etat ouvrier bureaucratiquement déformé, le FLN remplaça le pouvoir colonial du capital français par le pouvoir d’une bourgeoisie autochtone étroitement liée à l’impérialisme par le biais du marché mondial. Et rien ne rend plus clair la continuation de l’arriération et de l’oppression coloniales que la condition faite aux femmes algériennes.

L’Algérie « socialiste » a été incapable de mener à bien même les tâches démocratiques les plus élémentaires. Elle a renforcé au contraire l’emprise de la religion et la structure familiale autoritaire comme piliers essentiels de la domination bourgeoise. Aujourd’hui, les femmes vivent fondamentalement comme avant et pendant la domination coloniale française. Enfermées à la maison, exclues du travail et de la vie politique, vendues en mariage à des inconnus, condamnées toutes jeunes à des grossesses répétées, sans accès réel aux méthodes de contrôle des naissances, manquant de soins médicaux spécifiques et souvent sous-alimentées – c’est cela l’existence infernale de la plupart des femmes algériennes.

Et cette réalité n’est pas simplement un vestige du passé en voie de disparition. Elle résume en fait toute la politique du FLN au pouvoir. Des lois comme le Code de la famille, adopté en 1984, codifient les préceptes de base de la charia islamique sur les femmes et la famille, officialisant la polygamie imposée, autorisant le mari à divorcer à sa guise, interdisant le mariage entre une femme musulmane et un homme non musulman, reléguant les femmes dans un statut de mineures permanentes, soumises à l’autorité de leur père, de leur oncle, de leur frère, puis de leur mari et de ses parents mâles.

Selon le Code de la famille, une épouse doit « obéissance» à son mari qui peut divorcer à tout moment sans avoir à fournir de motif. La femme ne peut solliciter le divorce que dans des cas très limités (comme la non-consommation du mariage). Et encore, lorsqu’elle a obtenu le divorce et qu’elle a des enfants, elle n’a pas le droit de vivre à plus de 100 km de la résidence de son ex-mari qui, lui, est autorisé à reprendre ses enfants dès qu’ils ont atteint l’âge de 8 ans.

A peine 3,5 % des femmes ont pu trouver du travail hors de la maison. Les femmes qui travaillent ne représentent que 7,7 % de la population active (cf. El-Moudjahid, 19 février), un des taux les plus bas du monde. Sur cette question, l’effet de l’arriération obscurantiste se conjugue à la crise du capitalisme pour renforcer l’attitude largement répandue qu’il est pratiquement indécent pour une femme de chercher du travail. Et le FLN n’a d’ailleurs pas attendu la victoire du FIS pour mettre en pratique le programme islamiste contre le travail féminin : en un an, 19 000 emplois féminins ont été supprimés à la suite de licenciements. Les rares femmes qui essaient de vivre en dehors des limites de l’esclavage domestique de la famille patriarcale sont confrontées à des milliers d’obstacles. En plus de l’absence totale de crèches et du moindre confort ménager qui permettrait de faciliter les tâches domestiques, il est extrêmement difficile pour une femme seule de trouver un logement, sans parler d’un travail. Mais en plus, une femme risque de se faire arrêter pour atteinte aux bonnes mœurs si elle est seule dans un café, si elle prend une chambre d’hôtel seule ou si elle embrasse un homme en public. Et si elle est divorcée, il est noté sur son dossier de police qu’elle a été « répudiée ».

Cela est tout à fait conforme au fait, inscrit dans la constitution, que l’islam est la religion d’Etat. Certains musulmans « modernistes », arguant du caractère vague des justifications données par le Coran pour la réclusion forcée des femmes et le port du voile, prétendent que l’islam est compatible avec l’égalité des sexes. Mais le Coran est parfaitement clair sur l’attitude à l’égard des femmes : « Les hommes ont autorité sur les femmes à cause des préférences de dieu et à cause des dépenses des hommes. Les vertueuses sont dociles, elles protègent ce qui doit l’être selon la consigne de dieu. Celles dont vous craignez la désobéissance, exhortez-les, reléguez-les dans leur chambre, frappez-les, mais si elles vous écoutent ne les querellez plus, car dieu est sublime et grand » (le Coran, sourate IV dite « des femmes », verset 34, éd. Ph. Lebaud).

Néanmoins, le rôle de l’islam comme bastion de l’oppression des femmes n’est pas centralement le résultat des préceptes du Coran. Cela reflète surtout la nature des sociétés où l’islam est dominant. Tout comme le judaïsme ou le christianisme, l’enseignement islamique dépeint les femmes comme sensuelles et moralement inférieures, ayant besoin que les hommes les guident et les protègent contre leurs propres faiblesses. Mais l’islam, et ce largement du fait qu’il est implanté dans des pays néocoloniaux où l’arriération sociale est renforcée par l’oppression impérialiste, n’a pas eu à adapter son code moral répressif et son pouvoir séculier au principe d’égalité politique formelle introduit par les révolutions démocratiques bourgeoises.

Depuis le soulèvement de 1988, un grand nombre de groupes femmes sont nés, exprimant une volonté farouche de lutter. Tous les libéraux et ceux qui se disent révolutionnaires saluent la naissance d’un mouvement autonome de femmes, en fait acceptent que l’oppression des femmes est avant tout le problème des femmes. Cette perspective de mouvement interclassiste démontre déjà son impuissance absolue à lutter réellement pour l’émancipation des femmes, quand on sait que tous les groupes féministes ne sont même pas d’accord sur l’abrogation pure et simple du Code de la famille. Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est gagner ces femmes courageuses, qui se battent pour leur survie, au programme du trotskysme authentique celui de la révolution prolétarienne qui seule jettera les bases pour leur réelle émancipation.

LA LUTTE NATIONALE ALGÉRIENNE N’A PAS LIBÉRÉ LES FEMMES

Le colonialisme français a utilisé l’oppression des femmes sous l’islam pour justifier son refus d’accorder les droits démocratiques aux musulmans. En fait, la domination coloniale a considérablement renforcé le poids de l’arriération et l’obscurantisme religieux. Un double système judiciaire et administratif avait été mis en place dans lequel la population musulmane a été soumise à la charia et administrée par les autorités religieuses. En théorie, une musulmane pouvait se marier devant le maire local et recevoir ainsi la protection de la loi française (le droit de divorcer, l’interdiction de la polygamie, etc.) mais pour ce faire il lui fallait renoncer à son statut de musulmane, ce qui l’excluait inévitablement de sa communauté. Dépossédée de ses terres et contrainte à une existence précaire en marge de l’économie coloniale, la population algérienne réagit en se réfugiant dans l’orthodoxie islamique, y compris en présentant la réclusion des femmes comme une protection des valeurs traditionnelles contre la décadence française. Une orthodoxie religieuse largement renforcée et encouragée par les nationalistes petits-bourgeois algériens. L’islam fut en effet un pilier idéologique de leur programme dès l’origine du mouvement nationaliste algérien et en 1949, dans le PPA-MTLD (mouvement d’où est sorti le FLN), la fraction berbériste tenante d’une Algérie algérienne laïque fut définitivement vaincue et éliminée physiquement au profit de la ligne pour une Algérie arabo-islamique, ligne partagée par la suite par toutes les tendances du nationalisme algérien, qu’il s’agisse du FLN ou du Mouvement national algérien (MNA) de Messali Hadj.

Quand l’Algérie finalement acquit son indépendance, le port du voile était encore plus largement répandu, surtout dans les grandes villes, qu’avant l’arrivée des Français, un siècle et demi plus tôt. Des milliers de femmes ont lutté dans les rangs du FLN, mais leur intégration était le résultat d’exigences militaires. plus que d’une volonté délibérée de faire avancer la cause de leur émancipation. Une proportion excessivement élevée de ces femmes héroïques sont mortes entre les mains des colonialistes mais, une fois l’in’dépendance acquise, la promesse d’une égalité née dans la lutte n’est devenue rapidement qu’un souvenir.

La cause principale de cet état de choses n’est pas, comme le pensent les féministes, « les attitudes patriarcales » (sans aucun doute bien réelles) des dirigeants du FLN mais le résultat des forces de classe qui dominaient la lutte pour l’indépendance. La direction petite-bourgeoise du mouvement d’indépendance conclut un accord dans les années 50 avec les oulémas et fit tout ce qui était en son pouvoir pour empêcher que la lutte contre le colonialisme français ne débouche sur un renversement du capitalisme par la révolution socialiste.

Le prolétariat algérien concentré dans l’industrie en France pouvait constituer un lien vivant avec la lutte de classes révolutionnaire au cœur même de la puissance impérialiste. Le FLN ne l’utilisa que comme pourvoyeur de fonds et y instaura son hégémonie par rapport à l’autre aile nationaliste du MNA, surtout au moyen de luttes fratricides sanglantes. La première campagne entreprise par le FLN parmi les travailleurs algériens fut une campagne d’intimidation contre ceux qui fumaient ou buvaient de l’alcool, les récalcitrants ayant le nez coupé. Ces méthodes n’avaient pour but que de museler par la terreur cette force sociale potentielle et réduire son rôle dans la lutte pour l’indépendance.

Pendant ce temps, les dirigeants staliniens du PCF empêchaient la classe ouvrière française de jouer un rôle révolutionnaire. Alors qu’une politique internationaliste exigeait de donner, contre l’impérialisme français, un soutien militaire aux nationalistes algériens (sans que cela implique le moindre soutien politique) et de revendiquer l’indépendance immédiate de l’Algérie et de toutes les colonies françaises, le PCF fut pendant des années un ardent partisan de « l’Union française » (c’est-à-dire l’empire colonial), votant y compris, en tant que membre du gouvernement d’après-guerre les budgets militaires au moment même où l’armée française massacrait les Algériens et les Indochinois. Ce n’est que lorsque de Gaulle commença à chercher une solution néo-coloniale à une guerre coûteuse et perdue que le PCF se déclara en faveur de l’indépendance de l’Algérie. Pendant toute la durée de la lutte du peuple algérien, alors que les révélations sur les tortures se faisaient au grand jour et que les tensions dues à la guerre amenaient la classe dirigeante au bord de la guerre civile (comme le putsch des généraux à Alger en 1961), les réformistes du PCF n’ont jamais appelé à une grève politique significative contre la sale guerre coloniale.

Lorsque le colonialisme français reconnut l’indépendance de l’Algérie en 1962, les nationalistes petits-bourgeois du FLN avaient déjà affirmé avec les accords d’Evian leur engagement à défendre la propriété privée et le respect des intérêts clés de l’impérialisme français en Algérie. En ce sens, de Gaulle avait tiré les leçons de Cuba où la pression implacable de l’impérialisme US a forcé les guérillistes petits-bourgeois de Castro, pour maintenir leur propre existence à la tête de l’Etat, à exproprier la bourgeoisie. La révolution algérienne a obtenu l’indépendance vis-à-vis du colonialisme français, au prix d’énormes pertes humaines, mais elle ne libéra pas les masses urbaines et paysannes de la pauvreté, de l’exploitation et de l’oppression sociale qui sont inséparables de la domination capitaliste.

IL FAUT CONSTRUIRE UN PARTI RÉVOLUTIONNAIRE

Ce qu’il faut pour enrayer l’offensive réactionnaire, c’est mobiliser la puissance sociale de la classe ouvrière aux côtés des victimes des attaques intégristes. La montée de la réaction islamique est une menace directe contre les travailleurs, ainsi que le montre le cassage de grève par les milices du FIS. Mais au lieu d’essayer de préparer une contre-offensive de la classe ouvrière, les différents groupes qui se prétendent révolutionnaires appellent, à la suite des FFS et autres partis bourgeois, à une mythique « démocratisation » de la société qui surviendrait sans révolution socialiste. Ainsi, le Parti socialiste des travailleurs (PST), lié au Secrétariat unifié (SU) d’Ernest Mandel, et l’Organisation socialiste des travailleurs (OST), liée au PCI français de Pierre Lambert, centrent leur programme sur la revendication d’assemblée constituante, conçue comme un produit non pas d’une poussée révolutionnaire conduisant à la révolution socialiste mais d’élections « démocratiques » sous le capitalisme.

Ainsi, le PST critique le régime Chadli pour avoir organisé des élections locales en expliquant qu’« il aurait été plus démocratique […] d’organiser l’élection, à la proportionnelle, d’une assemblée nationale constituante » (Rouge n° 1393, 22 mars). Entre parenthèses, si tel avait été le cas, le FIS aurait certainement remporté les élections. Et dans une interview à la revue mandélienne du SU Inprecor (n° 305, 23 mars-5 avril), le porte-parole du PST propose « un programme transitoire démocratique qui passe par la constitution d’un front ouvrier et populaire large, pour imposer un gouvernement des travailleurs » et « l’alliance avec toutes les forces qui se réclament du combat des masses populaires ». C’est la formule classique d’un front populaire avec des secteurs de la bourgeoisie. La référence à un « gouvernement des travailleurs » ne doit abuser personne : il convient de rappeler qu’en 1963, au moment de sa fondation, le SU justifiait ses liens avec le régime du FLN de Ben Bella en le qualifiant de « gouvernement ouvrier et paysan ».

L’histoire de l’Algérie démontre irréfutablement qu’à l’époque de la décadence impérialiste il n’y a aucune place pour un développement indépendant des pays capitalistes arriérés. Les « bourgeoisies nationales », faibles, étroitement liées à l’impérialisme et menacées par leur propre prolétariat, ne peuvent même pas accomplir les tâches démocratiques autrefois associées aux révolutions bourgeoises, sans parler de construire le « socialisme ». Ainsi que l’a affirmé la théorie de la révolution permanente de Trotsky, ces tâches ne peuvent être réalisées qu’avec l’accession au pouvoir de la classe ouvrière, rassemblant derrière elle toutes les couches opprimées de la société. Et il faut pour cela une direction révolutionnaire, un parti du prolétariat sur le modèle du Parti bolchévique de Lénine.

La Révolution russe d’octobre 1917 n’a pas seulement permis à l’Union soviétique de connaître un développement économique qui en a fait une grande puissance industrielle. Malgré les reculs qui ont accompagné la consolidation de la bureaucratie stalinienne, elle a aussi élevé le statut social des femmes à un niveau supérieur à celui des pays capitalistes avancés, et y compris en Asie centrale.

La révolution d’Octobre a montré la nécessité d’un parti révolutionnaire de la classe ouvrière, un parti qui joue le rôle de tribun de tous les opprimés. Un tel parti saura particulièrement mobiliser l’énergie révolutionnaire et la détermination des femmes d’une manière qui n’était qu’annoncée dans la lutte des masses algériennes contre le colonialisme français. Un tel parti inscrira sur son drapeau la lutte pour la séparation de la religion et de l’Etat, l’émancipation des femmes par la révolution socialiste, la révolution agraire, l’égalité entre les différentes langues parlées en Algérie. Un parti qui organisera le prolétariat pour arracher le pouvoir des mains des banqueroutiers corrompus du FLN, repousser la menace islamiste et instaurer un gouvernement ouvrier et paysan, basé sur les soviets, qui brisera les chaînes de l’exploitation impérialiste en mettant réellement le socialisme à l’ordre du jour en Algérie et au-delà dans une fédération socialiste du Maghreb.

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