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Salut aux prolétaires du Maroc !

Article paru dans Le Communiste, n° 10-11, août 1981, p. 70-71


Le cinq juin, le gouvernement marocain annonçait une augmentation des prix de 85 % des articles de première nécessité : sucre, lait, œufs, farine, huile… La réponse du prolétariat ne se fit pas attendre ; des grèves et des manifestations violentes se déclenchèrent à Casablanca et dans la région orientale du pays (province de Oujda). Immédiatement, ces luttes s’étendirent à tout le pays.

Face à l’importance et la radicalité du mouvement, le gouvernement réduisit de moitié les augmentations prévues. Mais comme en Pologne un an auparavant, cette démarche se révéla incapable de freiner le développement des luttes, dont les manifestations les plus imposantes et les plus violentes furent celles qui se déclenchèrent à Casablanca en fin de semaine, les 20 et 21 juin.

Au même moment où les ouvriers combatifs faisaient l’objet des premières arrestations et détentions, les syndicats CDT (Confédération démocratique du travail) et UTM (Union des travailleurs du Maroc) appelèrent au déclenchement d’arrêts de travail et de grèves limitées dans le temps, avec l’objectif d’encadrer, de limiter et de liquider le mouvement qui les avait débordés. Il s’agissait pour ces organisations  » de protester contre une hausse des prix qui n’était pas absolument indispensable » (Le Monde). Ces syndicats et ces partis de gauche « socialistes » et « communistes » se désolidarisèrent directement des manifestations violentes du prolétariat contre l’Etat, que leurs « grèves » n’avaient pas réussi à contenir.

Ne soyons pas dupes : la répression interbourgeoise qui menace les syndicats et les partis socialiste et « communiste » est due au seul fait de leur impuissance à contrôler le mouvement du prolétariat. Cette répression ne peut en aucune manière être assimilée aux coups accusés par le prolétariat : plus de 800 manifestants abattus par les balles des troupes de confiance de l’Etat marocain en un jour d’affrontements ; le couvre-feu décrété dans l’ensemble du pays ; des milliers de prolétaires arrêtés, persécutés ; la répression immédiate de toute activité de classe, le bouclage et les perquisitions des quartiers ouvriers ; les tanks circulant dans les rues et le contrôle par les troupes d’élite des points stratégiques ; la condamnation des suspects arrêtés à 5, 10 ans de bagne…

Le Groupe Communiste Internationaliste dénonce les forces de l’Etat bourgeois, y compris les syndicats qui essaient une fois de plus de fortifier le joug de l’exploitation et de la misère capitaliste au Maroc. Il salue chaleureusement l’émergence du prolétariat dans ce pays, à la suite de celui d’Algérie il y a quelques mois et de celui de Tunisie en 79, qui ont lutté et luttent pour l’amélioration de leurs conditions de vie en affrontant directement l’Etat bourgeois. Il se solidarise totalement avec les groupes de manifestants qui attaquèrent, pillèrent, saccagèrent plus de 20 banques, des magasins, des entrepôts… Il salue les policiers qui refusèrent de tirer sur leurs frères de classe et rejoignirent le camp des manifestants.

Les véritables grèves (« sauvages »), les manifestations massives et violentes, la réappropriation collective des expériences du passé, l’organisation des minorités révolutionnaires d’avant-garde, constituent l’unique chemin empruntable par le prolétariat pour mener à bien sa lutte contre les augmentations de prix, le chômage, la faim, la guerre !

Les communistes savent, et 60 ans de contre-révolution le confirment, que l’unique issue de toutes ces luttes signifie la dictature du prolétariat et la révolution communiste mondiale ; et qu’il n’existe pas de dictature du prolétariat sans qu’elle ne soit assumée par la minorité qui condense dans sa pratique/théorie la totalité du mouvement. Construisons notre parti !

Vive la lutte du prolétariat du Maroc et partout ailleurs !

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