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La lutte contre l’OAS et pour la paix en Algérie

Textes parus dans Les Cahiers du communisme, n° 1, janvier 1962, p. 5-9 et p. 180-189


Editorial

L’ANNEE 1962 s’ouvre dans un climat de lutte politique particulièrement âpre, dont l’avenir de notre pays dépend.

Les problèmes politiques essentiels sont aujourd’hui ceux que pose l’activité de l’O.A.S. liée à la situation en Algérie.

Le trait dominant de la situation française au cours des dernières semaines, c’est la recrudescence des activités factieuses de l’O.A.S. qui bénéficie plus que de la complaisance et même que de la complicité du pouvoir. L’O.AS. dispose, sans que le pouvoir gaulliste y fasse obstacle, de fortes organisations dans l’armée, dans la police, dans l’administration.

En Algérie, l’O.A.S. fait la loi dans les grandes villes : Alger, Oran, Bône notamment où, dans certains quartiers, un tiers des magasins ont été plastiqués parce que tel ou tel commerçant européen a refusé de se laisser rançonner par l’O.A.S. Quant aux violences à l’égard des Algériens musulmans, elles prennent le caractère de véritables pogroms au cours desquels se manifeste une incroyable bestialité raciste : les lynchages se multiplient, des enfants ont été brûlés vifs. Le pouvoir gaulliste laisse se développer cette action.

En France, l’activité de l’O.A.S. tend à prendre le même caractère qu’en Algérie. C’est d’abord une véritable campagne d’intoxication de l’opinion publique, allant des menaces individuelles aux tracts démagogiques, des fausses nouvelles tendant à pourrir l’opinion aux violences physiques : l’O.A.S. passe du plasticage aux assassinats, selon les techniques devenues de règle en Algérie.

Les vols d’armes se multiplient : au camp de Satory, le septième vol d’armes connu, en un mois, n’a été rendu public par le pouvoir que lorsque l’effervescence s’est manifestée chez les soldats du contingent.

Le gouvernement gaulliste laisse également s’opérer ouvertement, à Toulouse par exemple, le recrutement des tueurs professionnels, pour le Katanga, pour la Rhodésie, tueurs qui sont utilisables en France. Une compagnie de C.R.S. peut impunément se livrer à une manifestation fasciste à Oran, lors de son embarquement pour la France. Les tribunaux manifestent une mansuétude croissante à l’égard des rares membres arrêtés de cette O.A.S. que de Gaulle n’a même pas citée dans son discours de Nouvel An.

L’O.AS., qui tente de plus en plus de se présenter comme une force politique et comme l’aile agissante de l’anticommunisme, est coupée de la masse de notre peuple, mais ses accointances avec les hommes en place constitue une force qui menace le pays de guerre civile. Sa force principale tient à la complaisance du gouvernement : les hommes du 13 mai, qui ont porté de Gaulle au pouvoir, fournissent aujourd’hui à l’O.A.S. ses états-majors « clandestins » et ses complices officiels.

Le deuxième trait dominant de la situation, c’est la place de premier plan prise par le Parti communiste français dans la lutte contre l’O.A.S. fasciste. La manifestation de jeunes du 18 novembre, où les Jeunesses communistes ont joué un très grand rôle ; la journée pour la paix en Algérie du 29 novembre ; l’initiative du Parti, le 6 décembre, qui a préparé puissamment la manifestation du 19 décembre ; la riposte en plein Paris, malgré l’interdiction gouvernementale, à l’agression fasciste contre le siège du Comité : central ont marqué les étapes de cette lutte contre l’O.A.S. et pour le rassemblement des forces antifascistes.

Le rôle joué par notre Parti, à la tête de la lutte antifasciste, inquiète les forces réactionnaires et la presse bourgeoise exprime leur dépit.

Aussi, les manœuvres se développent-elles pour tenter d’enrayer le regroupement des forces ouvrières et démocratiques, par l’exclusive jetée contre le Parti communiste et contre la C.G.T. Ces manœuvres font objectivement le jeu du fascisme. Les masses commencent à en prendre conscience et cela rend de plus en plus difficiles les efforts des diviseurs. Le courant en faveur de l’unité d’action grandit ; il en est des indices certains. A Dax, une manifestation de 5.000 personnes a été organisée dans l’unité, avec la participation d’un membre du Comité directeur du Parti S.F.I.O. et des dirigeants communistes locaux. Dans le Nord, la riposte à l’agression contre le siège de la Fédération communiste a entraîné des socialistes et certains de leurs dirigeants aux côtés des communistes. A Paris, trente-deux organisations ont lancé un appel commun à « l’unité sans exclusive » et, quelle que soit l’ambiguïté de la formule, elle exprime la volonté d’unité dans les masses.

Cette situation en France est étroitement liée à la poursuite de la guerre d’Algérie.


L’activité de l’O.A.S. est conditionnée par la situation en Algérie et ses perspectives.

Deux mois de négociations secrètes entre le gouvernement français et le G.P.R.A. ont abouti à un nouvel échec. Le cessez-le-feu n’a pas été obtenu.

Une fois de plus de Gaulle est pleinement responsable de l’échec de la négociation. Il n’a pas été possible d’aboutir à un accord et à un cessez-le-feu parce que de Gaulle, tout en étant contraint de faire des concessions (d’autant plus que le dernier vote de l’O.N.U. fait entrevoir le jour proche où sa politique algérienne cesserait d’être soutenue même par les États-Unis) maintient des exigences colonialistes :

– Il exige un statut particulier pour les Français d’Algérie. Non pas la juste sauvegarde des intérêts légitimes que le G.P.R.A. n’a jamais contesté et que le communiqué de Mohammedia confirme une fois de plus, mais la prétention de constituer un véritable État dans l’État, en consentant aux Européens d’Algérie des privilèges en tant que communauté.

– Il exige non seulement le maintien de l’armée française en Algérie, depuis le cessez-le-feu jusqu’à l’autodétermination, mais encore le maintien de la souveraineté de l’administration française pour le contrôle des opérations de vote sur l’autodétermination.

Tout autre est l’attitude du G.P.R.A., dont le communiqué de Mohammedia définit au contraire les conditions équitables d’un cessez-le-feu, appelle à fa lutte contre l’O.A.S. et exprime le souci de ne rien faire qui puisse gêner l’évolution vers une solution pacifique et négociée.


Les tâches qui incombent à notre Parti, et qui découlent de cette situation, impliquent une liaison intime entre la lutte contre l’O.A.S. et la lutte pour fa paix en Algérie.

Pour développer la lutte pour une paix négociée avec le G.P.R.A., il faut d’abord dénoncer la duplicité de de Gaulle. Duplicité à l’égard du G.P.R.A. qui consiste à faire croire qu’il veut sincèrement la négociation et la paix au moment-même où il maintient des exigences néocolonialistes qui font échouer les pourparlers. Duplicité à l’égard de l’O.A.S. qu’il feint de combattre alors qu’il lui laisse les mains libres pour massacrer en Algérie les Algériens, européens ou musulmans, qui ne se plient pas à leurs exigences fascistes, et pour préparer en France la guerre civile.

Dans la lutte contre l’O.A.S., il faut aider les masses à prendre conscience de ces deux idées maîtresses qui conditionnent notre lutte :

1°) Le peuple doit compter sur ses propres forces et non pas sur le pouvoir ;

2°) Le gage du succès, c’est l’unité, la lutte unie des masses. Cela implique un grand effort de clarification idéologique pour écarter les obstacles à l’union élevés notamment par les dirigeants socialistes de droite. Il doit être clair que tout prétendu rassemblement « démocratique » qui exclut le Parti communiste et la C.G.T., c’est-à-dire l’essentiel des forces ouvrières, n’est pas une action antifasciste qui serait simplement incomplète, mais une opération de « troisième force », c’est-à-dire une manœuvre de division qui fait objectivement le jeu du fascisme.

Cette clarté est d’autant plus nécessaire que certains méditent aujourd’hui de constituer avec Pinay, Guy Mollet, Mendès-France, un bloc renouvelant l’expérience désastreuse du prétendu « Front républicain » , qui, en 1956, avec Guy Mollet, Mendès-France et Chaban-Delmas, a divisé les forces antifascistes par anticommunisme et a ouvert la voie aux hommes du 13 mai.

Aujourd’hui, Christian Pineau, Mendès-France et quelques autres tentent d’accréditer l’idée que ce sont les partis qui sont responsables de l’avènement du pouvoir personnel gaulliste, alors que ce sont leurs partis qui, par anticommunisme, ont désarmé les républicains en les divisant en face de l’ennemi.

Les mêmes hommes bavardent aujourd’hui sur la création de « groupes d’autodéfense » pour écarter la seule solution efficace contre le fascisme de l’O.A.S. et contre le pouvoir gaulliste qui le laisse faire : l’action unie des masses.

Il s’agit avant tout de multiplier les Comités antifascistes de masse, à la base, dans les ateliers, les usines, les rues, les H.L.M., partout, sans rejeter pour autant les accords entre organisations lorsqu’ils permettent de faciliter la création de comités de base.

Il faut combattre aussi toute tendance aux compromis avec l’O.A.S. sous prétexte d’ y discerner des « tendances » et de composer avec l’une d’elles. Le gouvernement y pousse. Des politiciens comme Vincent Auriol, disent certains journaux, s’engagent dans des tractations de cet ordre. Cette opération doit être dénoncée. Ces comités doivent démasquer partout les hommes de l’O.A.S. et leurs complices (députés, maires, conseillers, etc), organiser contre eux des manifestations de masse, les isoler, les mettre hors d’état de nuire.

La perspective ouverte par notre Parti est claire : le seul pouvoir stable et fort est celui qui émanera d’une Assemblée de députés démocratiquement élus et révocables, qui sera responsable devant elle, qui appliquera enfin la politique voulue par le peuple, qui s’appuiera sur le peuple pour briser les tentatives du grand capital et de la réaction.

Les communistes appellent les travailleurs et tous les démocrates français à lutter pour une nouvelle constitution fondée sur ces principes.

Cette lutte exige un renforcement du Parti communiste qui en est l’organisateur le plus puissant.

Jamais, depuis la Libération, de telles possibilités ne nous ont été offertes. Au cours de ces deux derniers mois, dans sept fédérations 130 nouvelles cellules d’entreprises ont été créées. Des centaines de cellules ont fait chacune plus de 10 adhésions.

Au seuil de cette nouvelle année, où la lutte idéologique conditionne le renforcement du Parti et l’efficacité de ses luttes, les Cahiers du communisme doivent être l’un des moyens d’accomplir ces tâches : au cours de 1961, notre revue théorique a gagné 2.000 lecteurs nouveaux. Cet effort doit se développer encore en 1962 avec une ampleur accrue pour donner de nouvelles armes idéologiques dans le combat contre le fascisme, pour la paix en Algérie, pour un régime démocratique, pour le socialisme.

11 janvier 1962.


Documents

APRÈS L’AGRESSION FASCISTE CONTRE LE SIÈGE DU COMITÉ CENTRAL

CETTE nuit, des tueurs de l’O.A.S. ont mitraillé le siège du Comité central du Parti communiste français, blessant grièvement un militant communiste, le camarade Robert Chapdelaine, ouvrier métallurgiste, ancien déporté.

Cette agression est d’une exceptionnelle gravité. Les fascistes font couler le sang. Ils tuent maintenant en France, comme ils le font en Algérie. Le pouvoir gaulliste laisse se former les groupes d’assassins et les laisse agir impunément en plein cœur de Paris. Le désordre, la violence, le meurtre s’installent dans notre pays sous le pouvoir prétendu fort et stable.

L’assassinat de Camille Blanc, maire socialiste d’Evian, et de Georges Mouillard, ouvrier de l’aéroport d’Orly, le meurtre à Alençon du démocrate Locussol, les coups de feu tirés contre le siège du Comité central visent toutes les forces ouvrières et démocratiques. Les dirigeants de l’O.A.S. veulent précipiter la France dans les horreurs du fascisme bestial.

Le Parti communiste français appelle solennellement tous les démocrates à s’unir avant qu’il ne soit trop tard.

Tout retard apporté à l’union indispensable, tout refus de l’action commune favorisent le danger fasciste.

Travailleurs, démocrates, patriotes, agissez tous ensemble :

• pour mettre hors d’état de nuire les assassins de l’O.A.S. et tous leurs inspirateurs et complices :

• pour imposer :
– l’épuration de l’armée, de la police et de l’administration ;
– le droit et les moyens pour les organisations ouvrières et démocratiques d’assurer la protection efficace de leurs locaux et de leurs militants.

Parisiennes, Parisiens qui ne voulez pas vivre dans un pays fasciste, venez sur le lieu même de l’agression exprimer votre indignation, votre volonté de barrer la route au fascisme, venez manifester votre solidarité en défilant demain, samedi 6 janvier, à partir de 16 heures, devant le siège du Comité central du Parti communiste français, 44, rue Le Peletier.

Travailleurs, démocrates, patriotes, constituez partout, dans les entreprises et les localités, vos comités antifascistes.

C’est en unissant et en déployant toutes ses forces, sans attendre, que le peuple de France pourra en finir avec les factieux et préparer l’avènement d’un gouvernement fort et stable émanant d’une Assemblée constituante élue démocratiquement et pratiquant la politique voulue par le peuple.

Paris, le 5 janvier 1962.

Le Bureau politique du Parti communiste français.


LA RIPOSTE POPULAIRE

CINQUANTE MILLE travailleurs et démocrates ont manifesté puissamment aujourd’hui dans Paris, malgré l’interdiction gouvernementale, contre le terrorisme de l’O.A.S.

Exprimant leur indignation après l’attentat contre le siège du Comité central, leur solidarité avec les victimes des fascistes, les Parisiennes et les Parisiens ont montré leur volonté de mettre hors d’état de nuire les assassins de l’O.A.S., tous leurs inspirateurs et complices.

Le pouvoir gaulliste qui laisse faire les crimes de l’O.A.S. avait déployé ses forces policières contre les démocrates. Cependant, à l’appel du Parti communiste français, calmes et forts, les ouvriers ont manifesté leur volonté de barrer la route au fascisme.

C’est sur ses propres forces que le peuple doit compter pour défendre les libertés qui subsistent, renouveler la démocratie, assurer l’ordre et la sécurité des citoyens.

La France vit actuellement sous la menace de la guerre civile et du chaos, sous la menace du fascisme ouvert. Les bandits fascistes s’enhardissent de plus en plus, en raison de l’impunité et de la tolérance complice dont ils bénéficient.

C’est un devoir national de développer d’urgence l’union des forces démocratiques dans l’action commune contre le fascisme.

L’heure n’est pas à la division, aux manœuvres subalternes, à la recherche de compromissions avec la réaction.

L’heure est à l’union de tous les travailleurs, de tous les démocrates contre le fascisme, malgré les divergences qui peuvent les séparer en d’autres domaines. Les communistes, pour leur part, défendent coutes les victimes de l’O.A.S.

Ensemble, surmontant tous les obstacles à l’union, tous les travailleurs, tous les démocrates intensifieront leur action :

– pour mettre hors d’état de nuire les assassins de l’O.A.S. et tous leurs conspirateurs et complices ;

– pour imposer :
l’épuration de l’armée, de la police et de l’administration ;
le droit et les moyens pour les organisations ouvrières et démocratiques d’assurer la protection efficace de leurs locaux et de leurs militants.

Ensemble, ils constitueront partout, dans les entreprises et les localités, leurs comités antifascistes.

Ensemble, ils lutteront pour la paix en Algérie, pour le rétablissement et le renouvellement de la démocratie, pour l’avènement d’un gouvernement fort et stable émanant d’une Assemblée constituante élue démocratiquement et pratiquant la politique voulue par le peuple.

Paris, le 6 janvier 1962.

Le Parti communiste français.


LA SITUATION POLITIQUE AU SEUIL DE L’ANNÉE 1962

LE Bureau politique du Parti communiste français s’est réuni le 4 janvier 1962.

L’année écoulée a vu grandir dans le monde entier la force et l’influence des idées du communisme. L’Union soviétique et les autres pays du camp socialiste remportent des succès prodigieux. Le mouvement de libération nationale connaît un nouvel essor. Partout, dans le monde, les forces de progrès sont à l’offensive. Le XXIIe Congrès du Parti communiste de l’Union soviétique, en adoptant le programme d’édification du communisme, ouvre le chemin du bonheur pour toute l’humanité.

En France, l’année 1961 a été une année de grandes luttes. Le peuple, dressé en avril, a écrasé le coup de force factieux d’Alger. La classe ouvrière, la paysannerie et les autres couches de la population ont développé leur combat contre le pouvoir des monopoles. Le XVIe Congrès du Parti communiste français a montré le chemin de la restauration et de la rénovation de la démocratie. Le mois de décembre a été un grand mois d’action contre le terrorisme de l’O.A.S. et le fascisme.

CEPENDANT, en ce début d’année, de graves questions politiques continuent de se poser pour l’avenir du peuple de France.

A Moscou, viennent de s’ouvrir des pourparlers entre les représentants soviétiques et américains, en vue d’une négociation sur le problème allemand. L’intérêt de tous les peuples est dans le succès d’une telle négociation pour la signature d’un traité de paix avec les deux Etats allemands et la transformation de Berlin-Ouest en une ville neutre et démilitarisée. L’intérêt de la France est de participer à cette négociation. Mais de Gaulle, qui fonde sa politique sur l’alliance avec les militaristes et revanchards de l’Allemagne de l’Ouest, se refuse à la négociation, fait étalage d’un antisoviétisme grossier et promet à l’armée française des « actions guerrières » en Europe.

La guerre d’Algérie se poursuit depuis plus de sept ans, dont la moitié sous le pouvoir gaulliste. Pourtant, les possibilités de faire la paix par la négociation avec le G.P.R.A. sont réelles. Mais, dans son dernier discours, le général de Gaulle a utilisé des formules obscures qui cachent mal les exigences néo-colonialistes maintenues et constituant un obstacle à la paix.

Les fascistes de l’O.A.S. développent leurs activités criminelles et ne cachent pas leur but : l’établissement en France du fascisme déclaré. Loin de prendre des mesures efficaces contre les factieux, le pouvoir gaulliste poursuit sa politique de complaisance à leur égard et exerce sa répression contre les forces populaires en lutte contre le fascisme. Les complicités ouvertes dans les milieux dirigeants de l’armée, de la police, de l’administration sont toujours plus nombreuses et les tentatives de faire échec à ces complicités sont réprimées par le gouvernement gaulliste.

Renouvelant dans son récent discours ses attaques contre les principes de la démocratie et contre les partis et autres forces politiques, faisant annoncer une modification de type présidentiel de la Constitution, de Gaulle veut encore aggraver le caractère autoritaire de son pouvoir personnel.

Les conditions de vie des ouvriers et de coutes les couches laborieuses du pays sont toujours plus dégradées, tandis que les profits des monopoles augmentent. Le Marché commun européen frappe les ouvriers, les commerçants et artisans, la paysannerie. Il atteint toute l’économie française.

DES forces croissantes sont engagées dans l’action. La classe ouvrière et l’ensemble du peuple de France déplairont des forces suffisances pour faire échec à la politique gaulliste et imposer les changements politiques nécessaires quand ils auront renforcé leur union.

Dans tous les domaines, l’union et l’action des forces populaires ont fait des progrès sensibles. La question de l’union de coutes les forces ouvrières et démocratiques est maintenant largement posée. Des obstacles demeurent, entravant cette union. Parmi ces obstacles, se trouve en premier lieu la politique de division de la classe ouvrière et de collaboration de classe avec la grande bourgeoisie réactionnaire, pratiquée, au nom de l’anticommunisme, par les dirigeants de droite du Parti socialiste et d »autres. C’est pourquoi les communistes renforceront leur effort pour faire échec aux diviseurs et gagner les travailleurs socialistes à l’action commune.

Le Bureau politique du Parti communiste français appelle les travailleurs, les démocrates, les partisans de la paix à s’unir dans les entreprises, les quartiers et les villages pour poursuivre et élever à un niveau supérieur les combats engagés pour la paix et le désarmement, pour la paix en Algérie par la négociation, pour la mise hors d’état de nuire de l’O.A.S., pour la défense des libertés qui subsistent, pour les revendications de la classe ouvrière et des autres couches laborieuses. Le Congrès national du Mouvement de la paix du mois de mars sera une étape importante.

En développant leurs efforts à tous les échelons pour l’union sans exclusive des forces ouvrières et démocratiques et pour la constitution d’un vaste réseau de comités de paix et de comités antifascistes, les communistes feront connaître plus largement et soumettront aux autres démocrates leur programme de restauration et de rénovation de la démocratie.

L’année qui vient de se terminer a confirmé la nécessité d’un Parti communiste français toujours plus fort, jouant un rôle déterminant dans la lutte des masses populaires. En 1962, les communistes élèveront encore l’activité politique du Parti. Ils renforceront le Parti en terminant rapidement la reprise des cartes en cours, en recrutant massivement, en constituant de nouvelles cellules, notamment dans les entreprises.

Ainsi, 1962 sera une année importante de la lutte du peuple de France pour le pain, pour la paix et pour le rétablissement d’une démocratie renouvelée.

Le 4 janvier 1962.

Le Bureau politique du Parti communiste français.


APRÈS LES JOURNÉES ANTIFASCISTES DES 6 ET 19 DÉCEMBRE

LE Bureau politique du Parti communiste français s’est réuni le 7 décembre 1961, sous la présidence de Waldeck Rochet, secrétaire général adjoint du Parti.

La journée du 6 décembre a été une grande journée nationale d’action contre le terrorisme de l’O.A.S. et contre le fascisme. Par des débrayages, des meetings et des manifestations de rues, d’innombrables travailleurs et autres républicains ont montré leur volonté d’agir résolument. Dans l’ensemble du pays, la plupart des actions ont été organisées en commun par des formations politiques et syndicales diverses. Cette journée est donc une étape importance. Elle est une preuve nouvelle de la possibilité de dresser un barrage victorieux face au danger fasciste.

Mais la situation exige une action encore plus résolue, une union plus large et mieux cimentée. Encouragés par la poursuite de la guerre en Algérie, les assassins de !’O.A.S., leurs inspirateurs et leurs complices, déploient impunément une activité ouverte. Ils bénéficient du soutien d’une partie de la presse et de certains milieux politiques. Ils s’infiltrent dans tous les rouages de l’Etat : armée, police, administrations. Le p lus souvent, les plastiqueurs et autres fascistes ne sont pas poursuivis. Quand il est contraint d’en arrêter quelques-uns, le pouvoir leur accorde un traitement de faveur ou les libère. C’est aux ouvriers en lutte pour leurs revendications et à tous les démocrates et les partisans de la paix que le pouvoir gaulliste réserve les coups de sa répression.

Ainsi, le danger d’une dictature fasciste ouverte grandie chaque jour.

La gravité du péril exige plus que jamais l’union sans exclusive de tous les démocrates. C’est pourquoi, forts des résultats de la journée du 6 décembre, ils doivent surmonter tous les obstacles à l’union, éliminer l’exclusive anticommuniste, constituer de multiples comités antifascistes, organiser la riposte de masse à tout attentat et à coute action des factieux ; la protection, l’autodéfense des locaux, réunions et militants démocratiques.

Le Bureau politique se déclare prêt à poursuivre ses efforts pour permettre le rassemblement sans exclusive, dans une même action, de tous les partis, syndicats et organisations résolus comme nous à mettre un terme au terrorisme de l’O.A.S. et à barrer la route au fascisme.

Les mots d’ordre du 6 décembre conservent toute leur valeur :
– pour mettre hors d’état de nuire les assassins de l’O.A.S. ;
– pour obliger le gouvernement à arrêter et condamner tous les dirigeants de l’O.A.S. et à prendre des mesures contre ceux qui les soutiennent, y compris l’interdiction de la diffusion et de la reproduction des textes de l’O.A.S. ;
– pour imposer l’épuration de la police, de l’armée et de l’administration ;
– pour assurer le respect des libertés politiques et syndicales, le droit de réunion et de manifestations pour les travailleurs, les démocrates, les antifascistes, les partisans de la paix.

Devant l’exigence populaire, le gouvernement vient d’annoncer des mesures contre l’O.A.S. Il faut maintenant lui imposer des actes.

C’est seulement dans ses forces unies que le peuple de France peut trouver le moyen de barrer la route au fascisme.

Paris, le 7 décembre 1961.

Le Bureau politique du Parti communiste français


LA lutte contre les criminels fascistes de l’O.A.S. et pour la paix en Algérie a pris une ampleur et une force nouvelles dans l’ensemble du pays.

La journée nationale d’action du 6 décembre, organisée à l’appel de notre Parti, de la C.G.T. et du Mouvement des Jeunesses communistes, a ouvert la voie à des actions de masse de plus en plus puissances de toutes les forces antifascistes.

La journée du 19 décembre a représenté une nouvelle étape dans le développement de l’action. Répondant aux mots d’ordre lancés par les organisations syndicales et de nombreux partis et groupements démocratiques, plusieurs millions de travailleurs du secteur privé et public ont pris part à l’arrêt national de travail de la fin de la matinée. A Paris, autour de la place de la Bastille, comme en province, des manifestations de masse de grande ampleur ont tenu les rues malgré les interdictions gouvernementales et les brutalités policières d’une violence inouïe.

Le pouvoir gaulliste a, plus ouvertement que jamais, dévoilé sa nature profondément réactionnaire. La tolérance complice donc il fait preuve envers l’entreprise criminelle de subversion fasciste contraste avec la répression qu’il a déchaînée contre les travailleurs et démocrates de coutes opinions manifestant leur volonté d’en finir avec les menées de l’O.A.S. et avec la guerre d’Algérie.

L’attitude du pouvoir montre clairement au peuple qu’il doit compter sur lui-même, sur sa combativité, sa vigilance et son union pour faire face au danger fasciste.

L’union a fait de grands progrès dans la dernière période, malgré l’opposition acharnée des dirigeants du parti socialiste et de F.O., malgré les manœuvres anticommunistes d’autres éléments. La journée du 6 et, plus encore, celle du 19 décembre, ont vu lutter côte à côte des ouvriers, des militants et des élus socialistes, communistes et d’autres partis. Dans plusieurs départements et dans de nombreuses villes, les organisations des deux partis ont lancé avec d’autres des appels communs à l’arrêt de travail et aux manifestations populaires.

L’unité d’action contre le fascisme et pour la paix en Algérie doit être consolidée et élargie sans retard. Que tous les antifascistes se rassemblent dans de puissants comités créés dans les entreprises, les établissements d’enseignement, les H.L.M., les quartiers des villes et les villages.

Unis, ils agiront ensemble pour dénoncer, démasquer et isoler sur place les fascistes et leurs protecteurs ; pour empêcher ou disperser coute réunion ou manifestation des factieux ; pour assurer la défense des organisations démocratiques et de leurs militants, des mairies communistes et républicaines.

Unis, ils lutteront ensemble pour contraindre le pouvoir à agir réellement contre l’O.A.S., à chasser les éléments fascistes de l’armée et de la police ; pour lui imposer, notamment, le respect du droit de réunion et de manifestation pour les républicains.

Unis, ils agiront en même temps pour que soit mis un terme à la guerre d’Algérie qui nourrit le cancer fasciste, pour que la paix soie enfin conclue par une négociation immédiate avec le Gouvernement provisoire de la République algérienne.

Que les forces populaires se rassemblent plus largement encore et leurs efforts communs obtiendront l’écrasement des fascistes et la paix en Algérie.

Dans la lutte commune contre le pouvoir personnel, les forces populaires ouvriront la voie au rétablissement et à la rénovation de la démocratie française.

C’est à ce rassemblement, sans exclusive, que le Parti communiste français a travaillé et travaillera sans relâche car il est la condition des victoires de notre peuple.

Le Bureau politique du Parti communiste français salue les communistes qui se sont dépensés sans compter pour assurer le succès des puissances démonstrations des 6 et 19 décembre. Il les appelle à faire preuve du même esprit d’initiative, de la même combativité pour renforcer l’union et développer l’action des forces ouvrières et démocratiques.

21 décembre 1961.

Le Bureau politique du Parti communiste français


APRÈS LA JOURNÉE DU 6 DÉCEMBRE

Les représentants du Parti communiste, de la Confédération générale du travail et du Mouvement de la jeunesse communiste, qui avaient pris l’initiative de la journée d’action contre le terrorisme de l’O.A.S. et le fascisme, ont publié le communiqué suivant :

LA journée nationale d’action du 6 décembre est une étape importante dans la lutte du peuple de France contre le terrorisme de l’O.A.S. et le fascisme.

A Paris, dans sa banlieue et dans toute la France, de grandes actions unies, de puissances manifestations se sont déroulées. Dans la plupart des départements, toutes les formations qui s’étaient rencontrées une première fois sur le plan national le 20 novembre, ont organisé ensemble les débrayages, meetings, manifestations de rues et défilés. Dans de nombreux endroits, l’action a été plus largement unie encore.

En saluant les innombrables travailleurs et républicains qui ont contribué au succès de la journée, en saluant toutes les organisations qui y ont pris part sur le plan national, départemental, local et des entreprises, nous déclarons une fois de plus que nous sommes prêts à poursuivre nos efforts pour permettre le rassemblement sans exclusive, dans une même action, de tous les partis, syndicats et organisations résolus comme nous à mettre un terme au terrorisme de l’O.A.S. et à barrer la route au fascisme.

Paris, le 6 décembre 1961.

Le Parti communiste français,
La Confédération générale du travail,
Le Mouvement de la jeunesse communiste.


APPEL POUR LA JOURNÉE DU 6 DÉCEMBRE

LES attentats et les crimes de l’O.A.S. se multiplient impunément chaque jour. Ces actes fascistes atteignent tous les démocrates, menacent toutes les Françaises et tous les Français. Ils visent à aggraver le climat d’insécurité, pour favoriser un nouveau coup de force.

Contre le danger fasciste grandissant, le seul barrage efficace est l’action unie des masses populaires.

Comme il avait été précédemment envisagé par diverses organisations, et en raison de la gravité de la situation, nous appelons les travailleurs, tous les démocrates, tous les Français et Françaises à faire du

Mercredi 6 décembre 1961, une grande journée nationale d’action contre le terrorisme de l’O.A.S. et le fascisme

– Pour mettre hors d’état de nuire les assassins de l’O.A.S. ;
– Pour obliger le gouvernement à arrêter et condamner tous les dirigeants de l’O.A.S. et à prendre des mesures contre ceux qui les soutiennent, y compris l’interdiction de la diffusion et de la reproduction des textes de l’O.A.S. ;
– Pour imposer l’épuration de la police, de l’armée et de l’administration ;
– Pour assurer le respect des libertés politiques et syndicales, le droit de réunion et de manifestation pour les travailleurs, les démocrates, les antifascistes, les partisans de la paix.

Nous avons fait tout notre possible pour que cous les partis et toutes les organisations démocratiques intéressées décident ensemble de cet appel. Devant l’urgence d’une action puissance et unie, nous sommes convaincus que nombreux seront les partis et organisations démocratiques qui s’y joindront et prépareront ensemble, partout, nationalement, dans les départements, les localités et les entreprises, les arrêts de travail, meetings, rassemblements, manifestations, défilés.

Vive le 6 décembre, journée nationale d’action contre le terrorisme de l’O.A.S. et le fascisme !

Paris, le 25 novembre 1961.

– Le Parti communiste français
– La Confédération générale du travail
– Le Mouvement de la Jeunesse communiste.

Déjà, un certain nombre d’organisations parmi lesquelles : l’Union progressiste, le Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et pour la paix, les Fédérations des officiers de réserve républicains et des sous-officiers de réserve républicains, ont fait connaître qu’elles considéraient comme nécessaire l’organisation d’une telle action d’ampleur nationale contre le terrorisme de l’O.A.S. et le fascisme, et ont souhaité que cette action antifasciste soit menée dans une union sans exclusive.

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