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L’Algérie sur les traces du Chili

Éditorial paru dans Urgence Algérie, bulletin du Comité pour la libération des détenus pour délit d’opinion, n° 2, février 1987, p. 1


La répression ne cesse de se développer en Algérie.

L’an dernier, deux procès se sont tenus devant la Cour de sûreté de l’Etat. Le premier a concerné les responsables de l’Association des enfants de chouhadas, et ceux de la Ligue Algérienne des Droits de l’Homme (LADH), affiliée depuis le mois de décembre 1986 à la FIDH. Le second procès visait des Algériens accusés de « berbérisme », « d’intégrisme », d’être des militants ou des sympathisants de l’une des deux organisations de l’opposition :

– le Mouvement pour la Démocratie en Algérie (MDA) de A. BEN BELLA,

– le Front des Forces Socialistes (FFS) de H. AIT AHMED.

A l’issue d’un procès truqué (cf. bulletin n° 1), les condamnations prononcées par la Cour de sûreté de l’Etat furent très lourdes (un à trois ans de prison), et les conditions d’incarcération dans la prison de Lambese, particulièrement pénibles (lire un témoignage plus loin dans le bulletin).

Plus encore, les tenants du pouvoir s’acharnent sur les victimes de cette répression, même après la fin de leur internement : brimades les plus diverses, exclusions des lycées, intervention auprès des employeurs pour empêcher l’embauche des « délinquants », suppression du passeport, etc.

Par tous les moyens, il s’agit d’intimider et de briser tous ceux qui revendiquent le droit pour les Algériens de disposer des libertés démocratiques. Et cette exigence est si forte que le gouvernement algérien s’efforce d’obtenir du gouvernement français qu’il procède à l’expulsion des militants de l’opposition (voir le procès des « 14 expulsables »).

Que la répression aveugle ne suffise pas à régler les problèmes d’une société, qu’il s’agisse du Chili, de l’Afrique du Sud, de la Pologne ou de l’Afghanistan, est une évidence pour tous les démocrates. En Algérie, la preuve en a été faite avec le mouvement des lycéens, des étudiants et de la jeunesse déshéritée (novembre 1986), qui appuyée massivement par la population, a exprimé à Béjaia, à Sétif, Annaba, Constantine, « sa volonté de vivre dignement dans une société où les droits fondamentaux de l’homme soient respectés et les libertés démocratiques appliquées. »

La réaction brutale des forces de l’ordre et les lourdes condamnations (2 à 8 ans de prison, pour flagrants délits), prononcées par les juridictions d’exception à l’encontre de cent quatre-vingt-six « délinquants », ne permettent, en aucun cas, de régler les problèmes de ces millions de jeunes, qui veulent s’instruire, posséder un emploi, s’exprimer et vivre dans la liberté et la dignité.

Parce que le Comité s’est constitué pour apporter un soutien moral, matériel et juridique à tous les détenus pour délit d’opinion, il lui faut donc renforcer l’action qu’il mène depuis plusieurs mois.

Il appelle donc à la solidarité agissante et au soutien efficace de son combat de tous les jours.

Le Comité

Une réponse sur « L’Algérie sur les traces du Chili »

En mémoire de ces colères contre les rèpressions. Il semblerait que l’ oubli et l’ ignorance sont les pires entraves au progrès et à l’ émancipation ( cf Fanon ).Merci de deterrer ces faits qui font dates.

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