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La guerre froide et l’avenir algérien

Article paru dans La Voix du Peuple, février 1962, p. 3 et 2

Depuis la fin de la dernière guerre mondiale qui a vu la victoire des alliés sur le nazisme allemand, nous avons assisté à des affrontements d’intérêts et d’influence dans le monde Celui-ci s’est, dès 1948, divisé en deux blocs dits de l’Est et de l’Ouest avec à la tête du premier l’URSS et du second l’Amérique. Ce fut aussi le début de la guerre froide. Propagande et contre propagande se sont affrontées parfois de façon violente.

Pour des raisons d’idéologie et de tactique, le bloc soviétique consolida sa position en appuyant les mouvements d’émancipation des peuples sous domination coloniale en espérant les faire basculer dans son camp afin de mieux tenir tête face à l’Ouest.

De son côté, le bloc occidental s’organisa à son tour en mettant sur pied un organisme de défense atlantique dit O.T.A.N. qui a pour but de repousser toute attaque armée venant de l’Est. Parmi les membres de cette organisation se trouvent la majorité des pays européens possédant encore des colonies. Ce qui ne rendait pas cet organisme sympathique aux yeux des peuples du tiers monde.

Bien plus, au cours de la conférence au sommet de l’O.T.A.N. qui s’est tenue à Paris le 16 décembre 1957, le président du conseil français de l’époque M. Félix Gaillard, espérait obtenir des participants une déclaration reconnaissant d’une manière formelle la « prééminence des intérêts français en Afrique du Nord ». C’est-à-dire qu’il demandait en fait à l’O.T.A.N. de cautionner la politique française en Algérie. Le conseil atlantique repoussa cette demande et clôtura ses travaux en ignorant totalement la question algérienne et la guerre qui du-rait depuis trois années déjà. C’est une manière indirecte de donner satisfaction au gouvernement français sans prendre position sur le conflit lui même.

Mais le fait que du matériel et des troupes de l’Organisation Atlantique servent en Algérie à des buts répressifs ne peut qu’inciter le peuple algérien à se méfier des bonnes intentions de l’OTAN. Le M.N.A. n’a jamais cessé de dénoncer cette complicité des puissances occidentales dans la politique coloniale française. A chaque réunion de l’organisme central de l’OTAN, il n’a pas manqué de mettre en garde les participants contre les conséquences d’une politique qui faisait obstacle à la libre disposition des peuples.

La Russie pour sa part avait intérêt à maintenir hors d’Europe une grosse partie des troupes et du matériel de l’O.T.A.N. afin de dégarnir l’éventuel front européen. La prolongation de la guerre (l’Algérie au delà des nécessités objectives servait ses intérêts. On a vu l’influence soviétique s’employer à attiser le brasier, berçant notamment certains algériens du rêve d’une victoire militaire sur l’armée française. C’est là la raison pour laquelle on a vu le F.L.N., pendant de longues années, fuir toute perspective d’issue diplomatique.

Le M.N.A. quant à lui, doit à son indépendance réelle tant vis-à-vis de l’Est que de l’O.T.A.N., d’avoir toujours défendu d’une part l’indépendance totale de l’Algérie et d’autre part la recherche d’une solution politique. Il est établi aujourd’hui à la lumière des événements que l’indépendance de l’Algérie aurait pu être acquise depuis longtemps si l’influence de la guerre des deux blocs n’avait trouvé un écho chez certains dirigeants F.L.N.

Aujourd’hui si l’indépendance de l’Algérie est devenue une évidence, c’est au peuple algérien que revient le mérite. Il a continué la lutte sur la base des objectifs que Messali Hadj lui avait proposée dès l’origine. Il a suffisamment souffert de la prolongation de la guerre, due à la rivalité des blocs pour ne permettre à personne de l’engager sans son consentement. L’autodétermination doit s’exercer par le suffrage universel.

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