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L’O.A.S. ennemi commun

Article paru dans La Vérité des travailleurs, n° 126, mai 1962, p. 1 et 2

EN France, après une période d’accalmie, les attentats au plastic reprennent. Ce sont maintenant les installations ferroviaires, les bâtiments, même les locaux de la police qui sont attaqués.

En Algérie, c’est une perpétuelle « ratonnade ». L’agence de presse (A.P.S.) a révélé dans un communiqué en date du 14 mai, les intentions de l’O.A.S. :

« L’état-major de l’O.A.S. a décidé de faire sauter tous les bâtiments publics des agglomérations importantes, fichiers électoraux des mairies, fichiers de recensement, recettes fiscales, les écoles neuves, les hôpitaux eux-mêmes seront systématiquement sabotés. Dans certains hôpitaux d’Alger et d’Oran, un plan précis prévoit la destruction des blocs chirurgicaux perfectionnés, des appareils coûteux de recherche scientifique et de soins.

Pour les chemins de fer la désorganisation du réseau ferroviaire par la destruction des services centraux est prévue. A l’E.G.A., le sabotage des centrales a été préparé au Sahara. »

Ainsi donc le démantèlement de plusieurs réseaux, d’importantes arrestations n’ont pas réduit l’O.A.S. à l’impuissance.

Les arrestations de Jouhaud et de Salan ont renforcé sur l’O.A.S. l’emprise des colonels et des francs fascistes qui, dans leur rage impuissante, comprenant que désormais l’indépendance algérienne est chose acquise, n’ont plus d’autres objectifs que de « rendre l’Algérie comme elle était en 1830 » et d’utiliser les européens pour former, à la faveur de leur retour, un parti fasciste en France.

La bourgeoisie française a intérêt d’une part à préserver certaines formes d’association avec l’Algérie nouvelle. La ranimation de la guerre, d’autre part, remettrait en cause la stratégie mondiale du capitalisme dont tous les efforts tendent à détacher la Révolution coloniale des tentations du socialisme.

Pour ces deux raisons, les représentants du gouvernement français dons l’Exécutif provisoire ont accepté de prévoir des mesures qui feraient la preuve d’une certaine fermeté. Le dispositif militaire va être modifié par l’utilisation d’environ quinze mille hommes de la force locale pour la ville d’Alger et la mise à la disposition du général Katz de quinze bataillons de tirailleurs algériens pour Oran.

Six mille policiers vont être recrutés. On peut encore citer l’épuration des services publics, la dissolution du Conseil municipal d’Oran, de l’Association des Etudiants d’Alger, véritable repaire fasciste. La mise en état d’autodéfense de la population algérienne est même envisagée.

Ces mesures prévues — mais non encore appliquées — le seront plus sûrement si les travailleurs trouvent ici des formes concrètes d’aide à la Révolution algérienne. La solidarité de classe ne se suffit pas d’une soi-disante action, pour le « respect loyal des accords d’Evian » selon une expression des leaders du P.C.F. Elle suppose que les travailleurs des deux pays joignent leurs efforts. C’est ainsi que l’O.A.S. pourra être rapidement détruite :

Fraternisation des soldats du contingent, ouvriers et paysans sous l’uniforme, avec leurs frères de classe les travailleurs algériens.

En France, à l’exemple de ce qu’ont fait, la semaine passée, les dockers de Marseille et du Havre, débrayages, grèves à l’occasion de toute agression criminelle de l’O.A.S.

Ne pas laisser la rue aux fascistes qui ne vont pas manquer de profiter du procès Salan pour clamer leurs mots d’ordre colonialistes et contre-révolutionnaires.

Le 15 mai 1962.

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