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La gangrène nationaliste

Article paru dans Combat pour l’autonomie ouvrière, n° 2, décembre 1977, p. 4 et 9

21st June 1976: South African rioters in Soweto use cars as roadblocks during unrest stemming from protests against the use of Afrikaans in schools. (Photo by Keystone/Getty Images)

Forces d’encadrement de la paysannerie pauvre et de la petite bourgeoisie intellectuelle du « tiers monde », organismes patentés de la récupération et du sabotage des luttes parcellaires du prolétariat, bras armés de la restructuration étatique des capitalismes faibles, les fronts patriotiques, les fractions nationalistes ou régionalistes, occupent une place de choix dans le spectacle de la mystification politique, dans le jeu sanglant de la mise en coupe des populations récemment passées sous le signe du salariat…

Là où il a fallu accélérer le processus de pénétration des rapports capitalistes, tout en ne heurtant pas de front les vieilles idéologies héritées des anciens modes de productions, les forces « progressistes » nationales ont, notamment depuis l’après-guerre 39-45, joué un rôle déterminant. Là où il fut « facile » d’orienter la révolte des populations vers une critique « formelle » d’appareils étatiques colonialistes ou fantoches sans briser les rapports sociaux ébauchés (salariat), les groupes nationalistes « indépendantistes » mirent en place de nouvelles structures de répression panachées la plupart du temps d’un « socialisme » aux couleurs du travail, de la famille et de la patrie. Aujourd’hui, au nom de cette tradition, séparatistes, régionalistes, ont pris le relais… Séparatistes bretons, basques, corses, irlandais, moluquois, etc… tous diffusent le discours du Capital, tous, au nom de l’ère mythique des capitalismes nationaux prospères et autonomes, veulent, semble-t-il, arrêter la roue d’une histoire destructrice des valeurs « traditionnelles » qui surent si bien paralyser des générations d’exploités… Sauveurs de cette histoire de la soumission des hanses, ils prétendent lutter contre la barbarie moderne à l’aide de moyens et d’objectifs qui ont permis cette barbarie. Au moyen de rapports de force militaire, policier, politique, au nom de ce qui s’est substitué à l’initiative et l’autonomie des hommes… Ils sont en cela les adversaires du communisme, de l’émancipation révolutionnaire !

Chaque affrontement social pénétré par le nationalisme et ses variantes a été l’occasion d’offensives contre les forces vivantes de la subversion révolutionnaire qui se révélaient. En Irlande, au Liban, là où le nationalisme a coïncidé avec les idéologies religieuses, l’effet contre-révolutionnaire est encore plus probant, les bandes armées patriotiques par leurs liens avec la population, ont une capacité de répression du mouvement révolutionnaire encore plus efficace. Le FLN algérien a ainsi pu éliminer physiquement toute opposition communiste révolutionnaire, lors de la seconde guerre mondiale l’ensemble des « résistances » patriotes se débarrassèrent de la même façon des groupes internationalistes.

Tous les mouvements à racine nationaliste sont profondément des forces de l’encadrement étatique, des forces destinées, dans les périodes de déséquilibre social, à perpétuer l’atomisation des prolétaires en les soumettant à des objectifs de conservation sociale, bien plus les forces nationalistes, quand elles le peuvent, établissent un réseau d’embrigadement du prolétariat généralement plus perfectionné que les appareils gouvernementaux classiques ; la Chine en est le meilleur exemple, là où le Parti national-socialiste de MAO a su habilement pénétrer les masses paysannes dans un premier temps afin de faire jouer cette base social* dans le contrôle et la mise au pas du prolétariat lui-même…

La phase actuelle de résurgence de la critique communiste associée à la réapparition de tentatives de lutte autonome du prolétariat pose le problème immédiat de la liquidation des séquelles du nationalisme dans lequel le prolétariat a baigné durant des décennies… Les récentes émeutes d’Afrique du Sud et d’Égypte ont montré qu’il existait des germes à un dépassaient du nationalisme y compris dans les pays « sous-développés » où désormais le seul point de vue révolutionnaire ne peut être que celui du communisme et de son agent : le prolétariat. C’est l’extension même du rapport capitaliste qui permet paradoxalement un dépassement communiste des révoltes de la misère, celles-ci peuvent se révéler apatrides et réellement subversives ne serait-ce que par leur incidence sur le prolétariat des pays capitalistes avancés et le lien organique croissant qui soude les prolétaires des différents pays de par l’incidence des immigrations.

Dans les pays de l’Est, les fractions national-démocratiques qui sont les agents actifs de la restructuration capitaliste mondiale, proposent des mesures juridiques, administratives, économiques, afin de pouvoir enrayer plus souplement et plus efficacement la résistance des prolétaires dans l’éventualité d’une élimination des vieux appareils staliniens. Là aussi on ne saurait se passer d’une critique virulente d’un patriotisme anti-russe visant au maintien de l’ordre capitaliste mondial !

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