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Maxime Rodinson : La France et les cultures islamiques

Exposé de Maxime Rodinson à la journée d’étude « La France et la pluralité des cultures » organisée par la Fondation Danielle Mitterrand France-Libertés le 18 mai 1987 en Sorbonne et publié dans Hommes & Migrations, n° 1124, septembre 1989, p. 40-44


On m’a demandé ici de parler des rapports entre la France et les cultures islamiques. Il y a là de grandes difficultés, la première étant, comme souvent, de savoir de quoi l’on parle. Le mot « culture » a de multiples sens, dont certains sont apparus ici. Je n’entends pas parler des connaissances dont dispose tel ou tel individu, dans un domaine ou l’autre, comme quand on parle de culture musicale, de culture philosophique, etc. Ici, il s’agit évidemment des « traits culturels », comme ont dit à un certain moment les anthropologues, c’est-à-dire les comportements, attitudes, traditions par lesquels une population se distingue de l’autre.

Dans ce sens, on a raison de dire qu’il y a des cultures islamiques. Mais toute délimitation ne peut être que relative, et je tiens à insister là-dessus, dans le climat de « dérelativisation » qui est le nôtre. A titre de comparaison, il y a aussi, dans un sens, une culture européenne commune et une culture chrétienne commune ; mais on peut aussi distinguer la culture française, la culture allemande ou la culture espagnole, et même distinguer la culture bretonne de la provençale. On pourrait aussi bien parler de la culture des sportifs et de celle des intellectuels, ou de la classe politique, ou encore de celle des catholiques français et de celle des protestants ou des juifs, également français. Et il y a des recoupements toujours entre tout cela : un sociologue américain célèbre a montré comment la culture des catholiques américains était plus proche de celle des protestants ou des juifs américains que de celle des catholiques espagnols, par exemple. Autant d’illustrations de la relativité de ces concepts.

Pour les cultures islamiques, les difficultés sont de même ordre quoiqu’on en ait moins conscience ici, à cause d’une moindre connaissance. On peut parler d’une culture arabe, d’une culture persane, d’une culture turque, etc. Partout, pourtant, l’adhésion, même formelle, à la même doctrine religieuse, conditionne un certain nombre de traits communs. Et cette adhésion, aussi, a entraîné une histoire en partie commune et des conséquences dans tous les domaines. Il s’est constitué ce que l’on peut appeler un complexe culturel musulman, dont participaient aussi bien, dans la société traditionnelle, les chrétiens et les juifs des pays où domine l’Islam. Oe complexe a eu beaucoup d’influence. Il a comporté toujours beaucoup de variantes et n’a jamais cessé d’évoluer, intégrant également, phénomène pluriculturel lui aussi, beaucoup d’éléments antérieurs ou extérieurs à l’Islam. Ceux-ci ont pris une couleur musulmane et actuellement, la plupart des musulmans – et beaucoup d’autres – sont convaincus qu’ils constituent des traits originels musulmans. Or, si on les passe en revue, avec leur histoire, on s’aperçoit pour beaucoup qu’ils ne sont pas musulmans, d’origine au moins. La circoncision des musulmans, comme chacun sait, est partagée par les juifs et la majorité des Africains ; et le voile des femmes existait trois mille ans avant l’Islam, dans la même région.

La France s’est trouvée – comme toute l’Europe depuis le VIIe siècle – en contact avec des populations imprégnées par les divers faciès de ce complexe culturel ; et, comme chacun sait, ce contact a été souvent hostile et belliqueux. L’appartenance confessionnelle, dans ces temps du Moyen Age, et bien après encore, était au moins le signe d’un alignement sur deux blocs idéologico-politiques distincts, concurrents et rivaux, le bloc islamique et le bloc chrétien.

Mais, on l’a déjà dit, les guerres, les opérations de pillage et de piraterie menées des deux côtés – aucun ne pouvant se prévaloir d’une supériorité morale sur l’autre, par exemple, il y avait des esclaves musulmans en terre chrétienne et des esclaves chrétiens en terre musulmane -, ces actes d’hostilité laissaient place aussi à des périodes de coexistence pacifique, au moins partielle, à des alliances d’un pouvoir chrétien avec un pouvoir musulman contre d’autres pouvoirs musulmans, et vice-versa. Même pendant une phase d’activisme militaire intense, il y avait un commerce, intense lui aussi, qui liait les deux mondes : des produits s’échangeaient – j’y reviendrai -, mais aussi des modes et des idées. Des amitiés même se nouaient. A côté de la haine idéologique, on concevait parfois de l’estime pour certaines qualités de l’autre, et la connaissance de l’un par l’autre progressait. Je vous citerai un passage qui ira droit au coeur de Madame Ahrweiler, il est d’un historien persan qui écrivait vers l’an 1300 : « Au-dessus du pays de Dolouza (Toulouse), est située une ville nommée Paris, où résident beaucoup de gens. Des habitants et des étrangers y étudient les sciences médicales et juridiques ; le nombre des étudiants étrangers s’y élève à environ cent mille ».

De ces contacts résultèrent, comme c’est la règle, de multiples emprunts de traits culturels, de produits et d’idées dans les deux sens. Au Moyen Age – on l’a oublié souvent – les cultures islamiques étaient en position de supériorité. Cette supériorité est certes relative, et n’implique rien quant à la supériorité ou à l’infériorité des personnes. Simplement, elles produisaient des biens plus nombreux, plus variés, satisfaisant plus de besoins. La puissance politique et militaire ajoutait à leur prestige. Aussi, à cette époque, les emprunts et les échanges dans le sens Orient-Occident furent-ils les plus nombreux, en France comme ailleurs en Europe. Notre langue en porte la marque, avec ses trois cents mots empruntés aux langues de l’Orient musulman. Les traités de langue arabe, traduits en latin en Espagne, furent les premiers, au haut Moyen Age, à pourvoir l’Occident d’un corpus scientifique et philosophique mettant à la disposition des intellectuels les acquis passés de la science grecque (et parfois même de la science indienne), assimilés, enrichis, repensés par les savants du monde musulman, dont la langue intellectuelle était l’arabe.

Ces emprunts, médiévaux et postérieurs, ont été assimilés, intégrés à la culture autochtone, au point que, souvent, leur origine fut oubliée. En ce sens, la société française, comme au moins beaucoup d’autres, est profondément pluriculturelle.

Il ne faudrait pas que le titre de notre table ronde suggère l’idée, pour le moins simpliste, d’une culture unitaire française, à l’essence ou au noyau immuable au cours des siècles, et tout à coup affrontée à de multiples autres cultures introduites par de nouvelles vagues de peuplement. Mais il est vrai qu’il se produit aujourd’hui quelque chose de nouveau.

Si la France était pluriculturelle, elle n’était pluricommunautaire que dans un sens limité. Certes, elle englobait des sub-cultures, pour ne pas dire des sous-cultures (ce qui semblerait marquer une idée d’infériorité), donc des sub-cultures régionales, catégorielles, sociales, qu’on peut considérer, inégalement d’ailleurs, comme des communautés culturelles, souvent informelles. Mais une dynamique d’intégration de ces sub-cultures a toujours été à l’oeuvre. Elle tendait à les intégrer dans une unité culturelle plus vaste, en fin de course nationale – unité postulée au départ, requise ou imposée suivant les cas. Historiquement, les facteurs en ont été l’Etat français unique, qui s’impose très tôt, la communauté confessionnelle majoritaire, l’Eglise catholique, dont l’Etat sanctionnait le respect des dogmes et des rites, enfin, la langue d’oïl, dans sa variété d’Île-de-France, privilégiée peu à peu, par toute cette dynamique intégratrice.

Il y avait bien des communautés culturelles minoritaires (linguistiques, religieuses ou autres) qui résistaient à une intégration totale, mais qui n’en subissaient pas moins une forte influence du complexe culturel majoritaire. Ainsi des Juifs, dont a parlé Olivier Revault d’Allones, ainsi des Tziganes et de bien d’autres…

Il n’a pratiquement pas existé de communauté musulmane de ce type en France avant le XIXe siècle. De rares musulmans passaient parfois, et il y en eut même qui demeurèrent sur le sol français ; mais c’était en s’assimilant pleinement à la société française, et, en général, à la communauté catholique. Quand vint l’âge d’or de la colonisation des pays musulmans, les originaires de ces colonies, établis dans la métropole, s’ils se refusaient à une pleine assimilation – ce qu’ils pouvaient faire -, restaient en marge avec un statut spécial, comme les étrangers. Les nationaux d’autres pays musulmans (Turcs, etc.), en petit nombre, étaient tout simplement des étrangers.

Cette réception de traits culturels et d’idées, cette intégration, pleine ou partielle, n’ont pas englobé, digéré des éléments étrangers dans une synthèse restée immuable, malgré ces apports de l’extérieur comme on tend à le croire. Il s’est agi de synthèses toujours nouvelles, sans arrêt refondues, qui revêtaient des formes évoluées sous l’influence de ces éléments culturels intégrés – une influence variable selon les cas. Parfois, on reconnaissait pendant un temps leur origine extérieure ; on citait Avicenne comme le faisaient Saint Thomas d’Aquin et bien d’autres scolastiques ; on citait les poètes persans, comme Saadi – dont, après tout, le nom fut porté, en prénom, par un président de la République française -, ou Les Mille et Une Nuits. On parlait de danses sarrasines, de turqueries, de chinoiseries, de japonaiseries. Mais, quand une évolution, technique ou autre, ne les rejetait pas, ils s’intégraient, le plus souvent dans l’oubli commun de leurs racines. Qui se rappelle maintenant, hors les spécialistes, qu’un phénomène comme les armoiries et le blason, qui jouaient un si grand rôle dans la noblesse est d’origine incontestablement musulmane, et, dans cette civilisation musulmane, en provenance des Turco-Mongols ? Qui se rappelle que l’Eglise catholique, par exemple, a emprunté à l’islam, qui lui-même l’avait emprunté ailleurs, une pratique devenue aussi familière que celle du chapelet ou du rosaire ? Que des phénomènes de société aussi courants que le jeu de cartes ou le jeu d’échecs viennent de l’Orient musulman, en première analyse, même si l’origine ultime est encore plus lointaine ? Et je pourrais vous montrer – mais je n’en ai pas le temps -, certaines tendances de la pensée chrétienne, dont on peut suivre la filière à partir d’une origine musulmane, comme le quiétisme aux XVIIe-XVIIIe siècles.

Fortement pluriculturelle, plus ou moins pluricommunautaire, la France a combattu néanmoins jusqu’ici l’évolution vers une société que vous m’excuserez d’appeler « plurinationalitaire ». Je m’explique : au sein des communautés culturelles – qu’elles soient régionales, linguistiques ou autres -, il se produit toujours des poussées dans le sens d’une institutionalisation de ces communautés. Des facteurs sociaux puissants tendent toujours à les constituer en communautés globales, du type que j’appelle ethnico-national, et, dès lors, existe la virtualité d’une revendication d’autonomie, si ce n’est d’une séparation totale. Mais, en France, elles se sont soumises – ou ont été soumises – à la suprématie de l’allégeance nationale.

Comme vous le savez, et comme on l’a rappelé, la laïcisation a été poussée au maximum en France, dans le cours de la lutte contre l’établissement d’un centre de pouvoir confessionnel rival de l’Etat. Mais chaque phénomène a plusieurs côtés, des conséquences contradictoires souvent. Dans son contexte démocratique, cette laïcisation a facilité la structuration, l’institutionnalisation des communautés culturelles, parmi lesquelles les communautés religieuses, désormais séparées de l’Etat. Parmi ces dernières, figurent les communautés musulmanes. Comme vous le savez, elles se sont immensément accrues en nombre, en densité, en présence ressentie, au cours des dernières décennies.

Certains de leurs membres (mais alors, on en parle fort peu, comme dans le cas des Juifs quand ils n’ont pas persisté dans cette identité) se sont assimilés volontairement et profondément à la société et à la culture françaises telles qu’elles sont. Comme cela a été le cas pour les autres communautés ou individus du même type, certains autres ont gardé des tendresses affectives, mais guère plus, envers leur société d’origine. Beaucoup se sont unis, ou ont procréé sur le sol français avec des autochtones, ou des personnes d’autres origines. Certains ont gardé leur nationalité étrangère, d’autres, non ; certains, leur religion, d’autres, non ; certains, leur langue, d’autres non. Leurs enfants sont, à des degrés très variés d’intégration, et, j’y insiste, il n’y a aucune raison valable, selon les règles d’une rationalité ou d’une éthique qui dépassent les chauvinismes et les racismes, pour condamner sur le plan moral aucune de ces options.

Mais l’atmosphère idéologique et sociale récente a fortement modifié les conditions. Comme vous savez, elle privilégie la différence, elle valorise le comportement revendicatif ; nous en avons eu des exemples, dans cet amphithéâtre même, il n’y a pas longtemps… Elle intensifie aussi la vie associative. Les cadres des associations, si bien intentionnés soient-ils, tendent normalement à maintenir et à majorer les bases d’appartenance, qui sont leur raison d’être. Ainsi sont renforcées les tendances virtuelles de ces communautés culturelles à l’autonomie.

La tendance, non seulement à préserver, mais à choisir et à cultiver la différence est spécialement forte, c’est vrai, chez ceux qui viennent du monde musulman. C’est que là, en effet, les communautés culturelles distinguées par la religion, les confessions, étaient dotées d’un statut politique et juridique spécifique, soit prépondérant comme dans le cas de l’Islam, soit largement autonome. Il en résultait une obligation d’appartenance, une autorité des cadres communautaires, et un très fort patriotisme de communauté, récemment concurrencé par les patriotismes ethnico-nationaux, mais de façon inégale.

Plus s’affaiblissent les bases anciennes des patriotismes communautaires, et, en premier lieu, la croyance religieuse, plus aussi le patriotisme communautaire développe des thèmes quelque peu mythologiques, laïques, et plus il a tendance à se fixer dans la ligne d’un chauvinisme. Le ressentiment à l’égard des autres communautés, la compétition et la paranoïa sont proches : on en a eu des exemples encore tout à l’heure ici. L’appétit de foi, de dévotion, de dévouement à une cause qui mobilise tout l’être, dans le silence des cieux et le désenchantement des causes internationales, peut s’investir dans le culte d’une identité vidée d’une grande partie de sa substance (quand on dit « identité », je voudrais bien savoir de quelle identité il s’agit : nous avons toujours cinquante identités chacun…).

Mais des intellectuels sont toujours là (c’est leur tâche historique, leur « boulot ») pour remplir ce vide avec des lambeaux d’histoire soigneusement sélectionnés, des morceaux choisis des traditions religieuses, elles aussi bien choisies parmi celles qui se recommandent à la conscience moderne en négligeant les autres, d’émouvantes évocations des souvenirs d’enfance. Les plus doués mettent cela en forme avec talent, avec éloquence, sur un fond de vibrations poétiques, en mobilisant parfois l’impressionnant patrimoine philosophique de l’Occident pour donner un effet de profondeur.

On peut imaginer, pour se projeter dans l’avenir, que, sous l’effet de ces tendances, la France évolue vers un régime pluricommunautaire, avec une institutionnalisation renforcée des communautés, comme aux Etats-Unis, où le processus de l’autonomisation est tout de même freiné par la culture nationale commune, par une forte prépondérance de l’allégeance nationale, par des encadrements politiques qui empêchent les lobbies communautaires d’acquérir le poids politique de vrais partis. Mais il faut prendre garde qu’une autonomisation renforcée des communautés, chacune dotée d’un poids propre reconnu politiquement, pourrait conduire à subordonner l’allégeance nationale aux loyautés communautaires, aiguisées par la compétition, bref à une situation dont la tragédie libanaise peut donner une idée. Et j’avoue que moi, qui ai vécu des années à Beyrouth, je ne tiens pas à ce que la France ressemble aux ruines de cette ville que l’on peut contempler à la télévision.

Il faut choisir. Si un Etat pluricommunautaire se développe, mais que l’on opte pour une cohésion nationale contre le séparatisme, il faut d’abord que les communautés soient traitées de façon égalitaire. Cela exige que leur culture propre soit respectée, et reçoive les moyens d’être cultivée. Les bases de ressentiments historiques doivent ainsi être liquidées. Cela vaut, entre autres, pour les cultures islamiques, qui n’ont pas été intégrées, de fondation, dans le trésor commun de base de la culture française, comme l’ont été la culture gréco-romaine, la culture hébrao-biblique, et, à un tout autre niveau, les cultures de souche celtique et germanique : il importe de mettre en lumière leur apport à égalité avec celles que je viens de citer.

Mais la même cohésion nationale exige aussi que ces communautés s’astreignent aux nécessités d’une cohabitation coopérative. Il faut, pour cela, que les règles internes qui découlent des traditions de chacune, et qui sont humiliantes ou gênantes pour les autres (je me permettrai d’y inclure l’excision de certaines), soient « rabotées ». C’est toujours possible, comme le prouve l’expérience historique. Les ressources de l’exégèse, de l’interprétation des textes les plus sacrés, sont à peu près infinies, en Islam comme ailleurs, même si des interprétations rigides ont souvent prévalu et prévalent parfois encore, même s’il y a toujours des tendances présentes à maintenir intégralement les prétentions du passé à la prépondérance et à l’emprise totale sur la vie de chacun. Il faut certes écouter les formulations que l’Islam prête au ressentiment du Tiers-Monde. Mais, il est indispensable que la précieuse liberté de changer de communauté, et celle de les quitter toutes, presque spécifiques à la France, soient préservées.

Il faut aussi que le patriotisme de communauté soit subordonné au patriotisme national, qu’il ne débouche pas sur des options contraires au bon fonctionnement de l’Etat global et à ses options vitales, tout spécialement que la communauté ne transfère pas son allégeance suprême à un Etat étranger. Ceci est valable, aussi bien que pour les autres, pour les cultures islamiques, qui peuvent apporter beaucoup à une grande société pluriculturelle, si on ne considère pas leurs traditions, et ceux qui les suivent, comme des traditions et des individus de seconde zone, si on ne les mure pas – et si elles ne se murent pas – dans une spécificité sans porte ni fenêtre, au surplus raidie contre toute évolution. Il faut défendre la richesse potentielle énorme de la nouvelle synthèse en cours de réalisation, et ceci sur deux fronts. D’un côté, contre le nivellement dans la soumission aux synthèses passées ; d’un autre côté, contre les menaces d’un enfermement sur soi-même. La pluralité des cultures ne saurait, sans grave danger, être une lâche et précaire fédération de ghettos aux limites farouchement gardées, fidèles immuablement à des traditions ancestrales figées, à un patrimoine pétrifié, souvent fictif, habilement conditionné par d’éloquents ténors.

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