Article de Slimane Kiouane paru dans Le Libertaire,troisième série, trente-et-unième année, n° 416, 7 février 1925, p. 2
Devant les périodes de famine qui ont sévi en Algérie, les Sidis ont dû partir en exode. Cette fois-ci, la cause est une grande misère faite par des salaires dérisoires et par la brutalité criminelle des chefs indigènes, surtout des Européens.
Quand le capitalisme subit une crise dans sa production, il s’attaque aux salaires des ouvriers sans distinction de leur race ou couleur. Naturellement, il commence par ceux des ouvriers inorganisés, à ceux des travailleurs socialement infériorisés et se sert de leur faiblesse pour constituer une masse de manœuvre et s’attaquer ensuite aux salaires des ouvriers organisés et socialement privilégiés. Parmi les travailleurs à la merci du capitalisme on peut distinguer les coloniaux. Dans le Peuple du 30 novembre le réformiste Jules Uhry assimile le Kabyle aux ouvriers étrangers. Nous ne voulons pas diviser les ouvriers en catégories raciales pour servir le capitalisme, nous laissons ce soin à MM. Jouhaux et consorts, mais nous analyserons ces différentes mains-d’œuvre ethniques pour comprendre comment elles sont sur le marché du travail métropolitain, jusqu’où leurs droits et libertés sociales égalent ceux des ouvriers français et jusqu’où ils peuvent combattre le capitalisme français.
Article d’Abdelkader Hadj Ali alias Ali Babaparudans Le Paria, Troisième année, n° 23, 1er février 1924, p. 1
Cinq années se sont écoulées depuis qu’une délégation de bourgeois algériens vint à Paris faire une démarche infâme auprès du gouvernement pour la prorogation de l’indigénat.
Pendant la grande guerre, l’impérialisme français avait arraché de leurs foyers des centaines de milliers de coloniaux pour les jeter dans l’horrible tuerie et pour soutenir la production des engins de guerre et de munitions.
Article d’Abdelkader Hadj Ali alias Hadj Bicot, paru dans Le Paria, Tribune des populations des colonies, Première année, n° 9, 1er décembre 1922
Peuple français sois heureux, on colonise pour toi :
La Dépêche Coloniale nous apprend que 46 concessions sont distribuées au Maroc cette année. Les heureux bénéficiaires de ces terrains sont : 1° 7 mutilés de guerre ; 2° 24 Marocains ; 3° 26 émigrants.
Article de Bachir Hadj Ali alias Youssef Smaïli parudans Alger Républicain, 28e année, n° 476, 29 janvier 1964 et n° 477, 30 janvier 1964
DES Algériens s’inquiètent de ce qu’ils appellent « la dégradation des mœurs ». Dans leur grande majorité ils sont sincèrement tourmentés par ces tares que sont la prostitution, le vol, l’ivrognerie. Mais, certains d’entre eux brossent un tableau d’une extrême noirceur, exagèrent les faits, font le silence sur les progrès réalisés dans l’assainissement des mœurs et exploitent des tares héritées du passé colonial, dans un but précis : rendre responsable de cet état de choses, le régime démocratique et populaire et son option socialiste, donner à leur opposition hypocrite à la révolution la base morale à laquelle notre peuple est attachée.
Motion parue dans Alger Républicain, 28e année, Nouvelle Série, n° 466, 17 janvier 1964, p. 1-2; texte reproduit dans Le Peuple et La République
« LE dimanche 5 janvier, à la maison du Peuple, à Alger, s’est tenue une réunion publique au cours de laquelle, sous prétexte de défendre « les valeurs de l’Islam », des orateurs ont tenu un langage qui confine au fanatisme le plus rétrograde, qui s’inspire des sources les plus médiévales de la réaction féodalo-bourgeoise.
Article d’Abdelaziz Menouer alias El Djazaïri paru dansLe Paria, troisième année, n° 29, septembre 1924, p. 1
Encore un crime de l’impérialisme français. L’arbitraire qui sévit dans les colonies poursuit les indigènes jusque dans la Métropole.
L’ouvrier colonial qui, poussé par la faim et fuyant la trique du colonialisme, vient offrir sa force de travail sur le marché métropolitain se voit déjà en butte aux mêmes procédés de violence, aux mêmes iniquités qui en font un matériel humain facile à exploiter.
La marine marchande française est militarisée. Les soldes sont fixées par circulaires d’Etat. Toute la réglementation des conditions de vie et de travail de la main-d’œuvre est déterminée par le code maritime. Le marin de commerce qui enfreindrait un article de cette jurisprudence draconienne est considéré comme un soldat : il est jugé par des tribunaux spéciaux et condamné à des peines rigoureuses.
Parmi les revendications immédiates des travailleurs indigènes d’Algérie, il en est une des plus importantes que nos syndicats unitaires ont inscrite à leur programme de lutte contre le capitalisme et qui est celle de l’abolition de l’Indigénat.
Article d’Abdelaziz Menouer alias El Djazaïri paru dansLa Défense, Organe de la section française du Secours rouge international, Quatrième année, n° 54, du 18 janvier au 1er février 1930, p. 3
(Suite)
… Le convoi depuis plus d’une heure a quitté Barberousse. Le troupeau misérable est composé d’une quarantaine d’Arabes faméliques, vêtus de gandouras et de burnous en loques ; les pieds nus, ils avancent péniblement sur la route poudreuse. Les gendarmes à cheval plastronnent et rudoient les prisonniers ; ils jurent pour hâter leur pas :
Article d’Abdelaziz Menouer alias El Djazaïri paru dansL’Echo sportif du travail, organe central mensuel de la Fédération sportive du travail, 1ère année, n° 7, novembre-décembre 1930, p. 3
Le programme de Morinaud et la lutte des indigènes
M. Morinaud, Sous-Secrétaire d’Etat de l’Education Physique et des Sports, a exposé au cours d’une interview à un reporter du « Soir » le programme qu’il se propose de réaliser pour asservir les indigènes encore plus complètement à l’impérialisme français au moyen du mouvement sportif.
1925 aura été une année significative. Celle où l’impérialisme a commencé à ressentir les effets d’une indigestion.
Le capitalisme lui-même, pendant la curée, s’était gavé, il avait englouti d’immenses territoires, il en avait arraché d’autres à l’Allemagne vaincue et les avait avalés malgré la débilité de son organisme. Aujourd’hui il étouffe. Insatiable, il ne veut même pas en vomir une partie, de crainte de rendre tout ce qui lui pèse sur l’estomac et de mourir d’inanition.
Août 1924 est le 10e anniversaire de la guerre impérialiste. Le prolétariat ne doit pas oublier ce jour affreux où le capitalisme a perpétré le crime le plus abominable que connaisse l’histoire. Les appétits déchaînés de quelques magnats de la finance et de la grosse industrie, leur lutte acharnée pour l’accaparement du marché mondial ont lancé le prolétariat entier dans le plus affreux carnage.
Article d’Abdelaziz Menouer alias El Djazaïri paru dans Le Paria, Troisième année, n° 24, mars-avril 1924, p. 2
La construction d’une mosquée à Paris serait par elle-même un évènement sans importance, si elle ne marquait le début d’une tactique, d’une nouvelle politique coloniale, de l’impérialisme français à l’égard des peuples musulmans qu’il domine.
Article d’Abdelkader Hadj Ali alias Ali Baba, paru dans Le Paria, Tribune du prolétariat colonial, Troisième année, n° 22, 1er janvier 1924
J’ai souvent entendu commenter les beautés de la Ville Lumière par des bourgeois algériens ou par des indigènes qui, comme la grenouille de la fable, singeaient les bourgeois. Avec quels transports d’admiration ils vous décrivaient à leur retour de Paris toutes les merveilles de la Capitale ! Avec extase, ils vous parlaient des Champs-Elysées, des grands boulevards, de Montmartre, des cabarets à la mode, des prostituées de luxe. Certains ont visité des monuments, des musées ; d’autres ont assisté aux courses, aux exhibitions de cuisses des Folies-Bergère, ou aux orgies des gens bien élevés où on se saoule avec du champagne et où on prise la « coco ». Pas un n’a rendu visite à ses nationaux, ceux qu’on appelle en France comme par dérision, les sidis (les messieurs). Et pourtant, il y en a, des Algériens, à Paris. Ils sont des dizaines et des dizaines de milliers qui se tuent dans les usines, qui dépérissent dans les quartiers de Grenelle, dans les bouges du boulevard de la Gare, de la Villette.
Article de Léo Sennegon paru dans Alger Républicain, 2e année, n° 256, 19 juin 1939
Les excès monstrueux de la persécution antijuive qui sont à la base de la politique de certains Etats autoritaires n’ont cessé d’indigner profondément tous les humains épris de la liberté et de l’esprit de tolérance. Tous les vrais républicains sont alarmés par le virus haineux de l’antisémitisme de certains agitateurs qui infestent certains pays de leur propagande. Aujourd’hui précisément, on enregistre une nette recrudescence de cette abominable agitation antisémite et raciste dans certains autres pays. La doctrine criminelle de nos antisémites, appuyée sur l’ignorance et le mensonge, s’imagine trouver un terrain propice à sa propagande dans les pays arabes. Et là précisément on perçoit actuellement les signes de sourdes menées racistes dont les pouvoirs publics devraient, à juste titre s’inquiéter et dénoncer les sources et châtier les coupables.
Reportage de René Maratrat paru dans Regards, n° 339, 15 février 1952, p. 3 à 6
VOICI, dans une petite ville de la banlieue parisienne, « l’intérieur » de plusieurs travailleurs nord-africains. Ils vivent à plusieurs dans cette sordide chambre d’hôtel et acquittent chacun le prix total de la location. Et ils peuvent encore se considérer comme des « privilégiés » puisqu’ils ont un toit et un lit pour s’abriter et dormir. D’autres couchent sous les ponts ou dans les trous d’une carrière … Le sort des Nord-Africains émigrés en France, des 130.000 qui vivent dans la région parisienne, a inspiré de nombreux articles : dans certains journaux on les injurie, on les accable de tous les maux. Le but de ce reportage, de ces photographies est de montrer comment vivent, comment souffrent et comment luttent ces travailleurs nord-africains.
BELKHODJA m’a fait signe de le suivre. Derrière l’hôtel, il y a toute une rangée de cabanes, genre poulaillers. Les unes sont encore recouvertes de tuiles, d’autres n’ont plus qu’une tôle ondulée à la place du toit. Les portes vermoulues, les fenêtres sans carreaux tiennent, on ne sait au juste pourquoi. Les waters, eux, n’ont plus de porte. Ça se sent. Dans chacune de ces « chambres » – oui ce sont des chambres d’hôtel – il y a plusieurs lits de fer aux couvertures trouées : avec un réchaud dans un coin c’est tout l’ameublement. Des hommes, comme vous, comme moi, dorment et mangent dans ces gourbis infects. A tour de rôle. Ce sont des travailleurs nord-africains. Belkhodja qui a parlé un moment avec eux, en arabe, me dit :
Article paru dans L’Algérie libre, 5e année, n° 64, 5 mars 1953
Chaque fois que nous avons parlé de discrimination raciale en Algérie, de nombreux Français n’étaient pas convaincus de l’authenticité de cette plaie colonialiste qui est à la base du maintien du régime que nous subissons depuis plus d’un siècle. Même certains représentants du gouvernement français dans notre pays, en réponse aux accusations étayées par des faits précis que nous avancions, se refusaient hypocritement d’en reconnaître la réalité.
Texte paru dans La Lutte sociale, organe central du Parti communiste algérien, Série Nouvelle, n° 1, Novembre 1940, p. 1
Peuple Algérien ! La guerre impérialiste fait rage dans le monde. Notre pays a été lancé dans cette guerre par le Gouvernement français. La France a été vaincue et notre Algérie est maintenant le sujet de marchandages entre fascistes français, allemands et italiens. Mais toi, Peuple Algérien, le principal intéressé, tu n’es pas consulté : on te considère comme une marchandise ! Et pendant ce temps ta misère s’accroît. – En voilà assez ! L’heure est venue pour rompre le joug. C’est à cette tâche que le Parti Communiste Algérien te convie.
Article paru dans Egalité, organe du « Manifeste » et de défense des intérêts algériens, 2 mars 1945, p. 1-2
« … Et je ne sais comment, j’ai tout à coup compris que d’être noir et d’en porter la peine demande plus de vertu que n’en possèdent les anges mêmes. » (Countee Cullen, « The Shroud of Color ».)
Countee Cullen, grand poète noir américain, a écrit un jour un poème intitulé « The shroud of color » (Le linceul de la couleur). Ce titre rend compte avec une exactitude poignante de la situation diminuée des Noirs en Amérique. Leur enveloppe noire les retranche, en quelque sorte, sinon du monde des vivants, du moins de celui des heureux. Ils sont là-bas dix millions environ, quotidiennement en lutte à de féroces préjugés de race et de couleur. Nous pensons intéresser nos lecteurs en leur apportant quelques renseignements sur la vie de ceux-ci ; car c’est bien à un véritable phénomène de colonisation des noirs par les blancs, colonisation dans les faits, sinon dans le vocabulaire, que l’on assiste aux Etats-Unis, depuis la fin de la guerre de Sécession.
Editorial de Ferhat Abbas paru dans Egalité, IVe année, n° 76, 9 mai 1947
Il y a deux ans, s’achevait la guerre la plus meurtrière que l’Histoire ait enregistrée. Parti des bords de l’Oder, le conflit devait s’étendre à l’Europe puis à l’Univers entier, entraînant les peuples colonisés d’Asie et d’Afrique.
IL y a deux ans, tandis que les troupes soviétiques achevaient de nettoyer les ruines de Berlin, les derniers chefs de l’armée allemande déposaient les armes. L’effort des peuples libres avait triomphé du monstrueux rêve hitlérien.
Article de Mohammed Dib paru dans Egalité, organe du Manifeste du peuple algérien, IVe année, n° 75, 1er mai 1947
HORMIS certaines exceptions illustres, quand par goût ou par curiosité, nous consultons les travaux des arabisants, c’est de prime abord le ton de diffamation qui nous frappe le plus. Entreprendre l’investigation du domaine islamique dans un esprit de destruction à peine déguisé semble être de règle parmi les orientalistes – en particulier de l’école française ; le mot d’ordre passé : le silence ou le dénigrement systématique. Adoptant cette dernière attitude, les arabisants résolvent l’affaire par une simple négation : à les en croire, jamais une civilisation arabe proprement dite n’a existé, il ne peut être question que d’un assemblage de connaissances hétérogènes ; si culture il y a, une telle culture n’a jamais su se dégager des influences extérieures, franchir le stade des origines, élaborer les éléments d’une civilisation originale. D’aucuns prétendent que le ridicule tue en France. Point, si l’on songe à ces archontes. Laissons le grand orientaliste Philip K. HITTI leur répondre :
Article paru dans Liberté, 6ème année, n° 253, 15 avril 1948 et n°254, 22 avril 1948
« Les hommes ont toujours été et seront toujours en politique les dupes naïves des autres et d’eux-mêmes tant qu’ils n’auront pas appris, derrière les phrases, les déclarations et les promesses morales, religieuses, politiques et sociales, à discerner les intérêts de telles ou telles classes. » LENINE
LE RACISME
Une constatation qu’il est nécessaire de faire à la suite des récentes élections est la suivante : une campagne de panique raciale, alliée à la politique de féroce répression menée par Naegelen, est parvenue, dans une certaine mesure, à approfondir le fossé, qu’un siècle d’exploitation colonialiste a réussi à creuser entre les éléments ethniques qui peuplent l’Algérie.
LE 8 mai 1945, les peuples du monde entier fêtaient l’écrasement militaire de l’hitlérisme.
Les Algériens avaient participé activement à la grande lutte pour la liberté. Par dizaines de milliers, ils avaient pris part, au sein de l’armée d’Afrique, aux campagnes de Tunisie, de Sicile, d’Italie, de France, d’Allemagne. Dockers, cheminots, métallos, paysans avaient, depuis le débarquement allié de novembre 1942, accompli de grands efforts en vue de développer au maximum l’effort de guerre.
Article paru dans Le Libertaire, cinquante-sixième année, n° 362, 28 mai 1953
Mai 1945 en Algérie ! Sans plus de précisions cette exclamation devrait suffire pour que dans toutes les mémoires ouvrières s’évoque l’horrible massacre des 40.000 Algériens par l’impérialisme français.
Déclaration du Parti communiste français parue dans L’Humanité, 20 mai 1945 ;suivi de « Où veut-on mener l’Algérie ? », 29 mai 1945 ;« A la Mutualité, Etienne Fajon préconise l’union des Algériens et leur alliance avec le peuple français », 5 juin 1945.
Au Comité Central du Parti Communiste Algérien
Le Comité Central du Parti Communiste Français, réuni en session extraordinaire, adresse son salut fraternel au Parti Communiste Algérien : les tragiques événements qui se déroulent en Algérie depuis le 8 mai dernier ont permis de vérifier à la fois la justesse de sa ligne politique et sa capacité de réalisation pratique.
Article de Fertal paru dans La Vie ouvrière, vingt-sixième année, n° 39 (Nouvelle série), 31 mai 1945, p. 2-3
Il a fallu les regrettables événements d’Algérie dont chacun mesure la gravité pour qu’enfin le gouvernement et l’opinion publique s’émeuvent de la situation intenable dans laquelle est plongée la population musulmane.
L’Algérie vient de traverser une crise terrible, d’ailleurs inachevée et qui a terni notre victoire, au lendemain même qu’elle fut acquise. Nous n’ignorons plus aujourd’hui quels en sont les responsables, comment une féodalité de colons, tant européens que musulmans, a délibérément semé la révolte pour ruiner la cause des indigènes et empêcher leur émancipation qui eût compromis ses intérêts. Nous savons bien par quels sabotages les mêmes homme qui, trois ans plus tôt, pourvoyaient si généreusement l’armée Rommel, ont suscité dans cette fertile Algérie une famine comparable en certains endroits à celle des camps nazis. Tant il est vrai qu’ici ou là, les fascistes recourent aux mêmes méthodes et qu’à leurs yeux, la vie humaine, celle des autres, est chose futile et méprisable.
Article de Louis Maréchal paru dans Ce Soir, 15 mai 1945 ; suivi de « Le drame de l’Algérie : La « Schkoumoune », oui mais surtout les « Seigneurs »… », 16 mai 1945.
c’est aussi le fruit amer d’une politique qui a laissé en place trop de factieux ennemis de la Patrie
Alger, 14 mai (de notre correspondant particulier). – La misère de Paris est grise et triste ; celle d’Alger est lumineuse, dorée, et d’autant plus inhumaine que le ciel invite à la joie.
DANS l’hebdomadaire La Bataille, M. Quilici prend violemment notre ami Albert Camus à partie à propos de son enquête sur l’Algérie. Depuis son arrivée à Paris, M. Quilici s’est signalé à l’attention des esprits honnêtes : il semblait en effet s’être donné pour tâche d’insulter les hommes de la résistance intérieure. Nous n’avons cependant jamais répondu à ses attaques parce qu’il nous semblait que la qualité n’en était pas bonne. Dans le cas présent, la qualité n’en est pas meilleure. Mais nous sommes obligés d’y répondre parce que le problème que ces attaques engagent est trop grave pour que nous le laissions aux mains de n’importe qui.
SANCTIONS IMMEDIATES CONTRE LES HAUTS FONCTIONNAIRES RESPONSABLES DES MASSACRES !
Le communiqué du 15 mai du ministère de l’Intérieur relatait une centaine de morts au cours des tragiques évènements qui ensanglantent les régions de Sétif et Guelma. Malheureusement, ce chiffre est très loin de correspondre à la réalité.
La Nation algérienne, organe clandestin de la libération nationale, n° 1, 1946, 2 pages
Ô Croyants, dit Dieu le Tout Puissant, attachez-vous à la Vérité et à la Justice, même si elles concourent contre vos parents car Dieu est plus près de vous que toutes les créatures.
Peuple Algérien !
Depuis les tragiques évènements de mai 1945 où des milliers de tes enfants tombèrent sous les balles de la soldatesque française et où des milliers d’autres furent arrêtés, horriblement torturés et condamnés avec une sévérité bestiale, tu ne disposes plus d’un organe de combat qui exprime tes aspirations nationales et affirme tes droits de peuple opprimé. Par contre, tu as subi, pendant un an, les flots littéraires d’une presse pourrie plus ou moins inféodée au colonialisme rétrograde et sanguinaire.
Article paru dans L’Humanité, 12 mai 1945 ; suivi de « Les événements d’Algérie : Il est juste temps de réparer les erreurs criminelles », 13 mai 1945 ;« Pour mettre fin aux troubles en Algérie : Donner du pain et non des bombes ! Arrêter les vichystes ! », 15 mai 1945 ; « Après les graves événements d’Algérie : Un communiqué officiel qui n’apporte rien », 16 mai 1945.
Depuis dix mois, le journal communiste français « Liberté » d’Alger dénonce les méthodes employées en Algérie pour affamer les populations musulmanes. Il a fourni, en particulier, de terribles précisions sur la manière dont on maintient stocké le peu de vivres qui existe, en particulier les dattes et les figues, alors que la population est affamée.
Article de Charles-André Julien paru dans Le Populaire, 28 juin 1945 ; suivi de « Le fascisme, appuyé sur des milices armées, veut imposer sa loi en Algérie », 29 juin 1945; « Un redressement démocratique prépare la voie aux mesures efficaces », 30 juin 1945.
La répression des émeutes du 8 mai a eu un caractère impitoyable
LE général Catroux, en interdisant toute épuration en Algérie, a laissé à la réaction des forces intactes dont elle veut se servir pour faire triompher un régime de terreur blanche.
La question algérienne est aujourd’hui posée avec acuité devant le peuple français. La constitution en cours d’élaboration devra tenir compte, en effet, de la revendication essentielle de l’immense majorité des populations algériennes : la liberté. Toute mauvaise volonté à cet égard entraînerait aux plus graves conséquences. Pour qui en douterait, il suffit de rappeler les élections du 2 juin en Algérie.
Article signé N. Marc paru dans Quatrième Internationale, Nouvelle Série, n° 20-21, juillet-août 1945, p. 5-20; suivi de « Algérie », paru dans Quatrième Internationale, n° 22-23-24, sept.-oc.-nov. 1945, p. 37-38
I. – LE SABRE ET LE GOUPILLON
Les Journées d’Août.
Il y a près d’un an, aux derniers jours du mois d’août, les armées anglo-américaines approchaient prudemment des portes de Paris : le « mur de l’Atlantique » s’était effondré et ce qui subsistait des armées nazies reflouait par le cou- loir de Paris, vers l’Alsace et vers le Rhin … ; mais une inconnue subsistait :
Après quatre années de dictature nazie et vichyssoise, la France se trouvait privée d’un gouvernement central : l’ancienne autorité et l’ancienne « légalité » s’étaient effondrées ; les destructions opérées dans le système des transports avaient fait retourner l’ensemble du pays à l’autonomie de facto des villes et des provinces complètement isolées les unes des autres. Depuis le 17 août, les cheminots s’étaient mis en grève. La plupart des usines étaient fermées. Qu’allait-il se passer dans la capitale, sur les débris de l’ancienne légalité ?
DES MILLIERS DE PETITS INDIGENES MEURENT DE MISERE ET DE FAIM, COMME CET ENFANT. ALGERIE 46…
« MECHTAS » MISERABLES ET FERMES OPULENTES
Ce contraste résume le drame de l’Afrique du Nord
« J’AI VU DE MES YEUX L’AFFREUSE MISERE DES GOURBIS »
LORSQUE je quittai Paris à destination de l’Algérie, je n’étais sans doute pas à l’abri d’un certain nombre d’idées préconçues, idées qui m’avaient été inculquées, comme à tous les jeunes Français, sur les bancs des écoles communales et des lycées. Notions simples, logiques et satisfaisantes pour l’esprit, destinées à justifier les pratiques que l’on englobe sous le terme général de colonisation.
La Nation algérienne, organe clandestin de la libération nationale, édition spéciale anniversaire du 8 mai 1945, mai 1947, 2 pages
Le 8 mai 1947 : Journée de deuil national
MUSULMANS ALGÉRIENS !
Votre glorieux parti le P.P.A., a décidé de proclamer le 8 Mai, journée de deuil national. Répondant à son appel pour la commémoration de cette date tragique, vous vous abstiendrez le 8 Mai 1947
1) d’aller dans les salles de spectacles ; 2) d’utiliser vos postes radiophoniques ; 3) de participer à toute forme de réjouissance.
Dans le recueillement et la dignité vous évoquerez la pensée des 40.000 victimes de la barbarie impérialiste. A ce devoir sacré vis-à-vis de tous les martyrs, nul n’a le droit de se soustraire.
Article signé Etargin paru dans La Vérité, n° 120, 28 avril 1946, p. 3
Dans notre dernier numéro, dans l’article « Stratégie, tactique ou … trahison », notre camarade Lévan a bien décrit la position de notre parti vis-à-vis du problème algérien.
Des camarades nationalistes algériens nous ont communiqué une lettre dont nous publions ci-dessous les principaux passages. Nous donnerons la prochaine fois une étude détaillée sur la structure, l’organisation et le programme politique du parti du peuple algérien.
Article paru dans J’accuse, organe du Mouvement national contre la barbarie raciste, n° spécial, février 1943, p. 7
La fureur antisémite des hitlériens a fait passer au second plan les conséquences du racisme pour d’autres catégories humaines et, en particulier, pour les peuples de couleur. Les propagandistes de l’ « Ordre Nouveau » ont même jugé habile de flatter parfois les populations coloniales et d’exciter chez les Arabes la haine envers les Juifs. C’est ainsi que le gouvernement de Vichy ne voulant pas accorder aux indigènes Nord-Africains les droits de citoyens, les a retirés aux Juifs pour abolir l’ « injustice » que la loi Crémieux constituait en faveur de ces derniers.
Un Congrès des peuples d’Europe, d’Asie et d’Afrique se tiendra à Puteaux du 18 au 22 juin. Ce congrès a pour but de lutter contre l’impérialisme mondial, en élaborant un plan économique commun, basé, non pas sur la subordination des colonies à la métropole, mais sur une égalité d’échange et une association de libre coopération. Les représentants des différents peuples auront la possibilité de s’adresser ainsi à l’opinion mondiale. Les principaux mouvements démocratiques et ouvriers du monde seront saisis des décisions de la conférence. Dès à présent, de nombreuses organisations fédéralistes, syndicalistes et socialistes ont apporté leur soutien, notamment la S.F.I.O. et le Labour Party. La commission préparatoire, présidée par le leader travailliste Fenner Brockway, a son siège à Paris, 82, boulevard des Batignolles.
Du 18 au 22 juin se tiendra à Puteaux un congrès des peuples d’Europe, d’Asie et d’Afrique. Il est convoqué par une commission préparatoire présidée par le leader travailliste Fenner Brockway, et dont le siège est à Paris, 82, boulevard des Batignolles.
REPONDANT à la récente initiative prise par des représentants patentés de la grosse bourgeoisie et du capitalisme libéral, de fédérer les Etats européens placés entre l’enclume américaine et le marteau soviétique, les partis socialistes – ou qui se prétendent tels – avaient convié les délégués de leurs sections nationales à un congrès qui se voulait être celui des peuples d’Europe, d’Asie et d’Afrique. Etaient venus se joindre à ces délégués « typiques » les représentants des divers mouvements plus ou moins autonomes dont la fin de la deuxième guerre mondiale a vu l’éclosion un peu partout dans le monde.
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