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Michel Donnet : En Afrique du Nord, Mendès-France veut sauver les privilèges français

Article de Michel Donnet alias Michel Malla paru dans Le Libertaire, n° 397, 9 septembre 1954, p. 1

« Sauver les privilèges ! », voici le mot d’ordre de la bourgeoisie colonialiste. Toutefois, la lutte des peuples colonisés force cette bourgeoisie à employer des méthodes que la presse s’accorde pour qualifier de « nouvelles ».

En fait, il n’y a rien de nouveau en ce domaine. Les grands principes de la colonisation sont toujours à l’ordre du jour :

1° Employer à toute occasion la force pour intimider et supprimer ceux qui courageusement, se révoltent contre la misère et l’oppression ;

2° Diviser pour régner (phénomène visible au Maroc pour l’heure).

Les partis nationalistes révolutionnaires nord-africains forment un front uni face au colonialisme. Ils sont tous décapités. Ils luttent tous dans les conditions difficiles de la clandestinité ou semi-clandestinité. Pourquoi a-t-il fallu que quelques néo-destouriens abdiquent et pactisent avec l’Impérialisme ? En ce domaine quand on a mis le doigt dans l’engrenage, on y passe bientôt la main et puis le corps entier.

Le M.T.L.D. vient de donner une leçon catégorique à ces leaders en s’engageant résolument vers l’action révolutionnaire (voir à ce sujet l’article de notre camarade Philippe). L’Istiqlal et le Néo-Destour doivent sans plus tarder suivre cet exemple et comprendre qu’on ne ruse pas avec l’Impérialisme quand on veut l’abattre sans appel.

Le réformisme, c’est la défaite assurée. L’histoire du mouvement ouvrier démontre assez amplement ce fait.

Au moment où s’ouvrent à Tunis les négociations franco-tunisiennes sous la protection de milliers de mitraillettes françaises braquées sur les poitrines des insurgés, les fellaghas continuent leur combat : Une guerre de libération continue qui dure depuis des années et qui ne s’arrêtera pas de sitôt.

Remarquons que tous les traités signés en Tunisie ont été de vastes duperies pour le peuple de la Régence. Nous avons assez insisté sur ce point pour ne pas y revenir aujourd’hui.

Les Français, chaque fois qu’ils ont négocié là-bas se sont toujours entourés de troupes importantes et par la force, ont imposé leurs volontés. Cette fois, c’est encore la même chose. Un marché de dupes se prépare. La bourgeoisie veut, et c’est son rôle, reculer l’échéance de la ruine de l’Impérialisme. « Il faut sauver les privilèges ! » Voici le mot d’ordre de Mendès-France. Voici le mot d’ordre caché qui guide toute sa politique.

Michel MALLA.


D’un soldat au Maroc

Marrakech le 20 août.

Nous sommes en pleine guerre. On est réveillé au milieu de la nuit ; équipement de combat ; trois jours de vivres, cartouches, tout le barda et consignés, naturellement. C’est la légion qui fait les opérations, appuyée par les sénégalais. Mais ce qu’on ne dit pas en France, c’est que tous les bataillons et régiments marocains ont été désarmés ; les armes et munitions sont enfermées dans les magasins gardés par des sénégalais ou des légionnaires ; les officiers sont toujours armés. Comme vous le voyez, ça barde.

Ce que nous ne voyons pas en revanche, c’est la grande campagne dans les milieux ouvriers exigeant que nous, les garçons du contingent, soyons ramenés en France. Nous en avons par dessus la tête. Nous comptons sur vous.

(Correspondant.)

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