UN couple de jeunes instituteurs qui regagnait son poste, est mitraillé en compagnie du caïd dans un autobus, au cours de la nuit du dimanche 31 octobre au lundi 1er novembre. Notre malheureux collègue a été tué, si sa femme est actuellement hors de danger.
DEPUIS le 1er novembre 1954, la situation ne cesse de s’aggraver en Algérie. Au début on a essayé, par la répression et la terreur, d’étouffer la vérité et les cris d’un peuple qui veut vivre libre. Depuis, on ne cesse d’envoyer des troupes de toutes armes. Ce qui fait qu’aujourd’hui, il y a cent mille soldats en Algérie.
Message de Messali Hadj au meeting du 21 décembre 1954 à la salle Wagram (interdit), paru le 23 décembre 1954 dans Le Libertaire
Un message de Messali Hadj, parvenu à Daniel Guérin, devait être lu au meeting. Nous le publions ci-dessous. Nous apprenons que depuis ce message et les communications téléphoniques entre Messali Hadj et Daniel Guérin, les conditions de détention du leader algérien ont été renforcées et que la police lui a interdit de quitter sa chambre.
Article d’Idir Amazit paru dans Le Libertaire, 25 avril 1952 ; suivi de « Nature et aspect de la colonisation en Algérie », 2 mai 1952 ; « Par l’épée et par la charrue », 9 mai 1952 ;« La féodalité terrienne du colonat », 16 mai 1952 ;« L’industrie algérienne », 23 mai 1952 ; « Etat sanitaire et enseignement des populations algériennes », 30 mai 1952.
Le colonialisme tel qu’il est
LE célèbre Tartarin, d’Alphonse Daudet, qui prenait nos paisibles ânes de l’Atlas algérien pour de redoutables fauves du Kenya, a largement fait école avec les colonialistes. « Un baobab, disait à ses admirateurs le chasseur de Tarascon, c’est un arbre gigantesque, immense, à vous couvrir toute la superficie de Tarascon. Venez voir, j’en ai un dans mon jardin. » Et en ce lieu, il présentait une petite plante verte dans un petit pot ! Cette image du baobab est le reflet rigoureusement exact de ce que les primitifs à gages et les experts en falsifications et mensonges appellent impudemment l’ « Œuvre » du colonialisme. Rendons-leur cette justice : les maîtres du bla-bla-bla, qui s’agitent, gigotent et baratinent sur les estrades des baraques foraines des boulevards extérieurs ou de la foire du Trône de la place de la Nation, ne font pas mieux lorsqu’ils invitent les nigauds et les badauds à visiter leurs monstres, admirer leurs exhibitions. S’il est exact que le colonialisme a effectivement à son actif certaines réalisations, il n’est pas moins exact qu’elles sont dans leur quasi-totalité à l’usage et au bénéfice exclusif de la classe dominante. On a construit des routes et des chemins de fer pour desservir les domaines des « seigneurs » de la colonisation, les mines de charbon, de fer, de phosphates, des puissants trusts coloniaux. Tel conseil général dilapidera des millions à construire une route de plusieurs kilomètres reliant la route nationale X au domaine du colon Z, précisément membre du même conseil général, au sein duquel il est assuré avec ses amis colons d’une confortable et permanente majorité, grâce au système éminemment démocratique qui préside à la représentation dans les territoires d’outre-mer.
A mesure que le brasier de la révolte s’étend en Union française, le profane homme de la rue, généralement néophyte de la dialectique politique, est appelé à connaître une nouveauté qu’il ignorait jusque-là au même titre que la « question de confiance », avant que les ministères ne chutassent tous les quarante jours !
VERITABLES déracinés en cette terre qui se réclame des Droits de l’Homme, les travailleurs nord-africains continuent à subir les offensives racistes « sur tous les fronts », pour employer le jargon des culottes de peau. Aux brigandages systématiques gouvernementaux dans le régime des allocations familiales dus aux artifices juridiques des tripoteurs de la 4e République ; aux brimades racistes éhontées de la police et instrument d’exécution des basses œuvres au service des actuels fermiers généraux de la politicaille, s’ajoute cette permanente campagne de presse, par la quasi-totalité des journaux français, dont la moralité comme en conviendraient tous les esprits indépendants et saints, les destine tout juste à l’usage en ce lieu où même les rois vont à pied. Le moindre méfait dont un Nord-Africain a le malheur d’être l’auteur est montré en épingle à la « une » en romance dramatique fielleuse, alors que de véritables monstres humains sévissent journellement en France et ailleurs pour n’avoir droit qu’a quelques lignes perdues dans la rubrique des chiens écrasés. Encouragés par les exemples des Pouvoirs publics, des organisations privées n’hésitent plus à faire entendre leur voix dans cet odieux concert de la mare aux crapauds. Les vibrants sentiments nazistes et haineux de ces néo-aryens s’expriment en une verve dont à la violence s’allie une superbe éloquence ordurière, comme il sied à de piètres émules du grand Rabelais. Est-ce cela que vous avez voulu, ouvriers et paysans de 1789 qui avez déchaussé et déculotté vos bourgeois de l’époque pour équiper l’armée des sans-culottes sur ordre de Saint-Just ?
Article d’Idir Amazit paru dans Le Libertaire,cinquante-sixième année, n° 285, 19 octobre 1951, p. 3
LE camarade I. Amazit, secrétaire de la Fédération de France de l’Union Démocratique du Manifeste Algérien, protagoniste du courant d’unité d’action qui se fait jour dans la région Parisienne sur le plan du combat anticolonialiste, a bien voulu offrir aux lecteurs du « Libertaire » la primeur d’un article sur la conférence colonialiste de Nairobi.
Cette conférence, dont nous avons rendu compte en son temps, réunissait 49 nations impérialistes désireuses d’asseoir plus solidement leurs menées anti-populaires en Afrique. Il convenait, comme le fait I. Amazit, de mettre le fait en relief.
Article de Slimane Kiouane paru dans Le Libertaire,troisième série, trente-et-unième année, n° 416, 7 février 1925, p. 2
Devant les périodes de famine qui ont sévi en Algérie, les Sidis ont dû partir en exode. Cette fois-ci, la cause est une grande misère faite par des salaires dérisoires et par la brutalité criminelle des chefs indigènes, surtout des Européens.
Article paru dans Le Libertaire, cinquante-sixième année, n° 362, 28 mai 1953
Mai 1945 en Algérie ! Sans plus de précisions cette exclamation devrait suffire pour que dans toutes les mémoires ouvrières s’évoque l’horrible massacre des 40.000 Algériens par l’impérialisme français.
LE Mouvement Libertaire, à travers les multiples organisations qui l’ont constitué et qui le forment aujourd’hui, s’est toujours distingué à l’avant-garde de la lutte anticolonialiste et cela dans tous les pays et sur tous les plans. Notre rejet lucide et motivé de l’oppression capitaliste, étatique et religieuse n’autorise évidemment pas d’équivoque sur ce point et il suffit de consulter les 53 articles parus depuis 1945 dans la présente série du « Libertaire » pour se convaincre que l’action anarchiste n’a pas subi les « déviations » que l’on peut reprocher à certains.
POUR ceux qui sont fiers d’être Français, un Nord-Africain est toujours un « bicot ». Pourquoi ? Mais parce que l’usage de ce terme est le seul moyen qui leur permet d’affirmer leur supériorité. Il en allait de même avec les hitlériens, vis-à-vis des juifs, il en va de même avec les Américains vis-à-vis des noirs, il en va de même partout où existent le patriotisme et le racisme, ces produits de l’imbécillité et de la barbarie.
Article paru dans Le Libertaire, n° 400, 14 octobre 1954, p. 2
APRÈS les événements tragiques du 14 juillet 1953, place de la Nation, ou de nombreux Nord-africains tombèrent sous les balles des flics, la grande presse bourgeoise, la direction des usines Renault, le préfet de Police en personne et même certains calotins du coin comme la « Vie Nouvelle » de la banlieue sud s’apitoyèrent sur les conditions de vie misérable et les conditions d’habitation épouvantables de ces malheureux.
Un nouvel Etat est né : Israël, l’Etat Juif. Comme tous les Etats, il est la création des classes et castes dominantes et possédantes, et, dès le premier jour, il opprime et terrorise les populations laborieuses juives et arabes.
LA phase purement palestinienne du conflit sanglant qui oppose Juifs et Arabes en Palestine est terminée. Elle se solde par l’échec retentissant et la mort du commandant des forces arabes de Palestine, Abdul Kader Husseini, cousin de l’ex-grand mufti, devant Jérusalem qu’il tentait d’encercler.
Dossier paru dans Le Libertaire,cinquante-sixième année, n° 398, 23 septembre 1954, p. 1
AINSI, c’est une fois de plus le Gouvernement qui vient confirmer la justesse de nos affirmations : une nouvelle C.E.D. est en train de se former, sous le patronage cette fois de la Grande-Bretagne qui a jugé qu’il était grand temps d’intervenir directement. Donc, les propositions de Eden, plus ou moins arrangées par le maquignon Mendès et le jésuite Adenauer, vont donner vie à une Europe des généraux et des industriels.
« Sauver les privilèges ! », voici le mot d’ordre de la bourgeoisie colonialiste. Toutefois, la lutte des peuples colonisés force cette bourgeoisie à employer des méthodes que la presse s’accorde pour qualifier de « nouvelles ».
L’ALGERIE LIBRE (organe du Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques en Algérie, M.T.L.D.) a publié récemment un communiqué relatant les décisions prises à la suite du congrès extraordinaire du M.T.L.D. qui s’est tenu en Belgique les 14, 15 et 16 juillet derniers. Ces décisions sont les suivantes :
LA bourgeoisie française commence à s’apercevoir que tout ne va pas pour le mieux dans la meilleure des Afriques du Nord. Il a fallu pour cela que l’un des siens tombe sous les balles du prolétariat. Un des plus en vue, un de ceux qui dirigeait en fait la colonisation au Maroc ; le docteur Eyraud, directeur du porte-parole de l’impérialisme, « La Vigie Marocaine ».
Un de nos camarades est allé rendre visite aux Nord-Africains de Mâcon. Il était invité par le groupe communiste libertaire de cette ville. Il raconte ici, ce qu’il a vu au cours d’une journée passée avec les Algériens.
Parce que nous ne voulons ni de la guerre ni du fascisme, il nous faut dénouer et combattre la politique du « Front Populaire ». Dénoncer et combattre l’escroquerie « au pain, à la paix et à la liberté ». Et aussi et surtout opposer aux démagogies fallacieuses les vrais moyens de lutter contre la guerre, la misère et l’oppression.
Article de Maurice Catalogne dit Lashortes, suivi de « Comment réaliser le Front Unique ? » par René Frémont, textes parus dans Le Libertaire, trente-huitième année, n° 401, 30 juin 1933, p. 1
Toute lutte contre le fascisme doit en premier lieu s’inspirer d’une connaissance approfondie de la nature de ce mouvement. Le fascisme, nous l’avons dit, ne saurait être confondu avec un vague courant d’opinion tendant à la restauration de certaines valeurs politiques ou philosophiques : l’Etat, la Patrie, l’Autorité, la Famille, etc. Ses forces ne sauraient pas davantage être confondues avec certaines troupes de recrutement spécial et étroit telles que camelots du roi, jeunesses patriotes, croix de feu, etc.
Réponse de René Frémont à l’article du groupe Los Sin Pan, parus dans Le Libertaire, trente-huitième année, n° 400, 16 juin 1933, p. 1 et 2
L’article de nos camarades espagnols que nous publions en 2e page critique l’idée du front unique, qui fut posé dans le « Libertaire » à différentes reprises par notre camarade Lashortes. Nous aurions voulu trouver dans cet article des arguments démontrant l’inutilité d’un front unique du prolétariat.
LE congrès antifasciste qui vient de se terminer n’a pas provoqué, dans la classe ouvrière, de véritable attention. On sait pourquoi. Sous le couvert d’un comité d’organisation étendu à des personnalités diverses, comprenant des représentants de tous les partis – y compris des anarchistes ! – le Parti Communiste en avait pris la direction effective. Il en devait contrôler tous les débats et empêcher, à tout prix, que ceux-ci ne tournent à sa confusion. En fait, le congrès de Paris ne fut qu’une suite monotone de discours, une présentation de thèses bolchéviques, un appel a la réalisation d’un front antifasciste propre à plumer l’inoubliable volaille. Toute tentative de discussion fut sévèrement réprimée : les trotzkistes furent expulsés, le délégué Aulas, ayant critique la position du parti communiste allemand, ne dut son salut qu’à l’intervention du bureau qui se contenta de lui retirer la parole. Seul le député Bergery, bénéficiant, comme le dit à peu près l’ineffable Doriot, de la cote d’amour, réussit à préconiser un « front commun » antifasciste plus étendu. Mais on lui montra péremptoirement qu’il n’était pas à la page, qu’il ne devait pas abuser de l’indulgence et de la sympathie de ses bons amis bolchéviques. Et ce fut tout.
Article de Claude Lérins paru dans Le Libertaire, n° 281, 14 septembre 1951, p. 3
Nos régimes contemporains sont tous des régimes arbitraires, soit en acte, soit en puissance. Car tous admettent qu’il existe dans la société une volonté dont le droit de commander ne saurait être ni réglé, ni limité, que cette volonté fait loi et qu’il n’y a de loi que cette volonté, ce qui est la définition même de l’arbitraire : « Sit pro ratione voluntas » (1).
Bertrand de JOUVENEL (Fédération, page 462.)
DEPUIS que les conceptions anarchistes ont pris corps, depuis qu’elles se sont dégagées du combat social lui-même, les militants anarchistes ne sont jamais désintéressés des luttes populaires, en apparence nationales, mais permettant de promouvoir la Révolution Libertaire, ou d’en créer les bases. Bakounine, à propos de la Révolution de 1793, Voline, au sujet de l’épopée makhnoviste, Camillo Berneri, au cours de la révolution espagnole, avec eux tous nos penseurs et militants, ont fait ressortir la nécessité pour les révolutionnaires d’orienter les luttes populaires en y participant. Féconder le combat populaire par la pensée révolutionnaire fut et doit demeurer une de nos tactiques essentielles. Pourquoi , en conséquence, n’aurions-nous pas appliqué ce principe d’action au combat que mènent en ce moment les peuples colonises pour leur libération du colonialisme ?
Article de René Gérard paru dans Le Libertaire,cinquante-sixième année, n° 390, 20 mai 1954, p. 1
8 mai 1945 ? Capitulation de l’armée hitlérienne.
Peuples « vaincus », peuples « vainqueurs », c’était la paix. Les canons cessant de dégueuler ce qui a déchiqueté des millions d’hommes.
Paix pour les vaincus ! Continuation de la guerre pour les vainqueurs ! Perpétuation du crime ! 8 mai 1945 ? Massacre du Constantinois ! 45.000 Nord-Africains assassinés par ordre du gouvernement français !
Textes parus dans Le Libertaire,n° 473, 5 avril 1956, p. 1
NOTRE camarade Pierre MORAIN, condamné à un an de prison pour sa lutte anticolonialiste, est sorti de la prison de la Santé. Pierre Morain a subi, dès son incarcération, le régime cellulaire, ce qui explique sa sortie, au bout de 9 mois de détention. Mais il ne fait aucun doute, camarades, que notre action a contribué à faire capituler la réaction : les initiatives du Comité de Libération P. Morain, qui nous ont attiré beaucoup de sympathie ; l’action dynamique et tenace du M.L.A. qui a secoué l’opinion partout, et à travers tout cela, la lutte journalière – la plus difficile à mener – de tous les militants et sympathisants de la F.C.L., chacun dans leur secteur.
Textes parus dans Le Libertaire, n° 453, 17 novembre 1955 ; suivis de documents parus dans Le Libertaire, n° 451, 4 novembre 1955
Avec la note publiée par Albert Camus dans l’Express du 8-11-55, le silence de la grande presse bourgeoise s’est trouvé brisé et la réaction a été immédiate. Le jour même, une adhésion par pneumatique, le lendemain et les jours suivants de nombreuses lettres : des avocats, des journalistes, des mères de famille, des jeunes.
Lettre de Messali Hadj parue dans Le Libertaire, n° 450, 27 octobre 1955, p. 2 ; suivie d’un communiqué du Comité Pierre Morain
Angoulême, le 15 octobre 1955.
Au Bureau National de la F.C.L.
Cher Camarade,
J’ai le plaisir de vous écrire pour saluer tous les camarades de votre Bureau et tous vos militants. Quoique éloigné de la lutte active que poursuit le Mouvement National Algérien et la classe ouvrière française dans ses différentes organisations, je suis malgré tout avec un vif intérêt toutes leurs activités.
Textes parus dans Le Libertaire, n° 448, 13 octobre 1955, p. 1 et 2
Les efforts réunis de la F.C.L. et du Mouvement de Lutte Anticolonialiste, joints au sens de la solidarité d’un certain nombre de personnalités, ont réussi à vaincre le silence honteux qui régnait autour de la condamnation de P. Morain.
Communiqué du Mouvement de Lutte Anticolonialiste paru dans Le Libertaire,n° 447, 6 octobre 1955, p. 1
LA condamnation de Pierre Morain à un an de prison a soulevé une émotion intense parmi tous les anticolonialistes sincères, et nous avons reçu de nombreuses manifestations de solidarité et de sympathie.
Article signé L. Bala paru dans Le Libertaire, n° 446, 29 septembre 1955, p. 1
LE 29 juillet dernier, 24 travailleurs algériens et un ouvrier français, P. Morain, étaient condamnés par la Chambre correctionnelle de Lille pour « reconstitution directe ou indirecte de ligue dissoute, M.T.L.D. ».
Communiqué du Mouvement de Lutte Anticolonialiste paru dans Le Libertaire, n° 443, 8 septembre 1955, p. 1 et 2
Paris, le 30 août 1955.
Arrêté le 23 juin, Pierre Morain a commencé son troisième mois de prison. Nous avons appris que le représentant du gouvernement avait fait appel devant la cour de Douai du jugement qui le condamne à 5 mois de prison, parce qu’il a jugé que la peine infligée par le tribunal de Lille était trop faible ! Morain a été avisé d’autre part qu’il doit être transféré à Paris pour y être jugé en vertu de l’article 80.
Textes parus dans Le Libertaire, n° 442, 1er septembre 1955, p. 1 et 2
PIERRE MORAIN vient d’être avisé par les autorités judiciaires que le représentant du gouvernement avait fait appel devant la Cour d’Appel de Douai du jugement qui le condamne à 5 mois de prison. Ainsi, le gouvernement considère que la peine infligée à Morain n’est pas assez inique. Il veut maintenir le militant communiste libertaire P. Morain le plus longtemps possible en prison !
Dossier paru dans Le Libertaire, n° spécial [août 1955], p. 1 et 2
VINGT-CINQ accusés passaient en jugement le vendredi 29 Juillet, devant le tribunal correctionnel de Lille. Il s’agissait de vingt-quatre travailleurs algériens et d’un travailleur français : Pierre MORAIN.
Textes parus dans Le Libertaire, n° 440, 21 juillet 1955, p. 1
LA demande de mise en liberté provisoire déposée par les avocats de Pierre Morain ne permet aucun espoir, car elle sera presque certainement refusée.
Cependant, les avocats ont pu obtenir que le jugement ait lieu rapidement, certainement fin juillet, avant les vacances des tribunaux. De cette façon, au cas où notre camarade serait acquitté, le temps de détention préventive sera limité au maximum.
Textes parus dans Le Libertaire, n° 439, 14 juillet 1955, p. 1
NOUS expliquions dans notre numéro saisi comment notre camarade Pierre MORAIN avait été écroué à la maison d’arrêt de Loos (Nord) sous l’inculpation de participation à la reconstitution du M.T.L.D. ! Et nous démontrions d’autre part tout ce que cette accusation pouvait avoir d’invraisemblable.
Article paru dans Le Libertaire, n° 437, 30 juin 1955, p. 1
Alors que notre camarade Pierre Morain, militant communiste libertaire, de Roubaix, distribuait des tracts du Mouvement de Lutte Anti-colonialiste à Wattrelos, mercredi soir 22 juin, il a été interpellé par la douane (!). Les douaniers, bien que ce ne soit nullement leur travail et bien que n’en ayant nullement le droit, s’empressèrent de faire un rapport à la police !
Article paru dans Le Libertaire, n° 429, 5 mai 1955, p. 2 ; suivi d’un complément paru dans Le Libertaire, n° 431, 19 mai 1955, p. 1
A LILLE, les dirigeants P.C.F. et S.F.I.O. ont donné publiquement la preuve de leur trahison, tandis que les travailleurs algériens leur démontraient qu’un 1er Mai est une journée de lutte pour la classe ouvrière, de chiasse pour les bourgeois.
Article paru dans Le Libertaire, 57e année, n° 422, 17 mars 1955, p. 1
Les deux flics, effrayés, n’osent pas encadrer leur prisonnière !
LE 6 novembre 1954, à 6 h. 15 du matin, une douzaine de policiers, conduits par un commissaire, se présentaient rue Cadeau, à Roubaix, au domicile de Debah Tahar, tenant un café algérien.
Discours de Daniel Guérin prononcé le 27 janvier 1956 à Paris, lors du meeting du Comité d’action des intellectuels contre la poursuite de la guerre en Afrique du Nord, reproduit dans Guerre d’Algérie & colonialisme, Paris, 1956, p. 18-21, Correspondance Socialiste Internationale, n° 60, février 1956, p. 10-12 et partiellement dans Le Libertaire, n° 466, 16 février 1956, p. 1 et 2
Mes chers amis,
Mes chers camarades,
Et, si vous le permettez, mes Frères,
Nos gouvernants s’obstinent à prétendre que l’Algérie c’est la France. Robert Barrat, en se plaçant du point de vue du présent, vient de vous démontrer que ce mythe est un mensonge, un mensonge qui fait aujourd’hui couler le sang. Je voudrais, moi, au risque de paraître « académique », remonter avec vous dans le passé et vous convaincre que l’Algérie n’a jamais été la France, que la nation algérienne est un fait historique caché ou défiguré par les historiens à gages. Je voudrais aussi réfuter ceux qui soutiennent que la prise de conscience nationale du peuple algérien est de fraîche date.
NOTREami Daniel Guerin nous a fait parvenir une « lettre ouverte aux membres du Comité d’Action contre la poursuite de la guerre en Afrique du Nord ». La nécessité affirmée par D. Guérin de servir avant tout la cause du peuple algérien, en lutte pour son indépendance, en dehors de toutes autres considérations ne peut que rencontrer l’adhésion de tous les anticolonialistes.
Article et communiqué du groupe communiste libertaire de Mâcon parus dans Le Libertaire, 56e année, n° 386, 25 mars 1954, p. 1 et 4
La presse mâconnaise nous a informé de la création d’un centre de service médical gratuit qui aura lieu à la Croix-Rouge à l’intention des Nord-Africains. Nos médecins mâconnais sont des malins :
1° Ils ont peur de perdre leur clientèle par crainte de la présence de vilains Nord-Africains dans leur salon d’attente, et prennent des mesures pour satisfaire « l’honorable clientèle » qui pense « que les gens comme il faut ne doivent pas se mélanger avec ceux comme il ne faut pas ».
LE colonialisme est fait de pillages et de meurtres. C’est un crime permanent qu’il faut sans cesse dénoncer.
Le temps du colonialisme doit finir bientôt car les peuples colonisés se réveillent et donnent l’exemple d’un magnifique combat. Chaque coup porté contre l’impérialisme par les mouvements révolutionnaires d’outre-mer a ses répercussions sur le capitalisme de chez nous. Chaque victoire des peuples colonisés est une victoire pour le prolétariat mondial. Chaque coup porté contre le militarisme – surtout en Indochine – affaiblit notre armée nationale de métier qui risque un jour ou l’autre – ne l’oublions pas – de devenir une armée contre-révolutionnaire entre les mains de la classe possédante, une armée de répression.
Article paru dans Le Libertaire, 76e année, nouvelle série, n° 6, janvier 1971, p. 3
There are now four generations of Palestinian refugees. The « right of return » to their former homes in what is now Israel remains one of the thorniest issues in the conflict between Israel and the Palestinians. (Source)
Deux guerres dont il est beaucoup parlé – deux conflits « localisés » diront les stratèges – continuent de désoler deux régions, de décimer des populations : celles du Vietnam et du Moyen-Orient.
Dans les deux cas des « pourparlers de paix » se poursuivent nous dit-on : la conférence de Paris pour le Vietnam, les conversations de la mission Jarring pour le Moyen-Orient. Dans le premier cas les pourparlers n’ont jamais abouti à un cessez-le-feu, ni même positivement à un ralentissement des hostilités. Dans le deuxième cas les dirigeants jouent l’hypocrisie d’une « trêve » qu’aucun des belligérants n’entend prendre au sérieux, toute accalmie n’étant pour eux qu’un moyen de reprendre du souffle, de renforcer son dispositif de guerre pour pouvoir à la première occasion frapper plus fort.
Article paru dans Le Libertaire, 75e année, nouvelle série, n° 5, juin 1970, p. 1 et 3
Nasser pictured with Egyptian jet pilots at Bir Gifgafa air base in Sinai, 22 May 1967 (Source)
Les peuples, n’étant pas mûrs pour rendre impossible les conflits armés (il leur suffirait pour cela de refuser de s’y prêter), sont périodiquement appelés à partir en guerre – et ils y vont. S’ils y vont en rechignant, s’ils n’y vont pas de gaité de cœur, ils y vont quand même. Et c’est là ce qui compte pour les intérêts des gouvernements, des états-majors, des groupes industriels et financiers.
Les révoltes de paysans et d’ouvriers en Bulgarie sont déjà noyées dans le sang. La réaction gouvernementale ensanglantée a triomphé encore une fois sur les cadavres de milliers de victimes ! Et aujourd’hui, sur le fond sinistre de la répression féroce, le mouvement insurrectionnel nous apparaît dans toute son ampleur et toute sa profondeur. Loin d’être une simple résistance de la provocation autoritaire, ce mouvement a eu une beaucoup plus grande importance que ne peuvent le comprendre les politiciens de tout acabit. Ce fut une véritable insurrection populaire qui a secoué les profondes couches de la masse paysanne et ouvrière en Bulgarie.
1924 ! Depuis six ans, partie ouvertement, partie clandestinement, le prolétariat allemand combat ses oppresseurs et ses exploiteurs dans une lutte de plus en plus désespérée. Le capitalisme uni se redresse et se fortifie.
Dans le numéro du Soviet, M. Durgat critique le rôle des intellectuels dans le parti socialiste et les organisations révolutionnaires.
Sortis de la bourgeoisie pauvre, dit-il, ils ne voient dans le socialisme que le moyen de gagner de l’argent, ils se font une situation en se hissant sur le dos des ouvriers qu’ils trahissent ensuite.
Cela est parfaitement vrai, mais à qui la faute sinon aux ouvriers eux-mêmes, ils n’ont que les chefs qu’ils méritent.
Pessimiste de mon naturel, je ne vois pas la révolution immédiate en France. Notre prolétariat, très matériel dans sa majorité, n’a guère tendance à bouger lorsqu’il mange à sa faim. Malgré la vie chère, ses salaires lui donnent du pain et le cinéma ; cela suffit sinon aux ouvriers conscients, du moins aux autres.
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