Au moment où nous écrivons ces lignes, la guerre civile avec ses horreurs s’installe tous les jours davantage en Algérie. Les lynchages, les ratonnades, les incendies sont déjà dépassés. On tue, on détruit tandis qu’une crise économique paralyse les grandes villes du pays.
Discours de Maxime Rodinson prononcé lors de l’attribution du prix de l’Union rationaliste 1997 à Mohammed Harbi et paru dans Les Cahiers Rationalistes, n° 523, mars 1998, p. 7-13
Maxime Rodinson, Philosopher in France in October, 1993 (Photo by Louis MONIER/Gamma-Rapho via Getty Images)
02/18/1992. Mohamed Harbi, historian. (Photo by Nacerdine ZEBAR/Gamma-Rapho via Getty Images)
Je dois dire que j’ai été enthousiasmé, qu’une bouffée d’ardeur juvénile m’a pénétré quand une lettre de l’Union rationaliste m’a appris qu’elle décernait, cette année, son prix à Mohammed Harbi. Je fus d’autant plus enthousiaste, je l’avoue, que j’étais assez mécontent de diverses attitudes qui s’exprimaient depuis quelque temps dans les publications de l’Union. J’en étais même irrité et, à certains moments, prêt à envoyer ma démission. Je ne l’ai pas fait parce que je suis un peu rationnel et que je sais que toute association manifeste sur certains points des erreurs d’appréciation qui ne portent pas atteinte à sa ligne directrice, à l’utilité de son combat. Tout en souffrant de voir que, selon ma perception, le critère de rationalité auquel, par son titre même, l’Union s’engageait à être fidèle, me paraissait parfois dominé, dans ces occasions, par une soumission à la doxa, à la vulgate répandue dans le grand public (et très souvent chez les intellectuels), largement adoptée, en partie sous l’influence de réactions des plus légitimes. Mais il ne m’en paraissait pas moins que l’on violait gravement ce critère de rationalité notamment de lorsqu’on aboutissait à sacraliser tout un peuple, à l’affranchir des obligations morales exigées de tout autre peuple au point de rendre tabou toute critique à des membres (individuels ou collectifs) de celui-ci, en assimilant cette critique à une complicité envers ses ennemis, voire ses bourreaux. L’argument invoqué pour ce traitement spécial, les souffrances immenses, indéniablement subies par un peuple, ne sauraient rationnellement parlant, exempter toujours et partout tous ses membres et toutes ses institutions de répondre de torts qu’ils infligent aux autres.
Mon dernier texte intitulé “Séparatismes : pourquoi Emmanuel Macron et ses opposants font fausse route” a été mis en ligne ce matin sur le site de Middle East Eye.
Le développement concomitant de la nébuleuse islamiste et de gangs de narcotrafiquants dans la France périphérique doit surtout interpeller en raison des conséquences en matière de dépolitisation des populations vivant dans ces quartiers fragilisés (AFP)
Extraits de Yadh Ben Achour, Politique, religion et droit dans le monde arabe, Tunis, Cérès Productions, 1992, p. 26-30.
Le présupposé du chercheur est que tout est explicable et qu’il n’y a nul mystère dans le monde. (…) L’étude de la religion constitue donc pour lui, une phénoménologie ordinaire et uniquement cela, dans la mesure où la religion est elle-même un phénomène, humainement et socialement explicable, quand bien même on admettrait qu’elle n’est pas un phénomène purement humain.