Alors que le président Bouteflika se rend en France au mois de juin, Alternative libertaire s’est entretenu avec Mohammed Harbi, universitaire, ancien dirigeant (jusqu’en 1965) du FLN et animateur de son courant autogestionnaire pour faire le point sur la situation politique, économique et sociale en Algérie.
Interview de Mohammed Harbi réalisée par Jean-Jacques Laredo et parue dans Rouge,n° 1133, 2 au 8 novembre 1984, p. 8-9
Mohammed Harbi est né dans le Nord-Constantinois en 1933. Il adhère au PPA-MTLD à l’âge de quinze ans et deviendra membre de la direction de la fédération de France du FLN. Après avoir occupé les fonctions de secrétaire général au ministère des Affaires extérieures puis de conseiller à la présidence de la République après l’indépendance, il est emprisonné pendant cinq ans sans jugement pour son opposition au coup d’Etat de 1965. Il vit en exil en France depuis 1973.
— Comment s’est posée la question de la participation des femmes au début de l’insurrection ?
— Je crois qu’il faut d’abord situer la position de la société féminine à la veille de l’insurrection. La question de la femme était débattue dans des cercles très restreints et portait surtout sur le voile. A part le parti communiste, personne ne posait réellement la question. Un certain nombre de gens dans le mouvement nationaliste avaient conscience de la nécessité de la participation des femmes, mais cette conscience, par exemple dans le M.T.L.D., se heurtait au traditionalisme de la base du mouvement. A Skikda, en 1951, le M.T.L.D. a fait une expérience avec une jeune fille en classe de Maths Elem. Elle a été chargée de contacter des femmes de militants dans les faubourgs de la ville et de discuter avec elles des questions politiques. Petit à petit elles en sont arrivées à lui parler de leurs problèmes familiaux, de leurs relations au sein de la famille, avec leurs frères aînés, leurs maris, etc. A l’époque, personne n’était en mesure ou ne voulait répondre aux questions posées. Au début de l’insurrection, la participation des femmes a été résolue au coup par coup d’une manière spontanée. Dans les villes, ce sont essentiellement des filles, mal à l’aise dans leur famille, en général des lycéennes, qui ont essayé de rejoindre le maquis. Cela n’a pas été toujours facile parce que les maquis eux-mêmes n’acceptaient pas les femmes. Je connais le cas d’une jeune fille qui a voulu rejoindre le maquis le la région de Guelma ; elle a été renvoyée : on lui a dit que les maquis n’étaient pas pour elle, qu’elle était une jeune fille de famille et qu’il n’était pas question de l’accepter. Elle a fait deux ou trois tentatives avant d’être gardée quelque temps dans le maquis ; elle a d’ailleurs été très vite arrêtée. Le responsable de cette région à l’époque était l’actuel responsable de la région militaire de Constantine, le colonel Hadjerès. Il n’acceptait pas de bon gré les femmes au maquis.
Éditorial signé du Comité de rédaction, Sou’al, n° 1, décembre 1981, p. 3-10
Le monde arabe * est en proie à de graves difficultés. Qu’elles soient politiques, sociales, économiques — ces difficultés sont sous-tendues par une terrible lacune : le monde arabe n’a pas pu, n’a pas su, se doter d’une vision du monde spécifique, d’un projet historico-culturel à vocation universelle. Sans doute est-ce là le prix qu’il lui a fallu payer pour accéder au concert des nations indépendantes du XXe siècle. Car l’impérialisme, le colonialisme, le néo-colonialisme n’acceptent le monde arabe que divisé, affaibli, donc sujet à toutes les manipulations. Mais au-delà de cette contrainte extérieure, c’est bien en lui-même, dans son esprit propre que le monde arabe est frappé de faiblesse. C’est qu’il revient de loin. Lui, qui fût l’héraut des premières lumières, qui connut son Aufklärung alors que l’Occident somnolait dans la léthargie — lui, qui inventa les mathématiques modernes, qui transmit au monde Aristote, qui pratiqua bien avant Léonard de Vinci la visitation des gisants, — lui, qui sut respecter les minorités ethniques et religieuses, qui se flattait qu’un de ses plus grands penseurs, Maïmonide, fut Juif, — le voilà encore confronté à la modernité qui s’est développée depuis trois siècles sans lui et en dehors de lui — le voilà enfin, aujourd’hui, désarçonné par l’innommable déroute de ses classes dominantes face au progrès économique et à l’émancipation culturelle. Le voilà, d’un mot, dans la nécessité d’être enfin lui-même à l’encontre et au-delà de l’adversité.
Article de Daniel Guérin paru dans La Rue, n° 28, 1er trimestre 1980, p. 94-97
On a fait grand bruit sur une grosse compilation de quelques 400 pages, intitulée « les Porteurs de valises ». Ses auteurs sont deux jeunes journalistes de feu « Politique-Hebdo », Hervé Hamon et Patrick Rotman. Ils ont cru pouvoir donner comme sous-titre à leur pavé : « la résistance française à la guerre d’Algérie ». Une résistance que, vu leur âge, ils ne peuvent avoir vécue et sur laquelle ils ne dissertent que par ouï-dire. Une résistance dont ils n’évoquent qu’une des phases, chronologiquement la plus tardive, politiquement la plus déficiente et aussi la plus tendancieuse, puisqu’elle se bornait à une assistance technique et clandestine (bien que courageuse et généreuse) à l’une des composantes de la révolution algérienne.
Les « événements » d’octobre 88 en Algérie ont fait la Une des journaux. En organisant le débat-public dont voici le compte-rendu, nous avons voulu, non pas faire un autre « scoop », mais tenter d’élaborer une analyse grâce à des interventions de personnes connaissant aussi bien le présent qui a déclenché la révolte, que le passé qui en avait préparé les différents éléments. Nous espérons que ces éléments d’analyse apporteront un éclairage plus synthétique et plus politique que ceux de la grande presse sur ces phénomènes.
Vous-mêmes, comme les lecteurs de La Nouvelle Critique, connaissez bien les noms de Hocine Zahouane, membre du Bureau politique du F.L.N., de Mohammed Harbi, membre du Comité Central, qui tous deux ont apporté une contribution remarquable à l’élaboration de la Charte d’Alger, et de Bachir Hadj Ali, ancien dirigeant communiste dont votre revue a, plus d’une fois, publié des articles et des poèmes.
Dossier paru dans les Cahiers du féminisme, n° 53, été 1990, p. 13-26
L’avenir n’est pas joué
En Algérie les élections municipales vont avoir lieu le 12 juin. A coup sûr, elles constitueront un test décisif. Pour le FLN au pouvoir, d’abord, qui depuis la répression sanglante des émeutes d’octobre 1988 est à jamais discrédité auprès de la population, sans même parler des scandales dans lesquels les dignitaires du régime sont impliqués : début avril, un ancien Premier ministre a accusé certains dirigeants d’avoir profité de pots de vin d’un montant de vingt-six milliards de dollars, c’est-à-dire plus que la dette totale de l’Algérie, tandis que, dans le même temps, la population doit faire face aux pénuries et à la spéculation sur les produits de première nécessité ! Mais ce sera également un test pour le Front islamique de salut (FIS), principale organisation islamiste qui, le 20 avril dernier, a fait descendre cent mille hommes dans la rue après avoir fait plier le gouvernement qui, lui, renonça à organiser des contre-manifestations.
Textes publiés dans L’Internationale,n° 37, octobre 1965, p. 1, 4 et 5
LEs vagues d’arrestations massives qui ont lieu actuellement en Algérie à l’encontre des marxistes-révolutionnaire, de nombreux éléments de l’ex-PCA et de militants de l’ORP sont les signes avant-courreurs d’une répression d’envergure contre les masses et leurs conquêtes, contre les syndicats et l’autogestion. Après avoir « démantelé » l’avant-garde des militants d’opposition par les « grandes purges » de septembre, le pouvoir bureaucratique de Boumediene se trouve désormais directement confronté avec les organisations de masses, avec les étudiants et surtout avec l’U.GT.A., seule organisation de masse de la classe ouvrière. Le fait que la plupart des cadres conscients de l’UNEA, de la JFLN et du FLN aient été arrêtés, ou aient pris la fuite, montre que le pouvoir a décidé de détruire tous les foyers potentiels d’agitation et d’opposition pouvant faire naître des centres incontrôlés de direction. Si jusqu’à présent l’UGTA semble avoir échappé à la répression, cela tient à l’alliance tactique passée par la Centrale avec le secrétariat exécutif du Parti. Mais cette alliance ou ce « soutien » ne peuvent durer longtemps. Déjà le N° 2 de Révolution et Travail ne fait plus mention du secrétariat exécutif, et il semble que le N° 3 ne paraisse pas. Les congres prévus sont reportés ; le moment de la rupture approche entre le pouvoir et l’UGTA. L’envergure de la répression, l’attaque des libertés syndicales et de l’autogestion sur une grande échelle indiquent qu’un changement qualitatif dans les rapports entre la bureaucratie au pouvoir et les masses est en train de s’opérer en Algérie.
Dossier paru dans Sans Frontière, n° 16, 24 juin 1980, p. 16
Depuis plusieurs numéros, nous avons ouvert nos colonnes à l’information et au débat sur le mouvement de Tizi Ouzou. Les contributions publiées ont suscité ici et là, réactions et controverses. Il en ressort que le débat loin d’être épuisé, est tout juste amorcé, et nécessite un approfondissement. Nous proposons de le réaliser à la rentrée : en organisant une réflexion dont le thème sera la vie quotidienne dans nos pays, et d’une table ronde sur les mouvements populaires actuels.
Voici les premières lignes de ce compte-rendu rédigé parl’historien Andrea Brazzoduro et intitulé “Reconsidering the history of Algerian independence: a book review essay” :
Dossier paru dans Sans Frontière, n° 13, 6 mai 1980, p. 7-11
Détournement de… manifs
Pour les tous jeunes, on rappelle en effet que c’est dès octobre 1956 que la France, soi-disant championne d’un certain nombre de droits essentiels – ceux de l’homme y compris ? – dont, naturellement, les très républicains droits d’opinion et de circulation, a détourné un avion de la ligne Rabat-Tunis, dans lequel, il est vrai, se trouvaient cinq Algériens qui avaient le tort de penser que, « 2 000 ans, ça suffisait ! ». N’est-ce pas Kateb ? Bonjour !
J’ai signé l’appel « En soutien à Mohammed Harbi » qui a été publié hier par Mediapart avec le soutien de plus de 130 intellectuels, militants, artistes, etc. J’invite mes amis et lecteurs à prendre connaissance de ce texte et à le faire circuler dans leurs réseaux.
J’ai accordé un entretien à la journaliste Hana Menasria pour le quotidien algérien Libertésuite à la parution dans Le Monde de ma dernière tribune corédigée avec l’historien Mohammed Harbi. L’interview a été publiée ce jour sous le titre suivant : « Il faut se libérer du poids des ancêtres et des martyrs ».
«Et alors, tu veux que je te brûle? » C’est en ces termes que des jeunes, en altercation avec des propriétaires de grosses voitures, répondent en ce mois d’octobre, mois qui a connu les émeutes les plus sanglantes de l’histoire de l’Algérie indépendante.
Article de Mohammed Harbi paru dans Critique Communiste, n° 91, décembre 1989, p. 19-20
LE PROBLEME conjoncturel d’autoriser ou non le voile à l’école entraîne des réponses qui peuvent être contraires sur la base de principes identiques. Ce qui les distingue, c’est la stratégie la plus efficace pour soustraire les enfants à l’influence du prosélytisme des islamistes.
Tribune de Mohammed Harbi parue dans Le Nouvel Observateur, 26 octobre-1er novembre 1989 et reprise dans Les Cahiers d’Article 31,n° 1, premier trimestre 1990, p. 96
Une hypothèse obscurcit le débat actuel sur le port du « foulard ». C’est la confusion faite entre les croyances religieuses de l’islam et l’intégrisme musulman, qui, lui, est une idéologie politique. Ce débat s’inscrit dans la même logique que l’affaire Rushdie.
Discours de Maxime Rodinson prononcé lors de l’attribution du prix de l’Union rationaliste 1997 à Mohammed Harbi et paru dans Les Cahiers Rationalistes, n° 523, mars 1998, p. 7-13
Je dois dire que j’ai été enthousiasmé, qu’une bouffée d’ardeur juvénile m’a pénétré quand une lettre de l’Union rationaliste m’a appris qu’elle décernait, cette année, son prix à Mohammed Harbi. Je fus d’autant plus enthousiaste, je l’avoue, que j’étais assez mécontent de diverses attitudes qui s’exprimaient depuis quelque temps dans les publications de l’Union. J’en étais même irrité et, à certains moments, prêt à envoyer ma démission. Je ne l’ai pas fait parce que je suis un peu rationnel et que je sais que toute association manifeste sur certains points des erreurs d’appréciation qui ne portent pas atteinte à sa ligne directrice, à l’utilité de son combat. Tout en souffrant de voir que, selon ma perception, le critère de rationalité auquel, par son titre même, l’Union s’engageait à être fidèle, me paraissait parfois dominé, dans ces occasions, par une soumission à la doxa, à la vulgate répandue dans le grand public (et très souvent chez les intellectuels), largement adoptée, en partie sous l’influence de réactions des plus légitimes. Mais il ne m’en paraissait pas moins que l’on violait gravement ce critère de rationalité notamment de lorsqu’on aboutissait à sacraliser tout un peuple, à l’affranchir des obligations morales exigées de tout autre peuple au point de rendre tabou toute critique à des membres (individuels ou collectifs) de celui-ci, en assimilant cette critique à une complicité envers ses ennemis, voire ses bourreaux. L’argument invoqué pour ce traitement spécial, les souffrances immenses, indéniablement subies par un peuple, ne sauraient rationnellement parlant, exempter toujours et partout tous ses membres et toutes ses institutions de répondre de torts qu’ils infligent aux autres.
Interview de Mohammed Harbi réalisée par Salah Jaber (Gilbert Achcar) et Sophie Massouri pour Inprecor, n° 333, du 21 juin au 4 juillet 1991, p. 6-8
Le nouveau Premier ministre algérien, Sid Ahmed Ghozali, a annoncé, le 18 juin 1991, la composition de son gouvernement, composé essentiellement de technocrates et sans la participation significative d’aucune autre formation politique en dehors du Front de libération nationale (FLN).
Mohammed Harbi est historien* de la révolution algérienne, à laquelle il a participé activement. Militant du FLN avant l’Indépendance, Mohammed Harbi a occupé des fonctions gouvernementales sous la présidence d’Ahmed Ben Bella (dans le cabinet civil du ministère des Forces armées en 1959-60 ; comme ambassadeur en Guinée en 1961 ; en tant qu’expert aux premières négociations d’Evian en 1961 ; comme secrétaire général du ministère des Affaires étrangères en 1961-62 ; puis, comme conseiller à la présidence de la République entre 1963 et 1965 ). En 1965, il s’est opposé au coup d’Etat d’Houari Boumédiene et a été emprisonné pendant cinq ans, puis en résidence surveillée et exilé. lnprecor l’a rencontré pour recueillir son point de vue sur les origines de la crise actuelle qui secoue l’Algérie.
Pour information, diffusion et discussion : cette déclaration a été finalisée avec Mohammed Harbi aujourd’hui avant d’être envoyée à différents journaux et médias en ligne.
Le surgissement populaire du 22 février constitue une rupture majeure dans notre histoire comme dans celle du Maghreb. Il s’agit de la consolider et d’élargir le champ des possibles. Aujourd’hui, les Algériens ont remporté une première victoire.
« Interview d’un ancien militant du M.N.A., qui fut l’un des créateurs de l’Union syndicale des travailleurs algériens (USTA), la première organisation syndicale algérienne », parue dans Tribune algérienne, n° 7, juillet 1976, p. 3-5
T.A. : Que penses-tu de la situation politique actuelle, de la discussion sur la Charte ouverte par le pouvoir ?
R. : La situation politique en Algérie est arrivée à un tournant décisif. Pour la première fois depuis le coup d’état militaire du 19 juin 1965, Boumedienne qui a fait de l’Algérie sa propriété personnelle, et de la lutte du peuple algérien depuis l’Etoile Nord Africaine une simple introduction à son régime d’arbitraire, a été contraint, parce que son régime n’avait aucune assise dans la classe ouvrière, la paysannerie, a été contraint, de tenter de mystifier une fois de plus le peuple algérien avec sa campagne sur la Charte.
Article de Mohammed Harbi paru dans Les Cahiers d’Article 31, n° 1, premier trimestre 1990, p. 93-95
La campagne que les islamistes de tous bords ont mené contre Salman Rushdie, les menaces qu’ils font peser sur sa vie constituent un nouvel épisode de l’assujettissement forcé des intellectuels, et au-delà d’eux, de la société au pouvoir sacerdotal.
Extrait de l’article d’André Adam, « Chronique sociale et culturelle », paru dans l’Annuaire de l’Afrique du Nord, Vol. 3, 1964, p. 176-180.
2. – LA RELIGION
De tous les débats engagés depuis l’indépendance sur l’Algérie nouvelle, sur « la personnalité algérienne » et sur « la culture algérienne », l’Islam n’a jamais été absent. Mais l’année 1964 se caractérise par une réaction religieuse particulièrement vive, trop profonde et trop forte en tout cas pour que le régime ait voulu courir le risque de la cantonner dans l’opposition.
Les lecteurs de la R.P. trouveront ci-dessous le texte du compte rendu que j’ai publié, à Alger, dans l’hebdomadaire Révolution Africaine du 4 avril 1964. J’ai rétabli dans ce texte les quelques formulations un peu appuyées que la Rédaction m’avait demandé, pour l’usage interne de l’Algérie, d’adoucir.
Ce livre n’est pas un pamphlet destiné à dénoncer la condition faite aux femmes dans les sociétés musulmanes, mais une thèse soutenue à la Sorbonne en 1913 dans un temps où la thèse devait être un travail scientifique appuyé par une érudition rigoureuse. Il aurait pu disparaître dans les décombres de la production universitaire, et son auteur tomber dans l’oubli comme des milliers d’autres docteurs, si les gardiens de l’ordre traditionnel ne l’avaient mis en lumière en le clouant au pilori.
Texte paru dans la revue Sou’al, n°7, septembre 1987, p. 151-152
Nous voulons simplement, à l’occasion du procès de Klaus Barbie, mettre au clair certaines vérités historiques et rappeler quelques principes pour nous, Algériens, qui avons lutté pour l’indépendance de notre pays. Me Jacques Vergès cherche, aujourd’hui, à associer des « crimes contre l’humanité » commis par Klaus Barbie aux « crimes de guerre » perpétrés par l’ex-puissance coloniale en Algérie et cet amalgame trouve parfois, malheureusement, crédit dans notre pays.
Texte paru dans la revue Sou’al, n°7, septembre 1987, p. 149-151
A propos de l’affaire Barbie, ces quelques remarques…
1/ Il y a une spécificité du « crime contre l’humanité » et ce serait une erreur grave que d’assimiler tout crime, tout massacre, toute exaction à cette notion juridique nouvelle. Ce qui est mis au compte du nazisme c’est une volonté délibérée, que son idéologie légitime, de nier toute appartenance à l’humanité de certaines catégories d’êtres humains et de prétendre nettoyer la planète comme on nettoie un matelas de ses punaises et comme on aseptise un linge à l’hôpital.
Extraits d’un article de Paul Thibaud paru dans Esprit, n° 145, décembre 1988, p. 19-21
La révolte des jeunes Algériens, la répression brutale qui leur a d’abord répondu, puis les réformes ébauchées ont trouvé les intellectuels français singulièrement impréparés. Parmi d’autres réactions désolantes, la plus cocasse restera celle de Gisèle Halimi dans Libération (13 octobre) : elle ne savait pas que l’Algérie était une dictature ! elle n’en a été avertie que « très tard et très mal » par ses « amis algériens », « qui étaient au pouvoir ». Doit-on comprendre que la gauche mondaine ne s’informe que dans les cocktails ? Soyons plutôt honnêtes: tout le monde savait et tout le monde s’en fichait! La cause dont l’intelligentsia française s’était fait jadis un emblème, elle lui était devenue quasi indifférente. Ce que la déclaration laborieuse de quelques ex-121 ne saurait dissimuler. Ces héros se sont relus ; aujourd’hui comme hier, profèrent-ils, « la cause du peuple algérien est celle de tous les hommes libres ». Cette superposition du présent et du passé suggère que le combat des jeunes Algériens est le même que celui de leurs pères, il y a trente ans, et qu’à une génération d’intervalle ils trouvent à l’extérieur les mêmes valeureux alliés, toujours aussi fermes sur les principes. (…)
Article paru dans Pouvoir ouvrier, n° 73, septembre-octobre 1965, p. 4-7
Monsieur Boumedienne est scandalisé. On n’a tout de même pas fait une révolution nationale pour que des étrangers viennent vous donner des leçons ! Pourquoi imaginez-vous qu’ils se sont battus, lui et ses compères militaires ?
« Notre vérité, c’est l’Algérie, d’un territoire de plus de 2 millions de km2 , d’une population de 12 millions d’habitants, d’une histoire propre à elle, d’une langue arabe et d’une religion musulmane » (El djeich, organe de l’Armée Nationale Populaire, n° 28, août 1965).
Source : Mohammed Harbi ,L’Algérie et son destin. Croyants ou citoyens, Paris, Arcantère, 1992, p. 52-57
Le rôle de Messali a été réévalué. J’aborde ici un point qui a été, pour moi, la source de troubles de conscience et de souffrances. Dans la geste du FLN, le fondateur du nationalisme apparaît toujours sous le visage du traître. (…) Ma conviction que Messali était diabolisé parce qu’il pensait différemment – la question de savoir s’il avait raison ou tort m’apparaissant secondaire – s’est fait jour en 1957.
Le journal Article 11 a publié le 20 juin 2013 mon article intitulé « Les spectres algériens de Guy Debord ». Voici la présentation de l’éditeur :
Debord à la BNF. Debord sur la couverture des magazines. Debord à la télé. Bref, Debord partout. Peu importe que l’homme eut détesté finir ainsi, en tête de gondole. Peu importent – aussi – les inexactitudes, les silences, les omissions. À l’image de cette impasse sur les liens de l’auteur de La société du spectacle et des situationnistes avec l’Algérie.
J’ai participé aux journées d’études « Charles-Robert Ageron, historien de l’Algérie contemporaine : héritages et perspectives », au centre d’études diocésain d’Alger, du 14 au 16 décembre 2012.
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