Article paru dans La Voix des travailleurs algériens, n° 9, avril 1979, p. 14
Women protesting forced hijab days after the Iranian Revolution, 1979 (Source : Rare Historical Photos)
A Téhéran, le 8 mars, tandis que les femmes du monde entier se rassemblaient pour la journée des droits de la femme, débutait une série de manifestations qui devaient durer cinq jours. Des femmes iraniennes exigeaient le retrait de l’obligation du port du « Tchador », long voile noir des Iraniennes.
Tribune signée Farid et parue dans Homophonies, n° 25, novembre 1982, p. 13
Members of the Iranian Basiji (mobilized volunteer forces) carrying a portrait of Ayatollah Khomeini, march over a US flag spread on the tarmac of Azadi square on the third anniversary of the Islamic Revolution, 11th February 1982 in Tehran, Iran. (Photo by Kaveh Kazemi/Getty Images)
C’EST sans aucun étonnement que nous venons d’apprendre que le Parlement Iranien venait de voter la Peine de mort pour les « crimes d’homosexualité ». Nous voici donc encore descendu d’un cran dans l’horreur et l’hystérie ! Peut-on aller au delà ? Est-il possible de faire mieux dans le massacre sanglant que ces paranoïaques qui s’imaginent mandatés par on ne sait quelle abominable divinité et qui en son nom viennent encore récemment d’égorger des centaines de jeunes enfants ?
Article de Rahsepar paru dans Le Monde libertaire, n° 333, 22 novembre 1979
Le texte qui suit est la retranscription par le groupe de Fresnes-Antony d’une réunion tenue le mois dernier dans son local, avec des camarades anarchistes iraniens.
Le camarade Rahsepar qui a réalisé l’exposé suivant, réside en France depuis 1971. Il a traduit en persan des textes de Bakounine, Jean Grave, Malatesta, Voline, et a contribué au cours d’un séjour en Iran, après le renversement du Shah, à la création du premier groupe anarchiste d’expression persane, le groupe Malatesta.
Article d’Alain Sauvage paru dans Le Monde libertaire, n° 295, 4 janvier 1979, p. 12
C’est maintenant un vaste mouvement populaire qui paralyse l’ensemble de l’économie iranienne. Désormais, aucune issue ne paraît possible sans le départ du Shah. C’est là en effet le seul véritable point commun entre les centaines de milliers de manifestants qui défilent chaque jour dans les rues de Téhéran et des principales villes du pays.
Fundamentalism in Beirut On August 24th, 1984 In Beyrouth,Liban (Photo by Patrick AVENTURIER/Gamma-Rapho via Getty Images)
Pour le mouvement libertaire la question de la religion s’est presque toujours posée dans les pays latins par rapport à l’église catholique romaine. Dans cet article, je voudrait essayer de montrer les différences qui peuvent exister entre des modes d’organisation religieux qui, du fait de leur tradition et de leur histoire divergentes, entretiennent vis-à-vis des problèmes politiques des relations radicalement opposées. La révolution iranienne et la montée de l’intégrisme religieux dans l’ensemble du monde musulman pose aujourd’hui des questions essentielles pour 800 millions d’êtres humains et une assimilation hâtive entre le phénomène « musulman » et nos propres comportements vis-à-vis de notre église risque de nous faire passer à côté de la réalité.
Textes parus dans Tribune internationale, n° 50, juillet 1989, p. 24-27
DEMONSTRATION AGAINST SALMAN RUSHDIE IN BEIRUT (Photo by Maher Attar/Sygma via Getty Images)
Sur l’affaire Rushdie
La situation en Iran et la prise de position de Khomeiny
Comme on le sait, c’est avec l’intervention de l’Imam Khomeiny (et celle del’Etat iranien en tant que tel) quel’affaire Rushdie prend une ampleur mondiale, fait les gros titres de tous les journaux, entraîne des conséquences diplomatiques (rupture des relations diplomatiques de l’Iran avecl’Angleterre, etc…)
Article paru dans Workers Hammer,No 106, April 1989, p. 1-3
Manifestation anti Rushdie in London, United Kingdom on May 27, 1989. (Photo by Marc DEVILLE/Gamma-Rapho via Getty Images)
Salman Rushdie wrote The Satanic Verses for the Asian population of Britain. It is a scathing indictment of that experience in Mrs Torture’s nasty, racist society. It does not alibi, either, the hideous oppression in those societies from which the Asian immigrants came – products of British colonial rule and the Zias, Gandhis and the rest who then took over. A work of secular humanism, The Satanic Verses is not only anti-racist but also anti-sexist, unsparing in its criticism of the barbaric treatment of women under orthodox Hinduism and fundamentalist Islam. Rushdie is irreligious in a profound way, and thus has earned denunciation from all the forces of bourgeois/clerical reaction – not only the imams, but the Archbishop of Canterbury, the pope, the French cardinal Decourtray have denounced this « blasphemy ». Meanwhile, the race-hating fascistic scum moved in on the backlash afforded by the Muslim fundamentalist book burners to step up attacks on Asians: National Front graffiti daubed on shops and homes now add an obscenely incongruous slogan for these race-hate terrorists: « Leave Rushdie in peace ».
Article paru dans Workers Hammer, No 105, March 1989, p. 12-9
Tehran, Iran: Young students march in the streets of Tehran chanting, ‘Death to Salman Rushdie and America’ while holding posters of Ayatollah Khomeini and Salman Rushdie, condemning him to death. Thousands of people demonstrated in Tehran after a religious decree or « Fatwa » was issued by Ayatollah Khomeini, calling Salman Rushdie a blasphemer and his book the Satanic Verses an insult to Islam and Prophet Mohammad, and therefore condemned to death. (Photo by Kaveh Kazemi/Getty Images)
CENSORSHIP BY ASSASSINATION
When Ayatollah Khomeini issued his decree of death against novelist Salman Rushdie and the Viking/Penguin publishers of his Satanic Verses, a shudder spread around the world. Here was the ultimate statement of theocratic totalitarianism: not only must the book be banned, but its author executed for the « crime » of having written it. It was a throwback to the days when heretics were burned at the stake and witches boiled in oil. Suddenly the dark past of the Inquisition was no further than the local shopping centre. There it was, the benighted superstition of the Middle Ages in the middle of the Computer Age.
Article paru dans Workers Hammer, No 104, February 1989, p. 1-9
Muslims praying on Westminster Bridge, London, UK 1989. Near the Houses of Parliament during an anti-Salmon Rushdie demonstration after the publication of The Satanic Verses.
On 14 January, 1500 Muslim fanatics gathered in front of the town hall in Bradford, West Yorkshire and burnt copies of Salman Rushdie’s Satanic Verses. It grotesquely recalled the medieval Christian inquisition and book-burning orgies of Hitler’s stormtroopers. Confirming the controversial novel’s characterisation of the fundamentalist motto « Burn the books and trust the Book », the protesters accused Rushdie’s latest book of blasphemy. Leading them all was an unholy alliance of Bradford’s Council of Mosques and prominent Labour Party councillors, including ex-mayor Mohammed Ajeeb. One book-burner vowed, « Our next move will be to ensure the book is banned in the whole world. If he [Rushdie] comes here, I tell you he will be dead » (Independent, 21 January). Another demonstration in London two weeks later brought out large numbers of Muslims – reportedly overwhelmingly male – to protest the book. This frenzy of Islamic fundamentalism could provoke a wider racist backlash engulfing fundamentalist and secular minorities alike. Down with religious obscurantism! Let Satanic Verses be read!
Article paru dans Le Bolchévik, avril 1989, p. 4-5 et 14.
DEMONSTRATION AGAINST SALMAN RUSHDIE IN PARIS (Photo by Alain Nogues/Sygma/Sygma via Getty Images)
30 mars – Depuis bientôt deux mois, un homme vit terré quelque part dans la campagne anglaise. Dans le monde entier, des milliers d’autres hommes, qui ne l’ont jamais vu, qui ne savent pas qui il est, ont juré de sacrifier leur vie pour l’assassiner, parce qu’il a écrit un livre qu’ils ne liront jamais et qui décrit l’expérience douloureuse des immigrés indiens et pakistanais dans la Grande-Bretagne raciste de Thatcher.
Article paru dans Le Bolchévik, n° 91, mars 1989, p. 5
24 février – La mobilisation réactionnaire autour du roman de Salman Rushdie, les Versets sataniques, jugé « blasphématoire » par Khomeiny, est devenue en quelques jours un monstrueux délire meurtrier. A peine les derniers soldats soviétiques partis d’Afghanistan, les intégristes islamistes se sont senti le vent en poupe. L’imam Khomeiny avait déjà préparé le Xe anniversaire de son régime obscurantiste par le massacre de milliers d’opposants iraniens dans ses prisons. Aujourd’hui, le maître de Téhéran vient de lancer l’ordre ahurissant de traquer et tuer Salman Rushdie et ses éditeurs, avec en prime un à trois millions de dollars et la promesse d’être élevé à la condition de « martyr »… « La flèche est déjà lancée vers son objectif », déclare un de ses lieutenants. Et ces fous de dieu ne plaisantent guère !
Article paru dans Le Prolétaire,n° 400, février-mars-avril 1989, p. 2
Demonstrators in Tehran call for the death of Indian-British writer Salman Rushdie after a fatwa was issued by Ayatollah Ruhollah Khomeini condemning him to death for blasphemy after the publication of his novel ‘The Satanic Verses’, February 1989. The women are holding models of the Holy Qur’an and carrying a banner reading ‘We will kill Salman Rushdie’. (Photo by Kaveh Kazemi/Getty Images)
Le livre de Salman Rushdie est l’occasion d’une furieuse bataille de propagande, ou, de part et d’autre, tous les versets de l’idéologie bourgeoise sont utilisés à fond pour bourrer le crâne de la population et la mobiliser en soutien des classes dominantes et de leurs Etats. Passons en revue toutes ces canailles qui font dans cette affaire assaut d’hypocrisie.
Article de John Barrett paru dans Here and Now, no. 9, 1989, p. 3-5
Muslims marching along street, Peter’s street Derby, protesting against Salman Rushdie’s book The Satanic Verses, 15th March 1989. (Photo by Staff/Mirrorpix/Getty Images)
After a brave foray into leafleting a Leeds March, John Barrett examines he Muslim mobilisation against the « Satanic Verses » and the liberal Rationality enshrined in Western notions of ‘freedom’.
Article paru dans Wildcat, no. 13, Summer/Autumn 1989, p. 5-6
Copy of Static Verses. March 10, 1989. (Photo by Steven Siewert/Fairfax Media via Getty Images).
And it shall come to pass that I will put thee in the cleft of the rock, and I shall take away my hand, and thou shalt see my back parts.
(God, Exodus XXXIII).
Left Wing Reaction in Britain.
The anti-racist theme of the Satanic Verses gives the lie to those who say that Muslim reaction to the book in Britain is a reaction against racism. It goes without saying that people who call for the banning of an anti-religious and anti-racist novel are as reactionary and dangerous as right-wing Christian scum who prosecute gay newspapers. This includes Bernie Grant, Keith Vaz and other Labour MPs. These people are the allies of the Islamic leaders, who defend a reactionary set of social relations which oppress women, divide the working class, and imprison children who happen to be born of Asian parents in a cultural ghetto, when their interests are in breaking out and becoming integrated into the rest of the working class. Multiculturalism is just another racist ideology.
Correspondance parue dans Solidarity. Journal of Libertarian Socialism, 22/23, Winter 1989-90, p. 20-22
Less than a great historical service
From ALISON WEIR, London:
In an extremely diffuse and ill-thought-out article (‘Who is Afraid of Satan?‘, Solidarity, Autumn 1989), ‘A El-Noor’ purports to address the possibility that Salman Rushdie has « set off a chain reaction of cultural criticism of religion in Islamic countries ». In addition, Rushdie’s The Satanic Verses has apparently « rendered Islamic civilisation a great historical service ». A El-Noor clearly wishes the Islamic countries well, and by ‘well’ he means that they should accommodate their need for scientific knowledge and technological expertise within the framework of Islam, or else abandon Islam. Not a very helpful or illuminating suggestion, if I may say so.
Article d’A. El-Noor paru dans Solidarity. A Journal of Libertarian Socialism, 21, Autumn 1989, p. 3–8
Anti Rushdie protestor’s move down St. Peter’s street Derby 15th March 1989. (Photo by Staff/Mirrorpix/Getty Images)
By setting off a chain reaction of cultural criticism of religion in Islamic countries, writes A EL-NOOR, Salman Rushdie has rendered Islamic civilisation a great historical service
Article de Richard Hoggart paru dans Lignes, n° 8, 1989/4, p. 21-31
Il serait quelque peu pervers de la part d’un écrivain anglais de parler, aujourd’hui, des droits et des devoirs, des libertés et des responsabilités des artistes de cette fin du XXe siècle, sans faire le point sur l’affaire qui nous préoccupe en Grande-Bretagne depuis déjà six à huit mois (1) : la publication des Versets sataniques, le dernier livre de Salman Rushdie.
Article de Pierre Mertens paru dans Lignes, n° 6, 1989/2, p. 29-40
The 14th evening of the « Cesars » in Paris, France in February, 1989 – Claudia Cardinale, Isabelle Adjani, Cesar for the best actress with « Camille Claudel » by Bruno Nyutten, Michel Drucker. On this occasion Isabelle Adjani, voted the best actress for the third time in her career, reads an excerpt from « Vesrets Sataniques » by Salman Rushdie. (Photo by Pool ARNAL/SIAUD/Gamma-Rapho via Getty Images)
Bien sûr, l’imam Khomeiny n’a pas lu les Versets sataniques. Depuis quand les tyrans prendraient-ils la peine de lire des romans ?
Son hégémonie se voit, seulement, un peu contestée, depuis quelque temps, au sein du grand empire islamique. C’est à partir de l’automne 88 qu’en Inde, au Pakistan, au Arabie Saoudite, et même à Bradford, en Grande-Bretagne, le livre impie remue les fidèles, et qu’on le brûle publiquement.
Le suprême ayatollah laisserait-il aux sunnites l’initiative de l’intolérance ? Aux Saoudiens qui sont, en priorité, ses rivaux ?
Chronique de Maurice Audebert parue dans Raison présente, n° 90, 2eme trimestre 1989, p. 126-128
Protesting Against Salman Rushdie’s book in Paris, France on February 26, 1989. (Photo by Mohamed LOUNES/Gamma-Rapho via Getty Images)
D’après les informations d’hier « les tueurs sont en marche ». J’ignore ce qu’il en sera dans quelques semaines, quand paraîtra cette chronique : peut-être déjà arrivés puisque, par ces temps, la barbarie s’affiche en toute bonne conscience ; sans compter que, comme ils le promettent, si ce n’est pas demain ce sera plus tard car la police se lassera bien un jour de protéger le « criminel ». Salman Rushdie, comme on l’aura compris. D’après ces mêmes informations, un millier de musulmans ont manifesté dans les rues de Paris, et dont certains criaient « à mort ! » ; dans la foule, on voyait des gamins, particulièrement véhéments ; sur le petit écran. Monsieur Le Pen, qui se frottait les mains : « ce que vous voyez là, ce n’est que l’avant-garde ; demain ils seront des millions et c’en sera fait de vos libertés. » Pendant ce temps d’autres condamnent mais s’interrogent car il paraît qu’il faut laisser leur chance aux « libéraux » de là-bas.
Manifestation d’intégristes musulmans contre le livre de Salman Rushdie ‘Les versets sataniques’ à Paris le 26 février 1989, France. (Photo by Mohammed LOUNES/Gamma-Rapho via Getty Images)
L’OCCIDENT DANS TOUS SES ETATS
L’apparent tollé qu’a soulevé en Occident la condamnation à mort de Rushdie par Khomeiny n’est pas la simple conséquence d’une adhésion sans réserve aux libertés, à la démocratie ou à la tolérance. Les mécanismes de l’indignation, la manière dont ils ont fonctionné avec embarras et même avec d’énormes contradictions (nous y reviendrons plus loin), indiquent précisément que l’inconscient collectif occidental a été sérieusement mis à mal par cet épisode.
Dossier paru dans Inprecor,n° 285, 3 avril 1989,p. 25-28
British muslims demonstrate at anti-Rushdie rally on May 27, 1989 in London, United Kingdom. (Photo by Marc DEVILLE/Gamma-Rapho via Getty Images)
Rushdie dans la tempête
LES VERSETS SATANIQUES, de Salman Rushdie ont été interdits dans la plus grande partie du monde islamique, et même en Inde et en Afrique du Sud, pays « laïques ». En France notamment, les éditeurs ont « retardé » sa parution, mais dans les pays où il est disponible, malgré (ou à cause) de la campagne pour son interdiction, ou son boycott, les ventes montent en flèche.
Entretien de Maxime Rodinson avec Robert Bonnaud et Michel Wieviorka paru dans La Quinzaine littéraire, n° 537, du 1er au 31 août 1989, p. 9-10
Manifestation d’intégristes musulmans contre le livre de Salman Rushdie ‘Les versets sataniques’ à Paris le 26 février 1989, France. (Photo by Mohammed LOUNES/Gamma-Rapho via Getty Images)
Spécialiste de l’islam et du monde arabe, Maxime Rodinson est également connu pour ses idées marxisantes, ainsi que pour ses prises de position en faveur des Palestiniens et de plusieurs revendications arabes dès 1948. Ses ouvrages sur Mahomet (Le Seuil, 5e éd., Coll, Points, 1979), Islam et capitalisme (Le Seuil, 1966), Marxisme et monde musulman (Le Seuil, 1972) ont eu un écho et une influence considérables. Il achève actuellement, pour les Editions de La Découverte, une nouvelle édition de la Fascination de l’Islam.
Article de Maxime Rodinson paru dans Le Monde, 14 mai 1983
A man bleeding with head injury is taken away by friends when Hezbollah forces attack leftist students on the street outside Tehran university campus, on the occasion of Cultural Revolution, 21st April 1981. The Cultural Revolution (1980-1987) was a period following the 1979 Islamic Revolution in Iran where the academia of Iran was purged of Western and non-Islamic influences to bring it in line with Shia Islam. (Photo by Kaveh Kazemi/Getty Images)
LA puissance des mots est étonnante. Il parait impossible d’obtenir qu’on renonce à ce que les scolastiques appelaient le réalisme : raisonner comme si les mots recouvraient une réalité bien déterminée, comme s’ils étaient autre chose que des étiquettes pour des concepts aux limites vagues et fluctuantes, se chevauchant, débordant les uns sur les autres.
Mon dernier texte intitulé « Iran : pour en finir avec le mythe de la révolution islamique » a été mis en ligne aujourd’hui sur le site de Middle East Eye.
Manifestation contre le shah d’Iran à Téhéran, janvier 1979 (AFP)
Article de Catherine Decouan paru dans La Gueule ouverte, n° 254, 28 mars 1979, p. 6.
Protesters against the veil, protected by young men, march in central Tehran March 10th on the third day of demonstrations for women’s rights in the Islamic Republic of Ayatollah Khomeini.
Rien ne vaut les images, rien ne vaut le récit en direct. Tout ce qu’on avait pu lire dans la presse sur le soulèvement des femmes iraniennes ne m’a pas touchée autant que ce qui s’est donné à voir et à entendre dans cette salle de la Mutualité bondée où Kate Millet racontait avec un luxe de détails son séjour auprès des femmes de Téhéran. « En Iran, la lutte des femmes est en danger. C’est une lutte qui se mène constamment dans le danger, mais la chose extraordinaire, c’est qu’il s’agit du premier mouvement féministe de l’Islam. L’expérience de l’Iran est la plus émouvante que j’ai eue en tant que féministe et la plus constructive des actions en faveur de la libération, de l’égalité des droits ». Delphine Seyrig prêtait sa voix inimitable et ses connaissances linguistiques à la traduction simultanée, le visage éclairé de son inextinguible sourire (je me demande toujours comment elle fait, elle doit avoir un truc) tandis que Kate parlait, nous racontant tout, vraiment tout, mais si sympa, si humaine, si vivante.
Mobilisation du mouvement ouvrier international pour sauver les 12 militants du P.S.T.
Le peuple Kurde une nouvelle fois crucifié, les organisations ouvrières et démocratiques interdites, les syndicats ouvriers d’Abadan menacés, toutes les publications non conformes à l’orientation de Khomeini interdites, des centaines de journalistes, des milliers de militants ouvriers en prison. Voilà les résultats de l’offensive réactionnaire, contre la révolution iranienne.
Appel du Comité Solidarité ouvrière internationale contre la répression en Iran (CSOIRI) paru dans Le Prolétaire, n° 372, 22 avril au 19 mai 1983, p. 4.
4 années de luttes courageuses et de répression sauvage
Il y a 4 ans l’insurrection des masses iraniennes avait permis la chute du régime du Shah. Cette insurrection était l’aboutissement d’un vaste et courageux mouvement de lutte de la classe ouvrière et des classes exploitées et des minorités opprimées d’Iran.
En IRAN, c’est la Révolution. Les masses ont balayé la dictature impériale et démantelé ses institutions, semant la panique dans tous les milieux bourgeois réactionnaires à l’échelle mondiale.
Article paru dans Le Prolétaire, n° 282, 27 janvier-8 février 1979
Rassemblement de mollahs dans le cimetière de Téhéran, en janvier 1979, pendant la révolution iranienne, Iran. (Photo by Michel SETBOUN/Gamma-Rapho via Getty Images)
Nous écrivions dans le numéro précédent de ce journal, à propos de l’Iran, que le chiisme était contraint, devant l’approfondissement du mouvement social, de conserver une attitude d’opposition intransigeante de façade « pour chercher à contrôler le mouvement social, éviter l’armement de la population et la guerre civile généralisée, et donner ainsi le temps à l’impérialisme de se ressaisir et de disposer ses cartes ».
Article paru dans Le Prolétaire, n° 277, 18 novembre-1er décembre 1978, p. 1-2.
En une quinzaine d’années, l’économie iranienne a été successivement entraînée par le sabre dans la tourmente de la transformation des campagnes, puis littéralement happée par le tourbillon d’un développement industriel exponentiel permis par l’accroissement vertigineux de la rente pétrolière. Le coup de frein brutal mis à cette course délirante dont tous les membres étaient maintenus ensemble par la poigne de «l’armée la plus moderne du monde», devait projeter le pays dans une crise sans précédent. Cette crise a mis en mouvement des masses humaines immenses, révélant le décalage extrême entre le modernisme économique importé grâce à un Etat totalitaire et puissamment centralisé, agent d’un industrialisme généralisé, et une arriération sociale qui n’a pu encore être dépassée.
C’est une erreur de voir l’ensemble du mouvement social en Iran sous un angle strictement religieux. Si les religieux ont pu prendre la tête du mouvement populaire c’est grâce à leur implantation traditionnelle dans la société civile et surtout parce qu’ils avaient à leur disposition :
A crowd of Iranian women gathers to hear a speech by President Hashemi Rafsanjani on the 14th anniversary of the 1979 revolution. One woman holds up a picture of the late Ayatollah Khomeini. (Photo by David Turnley/Corbis/VCG via Getty Images)
CHAPITRE XII
Khomeyni et la « primauté du spirituel »
(1979)
L’article reproduit ci-dessous se voulait une mise au point au milieu de ce qui semblait constituer un flot de divagations. En tout cas, il est encore un témoin de l’atmosphère où baignait l’intelligentsia de gauche (et parfois de droite) d’Europe et d’Amérique, au moment où la révolution abattait le chah d’Iran sous le drapeau de l’Islam chiite et dans la période qui suivit immédiatement. Il fut publié dans Le Nouvel Observateur du 19 février 1979 (n° 745, pp. 18-19).
Article de Mohammed Harbi paru dans Les Cahiers d’Article 31, n° 1, premier trimestre 1990, p. 93-95
Anti-Salman Rushdie demonstration by Muslims, London, 1990’s. (Photo by: PYMCA/Universal Images Group via Getty Images)
La campagne que les islamistes de tous bords ont mené contre Salman Rushdie, les menaces qu’ils font peser sur sa vie constituent un nouvel épisode de l’assujettissement forcé des intellectuels, et au-delà d’eux, de la société au pouvoir sacerdotal.
Article d’Asselin paru dans La Gueule ouverte, n° 253, 21 mars 1979, p. 20.
La radio ? J’écoute pour savoir l’heure. Entre deux tops, j’entends des choses. Entre autres, on me dit d’un ton roucouleur que le Tchador (deuxième mot de l’iranien assymil après l’anapurnah-Khomeiny) n’est en fait qu’un cache-misère. Vous voyez : le genre blouse grise qu’on avait tous à l’école publique pour que s’efface la différence de classe. C’est aussi, comme à l’armée, l’uniforme, l’unique forme, qui unifie et vous fait pareil. Luxueusement pareil.
Le retour en Iran de l’ayatollah Rouhollah Khomeini, le guide de la Révolution de la République islamique, en février 1979. (Photo by François LOCHON/Gamma-Rapho via Getty Images)
FL – Tu te revendiques comme anarchiste. Tu es Iranien et tu penses qu’actuellement, de par le fait que tu es anarchiste, cela ne sert à rien de retourner, pour toi, en Iran ?
R – Non, je ne dis pas que cela ne sert à rien, c’est-à-dire que pour retourner en Iran, il faut être au moins un groupe ; individuellement, mon action n’aurait pas une grande portée en Iran parce que je me retrouverais seul. La situation n’est pas claire, on ne sait rien, on ne sait pas si le régime va tenir ses promesses et s’il y aura un climat de liberté en Iran pour qu’on puisse mener une action, pour qu’on puisse faire une propagande réelle, introduire des idées anarchistes au sein des Iraniens
Many have described Ali Shariati as the « ideologue » or the « architect » of the Iranian Revolution of 1979 (1). He has been represented as both an intellectual, who from a radical Islamic viewpoint, offered a vigorous critique of Marxism and other « Western fallacies » (2), and as a reformationist Islamic writer who was simultaneously « influenced by Marxist social ideas » (3).
There is little disagreement on Shariati’s role in transforming and refining the ideological perspective of millions of the literate Iranian youth. Shariati provided his audience with a firm and rigorous ideological means, by re-interpreting Islam through « scientific » concepts employed by the modern social sciences, an interpretation which the traditional Islamic clergy were incapable of formulating.
Extrait de l’entretien de Maxime Rodinson avec Gilbert Achcar réalisé en 1986 et paru dans Mouvements, n° 36, novembre-décembre 2004, p. 75-76
Political prisoners, who have recanted their views and now support the Islamic Republic, take part in a press conference at the high security Evin Prison in Tehran, Iran, 10th February 1986. (Photo by Kaveh Kazemi/Getty Images)
L’intégrisme islamique est une idéologie passéiste. Les mouvements intégristes musulmans ne cherchent pas du tout à bouleverser la structure sociale, ou ne le cherchent que tout à fait secondairement. Ils n’ont modifié les bases de la société, ni en Arabie Saoudite, ni en Iran. La « nouvelle » société que les « révolutions islamiques » établissent ressemble de façon frappante à celle qu’elles viennent de renverser. Je me suis fait réprimander en 1978 lorsque j’ai affirmé, de manière très modérée, que le cléricalisme iranien ne laissait présager rien de bon. Je disais « au mieux, Khomeiny sera Dupanloup, au pire Torquemada ». Hélas, c’est le pire qui est arrivé.