Article signé G. Bernier paru dans Le Libertaire, n° 347, 12 février 1953, p.3
ENFIN ce livre est paru en français (1).
Pour ceux qui avaient eu l’occasion de connaître cet ouvrage édité à New-York en 1942 et qui avaient ressenti à la lecture cet enthousiasme que l’on n’éprouve que pour quelques livres dans une vie, c’est une joie profonde.
Les accusés lors du procès de Prague, en 1952. ARTE
ÉDITÉS pour la première fois en 1936-38 « Les procès de Moscou » sont réédités périodiquement et chaque fois dans un pays différent du glacis stalinien. Les personnages variant seulement, les juges d’hier jouant bien souvent le rôle des accusés du jour, « ces procès » n’intéressent plus, n’émeuvent plus.
Article paru dans Le Libertaire, n° 28, 10 mai 1946, p. 2
On a beaucoup parlé, on parle encore beaucoup, plus peut-être qu’il n’eût été logiquement, utile, du livre d’Arthur Koestler « Le Zéro et l’Infini », dernièrement paru. Sans doute faut-il voir dans cet engouement pour une œuvre somme toute assez banale, le fait que l’auteur fournit ainsi aux adversaires du communisme une arme non négligeable à la veille des élections. N’est-on pas allé jusqu a dire qu’un des secrétaires du premier parti de France — quand on écrit ces mots on pense immanquablement à Thorez, le grand patriote clairvoyant et courageux (!) qui fut en effet un des premiers partis de France… comme déserteur en 1939 — aurait rendu visite à l’éditeur pour lui demander de limiter le tirage de ce livre qui, en notre époque de dithyrambes staliniens, produit un effet comparable à celui d’un pavé jeté dans une mare à grenouilles, un soir d’été. N’a-t-on pas insinué aussi — pure calomnie, bien sûr — que le parti visé aurait fait effectuer des achats massifs de l’ouvrage en question afin de retirer de la vente au public le plus grand nombre possible d’exemplaires. Tout cela est, ma foi, fort possible mais je ne suis pas de ceux qui affirment ce qu’ils ignorent.
ADN-ZB/Junge/18.6.1953/
Faschistische Provokation im demokratischen Sektor von Groß-Berlin am 17.6.1953
U.B.z.: Blick auf das von Faschisten in Brand gesetzte HO-Geschäft im Columbiahaus am Potsdamer Platz.
NOUS avons dénoncé, la semaine dernière, l’exploitation par la presse bourgeoise réactionnaire, des événements de Berlin-Est. De l’Aurore à Franc-Tireur, des rangs de la bourgeoisie la plus pourrie aux rangs de l’ignoble social-démocratie, on brûlait dans la joie le drapeau de la révolution, on chantait les bienfaits des pays libres, on faisait les louanges de la démocratie capitaliste vers laquelle se tournaient les ouvriers de Berlin-Est.
DANS un coup de tonnerre, le prolétariat allemand de la zone soviétique annonçait, le 17 juin, aux travailleurs du monde qu’il était encore un fois à l’avant-garde du mouvement ouvrier.
Article d’André Julien paru dans Le Libertaire, n° 78, 22 mai 1947, p. 3
TELLE était, on s’en souvient, l’ahurissante question que posait, il y a un certain temps, un hebdomadaire communiste. Outre qu’il y a un parti pris quasi ecclésiastique à s’avancer sur de telles positions, nous ne comprenons pas à quelles échelles de valeur peut bien se référer une telle condamnation ; à moins que ce ne soit le côté noir qui heurte tant ces rouges, et qu’ils n’estiment « néfaste » au « processus historique » la lecture de pareils éloges du pessimisme.
Si l’action se déroule dans le même cadre et le même milieu que « Fontamara » (1) nous n’avons retrouvé que par éclairs l’âpreté et la vigueur de ce dernier roman. Là, des personnages taillés à la cognée évoluaient sur de la lave, ici ils sont ciselés par un poète. Nous préférions le bûcheron, et la première manière convenait mieux à ce peuple de « cafoni », véritables serfs du XXe siècle, à ces régions dures et hostiles.
L’ŒUVRE de Benjamin Péret, auteur surréaliste, militant révolutionnaire, est assez connue — et appréciée — de tous ceux qui suivent l’actualité sociale de ces quelque vingt dernières années, pour qu’il soit inutile de présenter notre ami à nos lecteurs.
Nous sommes heureux de pouvoir, aujourd’hui, insérer un texte de B. Péret sur « l’indépendance des pays arriérés » écrit spécialement à l’intention du « Libertaire ».
J’ai le plaisir d’informer mes amis et lecteurs que je serai l’invité de l’émission « Trous Noirs », diffusée en direct ce lundi 7 novembre, de 16h à 18h, sur Radio Libertaire (89.4 MHz FM à Paris).
Article signé Jean-Claude paru dans Le Monde libertaire, n° 589, 4 avril 1985, p. 8
Washington: Chadli Bendjedid, President of Algeria speaking with President Reagan nearby.
DEPUIS plus de vingt ans, l’Algérie est indépendante. La bureaucratie et la bourgeoisie nationale ont pris le relais des colons français pour exploiter à leur tour le peuple. La situation économique, sociale et politique est catastrophique. Le bilan pour les travailleurs est donc bien maigre.
Article signé Jean-Claude paru dans Le Monde libertaire,n° 588, 28 mars 1985, p. 8
ALGIERS, ALGERIA – NOVEMBER 30: Francois Mitterrand and Chadli Bendjedid on November 30, 1981, in Algiers, Algeria. (Photo by Jean-Claude FRANCOLON/Gamma-Rapho via Getty Images)
LE F.L.N. comme si vous y étiez. Ce parti obéit à la même logique qui mène tous les partis. Chadli Bendjedid, actuel responsable du parti, après Boumediene, a imprimé à l’Algérie de 1985 un caractère réaliste, remettant en cause la politique économique de l’après-révolution. De cette révision découle un revirement d’alliances. Et pour ce faire, il y a eu nécessité d’une épuration dans l’appareil gouvernemental. La deuxième partie de cet article fera le point sur le situation du socialisme algérien et le façon dont il est vécu par la population.
Éditorial paru dans Le Monde libertaire, du 30 novembre au 6 décembre 2000.
Paul Aussaresses en 2000 : « Je n’éprouve pas de remord pour la torture en Algérie ». Source : INA
La pratique de la torture et la liquidation physique des opposants algériens à la colonisation française a donc été un fait quotidien tout au long de la guerre d’Algérie. Les aveux publics d’au moins deux généraux directement impliqués dans ces assassinats font qu’aujourd’hui l’État français va devoir digérer cette ignominie pour sauver l’essentiel, à savoir la pérennité de l’armée et des services secrets barbouzes.
Article de Sylvain Eischenfeld paru dans Le Monde libertaire, n° 891, 3 au 9 décembre 1992
Jean-Pierre Biondi et Gilles Morin seront les invités de l’émission « Histoire sociale » sur Radio Libertaire, le samedi 5 décembre de 22 heures à minuit.
Notre camarade Sylvain Eischenfeld nous présente leur livre, Les Anticolonialistes.
Article de Maurice Joyeuxparu dans Le Monde libertaire, n° 352, 3 avril 1980
Voici un ouvrage qui, à plusieurs titres, nous replongera dans nos souvenirs ! Guérin, avec beaucoup de minutie, retrace non seulement ce que fut l’insurrection algérienne, mais également l’histoire de la constitution d’un parti nationaliste, dont la figure de proue fut Messali Hadj ! Naturellement, cette première partie nous introduit dans les querelles entre les tendances au sein du mouvement national algérien, querelles qui étaient inévitables au sein d’un parti où le communisme stalinien d’abord, le trotskisme, puis le nationalisme, s’agitaient dans un ensemble où le marxisme et l’Islam constituaient un mélange idéologique détonant. La gauche, et même l’extrême gauche romantique et naïve, fut étroitement mêlée non seulement à la libération du peuple algérien, mais à toutes les querelles de boutiques qui agitèrent le PPA. J’allais dire avec délices… ! En tout cas, elle y retrouvait tous ses fantasmes, ceux du jacobinisme, du blanquisme patriote et socialiste, celui de la fameuse période intermédiaire chère à Lénine, et j’en passe. Je suis toujours étonné de voir des militants ouvriers se laisser aller à un tel confusionnisme qui porte en lui l’échec et la responsabilité de tous les malheurs qu’ont subis les mouvements révolutionnaires depuis cent-cinquante ans, celui de l’Algérie comme les autres. Et pourtant, devant l’insurrection algérienne, et le livre de Guérin nous le montre, la situation était claire.
Article de Maylis O’Brian paru dans Le Monde libertaire, 30 septembre au 6 octobre 1999
Ma meilleure potesse me l’avait dit : si tu ne dois lire qu’un livre dans l’année, lis « les égorgeurs ». Bonne pomme, je suis donc allée à la rue Amelot et… Une tronche de milit (mal rasé, qui plus est) en première page, un bandeau noir éjaculant un grand prix « ni dieu ni maître » dont je n’avais jamais entendu causer, ça démarrait pas vraiment fort.
Article de Nicole T. paru dans Le Monde libertaire, n° 865, 2 au 8 avril 1992
Un film, écrit Laura L. dans le Monde libertaire du 27 février (n° 860), doit dire « sa vérité toute intérieure ». « Il n’y a d’événements que dans et par le récit », ajoute-t-elle. Elle évoque ainsi pour « Ciné sélection » le très long métrage (4 heures) de Bertrand Tavernier et Patrick Rotman sur la guerre d’Algérie, La Guerre sans nom. Le film, selon elle, manque de réflexion, et la France y « trouve son consensus ». Ici Nicole T. pense au contraire qu’il mérite d’être vu. « Sans y chercher une œuvre d’art, mais… plutôt un témoignage et un outil d’enseignements ».
Interview de Jean-Louis Hurst alias Maurienne réalisée par Sylvain Eischenfeld et publiée dans Le Monde libertaire, n° 842, 24 au 30 octobre 1991.
A l’heure où l’on célèbre les trente ans de la fin du conflit algérien, Jean-Louis Hurst, alias Maurienne, animera un forum à la librairie du Monde Libertaire, le samedi 26 octobre, à 16 h 30.
Ce forum aura pour base son livre, Le Déserteur, publié en 1960 aux éditions de Minuit, et réédité dernièrement par Manya.
En avant-première, l’auteur, nous livre son sentiment sur son engagement au côté de la résistance algérienne et sur le non-engagement, conférant à une criminelle passivité, de la société française de l’époque.
Article de Maurice Joyeux parudans Le Monde libertaire, n° 122, mai 1966
C’en intentionnellement que j’ai signalé, contrairement à la coutume, le nom du préfacier de cet ouvrage mince par son volume mais capital, non pas par son contenu, banal, hélas ! par ces temps de barbarie, mais par la valeur symbolique qu’il revêt. — Henri Alleg, voyons, souvenez-vous ? Il y a quelques années, dans la même édition, un autre livre paru, qui était signé Henri Alleg. Le titre : « la Question » ! Déjà à cette époque un certain nombre d’intellectuels distingués s’agitaient autour de ce livre comme ils le font aujourd’hui. Les mêmes peut-être, si on excepte quelques-uns aujourd’hui installés confortablement à Alger.
Article de Mato-Topé paru dans Le Monde libertaire,n° 978, 8 au 14 décembre 1994
Bab El Oued City a été réalisé dans l’urgence et dans des conditions à la fois pénibles et dangereuses : dans les rues d’Alger de 1993, la terreur règne et il ne fait pas bon être saltimbanque. De cette situation de quasi guerre civile, le film porte évidemment les stigmates et quelques scories formelles bien mineures. Car, jamais comme dans Bab El Oued City, la question de la forme ne paraît aussi secondaire.
Article signé M.C.L. paru dans Le Monde libertaire, n° 519, 23 février 1984
IL en a été de la révolution algérienne comme de la révolution russe et comme de tant d’autres révolutions à la mode de la course au pouvoir sans partage d’un parti ou d’une clique : le cannibalisme politique y a fait des ravages. Un cannibalisme d’un genre un peu particulier, cependant, en ce qui concerne l’Algérie. Un cannibalisme qui non seulement a dévoré ses propres enfants mais également son ou ses pères. Un cannibalisme œdipien, donc !
Article de Maurice Joyeux paru dansLe Monde libertaire, n° 86, janvier 1963
Une littérature d’Afrique du Nord est née. Depuis la conquête on avait beaucoup écrit sur l’Afrique du Nord, sans avoir vraiment pénétré au fond de l’âme d’un peuple d’ailleurs le plus souvent insaisissable. Le mystère, le pittoresque, l’héroïsme formèrent la toile de fond d’ouvrages qui depuis « L’Atlantide » de Pierre Benoît firent défiler devant nos yeux le gentil petit bédouin, la belle garce, le marchand juif, l’officier au grand cœur, sans oublier le « bourricot » aux longues oreilles, personnage le plus réel d’une humanité destinée à nous présenter la vie coloniale en tranches suivant les meilleures recettes d’une littérature moralisante à l’usage des petites bourgeoises grandes consommatrices d’exotisme de pacotille.
Article paru dans Le Libertaire, n° 141, 6 août 1948, p. 3
C’est avec plaisir que nous accusons réception (et les surréalistes voudront bien nous excuser du retard) d’un tract intitulé « A la niche, les glapisseurs de Dieu », signé par Breton, Maurice Henry, Pierre Mabille, Benjamin Péret et bien d’autres encore.
Article de René Michel paru dans Le Libertaire, n° 174, 25 mars 1949, p. 3
Sous le titre « La Commune de Cronstadt, crépuscule sanglant des Soviets » (1), Ida Mett nous donne un exposé bref et saisissant des origines de Cronstadt révolutionnaire, de son insurrection contre la bureaucratisation bolchevique, de sa mort héroïque. On sait quel avait été, tant en 1904-1906 qu’en février et en octobre 1918, le glorieux passé révolutionnaire de la flotte russe, particulièrement en Mer Noire, dans la Baltique et à Cronstadt. Comment pourrait-on croire dans les accusations de Lénine, Trotsky, Staline, unis dans le mensonge, lorsqu’ils tentent de nous présenter le Cronstadt de 1921 qui exigeait la liberté des soviets, des ouvriers et des paysans, et la fin de la dictature d’un parti, celui des Bolcheviks, comme contre-révolutionnaire ? Ida Mett fait justice des calomnies venant d’un parti qui soutenait la bureaucratisation parce qu’il s’appuyait sur elle pour maintenir le peuple en esclavage, au nom d’un étatisme tout puissant.
Recension de Charles Durand paruedans Le Libertaire, 11 septembre 1947, p. 3
A nous, ce livre édité par « Franc-Tireur » n’apprendra pas grand’chose ; mais, de ce qui se passe de l’autre côté des Pyrénées, le grand public ignore tout : celui qui, de nos jours, cherche une voie où s’engager, trouvera, nous en sommes sûrs, quelques éclaircissements utiles sur ce qui a lieu dans la péninsule ibérique, sous le joug des prêtres, des ignobles Requetés et autres phalangistes. En Espagne, actuellement, ce sont les jésuites et les militaires qui dirigent. Au reste, nous avons vu pendant cette dernière guerre ce qu’était le véritable fascisme, celui des camps de concentration et des fours crématoires hitlériens.
Recension parue dans Le Libertaire, n° 79, 29 mai 1947, p. 3
Sous ce titre parut à Genève, au lendemain même de Sedan, un ouvrage rédigé en quelques nuits par Bakounine, au retour de la tentative insurrectionnelle prolétarienne de Lyon.
Texte d’André Breton paru dans Le Libertaire, n° 225, 21 avril 1950, p. 3
C’est jusqu’au 29 avril 1950 qu’aura lieu à la Galerie Mirador : « Visions de France », peintures de G. Vivancos. Dans le dépliant édité à cette occasion par la Galerie Mirador, André Breton nous présente l’artiste en ces termes :
OU le surréalisme s’est pour la première fois reconnu, bien avant de se définir à lui-même et quand il n’était encore qu’association libre entre individus rejetant spontanément et en bloc les contraintes sociales et morales de leur temps, c’est dans le miroir noir de l’anarchisme. Au nombre des hauts lieux où nous nous retrouvions, en ce lendemain de la guerre de 1914, et dont la puissance de ralliement était à toute épreuve, comptait cette fin de la « Ballade Solness », de Laurent Tailhade :
Article de Nordine paru dans Le Monde libertaire, n° 833, 20 au 26 juin 1991
ALGER APRES LES EMEUTES. 8th June. (Photo by SIDALI-DJENIDI/Gamma-Rapho via Getty Images)
L’Algérie connaît à nouveau de sombres événements : l’était d’urgence décrété pour quatre mois met en évidence les difficultés éprouvées par le régime FLN pour sortir le pays du marasme et endiguer l’avancée politique du FIS.
Triste alternative pour le peuple, qui compte les points, partagé entre la peste et le choléra.
Article de Jean-Paul Rocher paru dans Le Monde libertaire, n° 584, 12 septembre 1985
MÊME si à l’occasion on n’hésite plus des deux côtés de la Méditerranée à chanter les louanges de la coopération franco-algérienne, l’exemple de la « question des enfants séparés de l’un des parents » est là pour nous rappeler que bien des problèmes ne peuvent être abordés sans au préalable multiplier un luxe de précautions.
Article de Maho-Tope paru dans Le Monde libertaire, n° 334, 29 novembre 1979, p. 3
Enfants dans une rue de la casbah d’Alger, en avril 1979, Algérie. (Photo by Michel HUET/Gamma-Rapho via Getty Images)
En France, les commentateurs « autorisés » parlent volontiers d’une libéralisation pour qualifier l’évolution de l’Algérie depuis la mort de Boumédiene. Jamais cette notion de libéralisme ne parut aussi ambiguë. En effet, si l’on considère le libéralisme sous l’angle du rapport population/police (un des angles possibles, évidemment !), l’Algérie de Houari Boumédiene apparaissait comme beaucoup plus « libérale » que la France de Giscard ou de Pompidou. La « peur du flic » était pratiquement inconnue en Algérie : il était courant de voir de simples passants tenir tête à des policiers qui les réprimandaient. L’espace urbain n’était pas quadrillé par un dispositif policier ; la nuit, les contrôles routiers ne revêtaient pas le déploiement de force que connaît la capitale française : les armes restaient dans leur étui. Donc d’une part il y avait un certain laisser-aller de la part des policiers, et d’autre part, une nonchalance de la population vis-à-vis des injonctions des forces policières. Conséquence directe : le code de la route restait symbolique et les rues appartenaient autant aux piétons qu’aux voitures ; plus grave, les réglementations sur l’hygiène publique demeuraient très largement lettre morte. Admiratrices ferventes de l’efficacité des pays développés, les classes dirigeantes regrettaient le désordre urbain et soupiraient en pensant à l’ancien surnom d’Alger « la blanche ». Elles ne faisaient que rejoindre là les nostalgiques de l’ordre colonial durant lequel le peuple savait se tenir à sa place et ne venait pas salir les belles allées de la capitale.
Article d’Yves B. paru dans Le Monde libertaire, n° 678, 22 octobre 1987, p. 10
Portrait of African-American writer Chester Himes, 1970. (Photo by Afro American Newspapers/Gado/Getty Images)
DÉCÉDÉ récemment, Chester Himes est (avec Richard Wright) le romancier noir américain le plus connu et, à notre humble avis, le meilleur. Mais cette reconnaissance a été tardive. Si Chester Himes est resté longtemps incompris, c’est à cause de la division opérée entre ses romans « classiques » et ses polars (qui l’ont fait connaître en France), considérés comme pas sérieux. Pourtant, après une lecture attentive, on s’aperçoit que son œuvre possède une certaine cohérence. Lui seul a su traduire aussi bien les problèmes de la communauté noire contemporaine.
Article de Brahim paru dans Le Monde libertaire, n° 652, 26 février 1987, p. 8
Un an après avoir été secouée par des tremblements de terre, Constantine l’a été par des émeutes. Des étudiants, des lycéens, des jeunes sont descendus dans la rue. Comme leurs aînés en 1985 à Alger, Ghardaïa, Tizi Ouzou, ils ont affronté les forces de l’ordre pour de meilleurs conditions de vie. L’Algérie est dans la rue et la contestation n’est pas l’apanage d’une organisation politique.
Textes parus dans Le Monde libertaire n° 722,20 octobre 1988, p. 6
Pillages et incendies lors des émeutes le 6 octobre 1988 à Alger, Algérie. (Photo by SIDALI-DJENIDI/Gamma-Rapho via Getty Images)
L’ALGÉRIE a été à feu et à sang durant plusieurs jours. Pour comprendre ce qui se passe aujourd’hui, il faut connaître la situation d’un pays où la crise et la jeunesse ne font pas bon ménage.
Article de Rahsepar paru dans Le Monde libertaire, n° 333, 22 novembre 1979
Le texte qui suit est la retranscription par le groupe de Fresnes-Antony d’une réunion tenue le mois dernier dans son local, avec des camarades anarchistes iraniens.
Le camarade Rahsepar qui a réalisé l’exposé suivant, réside en France depuis 1971. Il a traduit en persan des textes de Bakounine, Jean Grave, Malatesta, Voline, et a contribué au cours d’un séjour en Iran, après le renversement du Shah, à la création du premier groupe anarchiste d’expression persane, le groupe Malatesta.
Article d’Alain Sauvage paru dans Le Monde libertaire, n° 295, 4 janvier 1979, p. 12
C’est maintenant un vaste mouvement populaire qui paralyse l’ensemble de l’économie iranienne. Désormais, aucune issue ne paraît possible sans le départ du Shah. C’est là en effet le seul véritable point commun entre les centaines de milliers de manifestants qui défilent chaque jour dans les rues de Téhéran et des principales villes du pays.
Article d’Hélène Varelin paru dans Le Monde libertaire, n° 280, 21 septembre 1978, p. 2
Photo : Christophe CHICLET
Mardi 10, 15 000 personnes, selon la presse, se réunissaient pour manifester de la République à la Bastille à Paris (côté parcours non plus, le changement n’est pas pour demain).
Article de Marie-Madeleine Hermet paru dans Le Monde libertaire, n° 279, 14 septembre 1978, p. 1-8
Tehran, Iran: Demonstrators carry photo of Ayatollah Khomeini during anti-shah demonstration.
TEHERAN est en état de siège ; la loi martiale y est proclamée, comme elle le fut à Ispahan au milieu du mois d’août dernier. Depuis plus d’une semaine, les manifestations s’amplifiaient par le nombre et par le ton dans la capitale et dans une dizaine de grandes villes. Celle du 7 septembre, interdite par le Shah, fut si importante, les soldats « fleuris » par les manifestants étaient encore si émus, si hésitants, que le « frère musulman militaire ne tira pas sur le frère musulman en révolte. Le matin du 6 septembre, Libération avait titré : « Que va faire l’armée ? » Dans la soirée du 8, toutes les radios donnèrent la réponse : l’armée a tiré et les armes, en une seule fois, ont fait 203 morts, devenus 50 dès le lendemain dans la presse officielle du Shah, selon l’AFP, le samedi 9 septembre.
Article d’A. Coursan paru en trois parties dans Lutter !, n° 10, mars 1985, p. 19 ; n° 11, avril 1985, p. 19 ; n° 13, été 1985, p. 18-19
L’UTCL apporte son soutien actif au peuple kanak en lutte pour son indépendance. Ce n’est pas la dernière lutte de décolonisation, et ce n’est pas non plus la première.
En 1954 éclatait l’insurrection en Algérie. Les indépendantistes algériens ont pu compter dès le premier jour sur le soutien des communistes-libertaires d’alors, organisés dans la Fédération Communiste Libertaire (FCL). Le ministre de l’Intérieur de l’époque, François Mitterrand, n’a pas ménagé ses coups. Le premier militant ouvrier emprisonné pour son opposition à la guerre d’Algérie était un militant de la FCL.
Nous commençons une série d’articles avec des faits, des analyses, et la publication de documents introuvables, dont la reproduction d’exemplaires de l’hebdomadaire de la FCL, « Le Libertaire », saisis par l’État français.
MILITANT anarchiste en France en Espagne (1) rallié aux Soviets après 1917, opposant quelques années plus tard, Victor Serge n’a plus besoin d’être présenté. Personne n’a oublié « Les Hommes dans la prison, Naissance de notre force, l’An 1 de la révolution, Ville conquise, S’il est minuit dans le siècle, L’Affaire Toualev », chronique romancée de la lutte révolutionnaire de sa génération, Et pour nous qui prenons la relève, la lecture des articles de journaux, visionnaires, prophétiques que Serge légua au mouvement ouvrier nous sont toujours précieux.
Article de Breffel paru dans Le Libertaire, n° 63,10 janvier 1947, p. 3
Hungarian-born British writer Arthur Koestler, right, at the head office of publishers Jonathan Cape with G Wren Howard. Original Publication: Picture Post – 1671 – Do We Read Better Books In Wartime – pub. 1944 (Photo by Felix Man & Kurt Hutton/Picture Post/Hulton Archive/Getty Images)
La traduction du livre de Koestler a suscité en France une double querelle : certains y ont cherché la psychologie des victimes des Procès de Moscou ; d’autres y ont vu une critique du régime soviétique. Le choix exclusif d’un point de vue est ici assez vain. Les deux se justifient, s’il est vrai qu’il y a dans un livre, outre l’apport de l’auteur, ce que le lecteur y ajoute.
Article paru dans Le Libertaire, n° 30, 24 mai 1946, p. 2
« La mort de tout homme me diminue, parce que je fais partie du genre humain. Ainsi donc, n’envoie donc jamais demander pour qui sonne le glas : il sonne pour toi. »
(Hemingway.)
Au moment où les écrivains américains avec Faulkner, Miller, Steinbeck, Saroyan se disputent la critique sur le seul plan technique ; l’anglais Arthur Koestler, juif hongrois d’origine, devient le sujet d’une controverse beaucoup plus profonde. « Le Zéro et l’Infini » prend l’allure d’un manifeste.
Ma dernière chronique intitulée « Classisme », vient de paraître dans Le Monde libertaire, n° 1829, juin 2021, p. 29.
CLAREMONT CA NOVEMBER 13, 2015 — Numerous flyers printed with students personal experiences of racism and classism on campus and the administration’s lack of response are posted around Claremont McKenna College campus in Claremont. (Irfan Khan / Los Angeles Times via Getty Images)
Article de D. Levi paru dans Le Libertaire, n° 58, 6 décembre 1946, p. 3
George Orwell est un des esprits les plus vivants parmi les travaillistes de gauche en Angleterre, ceux qui considèrent la « Tribune » comme leur organe et Aneurin Bevan comme leur chef ; braves gens qui croient honnêtement possible d’user du gouvernement comme d’un champ d’essai pour la construction d’une espèce de « Socialisme Libertaire », auquel ils attribuent la capacité d’agir dans le monde comme contre-poison préventif et curatif, face au développement toujours plus étendu de l’esprit d’autorité.
Article de Jean Vita paru dans Le Libertaire, n° 251, 12 janvier 1951, p. 2
POUR la noblesse de son style et de sa pensée qui contrastent tellement avec la manière constipée de Gide, Albert Camus a rapidement acquis sur la jeunesse de ce temps une influence virile et virilisante, qui relaie heureusement celle du tortueux Ménalque.
Maria Casarès et Serge Reggiani dans la pièce de théâtre ‘Les justes’ d’Albert Camus au théâtre Hébertot à Paris, France, le 14 décembre 1949. (Photo by KEYSTONE-FRANCE/Gamma-Rapho via Getty Images)
IL est assez audacieux de vouloir évoquer la pureté en prenant pour héros un assassin ; dans sa dernière oeuvre Camus arrive à exposer magistralement ce problème malgré la situation paradoxale de son personnage. Cette nouvelle pièce marque un progrès sur ses précédentes créations et surtout sur l’« Etat de siège ». Le côté purement théâtral se trouve encore trop à l’arrière-plan et l’idée domine tout sans aucune concession au goût du public : mais ici, chez Hébertot, on constate avec satisfaction que la mise en scène est au service de l’oeuvre au lieu de se servir d’elle.
Article d’André Julien paru dans Le Libertaire, n° 155, 12 novembre 1948
Dress Rehearsal Of The Play Etat De Siege By Albert Camus, From The Plague, At The Marigny Theatre In Paris On October 28, 1948. (Photo by Keystone-France/Gamma-Keystone via Getty Images)
On connaît nos sympathies pour les idées, l’oeuvre et la personne d’Albert Camus. On connait aussi les siennes pour notre action. Les lecteurs du Libertaire ne seront donc pas surpris si nous leur disons que la nouvelle pièce de l’auteur du Malentendu, présentée au théâtre Marigny par J.-L. Barrault, et dont le texte paraîtra sous peu (à la N.R.F.), est foncièrement et formellement anarchiste. Voici d’ailleurs quelques titres qu’avait choisis Camus avant ne s’en tenir à : l’État de Siège:La question, les Monstres froids (l’État, selon le mot de Nietzsche), et, d’après un titre de Sade, Les Crimes de l’État.