Tract du Parti du peuple algérien, 1er novembre 1974, 4 p.
En ce jour qui marque le 20ème anniversaire du déclenchement de la Révolution Algérienne toutes nos pensées vont aux martyrs qui de 1830 à 1962 ont fait don de leur vie pour que vive l’Algérie indépendante et libre. De plus nous nous inclinons devant la Mémoire de celui qui a été le père du nationalisme algérien moderne, Messali Hadj.
Article paru dans Egalité – La République algérienne, Ve année, n° 129, 6 juin 1948 ;suivi de « A propos du comité algérien d’aide à la Palestine« , 18 juin 1948 ; « Au comité algérien d’aide à la Palestine », 25 juin 1948
La cause palestinienne a ému profondément la population musulmane d’Algérie, qui vient d’exprimer sa solidarité aux Arabes palestiniens par la fondation d’un comité d’aide.
Article de Maxime Rodinson paru dans La Voie communiste, n° 23, juin-juillet 1961
L’INDEPENDANCE algérienne est maintenant en vue, malgré toutes les « péripéties » qui peuvent encore surgir, qui surgiront certainement. Les problèmes d’après l’indépendance, posés théoriquement depuis longtemps, commencent à acquérir une certaine urgence. Les deux problèmes les plus importants sont évidemment le caractère interne du futur Etat algérien, avant tout son caractère social, puis les rapports extérieurs de cet Etat. Parmi ceux-ci, les plus immédiats sont sans doute les rapports avec les deux autres pays maghrébins, Tunisie et Maroc. Il est clair que le problème intérieur, social et le problème extérieur sont étroitement liés.
Article paru dans L’Internationaliste, organe de la Gauche communiste, 3e année, n° 14, 15 mai 1948, p. 3;suivi de « Trêve en Palestine », paru dans L’Internationaliste, n° 15, juillet 1948, p. 3
Plus on se rapproche du 15 mai et plus il apparait probable que le partage de la Palestine sera réalisé sans provoquer de conflit armé de grande envergure. L’intervention de l’ONU se limitera sans doute à l’instauration d’un organisme chargé d’opérer la coordination entre les Etats juif et arabe, et d’imposer les mesures médiatrices nécessaires au démarrage de la coexistence de ces deux Etats. Malgré leur rivalité d’ordre surtout économique, les impérialismes britannique et yankee désirent manifestement aboutir à la pacification du Proche-Orient, pacification indispensable à la préparation de la guerre contre leur ennemi commun, l’impérialisme russe, qui ne pourrait que profiter du trouble provoqué par une guerre entre Juifs et Arabes, dans une région dont l’importance stratégique et économique n’est plus à démontrer. Palestine, Liban, Syrie, Transjordanie, sont en effet les pays par où passent les pipe-line amenant sur la côte méditerranéenne le précieux pétrole de l’Irak et de l’Arabie. Du contrôle sur les raffineries et les ports libanais et palestiniens dépend le ravitaillement en combustible de toute flotte opérant en Méditerranée orientale, sur les rives de laquelle l’expansion russe ne saurait être tolérée. Il fallait donc trouver enfin une solution au conflit palestinien, et il faudra lui assurer, au besoin par la force, une certaine viabilité.
Article paru dans Dernière Heure, 8 septembre 1954 suivi de « Toujours les mêmes ! », paru dans Alger Républicain, 8 septembre 1954
Ces derniers sont accusés de déviationnisme
LESincidents entre membres du M.T.L.D. en Algérie ont leur écho dans la presse parisienne. M. Henry Benazet écrit notamment, ce matin, dans l’« Aurore » :
Article de Raphaël Valensi paru dans La Vérité,n° 194, 31 octobre 1947, p. 2
Prenant la relève du « Pilori », « L’Epoque » réclame le « numerus clausus »
Certes, la presse réactionnaire ne peut encore se payer le luxe de manger ouvertement du juif, car les confrères qui l’ont précédée dans cette besogne sont un peu gênants. Le souvenir de « Je suis partout » et du « Pilori » est encore trop vivace. C’est pourquoi l’antisémitisme, arme traditionnelle de la réaction, n’est utilisée actuellement que d’une manière insidieuse. Lors du drame de l’« Exodus », « L’Epoque » trouva indécent que l’on pleure sur les rescapés des fours crématoires lorsque tant d’authentiques et valeureux Français moisissent encore à Fresnes.
M. ETIEMBLE a publié dernièrement, dans la n.N.R.F., un essai inattendu sur quelques écrivains nord-africains, qu’il a intitulé « Barbarie ou Berbérie ? » (1).
J’aurais voulu répondre, sur les points qui me concernent d’abord, d’une manière moins confuse à Etiemble, mais je reste saisi devant, sinon ses intentions, du moins son propos, qui me paraît tortueux ! A la première lecture, on comprend tout de suite qu’il est contre. Mais contre quoi ? Il ne le dit nulle part, pourtant il est résolument « contre ». Contre tout, à ce qu’il m’a semblé de prime abord ; sans le dire tout en le laissant entendre, il est contre.
Article de Marceau Pivert paru dans Correspondance Socialiste Internationale, n° 78, novembre 1957, p.4-5
L’assassinat d’Ahmed Bekhat, secrétaire général de l’Union des Syndicats des Travailleurs Algériens, à Colombes, le 27 octobre, venant après celui de Ahmed Semmache, le 20 septembre, de Mellouli Saïd, le 24 septembre, de Hocine Maroc, le même jour, tous dirigeants de l’U.S.T.A., les quatre balles tirées dans le dos de Filali Abdallah, rue d’Enghien, le 7 octobre, et bien d’autres « règlements de comptes » révoltants entre nationalistes algériens nous obligent, en tant que militants socialistes, donc anticolonialistes, à poser ouvertement la question aux responsables du F.L.N. : PRENNENT-ILS OUI OU NON LA RESPONSABILITE DE CES CRIMES FRATRICIDES ? ILS DOIVENT LES CONDAMNER ! Le M.N.A., lui, par la voix de son représentant le plus qualifié, Messali Hadi, a lancé un appel émouvant pour que les nationalistes algériens cessent immédiatement ce genre de compétition à coups de mitraillettes. Nous l’en félicitons ! Nous avons déjà déploré que l’épouvantable massacre de Melouza n’ait pas été l’objet d’une ENQUÊTE INTERNATIONALE IMMEDIATE, qui aurait rencontré une sympathie unanime de tous les milieux socialistes et démocratiques du monde, afin de tirer au clair l’origine du drame, et d’en découvrir les auteurs et les mobiles.
Article de Jean Rous paru dans La Pensée socialiste, n° 13, mars-avril 1947, p. 17-18
A l’occasion d’un bref séjour sur la magnifique terre d’Algérie, nous n’avons pu que recueillir des impressions et des suggestions générales, et nous n’allons point, après tant d’autres, nous donner le ridicule de résoudre en quelques lignes un problème infiniment complexe, aux lieu et place des intéressés eux-mêmes, c’est-à-dire de 1 million d’Européens, de 7 millions de musulmans et de leurs meilleurs représentants.
Le Cercle décide tout d’abord d’adresser à la presse une protestation contre l’arrestation de Masmoudi et son transfert en Tunisie. En voici le texte :
Sur mandat d’un tribunal militaire de Tunis, Masmoudi, président de la Fédération du Néo-Destour en France, est arrêté et aussitôt extradé. Aucun motif valable n’est donné pour justifier cette procédure expéditive.
La presse française fait toujours le plus grand silence sur ce que pensent et disent les leaders des mouvements nationaux d’Afrique du Nord. Cependant, pour savoir ce que ceux-ci pensent et ce qu’ils veulent, le mieux est de les écouter. C’est pourquoi nous avons publié il y a quelques mois une lettre du Tunisien Bourguiba à son fils et que nous reproduisons ci-dessous la lettre ouverte adressée par Ferhat Abbas, le principal représentant de l’un des deux mouvements nationaux algériens, à Martinaud-Deplat, lors du récent voyage de ce dernier en Algérie.
LE modernisme semble, si nous en croyons certains, avoir bousculé de nombreux préjugés, de nombreuses croyances qui ont marqué si profondément le passé. Et, de fait, la croyance en Dieu, par exemple, est moins vive, moins tenace, de même que les nationalismes et les revanchismes déclinent depuis que les gens ont appris à se connaitre par-delà les frontières.
Ce numéro de Partisans ne serait à mon avis très utile si quelqu’un ne semait pas un peu d’inquiétude entre tant de certitudes affirmées. C’est cette tâche un peu ingrate qui m’incombe ici. Nos lecteurs sont des militants de la gauche révolutionnaire, et c’est leur orthodoxie que je mets ici en question. Je ne doute pas en effet qu’ils ne soient très largement prévenus contre la propagande israélienne et sioniste qui, en France, rencontre un écho qu’il est devenu inutile de décrire. Une chose est de combattre une idéologie et une propagande néfastes, une autre est de prendre conscience d’un certain nombre de réalités gênantes.
Article d’Albert Memmi paru dans Eléments, revue du Comité de la gauche pour la paix négociée au Moyen-Orient, n° 1, décembre 1968, p. 3-4
Albert Memmi, droits réservés, collection du MAHJ (source)
PARMI les carences et les erreurs de la gauche européenne, pendant ces dernières décades, l’Histoire retiendra probablement sa méconnaissance du renouveau, ou de la solidité, du fait national ou ethnique, principalement chez les peuples opprimés.
21st June 1976: South African rioters in Soweto use cars as roadblocks during unrest stemming from protests against the use of Afrikaans in schools. (Photo by Keystone/Getty Images)
Forces d’encadrement de la paysannerie pauvre et de la petite bourgeoisie intellectuelle du « tiers monde », organismes patentés de la récupération et du sabotage des luttes parcellaires du prolétariat, bras armés de la restructuration étatique des capitalismes faibles, les fronts patriotiques, les fractions nationalistes ou régionalistes, occupent une place de choix dans le spectacle de la mystification politique, dans le jeu sanglant de la mise en coupe des populations récemment passées sous le signe du salariat…
Article de Monique Gadant paru dans Critique Communiste, n° 120-121, juillet 1992, p. 45-52
Afin d’éclairer et de comprendre la nature de ce qu’on appelle le mouvement des femmes en Algérie, ses objectifs et les difficultés qu’il rencontre, il est nécessaire de revenir en arrière, voire même de se situer dans une perspective un peu historique. Je m’efforcerai ce faisant d’être aussi objective que possible.
Ouarda, la grande chanteuse algérienne a revêtu au Caire la tenue de combat, pour chanter avec ses frères de la troupe Nationale Algérienne la beauté de leur révolution. Elle aussi à sa façon est une militante. (Faîza n° 20 déc. 61)
— Comment s’est posée la question de la participation des femmes au début de l’insurrection ?
— Je crois qu’il faut d’abord situer la position de la société féminine à la veille de l’insurrection. La question de la femme était débattue dans des cercles très restreints et portait surtout sur le voile. A part le parti communiste, personne ne posait réellement la question. Un certain nombre de gens dans le mouvement nationaliste avaient conscience de la nécessité de la participation des femmes, mais cette conscience, par exemple dans le M.T.L.D., se heurtait au traditionalisme de la base du mouvement. A Skikda, en 1951, le M.T.L.D. a fait une expérience avec une jeune fille en classe de Maths Elem. Elle a été chargée de contacter des femmes de militants dans les faubourgs de la ville et de discuter avec elles des questions politiques. Petit à petit elles en sont arrivées à lui parler de leurs problèmes familiaux, de leurs relations au sein de la famille, avec leurs frères aînés, leurs maris, etc. A l’époque, personne n’était en mesure ou ne voulait répondre aux questions posées. Au début de l’insurrection, la participation des femmes a été résolue au coup par coup d’une manière spontanée. Dans les villes, ce sont essentiellement des filles, mal à l’aise dans leur famille, en général des lycéennes, qui ont essayé de rejoindre le maquis. Cela n’a pas été toujours facile parce que les maquis eux-mêmes n’acceptaient pas les femmes. Je connais le cas d’une jeune fille qui a voulu rejoindre le maquis le la région de Guelma ; elle a été renvoyée : on lui a dit que les maquis n’étaient pas pour elle, qu’elle était une jeune fille de famille et qu’il n’était pas question de l’accepter. Elle a fait deux ou trois tentatives avant d’être gardée quelque temps dans le maquis ; elle a d’ailleurs été très vite arrêtée. Le responsable de cette région à l’époque était l’actuel responsable de la région militaire de Constantine, le colonel Hadjerès. Il n’acceptait pas de bon gré les femmes au maquis.
Article de Monique Gadant paru dans les Cahiers du féminisme, n° 61, été 1992, p. 38-39
les Femmes algériennes dans la guerre de Djamila Amrane
Trente ans après la fin de la guerre de libération, ce travail important d’une historienne, qui fut elle-même une de ces femmes dans la guerre, nous donne à voir ce que fut cette participation.
Article paru dans Pouvoir ouvrier, n° 44, octobre 1962, p. 10
Opinion d’un de nos lecteurs américain
Jusqu’à ces dernières années, le mouvement noir le plus important était le NAACP (Association pour l’Avancement des Gens de Couleur), qui préconisait de faire ouvrir aux noirs les portes de la société américaine par des moyens exclusivement légaux.
Article paru dans Lutte de classe, pour le pouvoir des travailleurs, avril 1962, p.1-3
Le Gouvernement algérien vient d’obtenir une indépendance relative.
Ce résultat est sans rapport avec les sacrifices consentis par des millions de travailleurs algériens. Dans le nouvel Etat, les paysans n’auront pas la terre, les ouvriers seront exploités dans les usines par des patrons « nationalistes ».
Article de Louis Janover et Bernard Pêcheur paru dans Sédition, n° 1, juin 1961, p. 6-12
« Plus loin que le réveil de l’amour-propre des peuples longtemps asservis qui sembleraient ne pas désirer autre chose que de reconquérir leur indépendance… nous croyons à la fatalité d’une délivrance totale. Plus encore que le patriotisme qui est une hystérie comme une autre, mais plus creuse et plus mortelle qu’une autre, c’est l’idée de patrie qui est vraiment le concept le plus bestial, le moins philosophique dans lequel on essaie de faire entrer notre esprit. »
Article paru dans Combat communiste, n° 106, du 20 septembre au 20 octobre 1985
Depuis quelques mois, une campagne dénonçant le colonialisme français se développe en Algérie. L’enquête, menée parallèlement avec le quotidien « Libération », sur la découverte du charnier de Khenchela, n’a pas été une simple initiative des médias algériens, alors que Chadli était aux USA.
Texte de Richard Wright paru dans Franc-Tireur, 16 décembre 1948, p. 1 et 4
Richard Wright
VOICI le texte du grand écrivain américain Richard Wright lu par lui, dans la liberté totale de son expression, à la grande Rencontre internationale des écrivains du monde, suscitée par le R.D.R.
De race noire, l’admirable romancier de Native Son et de Black Boy lance avant tout ici un cri d’opprimé, de révolté à la face du monde et des deux Etats géants dont la querelle maintient l’humanité dans l’angoisse et dans la peur.
Article paru dans Pouvoir ouvrier, n° 85, juillet-août 1967, p.7-13
La crise du Proche-Orient, dont on pouvait redouter les prolongements les plus graves sur le plan international, a provoqué dans la population française une extraordinaire poussée passionnelle. Deux guerres mondiales n’ont, à coup sûr, rien appris aux habitants de ce pays : le bourrage de crâne, à peine moins sot qu’en 1914, conserve la plus large efficacité ; les informations truquées et tronquées sont avalées sans discussion par un bon peuple qui se pique pourtant d’être le moins conformiste de la terre, et il n’a même pas manqué un petit contingent de « révolutionnaires » prêts à découvrir les meilleures raisons de faire l’union sacrée avant même que le premier coup de feu ne soit parti. Mais il est vrai, que face aux bénisseurs des armées de l’Etat sioniste et de ses alliés anglo-américains, les défenseurs du « socialisme arabe » et de ses fournisseurs russes, se portaient au secours de régimes qui n’ont certainement rien à voir avec la libération des travailleurs ou même le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Nasser n’est pas Hitler et Israël n’est pas une tendre colombe entourée de vautours. Mais Nasser et ses alliés arabes, y compris ceux d’Alger, quel que soit le rôle positif qu’ils ont joué naguère dans la lutte contre les impérialismes, ne sont plus maintenant que des exploiteurs aussi féroces qu’incompétents des travailleurs arabes – que les Russes ou demain les Chinois leur accordent leur soutien, ne change rien à l’affaire.
Article paru dans Pouvoir ouvrier, n° 33, octobre 1961, p. 4-5
Les travailleurs vivent avec un système de pensée imprégné d’idées et de formules qu’on leur a inculquées depuis leur enfance soit à l’école primaire, soit au cinéma, la radio, à la Télé ou dans les journaux. Ces idées empêchent les travailleurs de prendre conscience de certaines réalités élémentaires et de leur rôle dans la société. C’est la classe dominante qui les diffuse pour maintenir les travailleurs dans leur rôle d’exploité. Le racisme, le patriotisme, les notions de bon citoyen, d’honnête travailleur, etc… sont autant de formules qui encombrent les esprits et empêchent les ouvriers de résoudre leur propre problème et entretiennent chez la plupart la confusion intellectuelle souvent la plus totale.
Nous extrayons, de « L’Ecole Républicaine », bulletin de la section d’Alger du Syndicat national des instituteurs et institutrices de l’Union Française, n° 7 d’avril 1953, cette partie d’un texte de notre camarade Doukhan, instituteur à Alger, paru sous le titre « Le Problème colonial ».
Nos camarades et nos amis lecteurs se rendront compte ainsi que nos militants sont présents partout où se mène la lutte révolutionnaire.
EXTRAIT d’un article intitulé « La Patrie », paru dans l’organe nationaliste « La République Algérienne » du 1er juin 1951 :
« …Soyons très fiers d’être Algériens musulmans, rendons à notre pays le tribut d’admiration que les étrangers eux-mêmes ne lui refusent pas. Soyons fiers de notre origine ; nul peuple ne descend d’une race plus vaillante et plus généreuse… Algérien… quand, dans un très proche avenir, ton pays sera débarrassé entièrement de l’odieux joug colonial qui l’opprime, jeune soldat, tu t’exerceras dans le métier militaire, tu défendras le drapeau, tu te feras craindre et respecter… tu entoureras d’un culte reconnaissant la mémoire des martyrs de la liberté, tu obéiras aux lois, tu payeras l’impôt sans murmurer, tu honoreras les magistrats, tu voteras avec réflexion et conscience… » (1).
AUCUN élément marquant en Algérie. Rien de nouveau outre-mer, si ce n’est le retour au calme après la fièvre électorale. Là encore, nos prévisions — la prophétie était sans risque — se sont réalisées : truquages et violence d’une part, d’autre part, abstentions considérables (30 à 40 %, selon les centres) et enfin infime représentation de « gauche ». Autre événement : la démission du proconsul Naegelen Marcel-Edmond. En bref, rien qui vaille la peine qu’on en parle. Cela me permet de reprendre ce projet que j’avais fait, de reparler du problème nationaliste Dans le « Lib » du 16 février 1951, notre camarade Saïl Mohamed, au long d’un excellent article (La mentalité Kabyle), mettait en relief la duperie nationaliste et le farouche fonds d’individualisme tempéré de fédéralisme du peuple kabyle.
L’ETABLISSEMENT des grands empires coloniaux qui atteignirent leur apogée dans la seconde moitié du siècle passé obéit à des causes presque essentiellement économiques que le marxisme définit d’ailleurs valablement. Les puissances dites coloniales, une fois installées sur le sol conquis, qu’ont-elles fait ? Quelle sera la résultante de l’action divergente des colonisateurs et des colonisés ?
A relever dans le numéro de novembre de cette revue d’extrême-droite, dont les prétentions à la largeur de vues dissimulent mal le rabâchage des mythes réactionnaires les plus éculés, un article de Th. Maulnier, sur les résultats de la crise internationale de Septembre. L’auteur, ancien collaborateur de l’Insurgé, et qui continue de s’insurger avec la plus grande véhémence contre la possibilité de la révolution européenne, explique avec une louable franchise les raisons de la répugnance des partis de droite à faire la guerre à Allemagne :
Article paru dans Le Bolchévik, n° 88, novembre 1988, p. 1, 6 et 7
Les bourgeoisies française et internationale ont poussé un soupir de soulagement quand, le 11 octobre, le lendemain du discours du président Chadli, les médias ont annoncé le « retour à l’ordre » en Algérie. Mais dans le silence assourdissant, résonnaient encore, dans les têtes des Algériens, le staccato sinistre des armes automatiques et les cris des blessés et des agonisants. L’« ordre » imposé dans le sang est lourd de rage contenue contre un régime qui n’hésite pas à tirer à la mitrailleuse sur des adolescents et des enfants. Est-ce pour ça que sont morts un million d’Algériens dans leur lutte contre la terreur coloniale française ?
Tract de la Fédération d’Alger du MNA, 19 décembre 1960
Une fois de plus, le peuple Algérien tout entier vient d’affirmer dans les rues d’Alger son désir à la liberté et de prouver au monde par son action courageuse, que rien ne le fera reculer pour faire triompher sa part à la justice et à la dignité humaine.
Depuis le 9 décembre 1960, pendant plusieurs jours, l’Algérie a connu des événements graves. Les 11, 12 et 13 décembre ont vu le sang couler dans les rues d’Alger, d’Oran, de Bône et de leurs banlieues. Des centaines de tués, des milliers de blessés, voilà le bilan de ces événements. Mais ce ne sont pas seulement les « forces de l’ordre » qui ont mitraillé les Algériens ; il est établi officiellement que plusieurs dizaines d’Algériens ont été assassinés par des Européens. Ils se sont acharnés sur des vieillards et même des enfants qui jouaient. Cette férocité des « pieds noirs » contre les nôtres s’est particulièrement déployée à Bab-El-Oued, à Belcourt et au Ruisseau. C’était sous les hurlements de « l’Algérie française » que les hordes de LAGAILLARDE, de SUSINI et d’ORTIZ massacraient de pauvres innocents ; elles ont ainsi vidé leur haine bestiale et leur racisme odieux et, de ce fait, elles ont tué les mythes de la « fraternisation » et de tous les mensonges que leur « Echo d’Alger » leur « Dépêche Quotidienne d’Alger » n’ont cessé de scribouiller depuis le 13 mat 1958.
Article de Luiza Maria paru dans Inprecor, n° 319, du 23 novembre au 6 décembre 1990, p. 7
« Le Koweït est une partie du Nedj (1) (…). L’Arabie saoudite est une partie de l’Irak, l’Irak est une partie de la Syrie, elle-même partie intégrante de la Palestine (…). Nous sommes tous partie intégrante les uns des autres et formons une terre arabe et un seul peuple arabe (…). Ce qui est arrivé entre le Koweït et l’Irak est négatif pour le projet d’unité arabe. Je suis contre l’invasion et contre l’exode des femmes et des enfants. » Ainsi s’exprimait le colonel Kadhafi, le 1er septembre 1990, devant le Congrès général du peuple libyen (2).
Un mois après, il appelait à boycotter le pèlerinage annuel à la Mecque et, le 1er novembre 1990, il s’instituait « dirigeant du monde islamique ».
Editorial suivi d’une interview de Sami Naïr par Daniel Bensaïd parus dans Critique Communiste, revue mensuelle de la Ligue communiste révolutionnaire, n° 35, novembre 1984, p. 3-4 et p. 21-27
Photos publiées dans El Djeich, novembre 1984, p. 98
Il y a trente ans en Algérie Le 1er novembre des parias et des opprimés
EN ce jour de Toussaint 1954. quelques centaines de militants nationalistes algériens attaquaient, à travers toute l’Algérie, des commissariats de police et des postes de gendarmerie. Leurs moyens étaient dérisoires face à la puissance de l’impérialisme français. Pourtant, le 1er novembre 1954 reste dans l’histoire comme le lancement de la guerre de libération. L’action du 1er novembre répondait à l’attente du peuple algérien dominé, exploité et humilié depuis la conquête française. Ce peuple, dont la lutte pour sa libération n’avait pas cessé, désespérait devant l’attentisme ou le légalisme de ses dirigeants nationalistes. Le 1er novembre 1954 fut l’étincelle qui mit le feu à la plaine, au lendemain de la défaite du colonialisme français en Indochine et tandis que s’intensifiait la lutte pour l’indépendance au Maroc et en Tunisie, sous protectorat français.
Discours de Maxime Rodinson prononcé lors de l’attribution du prix de l’Union rationaliste 1997 à Mohammed Harbi et paru dans Les Cahiers Rationalistes, n° 523, mars 1998, p. 7-13
Je dois dire que j’ai été enthousiasmé, qu’une bouffée d’ardeur juvénile m’a pénétré quand une lettre de l’Union rationaliste m’a appris qu’elle décernait, cette année, son prix à Mohammed Harbi. Je fus d’autant plus enthousiaste, je l’avoue, que j’étais assez mécontent de diverses attitudes qui s’exprimaient depuis quelque temps dans les publications de l’Union. J’en étais même irrité et, à certains moments, prêt à envoyer ma démission. Je ne l’ai pas fait parce que je suis un peu rationnel et que je sais que toute association manifeste sur certains points des erreurs d’appréciation qui ne portent pas atteinte à sa ligne directrice, à l’utilité de son combat. Tout en souffrant de voir que, selon ma perception, le critère de rationalité auquel, par son titre même, l’Union s’engageait à être fidèle, me paraissait parfois dominé, dans ces occasions, par une soumission à la doxa, à la vulgate répandue dans le grand public (et très souvent chez les intellectuels), largement adoptée, en partie sous l’influence de réactions des plus légitimes. Mais il ne m’en paraissait pas moins que l’on violait gravement ce critère de rationalité notamment de lorsqu’on aboutissait à sacraliser tout un peuple, à l’affranchir des obligations morales exigées de tout autre peuple au point de rendre tabou toute critique à des membres (individuels ou collectifs) de celui-ci, en assimilant cette critique à une complicité envers ses ennemis, voire ses bourreaux. L’argument invoqué pour ce traitement spécial, les souffrances immenses, indéniablement subies par un peuple, ne sauraient rationnellement parlant, exempter toujours et partout tous ses membres et toutes ses institutions de répondre de torts qu’ils infligent aux autres.
Extrait de Maxime Rodinson, Peuple juif ou problème juif ?, Paris, La Découverte, 1997 [1ère édition : Paris, François Maspero, 1981], p. 5-18
INTRODUCTION
Ce recueil de textes — nouveaux et anciens — étalés sur une quinzaine d’années espère provoquer quelque intérêt en vertu d’un seul facteur, une même ligne de pensée qui en est le fil conducteur. Il s’agit en effet d’un phénomène très rare : une réflexion sur les problèmes juifs qui n’est pas judéocentrique, qui se veut même critique de l’optique judéocentrique.
Extrait de Maxime Rodinson, Islam et capitalisme, Paris, Demopolis, 2014 [1ère édition : Paris, Le Seuil, 1966], p. 222-243
ISLAM ET SOCIALISME
Les Etats du monde musulman sont précisément aujourd’hui à un de ces moments décisifs où il leur est possible de choisir leur voie. La décolonisation généralisée, la renonciation des impérialismes occidentaux aux méthodes de domination directe, la concurrence des deux grands systèmes économiques de la société industrielle ont créé une situation révolutionnaire où il est possible de rompre, dans une certaine mesure, avec le passé et de repartir d’un nouveau pied. Partout des équipes dirigeantes, dans certaines limites, sous certaines conditions, peuvent opter.
Article de Maxime Rodinson paru dans Le Monde, 5 juin 1967
Le 9 août 1903, le comte Serge de Witte, ministre des finances du tsar Nicolas II, expliquait benoîtement au journaliste viennois Theodor Herzl, qui venait lui démontrer comment l’application de la doctrine du sionisme politique (qu’il venait de fonder) devrait être soutenue par l’empereur orthodoxe :
« J’avais l’habitude de dire au pauvre empereur Alexandre III : ‘S’il était possible, Majesté, de noyer dans la mer Noire six ou sept millions de juifs, j’en serais parfaitement satisfait. Mais ce n’est pas possible. Alors nous devons les laisser vivre !' »
Entretien avec Maxime Rodinson paru dans Le Monde, 15 février 1991
Universitaire, sociologue, spécialiste du monde arabe, M. Maxime Rodinson observe les événements du Golfe avec le recul de l’historien. L’auteur de Israël et le refus arabe, qui a étudié de près le parti Baas dont est issu Saddam Hussein, souligne dans l’entretien ci-dessous la légèreté de certains arguments employés par le président irakien et la confusion idéologique qui marque ce conflit.
Article de Maxime Rodinson publié dans Le Monde des 6, 7 et 8 décembre 1978
I. – Où Dieu n’est pas mort
Un renouveau de l’intégrisme musulman ? Telle est l’interprétation que suggèrent à beaucoup d’observateurs une série d’événements et d’incidents récents : les accusations contre l’ancien premier ministre du Pakistan, M. Bhutto, l’application des lois coraniques avec quelques excès spectaculaires, en Libye et en Arabie Saoudite, le rôle dirigeant joué par les ayatollah chiites dans le vaste mouvement contestataire en Iran, la vigueur de la réaction antikémaliste en Turquie, des troubles anti-coptes en Égypte, l’affaire Maschino en Algérie… J’en passe.
Articles parus dans Le Prolétaire, n° 327, 9 au 23 janvier 1981, p. 1-2
Après le transfert de 300 travailleurs maliens de Saint-Maur à un foyer de Vitry, un commando PCF n’a pas trouvé mieux pour « défendre ces travailleurs » contre la barbarie des quotas, du parcage et des ghettos que de rendre le foyer inhabitable à coups de bulldozers. Tout le monde — mairies de Saint-Maur et de Vitry, gouvernement et PC — se renvoie hypocritement la balle pour s’accuser de racisme. Mais le racisme n’est-il pas le produit inévitable d’un système social que toutes ces forces défendent collectivement ?
Article paru dans Le Prolétaire, n° 323, 4 au 27 novembre 1980, p. 1-4
Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Hauts-de-Seine, ces départements à direction PCF composant la ceinture ouvrière de Paris, sont désormais interdits à l’immigration. Par la voix de ses représentants municipaux, le PCF exige l’arrêt de l’immigration et l’envoi des immigrés… à Neuilly.
Articles parus dans Le Prolétaire, n° 283, 9 au 22 février 1979, p. 6
Un des aspects particulièrement cynique et odieux de l’offensive capitaliste contre la classe ouvrière est le refoulement des ouvriers immigrés vers leurs pays d’origine.
Article paru dans Syndicat de classe, n° 23, 14 juin-18 juillet 1971, supplément au Prolétaire, n° 107, 28 juin-18 juillet 1971
Depuis quelque temps les exactions, brimades et voies de fait contre les travailleurs étrangers défrayent la chronique. Rixes entre Nord-Africains et jeunes en province, commandos fascistes contre étudiants et ouvriers de couleur, réaction imbécile, à odeur de pétrole, qui confond dans le même ressentiment Boumediène et la chair à travail qu’il expédie de l’autre côté de la Méditerranée. Le fait le plus grave, c’est que cette réaction gagne jusqu’aux milieux ouvriers.
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