Interview accordée à Clara Halter par Ghassan Kanafaniparue dans Elements, n° 8-9, février 1972, p. 79-89
View of reporters and journalists crowding around Palestinian author Ghassan Kanafani (1936-1972) at a Popular Front for the Liberation of Palestine (PFLP) press conference at their headquarters in Amman, Jordan on 16th September 1970. Ghassan Kanafani is spelling out the terms the PFLP require for the release of the remaining six hostages held in the Dawson’s Field hijackings. (Photo by Rolls Press/Popperfoto via Getty Images/Getty Images)
Interview accordée à Clara Halter par Ghassan KANAFANI, rédacteur en chef de l’hebdomadaire « Al Hadaf », organe du F.P.L.P., édité à Beyrouth.
Ghassan Kanafani est également l’un des dirigeants du Front Populaire de Libération de la Palestine et son porte-parole. Il est considéré comme l’un des meilleurs écrivains palestiniens. 1)
Réponse de Maxime Rodinson au questionnaire d’Éléments, n° 5-6, 2e et 3e trimestres 1970, p. 19 et 47-48
(Original Caption) Cairo, Egypt: Egypt will present modified proposals for a peaceful settlement in the Middle east, top Egyptian government officials said 7/19. UPI newsmap spots (L) territories (black and yellow shaded areas), held by Israel before the Six Day war in 1967. Map (R), shows areas Israel occupied after the war.
ON pouvait croire, en ces années qui précédèrent la guerre de 1939-1945, qu’en France, du moins, la question juive ne se posait plus : depuis cent cinquante ans, la Révolution française, la première, avait assimilé les Juifs aux autres catégories de Français et, peu à peu, malgré des crises, comme l’affaire Dreyfus, il semblait qu’on s’acheminât vers la disparition du vieux problème historique.
Article paru dans Jeune Taupe, n° 12, novembre 1976, p. 5
General Secretary of the Democratic Front for the Liberation of Palestine (DFLP) Nayef Hawatmeh. | Location: Lebanon. (Photo by Claude Salhani/Sygma via Getty Images)
Depuis le « septembre noir » d’Amman, où le mythe du « caractère révolutionnaire » de la résistance palestinienne a atteint son point culminant nous avons assisté à l’érosion de celui-ci. Aujourd’hui, après plus d’un an de « guerre civile » au Liban, d’engagements aux côtés de x ou y, d’atermoiements, d’hésitations et de négociations les organisations de la « résistance palestinienne » apparaissent plus que jamais pour ce qu’elles n’ont jamais cessé d’être : des appareils totalement dépendants des différents Etats du proche-orient et jouets aux mains des différents rivaux locaux et impérialistes.
Members of Palestinian terrorist group the Popular Front for the Liberation of Palestine (PFLP) drinking tea during a training excercise, circa 1969. Among the group are Leila Khaled (centre, left) and Salim Issawi (centre, right. (Photo by Popperfoto via Getty Images/Getty Images)
Le refus par Israël d’évacuer les territoires occupés après la guerre des Six Jours de juin 1967, a profondément transformé le conflit qui l’oppose depuis sa création en 1948 aux pays arabes et surtout aux arabes palestiniens. Cette occupation a provoqué une violente réaction des Palestiniens et la cristallisation de leur sentiment national. Désormais, dans le conflit israélo-arabe, la résistance du peuple palestinien est passée au premier plan. C’est ainsi que, beaucoup mieux que par le passé, se dévoile la véritable nature de l’état israélien.
Article paru dans Pouvoir ouvrier, n° 85, juillet-août 1967, p.7-13
Israeli Defense Minister, Moshe Dayan, hero of the 1956 Sinai campaign, addresses a press conference. In this, his first meeting with the press since he accepted the ministerial post, Dayan said he did not want American and British soldiers dying for Israel if the present Middle East crisis erupted into war.
La crise du Proche-Orient, dont on pouvait redouter les prolongements les plus graves sur le plan international, a provoqué dans la population française une extraordinaire poussée passionnelle. Deux guerres mondiales n’ont, à coup sûr, rien appris aux habitants de ce pays : le bourrage de crâne, à peine moins sot qu’en 1914, conserve la plus large efficacité ; les informations truquées et tronquées sont avalées sans discussion par un bon peuple qui se pique pourtant d’être le moins conformiste de la terre, et il n’a même pas manqué un petit contingent de « révolutionnaires » prêts à découvrir les meilleures raisons de faire l’union sacrée avant même que le premier coup de feu ne soit parti. Mais il est vrai, que face aux bénisseurs des armées de l’Etat sioniste et de ses alliés anglo-américains, les défenseurs du « socialisme arabe » et de ses fournisseurs russes, se portaient au secours de régimes qui n’ont certainement rien à voir avec la libération des travailleurs ou même le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Nasser n’est pas Hitler et Israël n’est pas une tendre colombe entourée de vautours. Mais Nasser et ses alliés arabes, y compris ceux d’Alger, quel que soit le rôle positif qu’ils ont joué naguère dans la lutte contre les impérialismes, ne sont plus maintenant que des exploiteurs aussi féroces qu’incompétents des travailleurs arabes – que les Russes ou demain les Chinois leur accordent leur soutien, ne change rien à l’affaire.
Dossier paru dans Inprecor, n° 366,février 1993, p.18-28
Palestiniens du mouvement Hamas priant sous le portrait de l’ayatollah Khomeini en mai 1993 en Israël. (Photo by Esaias BAITEL/Gamma-Rapho via Getty Images)
La nuit du 17 décembre 1992, le gouvernement Rabin déportait au Sud-Liban 417 Palestiniens accusés d’appartenir au mouvement Hamas, acronyme en arabe de Mouvement de la Résistance Islamique.
Article de Nawal El Saadawi et Shérif Hetata paru dans Inprecor, n° 389, mars 1995, p. 14-16
(Fundamentalist) Muslim Brotherhood supreme spiritual ldr. Mohammed Hamed Abu Nasr (C) during TIME interview in his world map adorned office. (Photo by Barry Iverson/The LIFE Images Collection via Getty Images/Getty Images)
L’organisation des Frères musulmans a été fondée en 1928 par un instituteur nommé Hassan El Banna (1906-1949). Ce dernier avait commencé à prêcher dans la ville d’lsmaileya, bastion de la Compagnie du canal de Suez et quartier général des troupes d’occupation britannique. Ses premières armes ont donc été faites dans les « bras de l’ennemi » pour ainsi dire, un détail qui mérite notre attention.
Extrait de Maxime Rodinson, Peuple juif ou problème juif ?, Paris, La Découverte, 1997 [1ère édition : Paris, François Maspero, 1981], p. 5-18
Une famille de colons juifs armés en Cisjordanie en juillet 1981, Israël. (Photo by Francois LOCHON/Gamma-Rapho via Getty Images)
INTRODUCTION
Ce recueil de textes — nouveaux et anciens — étalés sur une quinzaine d’années espère provoquer quelque intérêt en vertu d’un seul facteur, une même ligne de pensée qui en est le fil conducteur. Il s’agit en effet d’un phénomène très rare : une réflexion sur les problèmes juifs qui n’est pas judéocentrique, qui se veut même critique de l’optique judéocentrique.
Extrait de Maxime Rodinson, Israël et le refus arabe. 75 ans d’histoire, Paris, Le Seuil, 1968, p. 203-229
View of truck mounted mobile missile carriers of the Israel Defense Forces driving past spectators lining a road beside the Walls of Jerusalem during the Israel Independence Day Parade in Jerusalem, Israel on 2nd May 1968. (Photo by Rolls Press/Popperfoto via Getty Images/Getty Images)
CONCLUSION
Les pages qui précèdent ont voulu exposer au lecteur les grandes lignes du conflit israélo-arabe. Mon exposé a été essentiellement historique avec, çà et là, quelques données sociologiques fondamentales. Certaines affirmations ont pu étonner, étant contraires à des idées largement répandues. Elles sont pourtant solidement documentées. J’ai pu fournir arguments et références dans des travaux impliquant, à la différence de celui-ci, un appareil d’érudition.
Article de Maxime Rodinson paru dans Le Monde, 5 juin 1967
At the window of the Embassy of Israel, Johnny Hallyday waves to the crowd in Paris, France, on june 1, 1967. (Photo by Keystone-France\Gamma-Rapho via Getty Images)
Le 9 août 1903, le comte Serge de Witte, ministre des finances du tsar Nicolas II, expliquait benoîtement au journaliste viennois Theodor Herzl, qui venait lui démontrer comment l’application de la doctrine du sionisme politique (qu’il venait de fonder) devrait être soutenue par l’empereur orthodoxe :
« J’avais l’habitude de dire au pauvre empereur Alexandre III : ‘S’il était possible, Majesté, de noyer dans la mer Noire six ou sept millions de juifs, j’en serais parfaitement satisfait. Mais ce n’est pas possible. Alors nous devons les laisser vivre !' »
Tribune de Maxime Rodinson parue dans Le Monde, 12 juin 1982
Israeli Defense Minister Ariel Sharon, r, in combat helmet and flak jacket rides in APC leading his troops to a hookup with Christian forces in East Beirut. Israel has virtually cutoff Palestinian guerrillas and Syrian troops in Beirut.
Une fois de plus les dirigeants d’Israël se servent du nom et des malheurs passés de tous les juifs pour couvrir une opération brutale qui, malgré son nom de code mystifiant, ne peut apporter la paix ni à la Galilée, ni à Israël, ni à personne. Une fois de plus, l’immense majorité des médias collaborent au camouflage. Une fois de plus les virtuoses de l’intelligentsia manipulent, au service d’une mauvaise cause, la métaphysique, la psychanalyse, la poésie, la mystique, la supériorité du monothéisme ou les souffrances de millions de martyrs – très réels n’en déplaise aux Faurisson. Ils utilisent comme à l’accoutumée le génie des non-nationalistes juifs que furent Spinoza, Marx, Freud ou Einstein. D’autres abritent leur refus de condamner ce qu’ils auraient condamné partout ailleurs sous des arguties futiles. J’en oublie et j’en passe.
Tract diffusé en Algérie par le Parti communiste international et reproduit dans Le Prolétaire, n° 45, juillet-août 1967
Groupe de manifestants dans les rues d’Alger, Algérie, le 13 juin 1967. (Photo by KEYSTONE-FRANCE/Gamma-Rapho via Getty Images)
Nous publions ci-dessous le tract diffusé en Algérie par les militants de notre parti :
PROLETAIRES ARABES,
Précédée d’une propagande pour le « droit » à l’existence de l’Etat d’Israël et d’une campagne panarabiste religieuse, au Moyen-Orient, la guerre préparée par le capitalisme impérialiste et par le nationalisme arabe, est devenue une réalité.
Article de Sadik Jalal al-‘Azm paru dans Die Welt des Islams, Nr. 1/4 (1988), p. 90-98.
PLO leader Abu Iyad and PFLP (Popular Front for the Liberation of Palestine) leader Georges Habache at the opening of the Palestinian National Council. (Photo by Maher Attar/Sygma via Getty Images)
A basic maxim of Marxist socio-political analysis states that similar infrastructural conditions tend to produce similar superstructural phenomena. Some of us who have been in close and protracted contact with the Palestine Liberation Organization (PLO), (particularly with its political militants, higher cadres and more outspoken ideologues), certainly have sensed something of the importance of this maxim, not as an abstract principle but as a concretely lived series of organically developing situations, ideas and experiences. I am referring, here, to the Palestinian comparisons drawn between the modern Jewish and Palestinian diasporas and the superstructural (particularly political) phenomena generated by them.
Nous ouvrons ici, avec deux lettres de camarades partis comme enseignants en Algérie un dossier et un débat sur la réalité algérienne et sur la société prétendue par certains « socialiste » qui prend la place de la société de type colonial.
Si l’on reprend toute la collection d’ICO on peut voir que nous n’avons jamais eu d’illusions sur ce que serait « l’indépendance » algérienne et que nous avons essayé d’analyser, notamment par des critiques de livres ce que sont les structures politiques et sociales des pays dits « sous-développés » (ou tiers-monde), pays placés dans la compétition impérialiste URSS-USA, et par voie de conséquence, aux prises avec une classe dirigeante qui tend à donner aux problèmes économiques et sociaux les solutions qui maintiennent sa domination et accroissent sa puissance.
Article paru dans Alarme, organe du Ferment ouvrier révolutionnaire, n° 40, avril à décembre 1988, p. 14-15.
« Les Ferhat Abbas et Ho Chi Minh, tout à fait comparables aux Massu métropolitains et aux colons, ne peuvent agir que par le recul de la révolution, et par les innombrables manigances inter-impérialistes du marchandage entre les deux blocs. »
« La fin de l’éternité ». G. Munis, 1959.
La vague de grèves, aboutissant aux journées d’émeutes d’octobre 88, souligne nettement la nature de quelques conceptions sur l’Algérie et les « nations indépendantes ».
Lettres publiées dans Le Brise-Glace, n° 2-3, printemps 1989, p. 28.
Début octobre 1988
Bonjour,
(…) J’ai passé une dizaine de jours au bord de la mer (…) la mer ici c’est tout ce qui reste de beau. Notre pays est en train de vivre un moment très difficile, une grande crise économique. L’inflation bat son plein, ce qui augmente le nombre des corrompus d’un chiffre considérable. La corruption est partout. Ça touche même les couches du peuple. Le peuple souffre et se lamente avec un silence qui se fera entendre bien haut tôt ou tard. Car il y a ici un vrai ras-le-bol. Mais voilà, malheureusement, les leaders manquent, l’organisation des masses populaires n’existe pas.
Extrait de l’article paru dans Guerre de classes, n° 7, janvier 1974, p. 3.
C’est la quatrième fois en vingt-cinq ans que l’hostilité entre Israël et les pays arabes dégénère en guerre ouverte. Une fois de plus, c’est une véritable levée de boucliers dans le monde. Le concert des positions remet face à face pro-arabes et pro-israéliens. Les organisations de gauche et d’extrême-gauche se sont lancées dans la confusion générale, pour avancer des mots d’ordre tout aussi confus qui reviennent toujours, plus ou moins directement, à soutenir les pays arabes : « Soutien aux peuples arabes de Palestine, d’Egypte et de Syrie en guerre pour récupérer leurs territoires occupés… », « A bas l’agression israélienne ». « Lutte des peuples arabes contre le sionisme et l’impérialisme » … « Le Golan aux Syriens, le Sinaï aux Egyptiens »… Les révolutionnaires sont bien prompt au soutien, mais peu à l’analyse. Voilà qu’ils se mettent à soutenir sans broncher un camp capitaliste contre un autre ; voilà qu’ils mettent en avant leur internationalisme bâtisseur d’Etats en revendiquant « les droits légitimes » des peuples ou des nations.
Extrait de l’article paru dans Jeune Taupe, n° 10, juin 1976, p. 17-18
Le Moyen-orient connait une crise grave à tous les échelons : crise économique, politique et sociale dont le Liban est la tragique illustration. Depuis quelques années, le mouvement ouvrier a fait une réapparition de plus en plus radicale sur son terrain de classe. C’est le moment qu’ont choisi des révolutionnaires arabes et israéliens, dont la radicalité est le produit de cette remontée des luttes prolétariennes, pour dégager une perspective communiste au Moyen-orient.
« … Il semble que l’activité intellectuelle se développe un peu ici mais c’est assez orienté selon les idées de Frantz Fanon, la revendication des peuples sous-développés, mort à l’Europe, vive l’Arabisme, ce n’est pas tellement satisfaisant, intellectuellement parlant.
Extrait de Maxime Rodinson, « Les Arabes et Israël », Revue française de science politique, vol. 16, n° 4, août 1966, p. 792-795
June 1966: Arab children eating in the cramped quarters of one of the eight refugee camps in the Gaza Strip. Free meals and medical care are supplied by the United Nations Emergency Forces, stationed to maintain stability in the area. (Photo by Keystone Features/Getty Images)
Si certains sentiments répandus viennent atténuer ou contrebalancer l’intense sentiment sous-jacent d’humiliation, d’autres viennent au contraire le renforcer, l’exacerber.
Article paru dans Le Communiste, n° 15, novembre 1982, p. 35-37.
Le groupe « El Oumami » (« L’Internationaliste ») section du « P .C. I. » (« Le Prolétaire » ‑ « Programme Communiste ») pour l’Algérie vient de quitter avec « armes et bagages » cette organisation. Conséquence d’une « crise larvée (qui) ronge le parti communiste international depuis au moins un an », c’est sur l’appréciation des événements du Liban (1) et plus particulièrement sur la « légitimité du sentiment national arabe », sur le soutien plus ou moins ouvert au nationalisme palestinien impliquant de facto la participation à la boucherie capitaliste, que s’est effectuée cette scission organisationnelle.
Texte paru dans la revue Sou’al, n°7, septembre 1987, p. 149-151
A crowd watches the trial of fugitive Nazi Klaus Barbie for crimes against humanity in Lyon, France. (Photo by Peter Turnley/Corbis/VCG via Getty Images)
A propos de l’affaire Barbie, ces quelques remarques…
1/ Il y a une spécificité du « crime contre l’humanité » et ce serait une erreur grave que d’assimiler tout crime, tout massacre, toute exaction à cette notion juridique nouvelle. Ce qui est mis au compte du nazisme c’est une volonté délibérée, que son idéologie légitime, de nier toute appartenance à l’humanité de certaines catégories d’êtres humains et de prétendre nettoyer la planète comme on nettoie un matelas de ses punaises et comme on aseptise un linge à l’hôpital.