Article de Slimane Kiouane paru dans Le Libertaire,troisième série, trente-et-unième année, n° 416, 7 février 1925, p. 2
Devant les périodes de famine qui ont sévi en Algérie, les Sidis ont dû partir en exode. Cette fois-ci, la cause est une grande misère faite par des salaires dérisoires et par la brutalité criminelle des chefs indigènes, surtout des Européens.
Quand le capitalisme subit une crise dans sa production, il s’attaque aux salaires des ouvriers sans distinction de leur race ou couleur. Naturellement, il commence par ceux des ouvriers inorganisés, à ceux des travailleurs socialement infériorisés et se sert de leur faiblesse pour constituer une masse de manœuvre et s’attaquer ensuite aux salaires des ouvriers organisés et socialement privilégiés. Parmi les travailleurs à la merci du capitalisme on peut distinguer les coloniaux. Dans le Peuple du 30 novembre le réformiste Jules Uhry assimile le Kabyle aux ouvriers étrangers. Nous ne voulons pas diviser les ouvriers en catégories raciales pour servir le capitalisme, nous laissons ce soin à MM. Jouhaux et consorts, mais nous analyserons ces différentes mains-d’œuvre ethniques pour comprendre comment elles sont sur le marché du travail métropolitain, jusqu’où leurs droits et libertés sociales égalent ceux des ouvriers français et jusqu’où ils peuvent combattre le capitalisme français.
Article d’Abdelkader Hadj Ali alias Ali Babaparudans Le Paria, Troisième année, n° 23, 1er février 1924, p. 1
Cinq années se sont écoulées depuis qu’une délégation de bourgeois algériens vint à Paris faire une démarche infâme auprès du gouvernement pour la prorogation de l’indigénat.
Pendant la grande guerre, l’impérialisme français avait arraché de leurs foyers des centaines de milliers de coloniaux pour les jeter dans l’horrible tuerie et pour soutenir la production des engins de guerre et de munitions.
Article d’Abdelkader Hadj Ali alias Hadj Bicot, paru dans Le Paria, Tribune des populations des colonies, Première année, n° 9, 1er décembre 1922
Peuple français sois heureux, on colonise pour toi :
La Dépêche Coloniale nous apprend que 46 concessions sont distribuées au Maroc cette année. Les heureux bénéficiaires de ces terrains sont : 1° 7 mutilés de guerre ; 2° 24 Marocains ; 3° 26 émigrants.
Article d’Abdelaziz Menouer alias El Djazaïri paru dansLe Paria, troisième année, n° 29, septembre 1924, p. 1
Encore un crime de l’impérialisme français. L’arbitraire qui sévit dans les colonies poursuit les indigènes jusque dans la Métropole.
L’ouvrier colonial qui, poussé par la faim et fuyant la trique du colonialisme, vient offrir sa force de travail sur le marché métropolitain se voit déjà en butte aux mêmes procédés de violence, aux mêmes iniquités qui en font un matériel humain facile à exploiter.
La marine marchande française est militarisée. Les soldes sont fixées par circulaires d’Etat. Toute la réglementation des conditions de vie et de travail de la main-d’œuvre est déterminée par le code maritime. Le marin de commerce qui enfreindrait un article de cette jurisprudence draconienne est considéré comme un soldat : il est jugé par des tribunaux spéciaux et condamné à des peines rigoureuses.
Parmi les revendications immédiates des travailleurs indigènes d’Algérie, il en est une des plus importantes que nos syndicats unitaires ont inscrite à leur programme de lutte contre le capitalisme et qui est celle de l’abolition de l’Indigénat.
Article d’Abdelaziz Menouer alias El Djazaïri paru dansLa Défense, Organe de la section française du Secours rouge international, Quatrième année, n° 54, du 18 janvier au 1er février 1930, p. 3
(Suite)
… Le convoi depuis plus d’une heure a quitté Barberousse. Le troupeau misérable est composé d’une quarantaine d’Arabes faméliques, vêtus de gandouras et de burnous en loques ; les pieds nus, ils avancent péniblement sur la route poudreuse. Les gendarmes à cheval plastronnent et rudoient les prisonniers ; ils jurent pour hâter leur pas :
Article d’Abdelaziz Menouer alias El Djazaïri paru dansL’Echo sportif du travail, organe central mensuel de la Fédération sportive du travail, 1ère année, n° 7, novembre-décembre 1930, p. 3
Le programme de Morinaud et la lutte des indigènes
M. Morinaud, Sous-Secrétaire d’Etat de l’Education Physique et des Sports, a exposé au cours d’une interview à un reporter du « Soir » le programme qu’il se propose de réaliser pour asservir les indigènes encore plus complètement à l’impérialisme français au moyen du mouvement sportif.
1925 aura été une année significative. Celle où l’impérialisme a commencé à ressentir les effets d’une indigestion.
Le capitalisme lui-même, pendant la curée, s’était gavé, il avait englouti d’immenses territoires, il en avait arraché d’autres à l’Allemagne vaincue et les avait avalés malgré la débilité de son organisme. Aujourd’hui il étouffe. Insatiable, il ne veut même pas en vomir une partie, de crainte de rendre tout ce qui lui pèse sur l’estomac et de mourir d’inanition.
Août 1924 est le 10e anniversaire de la guerre impérialiste. Le prolétariat ne doit pas oublier ce jour affreux où le capitalisme a perpétré le crime le plus abominable que connaisse l’histoire. Les appétits déchaînés de quelques magnats de la finance et de la grosse industrie, leur lutte acharnée pour l’accaparement du marché mondial ont lancé le prolétariat entier dans le plus affreux carnage.
Article d’Abdelaziz Menouer alias El Djazaïri paru dans Le Paria, Troisième année, n° 24, mars-avril 1924, p. 2
La construction d’une mosquée à Paris serait par elle-même un évènement sans importance, si elle ne marquait le début d’une tactique, d’une nouvelle politique coloniale, de l’impérialisme français à l’égard des peuples musulmans qu’il domine.
Article d’Abdelkader Hadj Ali alias Ali Baba, paru dans Le Paria, Tribune du prolétariat colonial, Troisième année, n° 22, 1er janvier 1924
J’ai souvent entendu commenter les beautés de la Ville Lumière par des bourgeois algériens ou par des indigènes qui, comme la grenouille de la fable, singeaient les bourgeois. Avec quels transports d’admiration ils vous décrivaient à leur retour de Paris toutes les merveilles de la Capitale ! Avec extase, ils vous parlaient des Champs-Elysées, des grands boulevards, de Montmartre, des cabarets à la mode, des prostituées de luxe. Certains ont visité des monuments, des musées ; d’autres ont assisté aux courses, aux exhibitions de cuisses des Folies-Bergère, ou aux orgies des gens bien élevés où on se saoule avec du champagne et où on prise la « coco ». Pas un n’a rendu visite à ses nationaux, ceux qu’on appelle en France comme par dérision, les sidis (les messieurs). Et pourtant, il y en a, des Algériens, à Paris. Ils sont des dizaines et des dizaines de milliers qui se tuent dans les usines, qui dépérissent dans les quartiers de Grenelle, dans les bouges du boulevard de la Gare, de la Villette.
Reportage de René Maratrat paru dans Regards, n° 339, 15 février 1952, p. 3 à 6
VOICI, dans une petite ville de la banlieue parisienne, « l’intérieur » de plusieurs travailleurs nord-africains. Ils vivent à plusieurs dans cette sordide chambre d’hôtel et acquittent chacun le prix total de la location. Et ils peuvent encore se considérer comme des « privilégiés » puisqu’ils ont un toit et un lit pour s’abriter et dormir. D’autres couchent sous les ponts ou dans les trous d’une carrière … Le sort des Nord-Africains émigrés en France, des 130.000 qui vivent dans la région parisienne, a inspiré de nombreux articles : dans certains journaux on les injurie, on les accable de tous les maux. Le but de ce reportage, de ces photographies est de montrer comment vivent, comment souffrent et comment luttent ces travailleurs nord-africains.
BELKHODJA m’a fait signe de le suivre. Derrière l’hôtel, il y a toute une rangée de cabanes, genre poulaillers. Les unes sont encore recouvertes de tuiles, d’autres n’ont plus qu’une tôle ondulée à la place du toit. Les portes vermoulues, les fenêtres sans carreaux tiennent, on ne sait au juste pourquoi. Les waters, eux, n’ont plus de porte. Ça se sent. Dans chacune de ces « chambres » – oui ce sont des chambres d’hôtel – il y a plusieurs lits de fer aux couvertures trouées : avec un réchaud dans un coin c’est tout l’ameublement. Des hommes, comme vous, comme moi, dorment et mangent dans ces gourbis infects. A tour de rôle. Ce sont des travailleurs nord-africains. Belkhodja qui a parlé un moment avec eux, en arabe, me dit :
Article paru dans L’Algérie libre, 5e année, n° 64, 5 mars 1953
Chaque fois que nous avons parlé de discrimination raciale en Algérie, de nombreux Français n’étaient pas convaincus de l’authenticité de cette plaie colonialiste qui est à la base du maintien du régime que nous subissons depuis plus d’un siècle. Même certains représentants du gouvernement français dans notre pays, en réponse aux accusations étayées par des faits précis que nous avancions, se refusaient hypocritement d’en reconnaître la réalité.
Texte paru dans La Lutte sociale, organe central du Parti communiste algérien, Série Nouvelle, n° 1, Novembre 1940, p. 1
Peuple Algérien ! La guerre impérialiste fait rage dans le monde. Notre pays a été lancé dans cette guerre par le Gouvernement français. La France a été vaincue et notre Algérie est maintenant le sujet de marchandages entre fascistes français, allemands et italiens. Mais toi, Peuple Algérien, le principal intéressé, tu n’es pas consulté : on te considère comme une marchandise ! Et pendant ce temps ta misère s’accroît. – En voilà assez ! L’heure est venue pour rompre le joug. C’est à cette tâche que le Parti Communiste Algérien te convie.
Article paru dans Egalité, organe du « Manifeste » et de défense des intérêts algériens, 2 mars 1945, p. 1-2
« … Et je ne sais comment, j’ai tout à coup compris que d’être noir et d’en porter la peine demande plus de vertu que n’en possèdent les anges mêmes. » (Countee Cullen, « The Shroud of Color ».)
Countee Cullen, grand poète noir américain, a écrit un jour un poème intitulé « The shroud of color » (Le linceul de la couleur). Ce titre rend compte avec une exactitude poignante de la situation diminuée des Noirs en Amérique. Leur enveloppe noire les retranche, en quelque sorte, sinon du monde des vivants, du moins de celui des heureux. Ils sont là-bas dix millions environ, quotidiennement en lutte à de féroces préjugés de race et de couleur. Nous pensons intéresser nos lecteurs en leur apportant quelques renseignements sur la vie de ceux-ci ; car c’est bien à un véritable phénomène de colonisation des noirs par les blancs, colonisation dans les faits, sinon dans le vocabulaire, que l’on assiste aux Etats-Unis, depuis la fin de la guerre de Sécession.
Editorial de Ferhat Abbas paru dans Egalité, IVe année, n° 76, 9 mai 1947
Il y a deux ans, s’achevait la guerre la plus meurtrière que l’Histoire ait enregistrée. Parti des bords de l’Oder, le conflit devait s’étendre à l’Europe puis à l’Univers entier, entraînant les peuples colonisés d’Asie et d’Afrique.
IL y a deux ans, tandis que les troupes soviétiques achevaient de nettoyer les ruines de Berlin, les derniers chefs de l’armée allemande déposaient les armes. L’effort des peuples libres avait triomphé du monstrueux rêve hitlérien.
Article paru dans Liberté, 6ème année, n° 253, 15 avril 1948 et n°254, 22 avril 1948
« Les hommes ont toujours été et seront toujours en politique les dupes naïves des autres et d’eux-mêmes tant qu’ils n’auront pas appris, derrière les phrases, les déclarations et les promesses morales, religieuses, politiques et sociales, à discerner les intérêts de telles ou telles classes. » LENINE
LE RACISME
Une constatation qu’il est nécessaire de faire à la suite des récentes élections est la suivante : une campagne de panique raciale, alliée à la politique de féroce répression menée par Naegelen, est parvenue, dans une certaine mesure, à approfondir le fossé, qu’un siècle d’exploitation colonialiste a réussi à creuser entre les éléments ethniques qui peuplent l’Algérie.
LE 8 mai 1945, les peuples du monde entier fêtaient l’écrasement militaire de l’hitlérisme.
Les Algériens avaient participé activement à la grande lutte pour la liberté. Par dizaines de milliers, ils avaient pris part, au sein de l’armée d’Afrique, aux campagnes de Tunisie, de Sicile, d’Italie, de France, d’Allemagne. Dockers, cheminots, métallos, paysans avaient, depuis le débarquement allié de novembre 1942, accompli de grands efforts en vue de développer au maximum l’effort de guerre.
La Nation algérienne, organe clandestin de la libération nationale, n° 1, 1946, 2 pages
Ô Croyants, dit Dieu le Tout Puissant, attachez-vous à la Vérité et à la Justice, même si elles concourent contre vos parents car Dieu est plus près de vous que toutes les créatures.
Peuple Algérien !
Depuis les tragiques évènements de mai 1945 où des milliers de tes enfants tombèrent sous les balles de la soldatesque française et où des milliers d’autres furent arrêtés, horriblement torturés et condamnés avec une sévérité bestiale, tu ne disposes plus d’un organe de combat qui exprime tes aspirations nationales et affirme tes droits de peuple opprimé. Par contre, tu as subi, pendant un an, les flots littéraires d’une presse pourrie plus ou moins inféodée au colonialisme rétrograde et sanguinaire.
La question algérienne est aujourd’hui posée avec acuité devant le peuple français. La constitution en cours d’élaboration devra tenir compte, en effet, de la revendication essentielle de l’immense majorité des populations algériennes : la liberté. Toute mauvaise volonté à cet égard entraînerait aux plus graves conséquences. Pour qui en douterait, il suffit de rappeler les élections du 2 juin en Algérie.
Article signé N. Marc paru dans Quatrième Internationale, Nouvelle Série, n° 20-21, juillet-août 1945, p. 5-20; suivi de « Algérie », paru dans Quatrième Internationale, n° 22-23-24, sept.-oc.-nov. 1945, p. 37-38
I. – LE SABRE ET LE GOUPILLON
Les Journées d’Août.
Il y a près d’un an, aux derniers jours du mois d’août, les armées anglo-américaines approchaient prudemment des portes de Paris : le « mur de l’Atlantique » s’était effondré et ce qui subsistait des armées nazies reflouait par le cou- loir de Paris, vers l’Alsace et vers le Rhin … ; mais une inconnue subsistait :
Après quatre années de dictature nazie et vichyssoise, la France se trouvait privée d’un gouvernement central : l’ancienne autorité et l’ancienne « légalité » s’étaient effondrées ; les destructions opérées dans le système des transports avaient fait retourner l’ensemble du pays à l’autonomie de facto des villes et des provinces complètement isolées les unes des autres. Depuis le 17 août, les cheminots s’étaient mis en grève. La plupart des usines étaient fermées. Qu’allait-il se passer dans la capitale, sur les débris de l’ancienne légalité ?
DES MILLIERS DE PETITS INDIGENES MEURENT DE MISERE ET DE FAIM, COMME CET ENFANT. ALGERIE 46…
« MECHTAS » MISERABLES ET FERMES OPULENTES
Ce contraste résume le drame de l’Afrique du Nord
« J’AI VU DE MES YEUX L’AFFREUSE MISERE DES GOURBIS »
LORSQUE je quittai Paris à destination de l’Algérie, je n’étais sans doute pas à l’abri d’un certain nombre d’idées préconçues, idées qui m’avaient été inculquées, comme à tous les jeunes Français, sur les bancs des écoles communales et des lycées. Notions simples, logiques et satisfaisantes pour l’esprit, destinées à justifier les pratiques que l’on englobe sous le terme général de colonisation.
La Nation algérienne, organe clandestin de la libération nationale, édition spéciale anniversaire du 8 mai 1945, mai 1947, 2 pages
Le 8 mai 1947 : Journée de deuil national
MUSULMANS ALGÉRIENS !
Votre glorieux parti le P.P.A., a décidé de proclamer le 8 Mai, journée de deuil national. Répondant à son appel pour la commémoration de cette date tragique, vous vous abstiendrez le 8 Mai 1947
1) d’aller dans les salles de spectacles ; 2) d’utiliser vos postes radiophoniques ; 3) de participer à toute forme de réjouissance.
Dans le recueillement et la dignité vous évoquerez la pensée des 40.000 victimes de la barbarie impérialiste. A ce devoir sacré vis-à-vis de tous les martyrs, nul n’a le droit de se soustraire.
Article signé Etargin paru dans La Vérité, n° 120, 28 avril 1946, p. 3
Dans notre dernier numéro, dans l’article « Stratégie, tactique ou … trahison », notre camarade Lévan a bien décrit la position de notre parti vis-à-vis du problème algérien.
Des camarades nationalistes algériens nous ont communiqué une lettre dont nous publions ci-dessous les principaux passages. Nous donnerons la prochaine fois une étude détaillée sur la structure, l’organisation et le programme politique du parti du peuple algérien.
REPONDANT à la récente initiative prise par des représentants patentés de la grosse bourgeoisie et du capitalisme libéral, de fédérer les Etats européens placés entre l’enclume américaine et le marteau soviétique, les partis socialistes – ou qui se prétendent tels – avaient convié les délégués de leurs sections nationales à un congrès qui se voulait être celui des peuples d’Europe, d’Asie et d’Afrique. Etaient venus se joindre à ces délégués « typiques » les représentants des divers mouvements plus ou moins autonomes dont la fin de la deuxième guerre mondiale a vu l’éclosion un peu partout dans le monde.
Article d’Auguste Gallois paru dans Le Peuple, organe officiel de la Confédération générale du travail, vingt-sixième année, n° 119, nouvelle série, 23 novembre 1946, p.5
NE aux Indes en 1903, George Orwell représente pour l’instant en Angleterre l’écrivain d’action du genre de Malraux. Dans une vie déjà longue et bien remplie, cet auteur fut tout à la fois voyageur, romancier, journaliste, critique littéraire et même combattant pendant la guerre civile espagnole.
Article signé B. Landau paru dans Le Réveil des jeunes, organe de la jeunesse socialiste juive « Bund », nouvelle série, n° 36, 1er août 1946, p. 1 et 3
L’ATTENTAT récent au Quartier Général Britannique à King David Hôtel à Jérusalem a causé une grande émotion, non seulement en Palestine même, mais dans le monde juif et tous les cercles qui s’intéressent à la solution du problème juif. Cet « exploit » terroriste qui coûta la vie à plusieurs dizaines de personnes innocentes a provoqué à juste raison l’indignation générale. Seuls quelques actes isolés de sauvagerie comme celui de jeunes gens jouant des airs de swing pendant l’enterrement des victimes sont à déplorer.
Editorial paru dans Le QuotidienRouge,n° 9, 3 mai 1974; suivi de « Les hommes de main de Giscard » et « Oui : Le Pen a torturé »
Même « Le Figaro » s’en est ému après le meeting de Nice !
Faut dire que le Valéry, aux bonnes manières du grand monde, trimballe dans ses valises une sacrée collection de supporters et de gardes du corps. Soustelle, Médecin, le maire de Nice, qui a quelques placements à l’extrême-droite ; les ex-OAS Sergent et Dupont ; les nervis d’ON et du GAJ, réunis pour la circonstance ; l’inévitable mercenaire Le Cavelier. Et bien d’autres, moins en vue dans les basses besognes. L’hebdomadaire d’extrême-droite Minute, un moment tenté par la candidature Royer, a vite rectifié le tir : le cheval étant mauvais ; pour l’heure, la vraie droite, c’est Giscard.
Voici un gros ouvrage qui, de 1930 à 1960, retrace l’agonie du colonialisme français. Pendant toutes ces années, l’auteur a été un militant de l’action de solidarité et de soutien qui, partant de la métropole, appuyait les divers mouvements qui devaient aboutir à la libération des colonisés. Une libération en tant que colonisés seulement, la libération en tant que travailleur et en tant qu’homme restant à accomplir, dans les pays nouvellement indépendants, comme dans les pays anciennement colonisateurs. L’auteur ne se fait pas d’illusions sur ce point.
Article de Marcel Oms paru dans La Commune,n° 6, février 1958
Etiemble vient de publier un ouvrage selon lequel « le péché vraiment capital » serait le racisme. Sans mettre nullement en cause la vérité métaphysique d’une telle appellation, je préfère encore la simple constatation de Memmi pour qui « le racisme résume et symbolise la relation fondamentale qui unit colonialiste et colonisé ». C’est autour de ce thème du rapport des races entre elles que j’ai rassemblé ici quatre films récents où sont mis en présence des hommes appartenant à des races que l’histoire a un jour opposées. Il est en effet remarquable que l’acuité avec laquelle se posent dans le monde entier les conflits de races en ce XXe siècle qui est celui de l’éclatement des empires coloniaux, passe ainsi sur les écrans. Mais alors que la fonction même de l’art de l’écran devrait être un effort de rapprochement et de compréhension des peuples, on verra que tous les réalisateurs ne font pas l’effort souhaitable pour faire éclater les cadres de la réflexion.
Article de Julien Romère paru dans Le Libérateur, 2e année, n° 42, 4 septembre 1955
La lutte contre toutes les formes du racisme et de l’oppression coloniale, aussi bien que le respect des libertés républicaines les plus élémentaires, sont des impératifs sur lesquels on ne saurait transiger à la Nouvelle Gauche.
Article signé C. R. paru dans La Voie communiste, n° 42, mars 1964, p. 14
Les Français sont bien peu conscients, dans leur ensemble, de ce que représente la lutte des noirs aux Etats-Unis. Pour nombre d’entre eux, même pour les mieux intentionnés, il s’agit d’une lamentable affaire de racisme qui finira pas se résoudre, tôt ou tard, au niveau de la conscience des blancs. Pour « la gauche », même, les choses restent soit extrêmement nébuleuses, soit, paradoxalement, beaucoup trop claires. L’on se déclare incapable de comprendre comment le mouvement ouvrier peut encore être pénétré du préjugé racial – en oubliant bien vite l’attitude française pendant la guerre d’Algérie. L’on s’impatiente de la lenteur des progrès de « l’intégration ». Ou bien l’on crie au scandale devant les aspirations « séparationnistes » en prenant vite la mouche devant tout ce qui peut être interprété comme une manifestation de « racisme à rebours ». En fait, devant un problème dont la solution n’apparaît pas clairement, et qui rentre difficilement dans des schémas superficiels préétablis, l’on se contente en général de se heurter la tête contre un mur en disant : aucune solution n’est possible tant que les différentes couches exploitées des Etats-Unis n’agiront pas ensemble.
Article de Roger Dosse paru dans Droit et Liberté, n° 65 (169), 2-8 mars 1951, p. 1 et 3
D’UNséjour d’une semaine en Algérie, au sein d’une délégation venue observer le déroulement des opérations électorales, deux impressions majeures se dégagent :
– L’Algérie est une nation en voie de formation.
– C’est aussi un pays colonial, un pays de féroce exploitation colonialiste.
Article paru dans L’Algérie libre, IIIe année, n° 36, 3 novembre 1951
(De nos services parisiens).
Une odieuse campagne raciste est menée sourdement depuis quelque temps à propos de ce que l’on appelle la « criminalité nord-africaine en France ». Nous y reviendrons pour dénoncer la sale presse qui se fait l’agent d’un racisme officieux parce que servant la politique gouvernementale dont le but est de faire de l’émigration algérienne en France un « problème policier ».
L’opinion et la presse évoquent souvent la présence des Nord-Africains dans la région parisienne, non généralement pour décrire leur misère et chercher à y parer, mais pour affoler le bourgeois sur leur prétendue criminalité. En avril dernier, j’ai donné au journal Franc-Tireur huit articles où, entre autres choses, je démontrais l’inanité de ces accusations. Je n’ai pas l’intention de reprendre pour les lecteurs de la R.P. tout ce que j’y ai écrit (je les renvoie au journal en question) mais je tiens ici à résumer brièvement mes articles précédents et à les compléter par des considérations inédites sur la spoliation officielle dont sont victimes les Nord-Africains, particulièrement les Algériens, formellement citoyens français.
L’IMMONDE campagne contre les Nord-Africains bat son plein dans la grande presse, trouvant des échos jusque dans « Combat » et « Franc-Tireur ». On laisse entendre que la majorité des crimes et des agressions commises en France sont le fait de Nord-Africains, ce qui, entre parenthèses, est formellement démenti par les statistiques elles-mêmes de la Préfecture de police. Ces imputations systématiques ne peuvent avoir qu’un but : provoquer la méfiance, l’hostilité de la population française et justifier à l’avance des mesures de police contre les travailleurs arabes résidant en France.
Depuis deux mois, 14 travailleurs algériens sont arbitrairement emprisonnés à Lyon.
Ils ont été arrêtés sous prétexte de « coups et blessures », mais en réalité ont été pris comme otages pour tenter d’intimider les autres travailleurs, algériens ou non.
Reportage de Louis Odru paru dans L’Algérien en France,journal mensuel édité par le Parti communiste français,n° 28, octobre 1952, p. 1 et3
Notre envoyé spécial en conversation avec des travailleurs algériens et français devant le baraquement où fut arrêté Ahmed.
DEUX drames viennent de bouleverser la région d’Hayange, dans la Moselle : l’odieux assassinat par un sadique d’une petite fille de 9 ans, Annie Montaigu, et la vague de racisme qu’en cette douloureuse circonstance la police, les autorités mosellanes et la presse départementale et nationale n’ont pas hésité à déclencher contre les travailleurs nord-africains.
Article de Boukelif Hafaid paru dans Droit et Liberté, n° 103 (207), 11 janvier 1952, p. 1 et 4
TRES souvent, en Algérie, au cours de discussions, entre camarades appartenant à des horizons politiques différents, sur des sujets tels que « le soutien apporté par le peuple de France au peuple algérien, dans la lutte pour sa libération nationale », nous étions amenés à évoquer le problème des préjugés raciaux, et certains d’entre nous affirmaient avec force que les Français, dans leur ensemble, nourrissaient à l’égard de tous les Nord-Africains, travaillant dans la métropole, des sentiments … inamicaux, et que, par conséquent, il était illogique d’admettre qu’ils pouvaient nous aider dans notre lutte pour la liberté et l’égalité.
Etude d’Armand Dymenstajn parue dans Droit et Liberté, n° 194 (298), novembre 1960, p. 6 ; suivie de la « Lettre d’un Algérien », publiée dans Droit et Liberté,n° 195 (299), décembre 1960, p. 3
DEPUIS 6 ans déjà que dure le drame algérien combien de personnes se sont-elles inquiétées de connaître quelle était la situation des Algériens en France ? Pourtant nombreux sont ceux qui dénoncent les rafles « au faciès » et le caractère raciste de certaines attitudes.
Document publié dans Droit et Liberté,n° 158 (262), 20 septembre 1956, p. 7 ; suivi d’une lettre de Paul Tubert
Un tract ronéotypé, édité par un Groupe d’Israélites de Constantine, est actuellement diffusé en Algérie. C’est un appel lucide et émouvant à la fraternité entre juifs et musulmans. Nous ne doutons pas que nos lecteurs prendront connaissance avec un vif intérêt de ce document, dont nous publions ci-dessous de larges extraits.
Article paru dans Droit et Liberté,n° 141 (245), décembre 1954, p. 1 et 4
L’article que nous publions ici, nous a été adressée par une amie de notre Mouvement, professeur de Français à Constantine. Il projette une lumière utile sur les événements qui ensanglantent aujourd’hui l’Algérie, après la Tunisie et le Maroc. Nous le versons très volontiers au « dossier » de l’Afrique du Nord.
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