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Claude Pélieu : Tortures en Afrique du Nord… d’une subtilité policière

Article de Claude Pélieu paru dans Jeune Révolutionnaire, n° 9, mars 1954, p. 4-5

La police permet à Messieurs les Ministres et Consorts inavouables de se réincarner en Policiers.

Les moyens mis en pratique par ces vaillants dignitaires sont utilisés pour meurtrir et souiller les hommes révolutionnaires, adversaires du Régime Capitaliste.

Ces moyens sont multiples, multiples et savants, locaux et internationaux. Dans les procès et affaires politiques (toujours mêlés de droit commun), le but poursuivi est l’anéantissement et la dissolution des éléments révolutionnaires.

La Justice (ainsi nommée) se drape dans le blanc manteau de l’Innocence persécutée et du Bon-Sens.

Elle condamne un homme ou tout un peuple par compassion et charité pour Elle-même.

Les hommes massacrent et meurent pour des intérêts réels.

Les massacreurs exécutent leur travail pour la Justice.

Les massacrés, auxquels nous devons un profond respect, meurent parce qu’ils s’opposent au fascisme. D’autres meurent comme cela, par hasard (par exemple, les enfants Algériens et d’ailleurs)

Celui qui n’est pas assassiné lâchement est arrêté et inculpé de terrorisme, trahison, et d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat. Exerçant son autorité sur des territoires « héroïquement conquis », il trahit la Justice (en somme – l’Etat – la Patrie – le Gouvernement – l’Armée)

Les procès politiques d’Algérie, du Maroc et de partout ont pour objet le matériau « terreur-trahison », si souvent proclamé par la triste presse bourgeoise. Ce matériau a une importante gravité.

Dans ces procès – aussi souvent qu’ils le peuvent – les Justiciers insistent beaucoup sur le pillage, le crime, les mœurs, l’ordre de rébellion d’une puissance étrangère avec l’aide de nombreux faux-témoins – de métier –

Les justiciers se gardent bien de présenter « leurs proies » humainement. Ils seraient énormément gênés et dans l’impossibilité de rendre ou plutôt de vomir leurs sentences.

Les Etats Capitalistes ont besoin de procès politiques et de Répression. Les affreux verdicts qui ont été rendus contre Sacco et Vanzetti, Rosenberg, etc., ont eu pour mobile la Trahison.

Il y a les condamnations publiques et spectaculaires, et les exécutions clandestines ct discrètes.

Le Dogme-Trahison est né. La légende et ses Ecritures Sacro-Saintes sont le fruit des savantes évolutions policières, depuis l’affaire Abel-Caïn, sérieusement supervisées par un dénommé « Dieu »

Etrange histoire, sur laquelle nous avons peu de précisions, et pour cause. En vérité je vous le dis, Dieu a fait ce qu’il a pu

Les procès d’Oujda, en Afrique du Nord, scandaleux et intolérables, s’en tiennent au complot contre l’autorité colonialiste française et aux activités de terrorisme.

Les prisons sont surpeuplées.

Les appareils de chirurgie esthétique surchargés.

Les flics – S.S. – contraints aux heures supplémentaires.

Les partisans tombent à une moyenne qui rappelle clairement les ratissages nazis.

Le justice est repue. Les « bons Français » (lire les « bons bourgeois », comme dit Philippe), au creux des lits, font des rêves de Justice.

Trahison, Agitation, Séparatisme ont je crois un sens bien défini.

Le génial Larousse (encyclopédie renouvelée) s’en tient à cette édifiante définition

Trahison : action de celui qui trahit – abandonner quelqu’un à qui l’on doit fidélité

Donc, la trahison est en rapport direct fondée sur cette fidélité (quand elle est admise par les intéressés)

La fidélité est trahie par ses gardiens, ses décrets, ses dispositifs policiers.

Les Partisans Algériens, comme les Partisans Indochinois et tous ceux tombés dans la lutte contre l’exploitation et la capitalisme ne peuvent être accusés de trahison.

Ils se battent contre un fléau meurtrier.

Contre un ENNEMI

Par exemple, on dénonce un Révolutionnaire comme un agent recevant des ordres d’une puissance extérieure qui agit sciemment. Il affaiblit la Sûreté de l’Etat et sème le trouble.

Pourquoi agit-il ainsi ? Parce qu’il est Révolutionnaire, donc il ne trahit pas, il est l’ENNEMI.

Mais il s’oppose, donc c’est un traître.

Pour maintenir son imposture, le gouvernement prétend représenter d’autorité l’ensemble des hommes sur lesquels il exerce ses armes.

Dieu sans le Diable – vous pensez !

Ceux qui seraient tentés de nous étiqueter de la sorte, sachez que nous sommes vos ennemis farouches et tenances et c’est en dénonçant ces impostures policières que les Communistes libertaires feront taire vos voix hideuses, vos guillotines du Prolétariat.

Faisons face aux massacreurs du Peuple Algérien ! encore une fois.

Vive l’indépendance des peuples coloniaux ! Vive les Fellaghas ! A bas les charognards gouvernementaux !

C. PELIEU

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