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La GESTAPO française « se fait la main » sur les travailleurs algériens à Roubaix

Article paru dans Le Libertaire, 57e année, n° 422, 17 mars 1955, p. 1

Les deux flics, effrayés, n’osent pas encadrer leur prisonnière !

LE 6 novembre 1954, à 6 h. 15 du matin, une douzaine de policiers, conduits par un commissaire, se présentaient rue Cadeau, à Roubaix, au domicile de Debah Tahar, tenant un café algérien.

Les flics pénètrent dans le café, en interdisent l’accès et la sortie, giflent les locataires qui tendent de partir, fouillent les clients. Ils giflent Debah Tahar, auquel ils interdisent de parler.

Puis, c’est une fouille complète, jusqu’au billard et à la cuisinière. Une valise appartenant à un locataire est fracturée, brisée. Tous les objets sont jetés à terre.

Les brutes policières pénètrent dans la chambre où reposent les enfants et la femme de Tahar. Ils contraignent la femme à se lever, lui refusant le temps de se vêtir, réveillent les enfants effrayés, fouillent aussitôt les lits. La femme proteste. Les sbires de la nouvelle Gestapo aperçoivent la photo de Messali Hadj. Le commissaire en personne la décroche, la foule aux pieds et crache dessus. La femme de Tahar proteste de nouveau, elle déclare : « Pourquoi faites-vous cela ? Vous êtes des sauvages. Vous agissez ainsi parce que nous sommes des Algériens. Vous n’auriez pas le courage de le faire chez des Français. Vous aviez besoin de nous contre les Allemands, mais plus maintenant. » Le commissaire de répliquer : « LES ALGERIENS SONT UNE MONNAIE D’ECHANGE, BONS POUR FAIRE DE LA CHAIR A CANON. CE SONT DES ESCLAVES. »

Ceci n’empêchera pas que les paroles de Mme Tahar soient relevées et qu’elle devra comparaître, le 20 janvier 1955, devant le tribunal, pour outrage à « un agent dépositaire de la force publique ». Le Tribunal refuse d’entendre les témoins, et Mme Tahar sera condamnée à 15 jours de prison et 30.000 fr. d’amende.

En fin de perquisition, le mari est emmené dans les locaux de la police, passé à l’identité judiciaire, relâché après une heure et demie, mais on revient le chercher à midi. La femme, que la nouvelle Gestapo veut aussi emmener, est laissée en liberté, devant l’opposition résolue du mari.

C’est le 23 février 1955, dix jours après avoir accouché d’une petite fille, que Mme Tahar est appelée à accomplir les quinze jours de prison auxquels elle avait été condamnée le 20 janvier. Le père est laissé seul avec les six enfants, dont le nouveau-né. On lui offre alors de faire venir chez lui une assistante sociale. On met la mère d’un bébé en prison et on la remplace au foyer ! Refus indigné du père.

Mais ce n’est pas tout. Les flics ont osé, au moment de l’incarcération de la femme, demander au mari de la conduire à la prison, ce qu’il refusa. Mais ils l’obligèrent à la conduire jusqu’au commissariat de Lille. C’est seulement alors que Mme Tahar prit le chemin de la prison, entre deux gendarmes, comme nos amis algériens ont pu le fixer sur la photo que nous reproduisons ci-contre.

Cette réaction de peur des brutes policières s’explique : la flicaille commence à redouter la légitime colère des travailleurs algériens. C’est d’ailleurs pourquoi, lorsqu’ils vinrent demander à Debah Tahar de conduire sa femme à la prison, ils vinrent sans prévenir, à une heure à laquelle ils savaient que les camarades algériens étaient au travail.

Il faut que les travailleurs algériens sachent que l’avant-garde ouvrière française est décidée à mener le combat contre les menées de cette nouvelle Gestapo qu’est la police française. Il faut que les travailleurs français soient de plus en plus nombreux à savoir la vérité sur l’Algérie, le sort des Algériens et leur MAGNIFIQUE RESISTANCE, afin que de plus en plus nombreux ils mènent ENSEMBLE la lutte.

De notre envoyé spécial.

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