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Appel de la IVe Internationale : Solidarité au peuple hongrois !

Appel du Secrétariat international de la IVe Internationale paru dans La Vérité des travailleurs, n° 53, 15 décembre 1956, p. 10

The damaged headquarters of the Hungarian Communist Party, on Köztársaság tér, in Budapest. (Source)

A toutes les organisations ouvrières, à tous les travailleurs

Camarades,

Depuis plusieurs semaines déjà, les travailleurs hongrois luttent héroïquement pour la défense de leur pouvoir démocratique, des Conseils. Cette lutte est arrivée maintenant à un nouveau point crucial.

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La IVe Internationale flétrit l’agression de l’armée soviétique contre le peuple hongrois

Déclaration du Secrétariat international de la IVe Internationale parue dans La Vérité des travailleurs, n° 50, 1er novembre 1956, p. 12

hars soviétiques dans les rues de budapest, le 30 octobre 1956. Photo Frigyes Tomacsko/Ullstein Bild/Roger_Viollet (Source)

En Hongrie, la faillite économique et politique des dirigeants staliniens hongrois inféodes au Kremlin et leur refus bureaucratique jusqu’à la dernière minute d’accéder aux demandes et aux aspirations profondes des masses, ont provoqué un soulèvement populaire.

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Pannonicus : Les conseils ouvriers de la révolution hongroise

Article de Pannonicus paru dans Socialisme ou Barbarie, Volume IV (9e année), n° 21, mars-mai 1957, p. 105-112

1er novembre 1956, à Budapest, des Hongrois sur un char soviétique ©Getty – Gamma-Keystone (Source)

C’est depuis une centaine d’années environ qu’on observe la tendance socialiste dans l’histoire ou, pour employer la phraséologie hégélienne, que le mouvement autonome de l’esprit pur « se socialise ». Il faut admettre que le mot « socialisme », en lui même, ne dit rien, ou plutôt dit trop. Derrière ce mot agissaient les hitlériens ; le « socialisme » est le principe déclaré de plusieurs gouvernements sociaux-démocrates et, horribile dictu, c’est au nom du « socialisme » qu’on exerce des dictatures sanguinaires, comme celle de Kadar en Hongrie.

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Louis Mercier : Pourquoi et comment la Hongrie ouvrière se bat

Articles de Louis Mercier parus dans La Révolution prolétarienne, 25e année, n° 412, nouvelle série n° 111, décembre 1956, p. 1-5

Ruszkik haza! « Russes, rentrez chez vous ! », slogan à Budapest. (Source)

Quand le pouvoir totalitaire éclate, l’appareil d’État s’effondre d’un coup. L’illusion de la toute-puissance politique se dissipe et les forces populaires réelles se manifestent au grand jour. Le régime que l’on disait soutenu et plébiscité à chaque élection par la quasi unanimité des citoyens se retrouve sans base aucune. Le parti unique, censé représenter l’ensemble des populations laborieuses, s’écroule en quelques heures. La police « du peuple », perdant toute autorité, est immédiatement pourchassée, traquée et massacrée par ceux qu’elle prétendait défendre.

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Cyrille Rousseau de Beauplan : Comment ils se sont battus

Article de Cyrille Rousseau de Beauplan alias Philippe Guillaume paru dans Socialisme ou Barbarie, n° 20, décembre 1956-février 1957, Volume IV (8e année), p. 117-123.

Budapest VII. Rákóczi út – Akácfa utca sarok. Égő szovjet BTR-152 páncélozott csapatszállító jármű. (Source)

UNE RÉVOLTE DE TOUT UN PEUPLE,
PROLÉTARIAT ET JEUNES EN TÊTE

Tout le monde sait maintenant comment cela a débuté. A la suite de l’avènement au pouvoir de Gomulka en Pologne, un grand espoir s’est levé sur la Hongrie. Tout le monde espère le retour de Nagy, le Gomulka hongrois, parce que, comme en Pologne, cela signifie un certain allègement de la contrainte économique et une petite indépendance vis-à-vis des Russes, moins d’ingérence ouverte de ceux-ci et moins de prélèvements sans contrepartie des richesses produites par le pays. Ce n’est pas grand chose, mais c’est déjà énorme en comparaison d’un passé exécré, celui de Rakosi. Ces timides revendications viennent des écrivains communistes (cercle Petöfi) et des étudiants communistes. Ces écrivains ne sont pas des écrivains « bourgeois », ayant une situation indépendante, comme Mauriac ou Sartre en France. Ce sont tous de véritables fonctionnaires du parti communiste, des servants de son idéologie, comme le philosophe Lukacs et qui, tous, ont chanté les louanges des Rakosi et de son régime, même si ils l’ont fait parfois à contrecœur. Depuis la déstalinisation cependant, et plus particulièrement depuis les événements de Pologne, ils ont pris quelques libertés, se sont exprimés ouvertement, ont tenu des réunions. Les étudiants ne sont pas des étudiants bourgeois ; ce sont des fils de membres du parti, de dirigeants syndicaux, de fonctionnaires de l’État communiste et même d’ouvriers et de paysans, à qui le régime — qui a un énorme besoin de « cadres » — a donné, en échange de leur soumission, leur chance sur une échelle beaucoup plus grande que dans les pays capitalistes. Une manifestation est décidée pour le 23 octobre, mais peu après que les écrivains et les étudiants aient formé leur cortèges, toutes les autres couches de la population, dont essentiellement les ouvriers, se sont joints à eux jusqu’à former des cortèges s’élevant à plus de deux cent mille hommes, femmes et enfants.

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Tchécoslovaquie

Article paru dans Pouvoir Ouvrier, n° 95, février 1969, p. 1

Some Czechs threw petrol bombs – but the armoured invasion was overwhelming : AFP (Source)

La récupération officielle du cadavre de Jan Palach, l’étudiant qui s’est suicidé par le feu, a permis au gouvernement tchécoslovaque de sauver encore une fois la face. Mais les appels au calme qu’il adresse sans arrêt aux étudiants comme aux ouvriers s’accompagnent de plus en plus de menaces contre les « extrémistes ».

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Tchécoslovaquie : le capitalisme bureaucratique en crise

Article paru dans Pouvoir Ouvrier, n° 93, octobre 1968, p. 1 et 3

AP (Source)

Les événements qui, depuis le début de l’année secouent la Tchécoslovaquie, ne peuvent se comprendre que replacés dans leur contexte, à savoir : les difficultés économiques et la pression des classes qui sévissent depuis plusieurs années dans les pays de l’Est européen.

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Crise politique en Tchécoslovaquie

Article paru dans Pouvoir Ouvrier, n° 89, mars-avril 1968, p. 5-8

Soviet invasion of Prague (Libor Hajsky—CTK/AP Images) : Source

Le remplacement de Novotny par Dubcek à la tête du P.C. tchécoslovaque s’est rapidement transformé en une vaste épuration de tout l’appareil dirigeant la société. Les bastions des « novotnyens » sont tombés l’un après l’autre. Limogeage de Chudik, président du Conseil National de Slovaquie, révocation du ministre de l’Intérieur Kaudna et du procureur général Bartuka, du ministre de la Défense Lomsky, du vice-président du Conseil Simunek. Finalement, c’est un nouveau gouvernement qui va être formé sous la présidence de Cernik remplaçant le stalinien Lenart. Quelques « bavures », bien sûr : fuite aux U.S.A. du général Sejna emportant des fonds et les plans militaires de l’Est, « suicide » du vice-ministre de la Défense Janko, « suicide » du vice-président de la Cour Suprême Brestransky, spécialiste en procès de haute trahison. Dans le parti lui-même, remaniement tout aussi radical : sur les dix membres du présidium du comité central, trois seulement sont restés en place : Dubcek, Cernik et Kolder.

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En occupant la Tchécoslovaquie, la Russie révèle, une fois de plus, la nature impérialiste du capitalisme d’État

Article paru dans Informations Correspondance Ouvrières, n° 75, novembre 1968, p. 3-4

During the Soviet invasion of Czechoslovakia, Czechoslovaks carry their national flag past a burning tank in Prague. (Source)

Pour ceux qui pouvaient encore en douter, l’invasion et la mise au pas de la Tchécoslovaquie confirme, s’il en était besoin, le caractère impérialiste de l’État russe. Rappelons quand même qu’en 1939-40, à la suite de l’accord avec Hitler la Russie occupa les États Baltes, une partie de la Pologne, la Bucovine et la Bessarabie. L’agression contre la Finlande suivit. Puis à la fin de la seconde guerre mondiale ce fut le partage du monde de Yalta qui assurait à la Russie la domination de l’Europe de l’Est et d’une partie des Balkans. Depuis, l’impérialisme russe réagit brutalement lorsque ses conquêtes sont menacées. La répression de l’insurrection hongroise en 1956 est encore dans toutes les mémoires, au moins pour ceux qui ne sont pas trop jeunes. En Hongrie la bureaucratie russe défendait au surplus sa domination de classe contestée par les conseils ouvriers. Rappelons enfin que dans son affrontement avec l’impérialisme américain, l’impérialisme russe apporte un soutien mesuré aux bureaucraties nationales du Nord-Vietnam, d’Égypte, de Syrie, d’Algérie, de Cuba, etc.

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Poznań

Article paru dans Socialisme ou Barbarie, Volume IV (8e année), juillet-septembre 1956, n° 19, p. 116-120

« Nous demandons du pain » : manifestation dans la rue de l’Armée rouge (aujourd’hui rue Saint-Martin). Source

Les ouvriers polonais viennent de répondre à leur manière au XXe Congrès. Tandis que dans le monde entier les dirigeants communistes rusent pour contenir les formidables remous que propage la déstalinisation, à Poznan, métallos et cheminots ont formulé sans qu’on les y convie leur propre critique qui est celle des armes : les ouvriers de l’usine Staline ont débrayé le 28 au matin, tenu un meeting monstre, appelé à leur aide les travailleurs des autres entreprises, et, après avoir défilé en scandant « c’est notre révolution. Du Pain. Démocratie. Liberté. A bas les bonzes » ils ont attaqué la prison et les Bureaux des services de sécurité. Le très libéral Cyrankiewicz peut bien insinuer que les révoltés sont des ouvriers arriérés et le sinistre Courtade les traiter de chouans, l’explosion de Poznan est trop forte pour qu’on puisse en dissimuler le sens : les ouvriers ne s’accommodent pas de la déstalinisation ; il ne leur suffit pas que les dirigeants sacrifient un ou deux de leurs anciens collègues terroristes et qu’ils affichent une soudaine horreur de la dictature stalinienne, ils veulent du pain, la liberté, la démocratie — bref ce qu’ont toujours voulu les ouvriers dans tous les régimes d’exploitation dès qu’ils sont entrés en lutte.

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Pologne : vive la révolte ouvrière

Article paru dans Front libertaire des luttes de classes, n° 5, février 1971, p. 4

Une nouvelle fois l’apparence vient d’être renversée : le dernier bastion de la « stabilité » policière dite socialiste s’est écroulé, sous les coups de boutoir du prolétariat polonais.

Gomulka est allé rejoindre Khrouchtchev, Dubcek, Rakosi, Gero et consorts dans les geôles « socialistes » déguisées en maisons de repos.

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Les grèves de Pologne : première montée prolétarienne dans les États ouvriers

Éditorial paru dans Quatrième Internationale, 29e année, n° 48, mars 1971, p. 1-5

Source

Les événements de Pologne de décembre 1970, ceux de Gdansk et de Lódz en janvier et février de cette année, démontrent que nous nous trouvons en présence d’un mouvement de fond de la classe ouvrière polonaise à l’échelle nationale. Loin d’avoir été brisé dans l’œuf par les fusillades dans les premiers jours, il a pris une ampleur croissante et de ce fait a posé des problèmes extrêmement difficiles en premier lieu aux dirigeants polonais, et a porté en outre la crise du stalinisme international à un niveau plus élevé que jamais.

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Pologne : Une grève sauvage générale

Article paru dans Informations Correspondance Ouvrières, n° 101-102, janvier-février 1971, p. 3-8

Gdynia: Protests against the death of Zbyszek Godlewski on December 17, 1970 (Source)

Comme dans les explosions passées de la lutte de classe dans les pays capitalistes d’État (branche orientale du capitalisme), les travailleurs polonais viennent de marquer les limites du pouvoir de la classe dominante (que ce soit l’ancienne classe du parti — dirigeants politiques — ou les nouvelles classes de technocrates — dirigeants de l’économie).

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Gaston Davoust : De Cronstadt à Gdańsk et Szczecin

Article de Gaston Davoust dit Henry Chazé paru dans les Cahiers du Communisme de Conseils, n° 8, mai 1971, p. 3-14

Gdansk, December 1970: The crackdown on the workers’ uprising, photographed by Jan Juchniewicz (Source)

« Toute révolution nouvelle commence non sur la base où débuta la précédente, mais en partant du point où la révolution antérieure a subi un enrayement mortel »

Ciliga – L’insurrection de Cronstadt – La Révolution Prolétarienne, sept. 1938
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Ernest Mandel : Quelques aspects de la critique et de l’autocritique en U.R.S.S. par M. Bace

Article d’Ernest Mandel alias E. Germain paru dans Quatrième Internationale, 8ème année, Volume 8, nos 8-10, août-octobre 1950, p. 42-43

Maksimilijan « Maks » Baće (Source)

Dans le n° 6 de l’année. 1949 de la revue théorique du P.C.Y., « Communiste », a été publié un long article d’un jeune théoricien dalmate, Makso Bace, membre du C.C. du P.C. croate et ancien chef des partisans slovènes, où sont analysées minutieusement les manifestations de l’emprise bureaucratique sur le Parti bolchévik russe dans l’ère stalinienne. Cet article est presque inconnu hors de Yougoslavie, puisque la seule langue étrangère dans laquelle il a été traduit est l’italien. (Makso Bace: Alcuni Aspetti della Critica e Autocritica nell’ U.R.S.S., Editoriale Periodici italiani, Milan, 1950.) Constituant une des contributions les plus importantes du P.C.Y. à la critique marxiste sur le phénomène de la bureaucratie soviétique, il mériterait d’être largement connu de l’avant-garde révolutionnaire internationale.

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Paul Sénac : Victor Serge n’est plus

Article de Paul Sénac paru dans Force ouvrière, n° 103, 18 décembre 1947, p. 12

The delegates to the IInd Congress of the IIIrd International, at Pavlovsk. In the middle of the group, Comrade Lilina. On her left, Mutzenberg’. Zlata (or Zinaida) Ionova Lilina (1881-1929) was Grigori Zinoviev’s wife. Involved in children care and education, she was People’s Commissar for Social Planning to the Northern Commun (organ of the Petrograd Soviet). Victor Serge (1890-1947) described her as ‘a small crop-haired, grey-eyed woman (.) sprightly and tough’. She stands in the middle of the group, with German delegate Willi Münzenberg (1889-1940) on her left. The man with a hat and a pipe may be Karl Radek (1885-1939). The man on the left, behind the woman in a white dress, may be Manabendra Nath Roy (1887-1954), delegate to Mexico, commissioned by Lenin to write the theses on national and colonial questions during the IInd Congress. (Photo by: HUM Images/Universal Images Group via Getty Images)

LES restrictions de papier, supprimant nos chroniques, nous font vous parler de la disparition de Victor Serge avec un certain retard.

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Le vertige – d’Evguenia S. Guinzbourg (Seuil)

Article paru dans Informations Correspondance Ouvrières, n° 71, mai 1968, p. 21-24

Quelques romans ont essayé depuis longtemps de percer le mystère physique et psychologique des « procès de Moscou » : L’Affaire Toulaev, de Victor Serge,
Le Zéro et l’Infini de Koestler,
plus récemment : Une journée d’Ivan Denissovitch de Soljenitsyne fut publié en Russie au moment du dégel, à la suite de quoi, et d’une seconde nouvelle : La Maison de Matriona, Soljenitsyne fut plus ou moins mis à l’index.

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Le Parti bolchévique par Pierre Broué (Ed. de Minuit)

Article paru dans Cahiers de discussion pour le socialisme de conseils, n° 4, avril 1964, p. 19-20

Les conclusions « marxistes-léninistes » par lesquelles l’auteur s’est cru obligé de terminer son ouvrage, ne peuvent lui retirer les qualités d’objectivité dans l’exposé des faits. Le livre se lit avec intérêt, apporte une riche documentation et une bibliographie qui peuvent permettre d’approfondir certains problèmes qui ne pouvaient être traités à fond dans un tel ouvrage. Il faut donc le lire, et nous pouvons dire sans restriction, car il enrichit l’histoire du mouvement ouvrier. Quant à accepter ses vues politiques, exposées pour l’essentiel dans les derniers chapitres, ceci est une toute autre affaire.

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Maurice Chambelland : A propos du livre de Rosmer, Moscou sous Lénine

Article de Maurice Chambelland paru dans La Révolution prolétarienne, n° 73 (374), juin 1953, p. 17-19

Les lecteurs de la R.P. ont déjà lu dans le numéro d’avril l’avant-propos et la conclusion de l’ouvrage de Rosmer. Ils savent déjà que ce livre est un récit, un « long rapport », selon l’expression de l’auteur. sur les séjours qu’il fit en Russie soviétique de 1920 à 1924, au moment des premiers congrès de l’Internationale Communiste et du congrès constitutif de l’Internationale Syndicale Rouge.

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René Michel : Le crépuscule des soviets

Article de René Michel paru dans Le Libertaire, n° 174, 25 mars 1949, p. 3

Sous le titre « La Commune de Cronstadt, crépuscule sanglant des Soviets » (1), Ida Mett nous donne un exposé bref et saisissant des origines de Cronstadt révolutionnaire, de son insurrection contre la bureaucratisation bolchevique, de sa mort héroïque. On sait quel avait été, tant en 1904-1906 qu’en février et en octobre 1918, le glorieux passé révolutionnaire de la flotte russe, particulièrement en Mer Noire, dans la Baltique et à Cronstadt. Comment pourrait-on croire dans les accusations de Lénine, Trotsky, Staline, unis dans le mensonge, lorsqu’ils tentent de nous présenter le Cronstadt de 1921 qui exigeait la liberté des soviets, des ouvriers et des paysans, et la fin de la dictature d’un parti, celui des Bolcheviks, comme contre-révolutionnaire ? Ida Mett fait justice des calomnies venant d’un parti qui soutenait la bureaucratisation parce qu’il s’appuyait sur elle pour maintenir le peuple en esclavage, au nom d’un étatisme tout puissant.

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René Michel : Margarete Buber-Neumann, « Déportée en Sibérie »

Article de René Michel paru dans Le Libertaire, n° 184, 3 juin 1949, p. 3

ON peut regretter que la littérature et les études sur le système totalitaire soviétique et, sur les camps de concentration de la pseudo « Patrie des Travailleurs », ne soient souvent offerts au grand public français qu’avec un certain retard sur leur parution en langue étrangère. Il en est ainsi de l’érudit ouvrage de Dallin et Nicolaevsky, l’un ex-prisonnier des isolateurs du Guépéou et l’autre révolutionnaire menchevik bien connu pour ses travaux sur la vie de Marx, paru il y a au moins une année aux U.S.A., et dont on annonce une prochaine traduction française, et de bien d’autres encore. Néanmoins, à travers les œuvres de Victor Serge, de Ciliga, le livre un peu moins sincère peut-être, mais plus connu, de Kravchenko, et quelques-uns de ses imitateurs, les divers reportages et enquêtes de la presse, dont, on s’en souvient, celui auquel le « Libertaire » ouvrait, il y a peu ses colonnes, le public français pouvait se faire une opinion, pour autant qu’il consentait à ouvrir les yeux, sur « le pays du grand mensonge ».

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Pierre Frank : L’homme ne vit pas seulement de pain, de Vladimir Doudintsev

Recension de Pierre Frank parue dans Quatrième Internationale, 15e année, vol. 15, n° 4-6, juin-juillet 1957, p. 71-72

Dans la littérature universelle, la littérature russe du temps des tsars occupe une place plus qu’éminente. La grandeur de cette littérature ne tient pas qu’à des qualités strictement littéraires, artistiques et stylistiques. Elle provient en grande partie du tait que plus que la littérature de tout autre pays, elle était l’expression de la société, de ses couches sociales tourmentées, de ses douleurs, des souffrances d’une société peinant pour accoucher d’un monde nouveau. La littérature russe donne une histoire de la société russe sous les tsars qui est une très remarquable contribution aux études historiques proprement dite. Les écrivains russes furent, en fait, les précurseurs de la Révolution d’Octobre 1917, tout comme les écrivains français du XVIIIe siècle furent les précurseurs de la Grande Révolution française.

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Jean Regany : Général « El Campesino », La vie et la mort en U.R.S.S.

Recension de Jean Regany parue dans La Révolution prolétarienne, n° 45 (346), décembre 1950, p. 30-31

Général « El Campesino » : LA VIE ET LA MORT EN U.R.S.S. « Les Iles d’or ». Librairie Plon. (Transcription de Julian Gorkin — Traduction de Jean Talbot).


Valentin Gonzalez, « El Campesino », premier commandant communiste pendant la guerre d’Espagne, s’est évadé des « camps de la mort » staliniens, et raconte à celui qui fut son ennemi et qu’il faillit faire fusiller en Espagne, J. Gorkin, sa vie en U.R.S.S. de 1939 à 1949.

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Mikhalis Raptis : L’accusé, par Alexandre Weissberg

Recension de Mikhalis Raptis dit Michel Pablo parue dans Quatrième Internationale, 11e année, Volume 11, n° 5-7, juillet 1953, p. 70

Voici un témoignage de premier ordre sur la grande purge, des années 1936-1938, en U.R.S.S. Il est écrit par Alexandre Weissberg, physicien, spécialiste des basses températures, d’origine autrichienne, membre du P.C. autrichien, en 1927, qui se rendit en U.R.S.S. en 1931, appelé par l’Institut technique ukrainien de physique. Il fonda le Journal de Physique soviétique ; en 1933, il est chargé par le gouvernement soviétique de construire un vaste établissement expérimental à Kharkov dont il aurait dû devenir le directeur.

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Ernest Mandel : Un excellent roman révolutionnaire

Article d’Ernest Mandel alias Henri Vallin paru dans Quatrième Internationale, n° 46, mars-juin 1949, p. 43-44

Dans « L’Affaire Toulaév » (+), sa dernière œuvre et en même temps le plus mûr de tous ses romans, Victor SERGE traite le même sujet que « le Zéro et l’Infini » de Koestler, mais il le traite avec une compréhension sociale et psychologique supérieure et avec un art humain qui laissent loin derrière lui les constructions schématiques et purement cérébrales de l’auteur du « Yogi et le Commissaire ».

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Jean Regany : A. Ciliga, Dix ans derrière le rideau de fer (1926-1936)

Article de Jean Regany paru dans La Révolution prolétarienne, n° 43 -344), octobre 1950, p. 30-32

A. CILIGA : Dix ans derrière le rideau de fer (1926-1936).

La librairie Plon réédite un livre paru la première fois en 1938 : « Au pays du mensonge déconcertant ». Mais l’auteur a voulu développer son expérience de la vie de déporté en un deuxième volume : « Sibérie,
terre de l’exil et de l’industrialisation
» (1).

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Pierre Frank : « J’ai choisi la liberté » de V. A. Kravchenko

Recension de Pierre Frank parue dans Quatrième Internationale, juillet-août 1947, p. 54-55

Ce livre très dense de 638 pages, expose comme son sous-titre l’indique « la vie publique et privée d’un haut fonctionnaire soviétique », qui s’est échappé de l’enfer stalinien au cours de la seconde guerre, pendant qu’il se trouvait aux Etats-Unis, membre d’une mission soviétique.

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Cinéma : Le Dr. Folamour

Article paru dans Pouvoir ouvrier, n° 62, juillet-août 1964, p. 9-10

Prenez deux idées justes. La première : tout appareil bureaucratique offre un aspect comique ; sa rigidité, sa hiérarchie, sa prétendue rationalité le rendent irréaliste, incapable de s’adapter à une situation nouvelle et de la résoudre simplement ; bien plus, les règles du fonctionnement bureaucratique favorisent ou provoquent elles-mêmes des accidents par lesquels l’appareil est pris au dépourvu. Deuxième idée : aujourd’hui l’organisation de la destruction et de la terreur est bureaucratisée ; elle est l’affaire d’un immense système (dont le Strategic Air Command est, aux États-Unis, une partie) servi par des milliers d’hommes, s’étendant à toute la surface du globe, équipé avec les résultats les plus récents de la science et de l’industrie, prêt à fonctionner dans des délais qui sont de l’ordre de la minute, et suspendu sur la tête de milliards d’hommes.

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Jean-Baptiste Séverac : Sur l’U.R.S.S.

Article de Jean-Baptiste Séverac paru dans Le Populaire, 18 mai 1938, p. 6

Les livres que Georges Friedmann, Yvon et Ciliga viennent de publier sur la Russie ne peuvent être résumés utilement dans le cadre étroit d’une chronique. Je dois me borner à en indiquer la matière, l’esprit et les conclusions.

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Pierribe : André Gide et l’U.R.S.S.

Article de Pierribe paru dans La Jeune Garde, n° 10, 12 décembre 1936, p. 6

Le petit opuscule par lequel André Gide nous livre ses impressions d’un séjour d’un mois en U.R.S.S. a déjà fait couler beaucoup d’encre. En effet, son témoignage a pour tous, amis comme ennemis et de l’U.R.S.S. et du communisme une importance essentielle : il est celui d’un intellectuel bourgeois d’une probité absolue, récemment gagné par la mystique de l’U.R.S.S. et chez qui la déception de n’avoir pas trouvé dans ce nouveau monde ce qu’il en attendait n’a pas tué l’objectivité ni amoindri la foi dans la révolution sociale. Mais, pour bien tirer de cet ouvrage tous les enseignements qu’il comporte, il faut s’y garder d’y chercher autre chose que ce que l’auteur y apporte : le jugement d’un individualiste qui, après s’être cherché pendant toute une vie avec une sincérité allant jusqu’à l’humilité, a compris, au soir de celle-ci, que seule la révolution sociale, l’émancipation de la classe des prolétaires, la « dernière des classes », pourrait, en réalisant la société sans classes, libérer l’individu de toutes les entraves intellectuelles et morales dans lesquelles l’étreint une société basée sur l’exploitation de l’homme par l’homme.

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Jacques Signorelli : « La révolution qui vient »

Article de Jacques Signorelli alias André Garros paru dans Socialisme ou Barbarie, n° 23, janvier-février 1958, p. 195-201

Yvan Craipeau, dirigeant du Parti Unifié de la Gauche Socialiste, vient de publier « La Révolution qui vient » (*).

Cet ouvrage se présente comme un essai de clarification des idées
sur le mouvement révolutionnaire et la lutte pour le socialisme. Il
énonce en outre les principales positions qui devront, selon lui, servir
de base à la nouvelle formation de gauche.

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URSS. Pouvoir militaire et modèles de domination : Entretien avec Cornelius Castoriadis

Entretien avec Cornelius Castoriadis paru dans Agora, mensuel libertaire, n° 16, mai 1983, p. 28-29

On the 66th anniversary of the Russian Revolution, Russians and tourists pour into Moscow to celebrate. Troops, tanks and bands parade through Moscow’s Red Square, Soviet Union, on November 7, 1983. (Photo by Mikki Ansin/Getty Images)

IL fut un temps où on ne pouvait mettre en doute, ni même s’interroger sur le régime soviétique, sans être soupçonné, de soutenir le camp impérialiste yankee, ou d’être un « laquais des réactionnaires ». Cette période semble définitivement close. S’interroger sur la nature sociale de l’URSS est aujourd’hui très à la mode. A gauche, surtout, les analyses foisonnent. Castoriadis ne fait pas partie de cette « tardive compagnie ». Dès les premières années de l’après-guerre, il commence à s’intéresser à l’URSS, en fondant à Paris, avec Claude Lefort, la fameuse revue « Socialisme ou Barbarie« .

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Corée : fin de la « guerre froide »

Article paru dans Socialisme ou Barbarie, n° 7, août-septembre 1950, p. 95-103

North Korean prisoners, taken by the Marines in a foothills fight, march single file across a rice paddy, 1950.

La capacité d’une direction révolutionnaire se mesure à son aptitude à juger de la signification profonde des grands événements internationaux qui constituent la trame concrète de l’évolution historique dans laquelle le prolétariat révolutionnaire doit s’insérer comme force indépendante et consciente.

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Les perspectives de la « guerre froide »

Article paru dans Quatrième Internationale, 11e année, Volume 11, n° 5-7, juillet 1953, p. 1-6

Le bilan global des événements des derniers mois, disons depuis la mort de Staline, démontre l’impossibilité de sortir de l’impasse de la « guerre froide » et d’arriver à un compromis général et durable entre les pays impérialistes et ceux dudit bloc soviétique. En ce sens, la paix à laquelle aspirent avec raison les millions des travailleurs, n’est pas certainement pour demain.

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Guerre froide et guerre de classes

Article paru dans La Vérité, n° 221, 5 novembre 1948, p. 3

La réunion de l’Assemblée générale de l’O.N.U. a déplacé le centre de gravité de la « guerre froide » de Berlin à Paris. Pour la galerie, des discours plus spectaculaires l’un que l’autre n’ont cessé de se succéder de jour en jour ; dans les coulisses se sont entre temps poursuivis les pourparlers ultra-secrets qui ont une fois de plus démontré aux peuples combien mensongers sont les procédés de propagande utilisés de part et d’autre pour maintenir en haleine l’opinion publique mondiale.

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Ghislain Bellorget : Afghanistan. Femmes invisibles, femmes opprimées

Article de Ghislain Bellorget paru dans Agora, n° 19, hiver 1983-1984, p. 27-28

« S’il existe un phénomène tel que le mal absolu, il consiste à traiter un autre être humain comme un objet. »

John BRUNNER

PENDANT deux mois et demi, G. Bellorget a suivi une équipe de « Médecins du Monde »en Afghanistan. Il ainsi pu rencontrer les opposants qui, depuis quatre ans, s’affrontent à l’occupation soviétique. Cela a donné un long reportage dont nous ne publions ici que les extraits concernant la condition des femmes dans ce pays. Ce choix ne signifie évidemment pas une justification quelconque de l’agression impérialiste soviétique, que nous condamnons énergiquement. Il veut simplement affirmer, comme l’écrit Bellorget, que « les ennemis de nos ennemis ne sont pas forcément nos amis ».


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Albert Camus : L’embarras du choix

Article d’Albert Camus paru dans Franc-Tireur, 7 décembre 1948, p. 1 et 3

LA paix a les inconvénients de l’amour. On croit savoir ce qu’elle est et puis l’épreuve arrive, la voici menacée, et personne ne s’entend sur le sens de ce mot. Les premiers venus, dont je suis, pensent que la paix est l’absence de guerre et qu’une politique pacifiste est une politique qui ne multiplie pas les chances de guerre. Ils pensent, en outre, qu’on a d’autant moins le droit de courir ces chances que la guerre à venir menace d’être plus générale et plus destructive. Autrement dit, s’il faut être prudent quand il s’agit de risquer une guerre de canons et d’avions entre la France et l’Allemagne, il faut l’être d’autant plus quand il s’agit d’une catastrophe où les continents seront atomisés.

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Maurice Nadeau : Koestler à la recherche d’une morale

Article de Maurice Nadeau paru dans Gavroche, n° 118, 28 novembre 1946, p. 5

LE propre des œuvres profondément engagées dans l’époque est de susciter la polémique. On peut même avancer que les œuvres fortes la suscitent toujours ; voyez Miller, voyez le courant actuel de littérature noire principalement branchée sur l’Amérique et où l’on trouve du bon et du mauvais mais qui ne peut laisser indifférent. Souvenons-nous des anti-Gide d’avant 1914, des anti-Valéry de 1920, des anti-Claudel de toujours. Pour Arthur Koestler, la question déborde le plan artistique et même celui des mœurs ; elle se meut dans un domaine où les passions se déchaînent au maximum : la politique.

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Maurice Nadeau : « J’ai choisi la liberté ! »

Article de Maurice Nadeau paru dans Combat, 6 juin 1947, p. 2

LE 5 avril 1944, le « Daily Worker », quotidien communiste des Etats-Unis, apprenait à ses lecteurs qu’un

« soi-disant fonctionnaire de la Commission d’achats soviétique de Washington, Victor Kravchenko, venait de trahir la confiance qu’avait placée en lui le peuple de l’U. R. S. S. »

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Jean-Paul Monteil : Un livre qui vient au bon moment

Article de Jean-Paul Monteil paru dans Le Libertaire, n° 525, 4 décembre 1936, p. 4

André Gide, le 23 juin 1936 sur la Place Rouge, à Moscou, pendant les funérailles de Maxime Gorki (1868-1936). Gide est entouré (en partant de la droite) par Joseph Staline, Vyacheslav Mikhaylovich Molotov, Nikolai Alexsandrovich Boulganin, Nikita Khruschev, Anastas Ivanovich Mikoyan, le journaliste Michel Koltsov and l’écrivain Alexis Tolstoi. AFP PHOTO

Lorsqu’en 1933, André Gide vint au communisme et à la défense de l’U. R. S. S., la presse du P. C. et de ses filiales donnèrent à cette adhésion un retentissement extraordinaire. L’événement en valait la peine car A. Gide est incontestablement un des meilleurs écrivains de ce pays et sa venue parmi les amis de l’U. R. S. S. était pour celle-ci une caution morale prestigieuse. D’autant plus, qu’il faut reconnaître à cet homme, en plus de son talent, un grand courage et une grande probité.

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Breffel : Réflexions sur le « Zéro et l’Infini »

Article de Breffel paru dans Le Libertaire, n° 63, 10 janvier 1947, p. 3

Hungarian-born British writer Arthur Koestler, right, at the head office of publishers Jonathan Cape with G Wren Howard. Original Publication: Picture Post – 1671 – Do We Read Better Books In Wartime – pub. 1944 (Photo by Felix Man & Kurt Hutton/Picture Post/Hulton Archive/Getty Images)

La traduction du livre de Koestler a suscité en France une double querelle : certains y ont cherché la psychologie des victimes des Procès de Moscou ; d’autres y ont vu une critique du régime soviétique. Le choix exclusif d’un point de vue est ici assez vain. Les deux se justifient, s’il est vrai qu’il y a dans un livre, outre l’apport de l’auteur, ce que le lecteur y ajoute.

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Les deux Grands face au Tiers-Monde

Article paru dans Pouvoir ouvrier, n° 88, janvier-février 1968, p. 1-5

Officers and crew of the United States Navy ship USS Pueblo being led away after being captured by North Korean forces in international waters in the Sea of Japan during the Vietnam War.

UNE NOUVELLE ETAPE AU VIETNAM ?

Après l’incident du « Pueblo », l’offensive générale du Vietcong vient de mettre en évidence les limites de la puissance américaine en Asie. La prise simultanée des villes, l’occupation partielle de Saïgon, l’attaque et parfois la destruction des bases américaines, l’effondrement de l’administration et de l’armée sud-vietnamiennes révèlent l’échec total des plans politico-militaires de Washington. La pacification a vécu : le Vietcong est comme « le poisson dans l’eau » au sein de la population civile ; les bombardements du Nord n’ont ni brisé le moral de Hanoï ni empêché le passage d’armes lourdes et de troupes vers le Sud.

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Livres : « Le Vertige »

Article paru dans Pouvoir ouvrier, n° 85, juillet-août 1967, p. 14

« Clara se couche sur le ventre et remonte sa robe. Des cicatrices profondes rayent ses cuisses et ses fesses, comme si des bêtes avaient mordu ses chairs…

– Ça, c’est la Gestapo, dit-elle d’une voix rauque. Puis elle s’assied et montrant ses mains, elle ajoute :

– Et ça, c’est le N.K.V.D.

Les bouts de ses doigts sont comme broyés, violacés, gonflés. Elle n’a plus d’ongles ».

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Jean-Daniel Martinet : Les intellectuels et le goût du pouvoir

Article de Jean-Daniel Martinet paru dans La Révolution prolétarienne, n° 303, mai 1947, p. 11-13

May 1947: Heavy artillery on parade during a review of the Moscow Garrison troops during the May Day celebrations in Red Square, passing posters of Lenin and Stalin. (Photo by N. Sitnikov/Hulton Archive/Getty Images)

De multiples articles de revues permettent d’apprécier l’influence exercée par les succès de l’U. R. S. S. sur ces jeunes intellectuels qui n’ont pas connu la période héroïque de la Révolution russe (où celle-ci s’identifiait, au moins partiellement, avec la cause des opprimés et des humiliés) et qui n’ont pas pu traverser le marécage de la résistance sans y laisser leurs dernières illusions généreuses.

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Aimé Patri : L’ère des « organisateurs ». Remarques à propos des conceptions de Burnham

Article d’Aimé Patri paru dans Masses, n° 11, octobre-novembre 1947, p. 23-25

Il faut rappeler d’abord que la thèse soutenue dans le livre de Burnham est loin d’être une nouveauté pour ceux qui ont connu les controverses intérieures aux divers groupes d’opposition communiste avant la guerre. Nombreux ont été les adversaires communistes de Staline qui ont fini par penser que le régime établi en U. R. S. S. pouvait être autre chose qu’un simple phénomène de transition entre le capitalisme privé et le socialisme démocratique, correspondant en fait à un type historique nouveau et à l’avènement d’une nouvelle classe dirigeante qui n’était pas le prolétariat. On pourrait évoquer les thèses de l’infortuné Rakovski qui, rappelant la formule de Lénine en 1921, écrivait de son isolateur vers 1930 : « d’Etat prolétarien à déformation bureaucratique, nous nous développons de plus en plus en Etat bureaucratique à origine prolétarienne » et n’hésitait pas à parler d’une nouvelle « classe » sociale. Dès 1929, les thèses de Sopranov et de son groupe dit du « centralisme démocratique», en dehors des rangs du « trotskysme », soutenaient un point de vue analogue. Cette thèse a été, jusqu’en 1939, vivement combattue par Trotsky qui n’a pas hésité à rompre à ce propos avec plusieurs de ses anciens camarades dont Burnham lui-même ; mais il n’était pas le seul puisqu’on citerait encore Urbahns en Allemagne, Max Schatman en Amérique, etc. Rappelons encore qu’elle était familière aux camarades du noyau de « la Révolution prolétarienne » et de « Masses ». Remontant à des origines plus lointaines encore, on la trouverait exprimée par les anarchistes, par certains mencheviks russes et par des sociaux démocrates comme Kaustsky. Quant au rapprochement entre la structure interne de l’U. R. S. S. stalinienne et les régimes mussolinien et hitlérien, il s’était imposé aussi par la force des choses à beaucoup d’esprits.

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Aimé Patri : Philosophie de la police politique. A propos d’A. Koestler et de M. Merleau-Ponty

Article d’Aimé Patri paru dans Masses, n° 7-8, février-mars 1947, p. 28-30

Monsieur Maurice Merleau-Ponty publie actuellement dans les « Temps Modernes » (Nos 13 et 14, le reste est à suivre), une bien étrange réponse au recueil d’essais de Koestler : « Le Yogi et le Commissaire » (1). Cette réponse est intitulée : « Le Yogi et le Prolétaire », Il s’agit en réalité, bien plus que de répondre au « Yogi et le Commissaire », de reprendre la question posée dans « Zéro et Infini » (2), à propos des procès de Moscou. M. Merleau-Ponty a soigneusement compulsé les dossiers des procès, notamment celui de Boukharine et il a entrepris de prononcer un plaidoyer rétrospectif… en faveur des juges. On ne s’attendait guère à voir Kierkegaard et Heidegger appelés à témoigner dans cette affaire, en se disant au surplus « marxistes », mais.c ‘est pourtant un fait. M. Merleau-Ponty, philosophe, « existentialiste » de son état, est aujourd’hui « marxiste » aussi bien que M. E. Mounier, théoricien du « personnalisme » spiritualiste. Lorsqu’on dit « marxiste » il faut naturellement entendre « stalinien » ou mieux « stalinophile », puisqu’il ne s’agit que de velléités néophytes accueillies avec la réserve qui convient, par les services inquisiteurs.

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Roger Hagnauer : A propos de l’affaire Kravchenko. Solidaires du prolétariat russe !

Article de Roger Hagnauer paru dans La Révolution prolétarienne, n° 25, avril 1949, p. 28-29

On March 1, 1949, on his action for libel against the magazine LES LETTRES FRANCAISES, the former apparatchik Victor KRAVCHENKO showing the mnuscript of his book J’AI CHOISI LA LIBERTE (I’VE CHOSEN LIBERTY) as the resounding piece of evidence prooving he is the author. Indeed, the magazine stood in 3 articles that the writer was not the author of the book J’AICHOISI LA LIBERTE which describes misery in USRR and the existence of concentration camp. (Photo by Keystone-France/Gamma-Keystone via Getty Images)

« Combat » ayant ouvert une enquête sur l’affaire Kravchenko, j’ai cru devoir préciser notre position en un papier remis directement à M. Claude Bourdet, rédacteur en chef.

Il est normal que le journal n’ait pas publié toutes les réponses reçues. Mais il est regrettable que le rédacteur chargé de l’enquête n’ait fait aucune allusion à l’opinion de ceux dont l’antistalinisme, né de leur fidélité à la Révolution russe, ne se confond pas avec l’anticommunisme vulgaire et réactionnaire. Je soumets donc le papier au jugement de nos lecteurs.

R. H.

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Jean Seurel : Le procès Kravchenko

Article de Jean Seurel paru dans Socialisme ou Barbarie, n° 2, mai-juin 1949, p. 116-121

In France on February 23, 1949, the wife of the German Communist leader Heinz NEUMANN, Margaret BUBER-NEUMANN, incarcerated by STALIN at a camp in Kazakhstan, handed over to the SS in 1940 then sent to Ravensbruck, testified on her deportation at the defamation trial of Viktor KRAVCHENKO against the magazine LES LETTRES FRANCAISES. The magazine asserted, in three articles, that the writer, a former apparachik, is not the author of the book J’AI CHOISI LA LIBERTE (I Chose Liberty) which describes misery in the U.S.S.R and the existence of concentration camps. The trial became the stage of clashes between French Stalinist Communists accusing him of lies and former Soviet deportees. (Photo by Keystone-France/Gamma-Keystone via Getty Images)

Pendant deux mois le procès Kravchenko-Lettres Françaises a passionné l’opinion publique. Il est une source de larges profits pour la presse et l’édition qui se disputent les mémoires des témoins. Aux uns il apporte une célébrité subite (Mme Buber-Neuman), aux autres il coûte une maison (le général Rudenko aurait, paraît-il, perdu la sienne). A la longue tout ceci apparaît comme une immense parade publicitaire et chacun est prêt à retourner chez lui, c’est-à-dire à ses idées, ou en revient un peu plus écœuré car il sent monter de partout l’odeur fétide des marais. Ce dégoût a une valeur positive. Et pourtant il vaut la peine de s’arrêter sur ce procès car il est à bien des points de vue un fait très significatif et plein d’enseignements.

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Jean-Jacques Gandini : A propos de George Orwell. « 1984 » et le phénomène totalitaire

Contribution de Jean-Jacques Gandini parue dans Gavroche, revue d’histoire populaire, n° 20, mars-avril 1985, p. 1-7

English writer George Orwell was the author of such books as Animal Farm and 1984.

En septembre dernier avait lieu à Venise un colloque organisé par le Centre Pinelli de Milan sur le thème : « Tensions libertaires dans un monde de tendance autoritaire ». M. J.-J. Gandini y présentait une excellente contribution centrée sur George Orwell et « 1984 » ; nous publions de larges extraits de cette contribution. Même si nos lecteurs ne partagent pas tous les opinions libertaires qu’affirme bellement M. Gandini, son tableau de la vie d’Orwell, son évocation de « 1984 » comparée aux réalités totalitaires de notre monde les passionneront sans doute ; et les faits qu’il cite appartiennent déjà à l’Histoire.

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Le conflit israélo-arabe : un conflit au profit exclusif du capital

Extrait de l’article paru dans Guerre de classes, n° 7, janvier 1974, p. 3.

 

 

C’est la quatrième fois en vingt-cinq ans que l’hostilité entre Israël et les pays arabes dégénère en guerre ouverte. Une fois de plus, c’est une véritable levée de boucliers dans le monde. Le concert des positions remet face à face pro-arabes et pro-israéliens. Les organisations de gauche et d’extrême-gauche se sont lancées dans la confusion générale, pour avancer des mots d’ordre tout aussi confus qui reviennent toujours, plus ou moins directement, à soutenir les pays arabes : « Soutien aux peuples arabes de Palestine, d’Egypte et de Syrie en guerre pour récupérer leurs territoires occupés… », « A bas l’agression israélienne ». « Lutte des peuples arabes contre le sionisme et l’impérialisme » … « Le Golan aux Syriens, le Sinaï aux Egyptiens »… Les révolutionnaires sont bien prompt au soutien, mais peu à l’analyse. Voilà qu’ils se mettent à soutenir sans broncher un camp capitaliste contre un autre ; voilà qu’ils mettent en avant leur internationalisme bâtisseur d’Etats en revendiquant « les droits légitimes » des peuples ou des nations.