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Tchécoslovaquie : le capitalisme bureaucratique en crise

Article paru dans Pouvoir Ouvrier, n° 93, octobre 1968, p. 1 et 3

AP (Source)

Les événements qui, depuis le début de l’année secouent la Tchécoslovaquie, ne peuvent se comprendre que replacés dans leur contexte, à savoir : les difficultés économiques et la pression des classes qui sévissent depuis plusieurs années dans les pays de l’Est européen.

LA BUREAUCRATIE DANS L’IMPASSE

Depuis une dizaine d’années, les pays bureaucratiques connaissent une crise économique chronique. Cette crise, dont la raison essentielle est constituée par une pénurie de capitaux, s’est manifestée par un ralentissement de la croissance et une stagnation du niveau de vie. Pendant des années, ces sociétés ont connu des taux d’expansion assez spectaculaires, dont la cause principale fut leur point de départ relativement bas et des ressources naturelles et humaines inemployées. L’état de ces pays imposait au nouveau pouvoir l’industrialisation comme tâche essentielle : seule elle pouvait résoudre le surpeuplement des campagnes, résorber le chômage et assurer un relèvement rapide du niveau de vie.

Le surplus économique dégagé étant faible, il était nécessaire, pour entreprendre et poursuivre l’accumulation, de maintenir la consommation à un niveau extrêmement bas. Ces pays se lancèrent donc dans l’industrialisation extensive, donnant la priorité absolue au secteur des biens de production. Le résultat de ce développement accéléré de l’économie fut une disproportion très marquée entre les deux secteurs industriels (biens de production – biens de consommation).

Vers les années 50-60 (selon les pays), l’industrie ayant pris une part primordiale dans la formation du revenu national, ces pays se trouvèrent confrontés aux problèmes de la croissance par voie intensive, c’est-à-dire à la nécessité d’augmenter le revenu national non plus par installation indéfinie de nouvelles unités de production, mais par la modernisation et la pleine utilisation des équipements existants. Le problème de la productivité du travail — c’est-à-dire du rythme de formation de la plus-value — jusque là masquée par la mise en service de ressources inutilisées, devint ainsi le centre des préoccupations des bureaucrates. Or, étant donnée la structure industrielle de ces sociétés, la pénurie de capitaux se fait cruellement sentir car le secteur des biens de production, hypertrophié, où la composition organique du capital est très élevée, exige pour continuer son développement des investissements de plus en plus importants et le rythme de formation de la plus-value y est très lent ; problème d’autant plus aigu que, dans ces pays qui ont connu une industrialisation très rapide, le besoin de consommation sociale s’est élevé et il n’est plus possible sans risques de troubles sociaux graves (Allemagne orientale 1953 – Pologne – Hongrie 1956), de canaliser dans les mêmes proportions qu’autrefois la plus-value produite vers le secteur des biens de production, en maintenant toujours la consommation à un niveau extrêmement bas. Ce qui, dans la période précédente, avait permis un impétueux développement des forces productives s’est transformé en facteur de stagnation. La bureaucratie du Parti et de l’État est devenue aujourd’hui incapable d’assurer la poursuite du développement économique dans des proportions suffisantes pour maintenir telle quelle sa domination et pour y puiser sa justification idéologique. (Sur tout ceci, voir « Lettre ouverte au parti ouvrier polonais », J. Kuron et K. Modzelewski, éd. IVe Internationale 1966, ainsi que le commentaire d’un article de l’économiste tchèque J. Goldmann dans « l’U.R.S.S. et les pays de l’Est », n° 3, 1965.)

PARTICULARITES DE LA CRISE TCHECOSLOVAQUE

En 1948, la Tchécoslovaquie était déjà une nation industrialisée dont le commerce avec l’Ouest représentait une part importante du revenu national. Le pôle des échanges se déplaçant d’ouest en est, son potentiel industriel s’est rendu dépendant d’un marché de pénurie et s’est développé en fonction de cette nouvelle structure des échanges, sur une base technologique insuffisante. Cela s’ajoutant aux traits déjà mentionnés, dans les années 60 — alors que les exigences de l’industrie dans son ensemble s’étaient profondément transformées — la Tchécoslovaquie apparaissait comme un pays doté d’un potentiel industriel vieilli, et devant faire face en particulier au développement, parfois à la création de secteurs qui forment aujourd’hui la base de l’industrie (chimie, pétrochimie, électronique). La poursuite de l’expansion exigeait un tel accroissement de l’accumulation, que le fonds de consommation déjà réduit se serait vu repoussé dangereusement. Le maintien de la disproportion entre le secteur des biens de production et celui des biens de consommation atteignait à ses limites objectives qui tiennent à la pression des classes subordonnées à la bureaucratie, s’opposant à une réduction massive de leur consommation.

On retrouve ainsi en Tchécoslovaquie les deux manifestations essentielles de la crise économique, un ralentissement sensible de la croissance (le produit national brut — en millions de couronnes — est passé de 175.399 en 1962 à 171.595 en 1963 et 173.127 en 1964. Ce recul a été reconnu : « Après une interruption de plusieurs années, le revenu national s’est de nouveau accru d’environ 3 %. » Cernik présentant le projet de plan 1966-1970 devant l’Assemblée nationale, déc. 65.) (1) et une stagnation du niveau de vie (« Sur le plan du niveau de vie, il faudra nous attacher à résoudre le problème des familles les plus défavorisées. Par exemple, ceux des retraités dont le niveau de vie a baissé en raison de l’augmentation du coût de la vie… » D. Kolder à la télévision le 20 février 1968.) (2). Des réformes furent donc mises en œuvre pour améliorer le système de gestion de l’économie. Le contenu de ces réformes est le même dans tous les pays du bloc : à côté de mesures techniques visant à adapter les méthodes de planification à une économie qui, en raison des progrès accomplis, est devenue plus complexe et exige donc un maniement moins fruste qu’à l’époque stalinienne, le but essentiel est d’accélérer le rythme de la formation du capital de façon à sortir de la crise. On a donc introduit le profit et la rentabilité comme critères de la bonne gestion des entreprises, ce qui revient à laisser davantage d’autonomie aux directeurs de façon qu’ils puissent, en comprimant leurs coûts de production, distribuant des primes aux meilleurs ouvriers, réduisant la main-d’œuvre employée, parvenir à une utilisation plus rationnelle du potentiel industriel et surtout élever la productivité du travail. Ces réformes sont connues de tous, on en parle depuis longtemps déjà. Leur début d’application a pu apparaître comme une victoire des bureaucrates de l’économie dans leur lutte pour se libérer de l’étreinte des planificateurs centraux et pour s’assujettir plus étroitement les travailleurs. Ce n’était qu’une demi-victoire : la réforme, dans la plupart des pays, n’a été que timidement mise en œuvre, l’appareil politique et administratif pesant de tout son poids pour en freiner l’application dans la mesure où il y voit une menace dirigée contre sa domination exclusive de la société. C’était particulièrement le cas en Tchécoslovaquie où la réforme, élaborée depuis longtemps, était une des plus audacieuses et où les vieux cadres novotnyens faisaient tout pour la saboter (3). Or le développement économique du pays a gradin toute une couche de techniciens spécialistes de l’économie reliés à la direction des entreprises et qui, vue la crise qui sévit depuis plusieurs années, considèrent que les cadres « ouvriers » sont incapables de redresser l’économie. Ces spécialistes — jusqu’à présent réduits au rôle d’exécutants passifs des ordres des ministères de tutelle — ont commencé à relever la tête. Devant la résistance opposée par appareil du parti, il est probable qu’une fraction assez importante de ces gestionnaires a compris qu’elle ne pourrait faire prévaloir ses vues sur la direction économique et arriver à une autonomie de décision véritable, que si elle parvenait à s’affirmer politiquement. D’où la lutte qui s’est déroulée à l’intérieur du Parti tchécoslovaque, aboutissant d’abord à l’élection d’Ota Sik au Comité Central (premier réformateur à être admis dans un C.C.), puis à la nomination de Dubcek à la tète du parti, enfin à l’éviction de Novotny et de ses partisans et à la prise en mains des postes-clés de l’appareil dirigeant par des représentants des intérêts de la bureaucratie économique (4). Cette lutte qui commence de façon visible en juin 67, après le congrès des écrivains, fut longue et âpre. Pour la mener à bien, la bureaucratie gestionnaire avait besoin de l’appui des masses tchécoslovaques. On fit donc, timidement d’abord, prudemment ensuite, puis de plus en plus ouvertement, appel aux intellectuels, aux étudiants et aux ouvriers en promettant la réhabilitation des personnes condamnées pendant l’ère stalinienne, une amélioration du niveau de vie et en leur offrant, avec l’abolition de la censure et un début de démocratisation, ce dont ils avaient été privés jusque là : l’information et l’expression.

Les résultats ne se firent pas attendre, les intellectuels entreprirent une critique en règle du régime, du parti et de ses méthodes de direction (« Les 2 000 mots », malgré un certain confusionnisme politique, contiennent déjà l’amorce d’une critique de la bureaucratie-classe dominante : « Beaucoup d’ouvriers croyaient qu’ils commandaient, mais le commandement était exercé en leur nom par un groupe de fonctionnaires du parti et de l’appareil d’État spécialement entraînés à cet effet. En fait, ils prenaient la place de la classe renversée et étalent devenus la nouvelle autorité. » (5), dans certaines usines, des ouvriers commencèrent à vouloir destituer les dirigeants pour les remplacer par des responsables élus. Il est vraisemblable, bien que cela n’ait pas été officiellement confirmé, que des mouvements de grève ont eu lieu (voir « Le Monde » du 6 avril 68), de plus, dans certaines régions, les travailleurs discutaient du problème de la gestion au niveau de l’entreprise. Il faut se rendre à l’évidence : pour faire craquer l’opposition des novotnyens et rallier les hésitants (en majorité au C.C.), les réformistes-bureaucrates ont été contraints de déclencher un processus qui risquait d’échapper à leur emprise. Susciter la critique tout en contrôlant le cours et en en limitant le contenu se révéla contradictoire et dangereux (6).

Dans un pays superficiellement touché par la déstalinisation, il n’est pas sans danger d’ouvrir les portes de la critique et de la contestation ; dans une société où le parti se veut la synthèse de la société civile et de l’État, il est périlleux de le désigner à la vindicte populaire : c’est le faire apparaître comme un groupe particulier d’intérêts parmi d’autres. C’est sans doute ce problème — ajouté aux risques de voir la Tchécoslovaquie échapper à son emprise économique — qui a motivé les décisions de la bureaucratie russe. Dans tous les pays de l’Est, sauf peut-être en Hongrie, les réformes économiques ont suscité une opposition très vive chez les fonctionnaires du parti qui veillent jalousement à préserver leurs pouvoirs et à limiter l’autorité des gestionnaires. Ce n’est pas un hasard si le XXIIIe congrès du P.C.U.S. (mars-avril 1966) fut marqué par une contre-offensive de l’appareil du parti. Depuis deux ans, les attaques contre la Yougoslavie se sont faites plus dures et portent toujours sur le même point : le rôle dirigeant du parti. (Le 20 fév. 67, « La Pravda » publiait un article dans lequel on pouvait lire : « N’importe quel rétrécissement du rôle du parti, n’importe quelle limitation de ses fonctions, par exemple au domaine de l’idéologie, seraient inadmissibles et dangereuses pour la cause du socialisme. » On n’est pas plus clair.) (7) Et il est certain que l’accueil triomphal fait à Tito fut jugé inquiétant car les Yougoslaves, eux, reconnaissent parfaitement que les réformes économiques en cours réclament une transformation des structures politiques et ils admettent la possibilité d’un dépérissement du parti et la transmission aux gestionnaires des pouvoirs dont les membres de l’appareil avaient le monopole.

Il est donc certain que la bureaucratie dirigeante d’Europe orientale s’est sentie directement menacée par le processus tchécoslovaque : d’une part cela risquait de renforcer considérablement la position des différents groupes « technocratiques » nationaux qui ne manqueraient pas de s’appuyer sur ce précédent, de l’autre c’était la menace, à plus ou moins brève échéance, d’une confrontation avec l’ennemi de classe : le prolétariat ; il y a donc eu tentative pour bloquer le processus.

« Ouvriers et intellectuels ont un ennemi commun : la dictature bureaucratique de l’appareil… Et c’est pour cette raison que nous avons à renforcer l’unité de ceux qui travaillent avec leurs mains avec ceux qui travaillent avec leur cerveau, dans l’intérêt de la démocratie socialiste contre l’appareil de l’élite qui a été et reste le principal obstacle dans l’expérience unique, par notre nation, de la démocratie socialiste. »

« C’est la fin de la loi martiale sur les pensées et sur les hommes. Maintenant, dans les conditions de désagrégation de la structure du pouvoir stalinien, il n’est pas de tache plus importante et plus urgente pour le mouvement ouvrier que de rénover pleinement le mouvement syndical… pour défendre les droits fondamentaux des travailleurs… 1. Le droit de grève. — 2. L’élection des directeurs par la communauté des producteurs. — 3. La défense des droits des travailleurs par des syndicats libres. »

IVAN SVITAK. STUDENT, 1968. Cité dans « NEWS AND LETTERS » août-sept. 1968.

ET MAINTENANT ?

La conséquence la plus visible de l’intervention militaire a été le resserrement de la population tchécoslovaque derrière la direction du P.C.T. Alors qu’auparavant on pouvait déceler des tentatives de débordement, les masses travailleuses sont prêtes à soutenir l’équipe Dubcek-Svoboda-Cernik-Smrkowski. Jusqu’où ? Il semble que le jeu de la bureaucratie russe ait été, dans une première étape, de donner le temps aux « centristes » de s’organiser, de se rallier et finalement d’accoucher d’une direction plus sensible aux arguments « soviétiques ». Cette tentative a échoué : la cohésion du P.C.T. n’a pas été entamée et l’autorité de l’équipe dirigeante a été renforcée : Si les Russes ont obtenu la démission d’Ota Sik et de quelques autres, ils ont dû accepter également l’éviction de quelques-uns de leurs alliés éventuels.

Cette situation ne peut se prolonger très longtemps, seulement les Russes comme les Tchécoslovaques ne peuvent que difficilement reculer : la bureaucratie russe s’est rendu compte qu’elle ne pouvait imposer le remplacement de la direction du P.C.T. sans prendre la responsabilité d’affrontements sociaux dont les développements sont imprévisibles mais qui ne serviraient certainement pas ses intérêts. Pour elle, les bureaucrates réformistes constituent autant un danger qu’un rempart dans la mesure où, jusqu’à présent du moins, ils gardent le contrôle de l’appareil du Parti et des masses.

L’entrevue de Moscou constitue donc la seconde phase d’un compromis qui s’avère difficile. La bureaucratie russe semble avoir obtenu l’assurance que le P.C.T. serait renforcé dans son rôle dirigeant, ce qui signifie que la bureaucratie gestionnaire va probablement rentrer dans le rang et qu’un coup d’arrêt va être donné aux réformes économiques. Mais cela signifie aussi que rien n’est résolu ; les conditions qui ont engendré le processus tchécoslovaque demeurent : la situation économique ne peut s’améliorer durablement si des mesures ne sont pas prises immédiatement pour pallier les insuffisances les plus criantes (investissements, productivité, etc.), le niveau de vie va rester stagnant. Enfin, il ne faut pas oublier que les masses tchécoslovaques ont été mobilisées pour appuyer une certaine politique : si maintenant Dubcek et son équipe — sous la pression russe — reviennent en arrière, le discrédit va être jeté sur eux et cela peut entraîner des déséquilibres économiques et sociaux qui risqueront de s’étendre à tous les pays du bloc et d’en accélérer l’éclatement.

La Russie réussira probablement dans sa tentative pour stopper l’évolution en cours. Mais le répit sera de courte durée. Le processus qui s’est déclenché paraît irréversible et semble devoir s’étendre à toutes les sociétés bureaucratiques y compris l’U.R.S.S., tant il est vrai que la pression des réalités économiques et sociales ira en s’accentuant. L’inconnu tant redouté par les bureaucrates de tous bords, reste la réaction des travailleurs. Jusqu’à présent la classe ouvrière tchécoslovaque n’est pas intervenue de façon autonome et elle continue d’appuyer les bureaucrates réformistes ; mais il est parfaitement possible que la dynamique de la situation lui fasse prendre progressivement conscience de sa force et qu’elle déjoue ainsi tous les calculs des dirigeants en affirmant ses propres objectifs de classe.

De quelque côté qu’on la regarde, l’affaire tchécoslovaque ne peut être rangée avec les avatars déjà nombreux qui ont caractérisé les relations de l’U.R.S.S. et de ses satellites : c’est l’avenir du capitalisme bureaucratique qui se joue au centre de l’Europe.


(1) Problèmes économiques n° 946. 17 fév. 1968. P.N.B. Totalité de la richesse nationale. R.N. : valeur nouvelle créée.

(2) Notes et études documentaires, n° 3.500-3.501 18 juin 1968.

(3) « Pratiquement, rien du nouveau système n’a commencé à fonctionner, et déjà certains camarades sont devenus sceptiques sur son efficacité. » (O. Sik, cité dans « Le Monde » du 19 sept. 67.)
« Ceux qui ne sont pas d’accord cachent leur opposition en adoptant des demi-mesures qui seraient justifiées par des difficultés d’ordre matériel. » (O. Sik, cité dans « Problèmes économiques », n° 1.067, 13 juin 67.)

(4) Voir « Les Temps Modernes », n° 263, avril 68. I. Iannakakis : « Naissance d’une opposition socialiste au sein du socialisme ».

(5) « Le Monde » 25 juillet 68.

(6) — Ayant provoqué la remise en cause des dirigeants, Dubcek se vit bientôt contraint de défendre « les bons dirigeants qui ne doivent pas être critiqués ».

Pour obtenir l’appui des travailleurs, il manifesta le volonté de mettre en place des « conseils ouvriers ». Mais ces « conseils » ne comportant qu’un tiers d’ouvriers et deux tiers de bureaucrates, n’auraient été que de nouveaux agents disciplinaires de la bureaucratie. Il n’est donc pas étonnant que ce projet n’ait pas suscité de la part des travailleurs l’adhésion espérée et que ceux-ci aient préféré revendiquer l’élection des directeurs, la liberté syndicale et le droit de grève.
— Alors qu’elle avait engagé un processus de démocratisation politique, la bureaucratie tchécoslovaque refusa de reconnaître les nouveaux groupes politiques apparus en mars et qui avaient reçu des milliers d’adhésion (Club des « 231 », Club des sans-parti engagés). Cette décision ne fut pas sans provoquer des remous, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du parti.

(7) « Le Monde diplomatique » avril 67.

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