Article paru dans Le Populaire, 15e année, n° 3324, 15 mars 1932, p. 4
Ne pouvant retracer ici dans tous ses détails la démonstration continue à laquelle procède dans son si intéressant ouvrage notre camarade Marceau Pivert (L’Église et l’École, Figuière édit.), nous voudrions insister quelque peu sur la thèse centrale ; la religion est-elle, peut-elle être, pour un socialiste, et pour le parti socialiste, une « affaire privée » ?
Article signé G. Bernier paru dans Le Libertaire, n° 347, 12 février 1953, p.3
ENFIN ce livre est paru en français (1).
Pour ceux qui avaient eu l’occasion de connaître cet ouvrage édité à New-York en 1942 et qui avaient ressenti à la lecture cet enthousiasme que l’on n’éprouve que pour quelques livres dans une vie, c’est une joie profonde.
La revue Esprit vient de consacrer tout un numéro à la « gauche américaine ». La vieille phraséologie politique a repris le pas depuis quelques années sur les désignations courantes suivant les classes sociales. On est de gauche et non plus bourgeois, petit-bourgeois ou ouvrier. Là aussi il est franchement mal porté d’être ouvrier. Que ce soit la conséquence d’un affaissement de l’esprit prolétarien, cela ne fait pas de doute. Mais c’est aussi le résultat d’une invasion du mouvement par les intellectuels et par toutes les couches de la petite-bourgeoisie, fonctionnaires en tête. Cet affaissement de l’esprit prolétarien, dans quelle mesure provient-il de l’étatisme russe et de l’étatisme tout court qui tend à submerger le monde, cela mériterait d’être examiné plus profondément. Contentons-nous aujourd’hui de le constater.
Article paru dans Le Libertaire, n° 28, 10 mai 1946, p. 2
On a beaucoup parlé, on parle encore beaucoup, plus peut-être qu’il n’eût été logiquement, utile, du livre d’Arthur Koestler « Le Zéro et l’Infini », dernièrement paru. Sans doute faut-il voir dans cet engouement pour une œuvre somme toute assez banale, le fait que l’auteur fournit ainsi aux adversaires du communisme une arme non négligeable à la veille des élections. N’est-on pas allé jusqu a dire qu’un des secrétaires du premier parti de France — quand on écrit ces mots on pense immanquablement à Thorez, le grand patriote clairvoyant et courageux (!) qui fut en effet un des premiers partis de France… comme déserteur en 1939 — aurait rendu visite à l’éditeur pour lui demander de limiter le tirage de ce livre qui, en notre époque de dithyrambes staliniens, produit un effet comparable à celui d’un pavé jeté dans une mare à grenouilles, un soir d’été. N’a-t-on pas insinué aussi — pure calomnie, bien sûr — que le parti visé aurait fait effectuer des achats massifs de l’ouvrage en question afin de retirer de la vente au public le plus grand nombre possible d’exemplaires. Tout cela est, ma foi, fort possible mais je ne suis pas de ceux qui affirment ce qu’ils ignorent.
C’est un livre court et qui va loin. Aux antipodes, d’abord, du lieu où se situait L’Étranger. A l’extrême pointe d’une hypothèse à partir de laquelle Camus distribue son œuvre.
Article signé Un Russe hérétique paru dans La Révolution prolétarienne, 16e année, n° 4(305),juillet 1947, p. 1-4
Il s’agit de « J’ai choisi la liberté », de V.-A. Kravchenko. C’est simplement un témoignage sur la Russie actuelle et aussi sur les années qui ont amené cette Russie à devenir ce qu’elle est. Il ne faut pas se laisser arrêter par la lourdeur, les gaucheries, les redites, pas plus que par les maladresses voulues d’une traduction intentionnellement trop fidèle (et qui aussi, parfois, méconnaît, il faut bien l’avouer, quelques termes français de l’histoire des luttes ouvrières). Mais celui qui a un peu d’âme ne remarquera pas ces bavures en présence des angoisses que soulève la déposition de Kravchenko et qui est essentielle en ceci : aujourd’hui, sur le sixième du globe terrestre, dans l’Empire russe restauré, le travail forcé, le bagne dans son sens le plus direct est appliqué à des dizaines de millions d’hommes et de femmes et à des millions d’enfants.
Le procès de Prague s’est déroulé au milieu des « aveux » et a fini par le gibet, selon un scénario désormais connu et si bien réglé qu’il n’y a nulle place pour la surprise. En le montant à Prague, Staline avait voulu signifier qu’aucune des « démocraties populaires » ne peut prétendre se soustraire à la stalinisation intégrale. Mais la mise au pas à laquelle elles sont soumises est plus impitoyable que celle imaginée par Hitler pour cette raison essentielle que la métropole est, cette fois, plus arriérée que certaines de ses nouvelles colonies, qu’elle doit les exploiter selon ses propres besoins et ne peut admettre un régime d’exception.
Extraits de Victor Serge, Carnets, Paris, Julliard, 1952, p. 103
25 avril 44. — Lu Le Procès de Franz Kafka, qu’il écrivit en 1920, en Bohème, au temps de l’euphorie démocratique de l’Europe centrale. Le livre se déroule sur le plan du rêve éveillé, du vrai rêve éveillé, avec une sincérité visionnaire aiguë et intelligente.
LEChâteau est avec le Procès et la Métamorphose un des trois romans posthumes de l’écrivain allemand Franz Kafka. Inconnu hier, le nom de Kafka est en train de passer les plus grands parmi les romanciers et c’est bien en effet quelque chose d’essentiel dans le genre que nous apporte cet écrivain.
Si l’action se déroule dans le même cadre et le même milieu que « Fontamara » (1) nous n’avons retrouvé que par éclairs l’âpreté et la vigueur de ce dernier roman. Là, des personnages taillés à la cognée évoluaient sur de la lave, ici ils sont ciselés par un poète. Nous préférions le bûcheron, et la première manière convenait mieux à ce peuple de « cafoni », véritables serfs du XXe siècle, à ces régions dures et hostiles.
Article de Jean Blanzat paru dans Combat, 8 juillet 1949, p. 4
IGNAZIO SILONE est né en 1900 dans un village des Abruzzes. Son père possédait, dans ce pays aride, quelques hectares de terre, et, pour en compléter le revenu, la mère faisait du tissage. Ignazio n’avait pas quinze ans quand sa famille périt presque tout entière dans un tremblement de terre. Orphelin et sans ressources, Silone vint à Rome et gagna sa vie en vendant des journaux. Mais, déjà, la misère des « cafoni », les paysans de sa province, l’avait frappé ; à dix-sept ans, Silone était devenu secrétaire de l’un des premiers syndicats ouvriers agricoles.
IL ne faut pas chercher à définir et à comprendre les œuvres d’Ignazio Silone indépendamment de ses prises de position politiques. Lui-même nous en avertit :
« Écrire n’a pas été et ne pouvait être, pour moi, sauf en quelque rare moment de grâce, une sereine jouissance esthétique, mais la laborieuse et solitaire continuation d’une lutte, après que je me fus séparé de mes compagnons les plus chers ».
Le livre de B. Sarel constitue une contribution de premier ordre à la compréhension de l’univers bureaucratique et des luttes de classes qui s’y déroulent actuellement (1). Sobre, précis, documenté, Sarel nous fait pénétrer d’une manière extrêmement concrète dans la réalité quotidienne des rapports antagoniques qui se sont développés en Allemagne orientale entre le prolétariat et la nouvelle classe dirigeante du soi-disant régime socialiste. Sarel ne pose pas des affirmations dogmatiques générales sur les contradictions internes des régimes bureaucratiques, il fait parler les faits et souvent même les personnages, ouvriers ou bureaucrates, qui vivent tous les jours ce déchirement de la société. Peu à peu se reconstitue sous nos yeux l’histoire d’une lutte de classe, et la signification révolutionnaire que développe cette histoire.
Après la philosophie, voici la sociologie « scientifique » qu’on enseigne en Sorbonne, armée de logique cartésienne solide et de keynesisme à fortes doses. Ayant en 1946 jugé « le parlementarisme tel que le pratique la France » « inadapté à la guerre froide, à la dissidence communiste, aux exigences d’une économie à moitié dirigée » et choisi le R.P.F., Mr. Aron réduit maintenant en poussière les « mythes » de la « gauche », de la « révolution », du « prolétariat » et s’efforce de désintoxiquer les intellectuels de l’opium de toutes les Églises, surtout de celle du marxisme. Du reste, peut-on maintenant accuser le R.P.F. d’avoir été une formation d’extrême-droite, presque fascisante ?
Article de Léon Steindecker alias Léon Pierre-Quint paru dans La Lumière, 12 mai 1939, p. 6
VOICI un témoignage hallucinant, simple, vrai, dénué de cynisme et de fausse pudeur (1) Arthur Koestler, correspondant du News Chronicle, de Londres, a parcouru les deux camps espagnols dès le début de la guerre civile. Il fut le premier journaliste libéral qui réussit à pénétrer au grand-quartier général nationaliste. Son interview de Queipo de Llano, les infractions au pacte de non-intervention qu’il observa et qu’il publia, enfin un livre sur l’Espagne qu’il fit paraître en Angleterre le rendirent célèbre dans son pays, mais irrémédiablement suspect aux nationalistes.
Article d’Albert Ollivierparu dans France, n° 5, 24 novembre 1944, p. 6
PARMI les livres publiés en France au cours de ces quatre ans, « L’étranger » de M. Albert Camus a tout particulièrement attiré l’attention. Nous avons demandé à un jeune critique de talent de préciser pour nous les raisons qui ont valu à cette première œuvre d’un romancier d’être si chaleureusement accueillie.
L’AUTEUR de ce livre, Arthur Koestler, était correspondant du News Chronicle de Londres.
Journaliste et libéral, il se rendit dès le début de la guerre civile dans les deux camps espagnols. Il y apportait cette curiosité, cette fraîcheur, cette aptitude à capter le document humain qui sont en notre profession vertus essentielles. Il y apportait aussi la révolte du gentleman qui, sans se soucier des étiquettes politiques, n’a jamais admis qu’il soit forfait à l’honneur.
Article de Jane Albert-Hesse paru dans Franc-Tireur, 8 novembre 1951, p. 4
BOURREAU ou victime, tels sont les termes de l’alternative qui s’offre à l’homme d’aujourd’hui. On sait que Camus a dès longtemps refusé de se laisser emprisonner dans ce dilemme. Mais nul écrivain n’a entrepris avec une plus implacable patience de refuser les travestis, et de replacer ses contemporains devant la question nue ; au sommet de la tragédie contemporaine, écrit-il aujourd’hui, nous entrons dans la familiarité du crime. Avec « L’Homme révolté », c’est à l’examen même de la culpabilité de notre temps que s’attache Camus puisque toute action aujourd’hui débouche sur le meurtre direct ou indirect, nous ne pouvons pas agir avant de savoir si, et pourquoi, nous devons donner la mort.
ALLONS-NOUS vers l’âge d’or ou vers une nouvelle barbarie ? Le régime de demain sera-t-il un capitalisme rénové sous la forme d’un capitalisme d’État, sera-t-il le socialisme, ou bien quelque chose d’entièrement original ?
ARTHUR Koestler est connu chez nous par « Un Testament espagnol », paru en 1939 et passé de ce fait inaperçu. Depuis cette date, l’ouvrage a toutefois trouvé des lecteurs fanatiques.
ON se souvient de l’émotion que provoquèrent les procès de Moscou. S’évadant malaisément des analogies historiques, ceux qui pensaient à Thermidor se rappelaient Robespierre, Saint-Just, Couthon et Lebas gravissant l’échafaud en silence. Les condamnés russes, eux, non seulement se vantaient d’avoir voulu poignarder la révolution, assassiner son chef, vendre le pays à une puissance étrangère, mais enchérissaient sur l’accusation :
Article de Jane Albert-Hesse paru dans Franc-Tireur, 5 juillet 1951, p. 4
L’auteur du « Zéro et l’Infini » pose ici le problème de la démission de l’intelligence
L’IMAGINATION se refuse à distancer le présent : elle ne consent guère à s’adonner à des exercices propitiatoires que si elle cingle vers le fabuleux ; le fabuleux n’a pas d’âge et n’appartient pas plus à l’avenir qu’au passé. Les hommes acceptent malaisément d’anticiper, sauf à s’y donner un vertige de démiurge, et l’illusion d’une condition dominée : rien de plus aisé que de se représenter un miracle. A la fin du XIXe siècle et au début du XXe, les grands délires scientifiques firent la vogue du roman d’anticipation. Aujourd’hui l’ère de l’optimisme est close ; l’anticipation a passé au service de la satire.
Article de Gilbert Sigaux paru dans Combat, 3 août 1950, p. 4
DANS le dernier volume d’Albert Camus, Actuelles, qui réunit, outre un certain nombre d’éditoriaux de Combat, des articles parus dans Caliban, le texte d’un exposé fait au couvent des Dominicains de La Tour Maubourg et trois interviews, on peut voir plusieurs choses. D’abord le journal, sinon involontaire, du moins non prémédité d’un esprit lucide, de 1944 à 1948. Pour la biographie intellectuelle de Camus, Actuelles constitue donc un document capital. Les mouvements d’une sensibilité, ceux d’une intelligence s’y inscrivent dans un style d’une pureté et d’une précision irréprochables (cela compte, quand il s’agit d’idées) style constamment conforme à son sujet, sans « drapé », sans opéra — mais avec une sobre, une constante résonance humaine.
Article signé G. S. paru dansForce ouvrière, n° 119, 8 avril 1948, p. 14
Ce titre étrange reflète, à y regarder, un contenu d’une profondeur extraordinaire. En effet, nous avons lu, dernièrement, toute une série d’ouvrages qui nous ont dévoilé les dessous des sociétés totalitaires.
Richard Crossman, député aux communes et rédacteur en chef du New Statesman and Nation, nous explique que ce livre est issu du feu de discussions qui eurent lieu, un certain soir, chez Arthur Koestler, dans le Nord du pays de Galles.
Article de Paul Sénac paru dans Force ouvrière, n° 48, 21 novembre 1946, p. 11
Nous nous débattons tous, il faut en convenir, dans un chaos intellectuel indescriptible. Une immense supplication, comme une prière, monte des foules inquiètes vers ceux qui mènent le monde. « Dans votre sillage, messieurs, où allons-nous ? Où nous conduisez-vous ? » Telles sont les questions que, sourdement, se pose l’énorme majorité des hommes qui n’ont pas encore cessé de penser ni de réfléchir.
Article signé G. S. paru dans Force ouvrière, n° 50, 5 décembre 1946, p. 11
Albert Camus, l’éminent écrivain, dans une série d’articles publiés par Combat, définit notre siècle comme le « Siècle de la Peur ». Quoi de plus juste, de plus véridique ? Ferrero, dans ses grands ouvrages d’histoire, invoque le sentiment de la peur comme un des facteurs les plus puissants qui aboutissent à la guerre.
CE n’est pas autre chose qu’un roman de la vie russe d’avant la dernière guerre mondiale.
Écoutez la voix de Victor Serge. C’est un de ceux qui savent et qui va vous parler de ce qui se passe de l’autre côté, là-bas, en terre russe. Au moment où il écrivit ce livre, il revenait de Russie.
VOICI l’ouvrage qu’il faut recommander à tous les jeunes qui se demandent quelle signification peut prendre honnêtement la vie d’un révolutionnaire dont l’histoire a été trahie et qui survit aux multiples désastres sans aliéner son espoir ni même altérer son action. L’exemple est fantastique en notre temps de confusion : une pointe de platine.
Je suis heureux d’annoncer à mes amis et lecteurs la parution d’une nouvelle recension de mon Histoire algérienne de la France (Puf) signée Sylvain Boulouque pour la revue trimestrielle Chroniques Noir & Rouge(n° 11, décembre 2022, p. 60-61).
Je suis heureux d’annoncer à mes amis et lecteurs la parution d’une nouvelle recension de mon Histoire algérienne de la France (Puf) signée Sylvain Boulouque pour le site Slate.fr
Je suis heureux d’annoncer à mes amis et lecteurs la parution d’une nouvelle recension de mon Histoire algérienne de la France (Puf) signée Valentine Faure pour l’édition papier du journal Le Monde datée du 15 décembre.
Je suis heureux d’annoncer à mes amis et lecteurs la parution d’une nouvelle recension de mon Histoire algérienne de la France (Puf) signée Akram Belkaïd pour Le Monde diplomatique de décembre.
Article de Jean-Pierre Vial paru dans Lutte ouvrière, n° 526, 1er juillet 1978, p. 17
Le 8 février 1962, une manifestation contre les attentats de l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète, organisation d’extrême-droite militant pour l’Algérie Française) qui avait étendu son action terroriste de l’Algérie à la France et avait fait exploser le 7 février, la veille même, 17 bombes à Paris, est sauvagement chargée par la police. Au métro Charonne, il y a neuf morts et des blessés par centaines.
J’ai le plaisir d’informer mes amis et lecteurs de la parution, hier, d’une recension de mon Histoire algérienne de la France (Puf) sur l’excellent site Ni patrie ni frontières.
Article paru dans La Voix des travailleurs algériens, n° 7, février 1979, p. 13
Durant la semaine du « dialogue » (de sourd !) de Stoléru, nous avons pu voir à la télévision (A2) la projection du film « LA MAL VIE… » de D. Karlin (avec la collaboration de T. Laine et T. Ben Jelloun).
Article de Monique Gadant paru dans les Cahiers du féminisme, n° 46 (11e année), automne 1988, p. 30-31
Les deux articles qui suivent sont rédigés par Monique Gadant, anthropologue et membre du comité de direction de la revue « Peuples méditerranéens ». Le numéro de cette revue qui sort en octobre est consacré à la question des femmes autour des thèmes suivants : l’honneur, le travail des femmes, le nationalisme et les femmes, etc.
Spécialiste du Maghreb, M. Gadant nous présente ici deux livres sur les rapports de sexes en Algérie.
Article de Michel-Antoine Burnier paru dans Éléments, n° 5-6, 2e et 3e trimestres 1970, p. 153-154
Faudra-t-il longtemps supporter ces maigres pamphlets où l’Histoire disparaît précipitamment dans la polémique, la réflexion dans l’insulte, la réalité dans les schémas ? Le conflit israélo-arabe, le sionisme, les Palestiniens méritent-ils cette avalanche de livres bâclés et grincheux qui rebattent un éternel chemin en traînant leurs arguments de combat ? Ouvrage de circonstance dressé sur fond de fresque historique, la Gauche, Israël et les Juifs de M. Jacques Hermone est une caricature, un faisceau de certitudes intolérantes et sommaires. On y trouve tous les poncifs du genre : information hâtive et de seconde main, citations tronquées, facilités de style et redondance dans l’épithète, amalgames et invectives, un refus de s’interroger, une immense dose d’esprit réactionnaire.
Article de Monique Gadant paru dans les Cahiers du féminisme, n° 61, été 1992, p. 38-39
les Femmes algériennes dans la guerre de Djamila Amrane
Trente ans après la fin de la guerre de libération, ce travail important d’une historienne, qui fut elle-même une de ces femmes dans la guerre, nous donne à voir ce que fut cette participation.
Article de Sylvain Eischenfeld paru dans Le Monde libertaire, n° 891, 3 au 9 décembre 1992
Jean-Pierre Biondi et Gilles Morin seront les invités de l’émission « Histoire sociale » sur Radio Libertaire, le samedi 5 décembre de 22 heures à minuit.
Notre camarade Sylvain Eischenfeld nous présente leur livre, Les Anticolonialistes.
Article de Maurice Joyeuxparu dans Le Monde libertaire, n° 352, 3 avril 1980
Voici un ouvrage qui, à plusieurs titres, nous replongera dans nos souvenirs ! Guérin, avec beaucoup de minutie, retrace non seulement ce que fut l’insurrection algérienne, mais également l’histoire de la constitution d’un parti nationaliste, dont la figure de proue fut Messali Hadj ! Naturellement, cette première partie nous introduit dans les querelles entre les tendances au sein du mouvement national algérien, querelles qui étaient inévitables au sein d’un parti où le communisme stalinien d’abord, le trotskisme, puis le nationalisme, s’agitaient dans un ensemble où le marxisme et l’Islam constituaient un mélange idéologique détonant. La gauche, et même l’extrême gauche romantique et naïve, fut étroitement mêlée non seulement à la libération du peuple algérien, mais à toutes les querelles de boutiques qui agitèrent le PPA. J’allais dire avec délices… ! En tout cas, elle y retrouvait tous ses fantasmes, ceux du jacobinisme, du blanquisme patriote et socialiste, celui de la fameuse période intermédiaire chère à Lénine, et j’en passe. Je suis toujours étonné de voir des militants ouvriers se laisser aller à un tel confusionnisme qui porte en lui l’échec et la responsabilité de tous les malheurs qu’ont subis les mouvements révolutionnaires depuis cent-cinquante ans, celui de l’Algérie comme les autres. Et pourtant, devant l’insurrection algérienne, et le livre de Guérin nous le montre, la situation était claire.
Article de Maurice Joyeux parudans Le Monde libertaire, n° 122, mai 1966
C’en intentionnellement que j’ai signalé, contrairement à la coutume, le nom du préfacier de cet ouvrage mince par son volume mais capital, non pas par son contenu, banal, hélas ! par ces temps de barbarie, mais par la valeur symbolique qu’il revêt. — Henri Alleg, voyons, souvenez-vous ? Il y a quelques années, dans la même édition, un autre livre paru, qui était signé Henri Alleg. Le titre : « la Question » ! Déjà à cette époque un certain nombre d’intellectuels distingués s’agitaient autour de ce livre comme ils le font aujourd’hui. Les mêmes peut-être, si on excepte quelques-uns aujourd’hui installés confortablement à Alger.
Article signé M.C.L. paru dans Le Monde libertaire, n° 519, 23 février 1984
IL en a été de la révolution algérienne comme de la révolution russe et comme de tant d’autres révolutions à la mode de la course au pouvoir sans partage d’un parti ou d’une clique : le cannibalisme politique y a fait des ravages. Un cannibalisme d’un genre un peu particulier, cependant, en ce qui concerne l’Algérie. Un cannibalisme qui non seulement a dévoré ses propres enfants mais également son ou ses pères. Un cannibalisme œdipien, donc !
Article de Maurice Joyeux paru dansLe Monde libertaire, n° 86, janvier 1963
Une littérature d’Afrique du Nord est née. Depuis la conquête on avait beaucoup écrit sur l’Afrique du Nord, sans avoir vraiment pénétré au fond de l’âme d’un peuple d’ailleurs le plus souvent insaisissable. Le mystère, le pittoresque, l’héroïsme formèrent la toile de fond d’ouvrages qui depuis « L’Atlantide » de Pierre Benoît firent défiler devant nos yeux le gentil petit bédouin, la belle garce, le marchand juif, l’officier au grand cœur, sans oublier le « bourricot » aux longues oreilles, personnage le plus réel d’une humanité destinée à nous présenter la vie coloniale en tranches suivant les meilleures recettes d’une littérature moralisante à l’usage des petites bourgeoises grandes consommatrices d’exotisme de pacotille.
« L’AUTRE AMERIQUE » – La pauvreté aux Etats-Unis – Michael Harrington – Ed. Gallimard.
« LA FRANCE PAUVRE » – Paul-Marie de la Gorce – Ed. Grasset.
Comme toutes les sociétés d’exploitation, les sociétés industrielles modernes secrètent la pauvreté. Une pauvreté qui n’est pas seulement l’héritage des débuts du capitalisme et de l’industrialisation, mais qui peut être qualifiée de « structurelle » car elle semble bien être inhérente au système et en quelque sorte représente le pendant de l’abondance. En somme si la satisfaction des besoins vitaux et même de faux besoins est possible pour ceux qui sont dans le coup, c’est-à-dire ceux qui au sein de la population active, peuvent aussi se défendre collectivement, la pauvreté reste le lot des laissés pour compte, des travailleurs des activités mineures, des inadaptables, des non-reconvertibles, des saisonniers, de la main d’oeuvre étrangère et de couleur, des vieux on général, des jeunes qui ne peuvent poursuivre leurs études, et de bien d’autres encore.
Pourquoi parler d’un tel livre ? Le défi américain, cela concerne avant tout ceux qui nous exploitent, ceux qui nous gouvernent, et dont la domination est menacée dans leur propre fief.
L’évolution vers le capitalisme d’état, forme ultime de la concentration capitaliste, est le trait dominant des sociétés industrielles qui tendent à s’industrialiser.
Quelques romans ont essayé depuis longtemps de percer le mystère physique et psychologique des « procès de Moscou » : L’Affaire Toulaev, de Victor Serge, Le Zéro et l’Infini de Koestler, plus récemment : Une journée d’Ivan Denissovitch de Soljenitsyne fut publié en Russie au moment du dégel, à la suite de quoi, et d’une seconde nouvelle : La Maison de Matriona, Soljenitsyne fut plus ou moins mis à l’index.