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Robert Vaez-Olivera : Antisémitisme et racisme

Article de Robert Vaez-Olivera paru dans Correspondance Socialiste Internationale, 11e année, n° 105, mars 1960, p. 5

La recrudescence de l’antisémitisme et du racisme justifie la publication de l’article ci-dessous que nous avons demandé à notre ami Vaez Olivera. Dans cette analyse claire et concise, notre ami exprime un point de vue qui peut ne pas être celui de nombre de nos lecteurs. Nos colonnes sont largement ouvertes aux observations ou réflexions dont vous voudrez bien nous faire part.

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Aimé Césaire : Le colonialisme n’est pas mort

Article d’Aimé Césaire paru dans La Nouvelle Critique, 6e année, n° 51, janvier 1954, p. 11-29

A la Conférence de San Francisco, en 1945, un mot singulier a été prononcé au cours des débats : « le colonialisme est mort ! »

Depuis, huit ans se sont écoules. Imaginons ce qui se passerait aujourd’hui, huit ans après, si à San Francisco ou ailleurs se tenait une conférence analogue. Nul doute que des voix désillusionnées s’élèveraient et clameraient : « le colonialisme est loin d’être mort… »

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Joseph Gabel : Actualité du problème de l’idéologie

Article de Joseph Gabel paru dans Arguments, n° 2, février-mars 1957, p. 1-5

La publication en 1929 d’Idéologie et Utopie a été un événement de grande importance dans la vie intellectuelle « progressiste » de la République de Weimar et sa sphère d’influence à l’étranger (1). Sa parution récente en français (2) ne semble pas avoir provoqué beaucoup de remous jusqu’à présent. Et pourtant, en relisant ce livre, on n’a pas l’impression qu’il ait vieilli. Certes Mannheim ne pouvait préfigurer ni le nazisme ni le développement récent de la superstructure communiste qui confirme d’ailleurs l’exactitude de ses prévisions. Le problème de la pensée idéologique est aujourd’hui plus actuel que jamais.

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Violence et révolution

Article paru dans Lutte de Classe, mai 1975, p. 1-7

Firefighters extinguish a fire in Greenwich Village, which was caused by the premature detonation of a bomb that was being assembled by members of the Weather Underground. (AP Photo/Marty Lederhandler) (Source)

Historiquement, la violence apparaît comme un instrument essentiel du maintien de chaque société de classe, et comme l’accoucheuse de la nouvelle société qui se forme au sein de la société existante. Ce double caractère suffit pour montrer l’absurdité de la condamnation systématique de toute violence (que prononcent les humanistes et pacifistes de tout poil) aussi bien que de son exaltation unilatérale de la part des terroristes. Il est donc ridicule de se prononcer pour ou contre la violence en général, en assaisonnant cette prise de position de considérations morales ou tactiques : le seul problème consiste a replacer l’action violente dans le cadre des rapports sociaux qu’elle exprime.

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Robert Petitgand : La Mentalité réactionnaire et l’Homme nouveau

Article de Robert Petitgand alias Robert Delny paru dans Masses, n° 1, janvier 1939, p. 12-18

German troops parade through the state stadium in Prague, during the German occupation of Czechoslovakia, on the occasion of Adolf Hitler’s 50th birthday, 20th April 1939. The troops were reviewed by General Viktor von Schwedler, Commander of the 4th Army Corps. (Photo by Ceteka/Pix/Michael Ochs Archives/Getty Images)

Une révolution profonde est toujours précédée d’un vaste mouvement d’idées qui bouleverse de fond en comble les conceptions morales de l’ancienne société. A l’image idéale que l’on se faisait de l’homme se substitue une éthique nouvelle née des rapports originaux que la vie a introduits dans le corps social et dont la pression irrésistible fait éclater l’enveloppe des institutions arriérées. La brusque rupture d’équilibre qui fait chanceler l’ancienne organisation, se traduit d’abord par la démoralisation du vieil homme, incapable de contenir plus longtemps l’afflux des tendances juvéniles, endiguées jusque là par une contrainte aussi avisée que tyrannique. La philosophie des Lumières au 18e siècle ne se borna pas à dénoncer les privilèges ; elle entreprit également la critique des vertus séculaires de l’homme bien né, railla l’honneur aristocratique, réduisit la gloire féodale à la mesure d’un simple et parfois chimérique appétit. Le Jacobinisme n’aurait jamais pu accomplir sa tâche historique, si préalablement la doctrine philosophique n’avait précipité de leur piédestal, pour les faire rentrer dans la commune nature, les personnes héroïques des potentats féodaux.

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Robert Langston : Herbert Marcuse et le marxisme

Article de Robert Langston paru dans Quatrième Internationale, 27e année, n° 36, mars 1969, p. 53-59

On peut distinguer trois périodes plus ou moins nettes dans le développement intellectuel du philosophe Herbert Marcuse, âgé de 70 ans. Ses premiers travaux, tel son essai de 1932 sur les manuscrits économiques et philosophiques du jeune Marx — alors récemment découverts — montrent l’influence dominante de son professeur, le philosophe existentialiste allemand Martin Heidegger. Dans les années d’exil à cause du régime nazi — les années 30 — Marcuse se libère progressivement de l’influence de Heidegger et se rapproche du marxisme orthodoxe, avec cependant un fort penchant hégélien. Cette phase culmine dans Raison et Révolution (1941), le meilleur ouvrage de Marcuse et peut-être le meilleur livre de langue anglaise jusqu’à présent écrit sur Hegel. Ici, Marcuse voit dans la classe ouvrière industrielle la « force de négation » qui transformera le monde.

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H. Lefebvre et l’aliénation

Article paru dans L’Etincelle, n° 1, 3 février 1965, p. 3-5

L’homme qui a écrit « le matérialisme dialectique » aura-t-il apprécié le faux dialogue qui consiste à être présenté au public ni par un autre lui-même, ni par un contradicteur ? Et ne pourrait-on pas parfois combiner d’emblée l’émission « officielle » avec le dialogue réel de la « cafétéria » ?

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Essai sur la révolution par Hannah Arendt

Article signé L. paru dans les Cahiers de discussion pour le socialisme de conseils, n° 8, avril 1968, p. 35-36

Malgré son titre, il s’agit surtout d’une analyse juridico-philosophique de la révolution américaine et de ses prémices, ainsi que d’une étude comparative de cette révolution et de la Révolution française qui s’étend sur plus des trois-quarts de l’ouvrage ; l’auteur exprime son admiration pour les « pères fondateurs » américains qui, dit-il, ont réussi à bâtir une constitution démocratique permettant ainsi à leur œuvre d’échapper aux aléas de l’autoritarisme et du césarisme.

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Cornelius Castoriadis : Les crises d’Althusser. De la langue de bois à la langue de caoutchouc

Article de Cornelius Castoriadis paru dans Libre, n° 4, 1978, p. 239-254


L’histoire, comme on sait, s’accélère. Les techniques connaissent un prodigieux perfectionnement. Celles de la manœuvre idéologico-politique aussi. Certes, les unes et les autres se caractérisent surtout par la production en masse de gadgets, de gimmicks, de trucs en plastique ou autres matières synthétiques qui durent à peine une saison. Mais c’est précisément là le secret du succès de l’industrie moderne, matérielle ou idéologique : la demande renaît toujours d’elle-même.

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publications

Paul Mattick : Les limites de l’intégration. L’homme unidimensionnel dans la société de classe

Ma recension du livre de Paul Mattick, Les limites de l’intégration. L’homme unidimensionnel dans la société de classe (Caen, éditions Grevis, 2021) vient de paraître dans ContreTemps. Revue de critique communiste, n° 51, octobre 2021, p. 152-153

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interventions

Participation à l’émission « Trous noirs », lundi 1er novembre à 16h sur Radio libertaire

Je participerai à l’émission « Trous noirs » diffusée en direct ce lundi 1er novembre de 16h à 18h sur Radio libertaire (89.4 MHz FM à Paris) et dont l’invité sera le philosophe Renaud Garcia.

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Corée : fin de la « guerre froide »

Article paru dans Socialisme ou Barbarie, n° 7, août-septembre 1950, p. 95-103

La capacité d’une direction révolutionnaire se mesure à son aptitude à juger de la signification profonde des grands événements internationaux qui constituent la trame concrète de l’évolution historique dans laquelle le prolétariat révolutionnaire doit s’insérer comme force indépendante et consciente.

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presse

Jean Texcier : Le socialisme trahi

Article de Jean Texcier paru dans Gavroche, n° 118, 28 novembre 1946, p. 1-2

« LA fin justifie les moyens ». On connait la formule. Elle ne date pas d’aujourd’hui. Posée comme un précepte de morale et de politique utilitaires, elle a été et elle est toujours brandie par tous les conquérants. tous les dictateurs, tous les fanatiques.

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La religion : appui ou obstacle à la lutte de classe ? Considérations à propos de la « théologie de la libération »

Dossier paru dans Programme communiste, n° 89, mai 1987, p. 72-108



PRÊTRES ET MARXISME

LA CRITIQUE DE LA RELIGION CONTIENT DONC EN GERME LA CRITIQUE DE LA VALLÉE DE LARMES DONT LA RELIGION EST L’AURÉOLE SACRÉE

(Marx, Introduction à la critique de la philosophie du droit de Hegel, 1843)

LE RÉEL ET L’IMAGINAIRE DANS LE SOCIAL-CHRISTIANISME

Loin de se réduire à une question académique, l’attitude envers la religion des partis ou des groupes qui se réclament du prolétariat et se disent communistes, constitue un des principaux tests de leur adhésion réelle à la théorie marxiste.

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livres

Paul Mattick : Marxisme, dernier refuge de la bourgeoisie ?

Paul Mattick, Marxisme, dernier refuge de la bourgeoisie ?, Genève, Entremonde, 2011 [1983], p. 356-365


IDÉOLOGIE ET CONSCIENCE DE CLASSE

Après coup, toutes les causes perdues paraissent irrationnelles et toutes celles qui ont triomphé rationnelles et justes. Invariablement, les buts visés par une minorité révolutionnaire défaite ont été qualifiés d’utopiques et, par conséquent, considérés comme indéfendables. Pourtant, le terme « utopique » ne peut guère être appliqué à des projets objectivement réalisables, mais doit être réservé à des systèmes imaginaires qui peuvent avoir, ou ne pas avoir, des bases matérielles concrètes qui permettraient leur réalisation. Il n’y avait rien d’utopique dans la tentative de prendre le contrôle de la société grâce aux conseils ouvriers et de mettre ainsi fin à l’économie de marché, puisque, dans le système capitaliste développé, le prolétariat industriel est le facteur déterminant du processus de reproduction sociale dans son ensemble, et qu’il n’est absolument pas obligatoire que ce processus passe par l’utilisation du travail salarié. Que la société soit capitaliste ou socialiste, c’est, dans chaque cas, la classe ouvrière qui lui permet d’exister. La production peut être effectuée sans qu’il soit besoin de prendre en compte une expansion exprimée en termes de valeur, ni de satisfaire les exigences de l’accumulation du capital. Il n’est pas forcé que la distribution et l’allocation du travail social empruntent le chemin des relations d’échange indirectes du marché, car elles peuvent être organisées consciemment grâce à de nouvelles institutions sociales placées sous le contrôle ouvert et direct des producteurs. Le capitalisme occidental de 1918 n’était pas Le système de production sociale obligatoire, mais simplement celui qui existait et son renversement aurait simplement supprimé les embarras capitalistes.

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livres

Otto Rühle : Karl Marx. Vie et oeuvre

Otto Rühle, Karl Marx. Vie et oeuvre, Genève, Entremonde, 2011 [1928], p. 96-101

Portrait d’Otto Rühle par Diego Rivera

DIALECTIQUE

Tout le travail de Marx depuis nombre d’années se réduisait au fond à lutter contre Hegel de façon directe ou détournée.

Un jeune géant armé de griffes léonines et combattant fiévreusement pour accroître à ses propres yeux le sentiment de sa valeur, étranger à la société qui ne voulait pas le reconnaître, l’évitait même et le persécutait, s’était cabré contre la toute puissance de Hegel, monumentale figure révérée et admirée dans tout le monde de l’esprit.

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Kostas Papaïoannou : L’idéologie froide. Essai sur le dépérissement du marxisme

Kostas Papaïoannou, L’idéologie froide. Essai sur le dépérissement du marxisme, Paris, Editions de l’Encyclopédie des Nuisances, 2009 [1967], p. 17-34


I
MARXISME ET ORTHODOXIE

« Tout ce que je sais c’est que moi, je ne suis pas marxiste. »

Marx

«… Ils ont fait de notre théorie un dogme unique de salut. »

Engels

Ce qui nous paraît nouveau dans les régimes qui se réclament du marxisme, ce n’est pas l’étatisation de l’économie (caractéristique des régimes archaïques qu’à la suite des classiques Marx désignait par le vocable « despotisme oriental ») ; ni l’écrasement de la libre pensée (trait permanent de tous les régimes théocratiques) ; ni l’allure fulgurante de l’industrialisation (la Russie tsariste, les États-Unis, le Japon ou l’Union sud-africaine ont connu des taux aussi élevés avec moins de frais, sinon avec plus d’efficacité) ; ni l’expropriation massive des paysans (c’est bien cela qu’annonçait le de te fabula narratur du Capital, mais Marx ne soupçonnait pas que, par-dessus les « philistins allemands », il s’adressait en réalité aux plus « orthodoxes » de ses disciples) ; ni l’écrasement des organisations ouvrières (le fascisme italien avait le premier tracé le chemin que le stalinisme et le nazisme ont suivi avec la même déconcertante facilité) ; ni l’instauration d’une discipline draconienne dans les usines (qu’on relise La Situation des classes laborieuses en Angleterre d’Engels) ; ni la rigueur impériale (ce n’est pas pour la première fois qu’on a déporté des peuples allogènes ou écrasé des révolutions irrédentistes), ni la terreur (… nulla sine poena cessavit dies…) ; ni même la troublante situation d’une classe dominante matériellement privilégiée mais spirituellement et politiquement aliénée : la classe des « hommes de service », créée, elle aussi de toutes pièces, par l’autocratie des tsars, n’était pas plus libre que l’« intelligentsia » soviétique sous le règne du Vojd.

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Karel Kosic : La dialectique du concret

Karel Kosic, La dialectique du concret, Paris, François Maspero, 1978, p. 165-170

Les dieux n’existent que pour celui qui les reconnaît. Est-ce à dire qu’au-delà des limites de notre terre, ils se transforment en simple bois, tout comme le roi devient simple mortel ? En fait, un dieu n’est pas du bois, mais un produit et un rapport social. La critique rationaliste, qui a enlevé aux hommes la religion et leur a démontré que les autels, les dieux, les saints et les églises n’étaient « rien d’autre » que du bois, de l’étoffe et de la pierre, est, du point de vue philosophique, en retrait sur la simple foi des croyants, car les dieux, les saints et les temples sont effectivement autre chose que de la cire, du bois ou de la pierre. Ce sont des produits de la société, et non de la nature. C’est pourquoi la nature ne peut ni les créer ni les remplacer. Est-ce à dire que le baba de Sylvie est autre chose qu’un drap ?

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Aimé Patri : Logique et dialectique matérialiste. L’origine de la logique envisagée du point de vue du matérialisme

Article d’Aimé Patri signé André Ariat paru dans Masses, n° 13, 20 janvier 1934, p. 6-7


I – CRITIQUE DU RATIONALISME CLASSIQUE

Dans une étude précédente, nous avons cherché à déterminer le sens, la portée et surtout les limites des règles de la logique auxquelles on doit éviter d’opposer la dialectique, dans le domaine limité où elles conservent leur valeur : celui de la conduite des discussions.

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Aimé Patri : Logique et dialectique matérialiste. La dialectique abolit-elle la logique ?

Article d’Aimé Patri signé André Ariat paru dans Masses, n° 12, 25 décembre 1933, p. 3-4


La dialectique est-elle une sorte de logique, supérieure qui dispense d’appliquer les règles de la logique ordinaire, et en particulier le célèbre principe de non-contradiction ? Ou bien doit-on concevoir les rapports de la dialectique et de la logique ordinaire de telle manière que la dialectique dépasse la logique ordinaire, tout en la conservant, et sans dispenser le moins du monde d’appliquer ses règles dans le domaine où elles conservent leur valeur ?

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Joseph Gabel : La fausse conscience

Joseph Gabel, La fausse conscience, Paris, éditions de Minuit, 1962, p. I-IV

AVANT – PROPOS

L’histoire récente a été témoin de deux explosions majeures de fausse conscience : le racisme et l’idéologie stalinienne. Elles appartiennent au passé mais leur passage a fourni la preuve, qui demeure valable, que la fausse conscience — traitée par le marxisme traditionnel quelque peu en concept livresque — guette notre vie quotidienne et peut, le cas échéant, tourner à la tragédie.

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Joachim Israel : L’humanisme dans les théories de Marx

Article de Joachim Israel paru dans L’Homme et la société, n° 11, janvier-février-mars 1969, p. 109-126

Nombreux sont ceux pour qui le socialisme signifie un système social, fortement centralisé et un contrôle s’exerçant sur toute la vie individuelle. En ce qui nous concerne, nous partageons l’opinion d’Erich Fromm lorsqu’il affirme : « Pour Marx, le but du socialisme était l’émancipation de l’homme ».

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Gajo Petrović : Humanisme et révolution

Article de Gajo Petrović paru dans L’Homme et la société, n° 21, juillet-août-septembre 1971, p. 199-209

I

La philosophie marxiste a été conçue par les stalinistes comme une combinaison du « matérialisme dialectique » — ontologie et théorie de la connaissance d’ordre philosophique abstrait — et du « matérialisme historique » – conception économique, non philosophique de l’histoire. Aucune de ces deux parts de la version staliniste de la philosophie marxiste ne contenait une théorie explicite de l’homme. Cependant, en rejetant expressément la possibilité même d’un concept philosophique de l’homme, les stalinistes ont en effet élaboré un concept matérialiste vulgaire, selon lequel l’homme est au fond un « animal qui fait des instruments », un être entièrement déterminé par sa propre production économique.

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Adam Schaff : L’humanisme marxiste

Texte d’Adam Schaff paru dans L’Homme et la société, n° 7, janvier-février-mars 1968, p. 3-18

On peut dire sans hésiter que notre époque est celle du choc des humanismes. Les tendances qui se réclament de l’humanisme, ne sont pas seulement nombreuses, mais elles sont aussi concurrentes et vont même jusqu’à se combattre. Étant donné l’importance croissante que prend à notre époque le problème de la vie de l’individu, la lutte politique prend volontiers la forme d’une mise en accusation, de l’adversaire quant à son manque d’humanisme, voire son antihumanisme. Une telle accusation ne prouve nullement que l’accusateur soit véritablement humaniste et ne le préservera pas de se voir reprocher, à son tour, de manquer d’humanisme. Cette popularité de l’humanisme et la multiplication de ses variétés se combattant mutuellement prouve simplement que l’homme, dont la vie est aujourd’hui plus menacée que jamais, est avide au minimum de paroles de consolation, de paroles évoquant le bonheur humain.

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Thadée Kotarbinski : L’humanisme socialiste

Article de Thadée Kotarbinski paru dans Raison présente, n° 18, avril-mai-juin 1971, p. 26-30


L’humanisme sera socialiste à condition que le socialisme soit humaniste et inversement. Mais que doit être le socialisme pour être un socialisme humaniste ? Qu’il me soit permis de préparer la réponse à ce problème en l’envisageant d’un point de vue professionnel, du point de vue d’un professeur d’Université qui enseigne la logique conçue en tant qu’introduction à l’étude et à l’enseignement et adressée à de futurs philosophes ou humanistes, surtout à de futurs enseignants de la philosophie et des sciences humaines. Une des tâches de ces logiciens universitaires concerne les problèmes du lexique que des expressions indispensables dans l’enseignement des disciplines mentionnées, et le type de problème prépondérant dans ce domaine est ce qu’on appelle souvent la clarification des concepts. Nous nous servons généralement, en effet, de mots dont le sens nous est connu en quelque sorte intuitivement mais sans que nous ayons conscience de chacun de ses éléments en particulier ni de leur structure globale. Les logiciens en tant que tels s’occupent dans le cadre de leur spécialité de ce qu’on appelle la sémiotique logique qui est une sorte d’art de construire les sens des expressions, consistant entre autres à élaborer des définitions analytiques de ces expressions. Pareille définition spécifie et mentionne chacun des éléments dont se compose la signification de la forme de langage envisagée et met en évidence la manière dont ils s’unissent en un tout spécifique. Mais très souvent on se contente de résoudre un problème rapproché. La définition régulatrice remplace la définition analytique. On ne cherche pas alors à approfondir les détails du sens du mot envisagé dans toute l’authenticité de ce sens, mais on établit pour l’usage ultérieur les éléments et la structure de la signification que l’on donne à ce mot, en veillant seulement à ce que cette signification ne s’écarte pas trop du sens connu intuitivement dans l’usage habituel de ce mot. Qu’il me soit donc permis de tenter une certaine régulation de la signification de l’expression « socialisme humaniste ».

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A. Petrachik : Les problèmes de l’humanisme dans les premières œuvres de Marx

Article d’A. Petrachik paru dans La Pensée. Revue du rationalisme moderne, n° 96, mars-avril 1961, p . 27-41


LA question de l’humanisme du jeune Marx, de la formation de ses idées sur l’essence de l’homme et sur sa situation dans le monde offre aujourd’hui un intérêt qui n’est pas seulement théorique et académique. Le fait est que cette question se détache comme l’un des points centraux dans le subtil « système » de falsification du matérialisme dialectique et du matérialisme historique, auquel travaillent avec zèle à la fois les ennemis directs du marxisme appartenant au camp de la réaction bourgeoise et les théoriciens social-démocrates et révisionnistes qui se réclament de l’ « exposé objectif des choses » et même du « développement créateur ».

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Vingtième anniversaire de l’insurrection de 1954 : La révolution algérienne

Article paru dans Le Prolétaire, n° 183, du 4 au 17 novembre 1974, p. 1-4


II Y a vingt ans, l’étincelle de l’insurrection allumait en Algérie l’incendie de la guerre d’indépendance nationale, qui allait mettre fin à plus d’un siècle d’esclavage colonial et ouvrir la voie à la naissance d’une nation moderne.

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Panorama américain : Le mouvement des « panthères noires »

Article paru dans Le Prolétaire, n° 106, 14 juin – 27 juin 1971, p. 2-4


Dans le cadre d’une série d’articles sur les mouvements de classe aux Etats-Unis, nous commencerons par donner un bref aperçu des « Panthères Noires ». Ce mouvement est celui qui exprime le mieux à l’heure actuelle l’aspiration à l’émancipation de la communauté noire et son combat quotidien contre la violence de la police, acharnée dans sa répression contre cette couche sociale sans poids économique et totalement abandonnée à elle-même qu’est le sous-prolétariat.

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Joseph Gabel : Le concept d’aliénation politique

Article de Joseph Gabel paru dans la Revue française de sociologie, 1960, I, p. 454-464

Avant d’être un domaine de recherche, l’aliénation politique est un problème. Ce problème est lié à l’ambiguïté du concept même d’aliénation qui signifie deux choses différentes selon qu’il en est fait usage dans un service hospitalier psychiatrique ou dans un groupe d’études marxiste. Il y a l’aliénation des cliniciens et l’aliénation des tenants des systèmes philosophiques dialectiques. A priori, une conception synthétique est possible mais elle n’a pas été tentée de façon systématique (1). Jusqu’à la preuve du contraire ce sont donc là deux concepts indépendants, désignés de façon assez dangereuse, par un vocable unique.

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Errico Malatesta : Autour de « notre » anarchisme

Article d’Errico Malatesta paru dans Le Réveil communiste-anarchiste, n° 639, 26 avril 1924.

Portrait of Errico Malatesta (Santa Maria Capua Vetere, 1853-Rome, 1932), Italian anarchist.

J’ai l’impression, et par ce qui paraît dans nos différents périodiques en Italie et au dehors, et par ce que les camarades nous envoient et qui en grande partie n’est pas publié soit par manque de place, soit par trop complète insuffisance de composition, j’ai l’impression, dis-­je, que nous ne sommes pas encore arrivés à faire bien comprendre à tous les intentions que nous nous proposons dans cette Revue.