Article de Gérard Nidraux paru dans Voix ouvrière, n° 35, 6 avril 1965, p. 6-8
André Soulat en 1965, au congrès de l’UGTA (source : Maitron)
D’UN CONGRES A L’AUTRE.
Le deuxième congrès de l’Union générale des travailleurs algériens vient de se tenir à Alger.
L’U.G.T.A., créée en février 1956, en pleine guerre d’Algérie, est restée jusqu’à l’indépendance un appareil de militants extérieur au pays, coupé de la base. Le syndicalisme ne prit une existence réelle en Algérie qu’après l’indépendance. Cette évolution reçut un coup d’arrêt au premier congrès de l’U.G.T.A. en janvier 1963.
Article paru dans Voix ouvrière,n° 46, 2 novembre 1965, p. 3
Production line mechanics working on a new Peugeot car in the assembly shop at Sochaux, 1960s. (Photo by Archive Photos/Getty Images)
CHEZ U.C.L.A.F.
VIVENT LES TRAVAILLEURS ALGERIENS !
Le racisme est une des plaies les plus honteuses de la classe ouvrière. Il s’exerce en général contre tous les travailleurs étrangers et contre les Nord-Africains en particulier. La récente affaire de viol d’une jeune femme par sept individus a déclenché une vague d’indignation qui s’est canalisée contre les Nord-Africains en général. On ne cherche pourtant pas des poux sur la tête aux Lyonnais aux Bretons, ou aux Corses, tous « bons Français » lorsque l’un d’entre eux commet une agression, un viol ou autre délit.
Article de Christian Jung paru dans Voix ouvrière, n° 41, juillet 1965, p. 1 et 4
ALGIERS, ALGERIA – JUNE 19: A tank is seen at the city center after the bloodless coup by colonel Houari Boumedienne on June 19, 1965 in Algiers, Algeria. (Photo by The Asahi Shimbun via Getty Images)
IL y a maintenant près d’un mois que Ben Bella a été arrêté, mais l’on chercherait vainement, dans les déclarations de Boumedienne, les raisons politiques du coup d’état. Les critiques formulées par celui-ci sont restées on ne peut plus imprécises et de tout ce qui a été dit, il ne ressort qu’une chose, c’est que dans tous les domaines, la politique de Ben Bella était « mauvaise » et qu’il convenait de lui substituer une politique « juste » !
ALGIERS, ALGERIA – JUNE 19: A tank is seen after the bloodless coup by colonel Houari Boumedienne on June 19, 1965 in Algiers, Algeria. (Photo by The Asahi Shimbun via Getty Images)
S’IL était sans aucun doute impossible de prédire l’heure, la date et le lieu du putsch du colonel Boumédienne — sauf peut-être pour certains « privilégiés », tel le gouvernement français, que des émissaires du chef de l’armée algérienne auraient discrètement sondé sur ses réactions probables quelques jours auparavant — une telle éventualité n’était pourtant pas imprévisible.
Publié aux U.S.A. en 1962, sous le titre « The Warfare State » ce livre fut édité en France au début de l’année dernière, avec une préface de l’auteur, datée de décembre 1963. Il n’a rien perdu ni de son actualité, ni de son intérêt.
Je vous préviens : je suis emballé. A partir de ce moment où je viens de finir la lecture du livre de Daniel Mothé, je suis tout simplement sous l’impression que je ne pourrai plus discuter utilement avec un camarade qui, soit n’aurait pas lu Mothé, soit n’aurait pas eu la même expérience que lui en réfléchissant, comme il l’a fait, sur cette expérience.
Article de Dyrcona paru dans L’Internationale, n° 33, mai 1965, p. 4
Roger Garaudy, membre du Parti Communiste Français dans les années 70 à Paris, France. Circa 1970. (Photo by Jean-Pierre REY/Gamma-Rapho via Getty Images)
DANS son « testament », Togliatti demandait que le Parti communiste italien mit une sourdine à la lutte anticléricale. Roger Garaudy, lui, est allé beaucoup plus loin, au cours du débat « Matérialisme et Humanisme » qui a lieu à Genève le 9 avril.
Article paru dans L’Etincelle, n° 1, 3 février 1965, p. 3-5
L’homme qui a écrit « le matérialisme dialectique » aura-t-il apprécié le faux dialogue qui consiste à être présenté au public ni par un autre lui-même, ni par un contradicteur ? Et ne pourrait-on pas parfois combiner d’emblée l’émission « officielle » avec le dialogue réel de la « cafétéria » ?
Article de Maxime Rodinson paru dans Partisans, n° 24, décembre 1965, p. 19-29
Hagia Sophia, a former mosque, now a museum, in Istanbul, Turkey, circa 1965. (Photo by J. Russell Gilman/Archive Photos/Getty Images)
Le texte qu’on lira dans les pages suivantes correspond à une conférence que j’ai donnée à Alger, à la salle Ibn Khaldoun, le 1er avril 1965.
Elle faisait suite à deux conférences prononcées au même endroit dans lessemaines précédentes et que je ne connais que par ouï-dire. L’une, celle de Jacques Berque, avait insisté, m’a-t-on dit, sur la spécificité de l’élan arabe (et algérien en particulier) vers l’indépendance et la la conscience nationales, sur l’enracinement de cet élan dans les valeurs transhistoriques particulières à ce peuple et sur les pulsions « anthropologiques » où ce mouvement puisait sa force. L’autre, celle de Roger Garaudy, introduisait l’idée de lutte sociale en invoquant Marx. Il canonisait la République Algérienne comme poursuivant une révolution de type marxiste et justifiait les efforts faits pour lui donner une référence islamique. D’une part, il rejetait l’idée d’une opposition radicale entre le sentiment religieux et la vision marxiste de la libération humaine. D’autre part, il assimilait l’idéologie musulmane à l’idéologie marxiste ou du moins les rapprochait. C’est en tous cas l’impression qu’en recueillirent ses auditeurs.
In June 1965 in Algiers, President of the Algerian Republic Ahmed BEN BELLA, ex-leader of the Algerian independence movement (on right) receives Pierre MENDES FRANCE, then-member of the U.S.P (Unified Socialist Party) in his villa Joly. It is the last official act of BEN BELLA who is overthrown on June 20 by his Defense Minister and Council Vice-President Houari BOUMEDIENNE, ex-leader of the NLF (National Liberation Army). (Photo by Keystone-France/Gamma-Keystone via Getty Images)
Ces extraits d’une longue lettre d’un camarade d’Alger font suite aux lettres du même camarade déjà publiées dans ICO (Nos 25 – 27 – 29 – 36).
Prime Minister of China Zhu Enlai is welcomed by President Ahmed Ben Bella after his arrival for an official visit on March 31, 1965 in Algiers, Algeria. (Photo by Keystone-France/Gamma-Rapho via Getty Images)
Pendant tout le mois de décembre des grèves ont éclaté dans les principaux centres algériens ; on en sait bien peu de choses.
African-American Muslim minister and civil rights activist Malcolm X (1925 – 1965) on Marshall Street in Smethwick, near Birmingham, 12th February 1965. The local Conservative council is attempting to buy houses on the street for resale to white people only. (Photo by Daily Express/Archive Photos/Getty Images)
L’ASSASSINAT DE MALCOLM X est un coup sévère à la lutte pour la liberté aux USA et, avec elle, à la lutte pour le Socialisme dans le monde.
Textes publiés dans L’Internationale,n° 37, octobre 1965, p. 1, 4 et 5
Signature With The Algerian Minister Of Foreign Affairs Abdelaziz Bouteflika And Jean De Broglie, State Secretary To Algerian Affairs On July 29, 1965 In Algiers. (Photo by Keystone-France/Gamma-Keystone via Getty Images)
LEs vagues d’arrestations massives qui ont lieu actuellement en Algérie à l’encontre des marxistes-révolutionnaire, de nombreux éléments de l’ex-PCA et de militants de l’ORP sont les signes avant-courreurs d’une répression d’envergure contre les masses et leurs conquêtes, contre les syndicats et l’autogestion. Après avoir « démantelé » l’avant-garde des militants d’opposition par les « grandes purges » de septembre, le pouvoir bureaucratique de Boumediene se trouve désormais directement confronté avec les organisations de masses, avec les étudiants et surtout avec l’U.GT.A., seule organisation de masse de la classe ouvrière. Le fait que la plupart des cadres conscients de l’UNEA, de la JFLN et du FLN aient été arrêtés, ou aient pris la fuite, montre que le pouvoir a décidé de détruire tous les foyers potentiels d’agitation et d’opposition pouvant faire naître des centres incontrôlés de direction. Si jusqu’à présent l’UGTA semble avoir échappé à la répression, cela tient à l’alliance tactique passée par la Centrale avec le secrétariat exécutif du Parti. Mais cette alliance ou ce « soutien » ne peuvent durer longtemps. Déjà le N° 2 de Révolution et Travail ne fait plus mention du secrétariat exécutif, et il semble que le N° 3 ne paraisse pas. Les congres prévus sont reportés ; le moment de la rupture approche entre le pouvoir et l’UGTA. L’envergure de la répression, l’attaque des libertés syndicales et de l’autogestion sur une grande échelle indiquent qu’un changement qualitatif dans les rapports entre la bureaucratie au pouvoir et les masses est en train de s’opérer en Algérie.
Article d’Henri Dumoulin paru dans L’Internationale,n° 36, septembre 1965, p. 6
A tank is seen after the bloodless coup by colonel Houari Boumedienne on June 19, 1965 in Algiers, Algeria. (Photo by The Asahi Shimbun via Getty Images)
Notre numéro de juillet ainsi que le numéro 25 de Quatrième Internationale ont été saisis à Alger. Nous ne sommes d’ailleurs pas les seuls organes dans ce cas. Même Le Monde, qui avait publié des articles de Legris favorables au régime de Boumedienne, s’est vu saisir lorsqu’il publiait, à titre informatif, des textes d’opposants aux fauteurs du coup d’Etat du 19 Juin. Les saisies avaient d’ailleurs commencé avec le bulletin de Prensa Latina lorsqu’il avait publié le remarquable discours de Fidel Castro sur le coup d’État d’Alger. Ces saisies caractérisent la « démocratie » du nouveau régime.
Dossier paru dans L’Internationale, n° 35, juillet-août 1965, p. 4-5
A tank is seen at the city center after the bloodless coup by colonel Houari Boumedienne on June 19, 1965 in Algiers, Algeria. (Photo by The Asahi Shimbun via Getty Images)
Un pouvoir personnel sans liens avec les masses
DU 19 juin, jour du coup d’Etat d’Alger, il a fallu attendre jusqu’au 5 juillet, soit plus de quinze jours, pour que le dirigeant du coup d’Etat, Boumedienne, par le truchement de Radio-Alger, fasse connaître et la composition du « Conseil national de la révolution » qui aurait pris l’initiative de l’opération et le programme qu’il entend suivre comme chef du gouvernement.
Article signé B.C. paru dans L’Internationale, n° 34, juin 1965, p. 7
Vue de la nouvelle cathédrale d’Alger, Algérie, le 12 février 1965. (Photo by Keystone-France\Gamma-Rapho via Getty Images)
Alger, le 28-5-65.
UN phénomène curieux étonne le militant qui vient visiter l’Algérie : la continuelle référence à l’Islam. A chaque pas, en ville, à la campagne, il sent l’emprise quotidienne de la religion sur la vie. Le décalage entre les textes prévoyant la liberté de pensée et la réalité est si grand que l’on doit, si l’on veut arriver à une connaissance exacte de l’état actuel de la Révolution algérienne, ne pas se contenter d’une exégèse des lois, textes et résolutions officielles, mais aussi, et surtout peut-être, réfléchir sur des exemples concrets.
Article paru dans Le Prolétaire, n° 18, février 1965, p. 1-2
Signature With The Algerian Minister Of Foreign Affairs Abdelaziz Bouteflika And Jean De Broglie, State Secretary To Algerian Affairs On July 29, 1965 In Algiers. (Photo by Keystone-France/Gamma-Keystone via Getty Images)
La dialectique marxiste étant aujourd’hui, la chose du monde la moins bien partagée, nous fûmes peu nombreux à l’appliquer au vaste mouvement anti-colonialiste qui a déferlé sur l’Asie et l’Afrique, et quasiment les seuls à prévoir, avant même que l’indépendance algérienne devienne une réalité, qu’elle n’apporterait pas au Maghreb l’harmonie sociale dont rêvent les philistins de tous les pays, mais la lutte de classe moderne, celle qui oppose le prolétariat à la bourgeoisie capitaliste.
Salle des opérations pendant la mise en orbite du premier satellite français ‘A-I’, à Hammaguir, Algérie, le 27 novembre 1965. (Photo by Keystone-France\Gamma-Rapho via Getty Images)
I. LA SIGNIFICATION DU COUP D’ETAT
Le coup d’Etat du colonel Boumedienne constitue indiscutablement un tournant vers ladroite dans le développement de la révolution algérienne. Les principales conquêtes de la révolution, en particulier l’institution de l’autogestion ouvrière dans les entreprises socialisées, sont maintenant gravement menacées.
Après l’annulation de la Conférence afro-asiatique, les drapeaux des pays invités flottent toujours à côté d’un panneau politique dans les rues de la ville le 28 juin 1965 à Alger, Algérie. (Photo by Keystone-France\Gamma-Rapho via Getty Images)
Le coup d’Etat militaire d’Alger du 19 juin met fin à l’alliance entre l’aile du FLN dirigée par Ben Bella, orientée vers le socialisme et liée aux masses au moyen de l’autogestion, et « l’armée des frontières » dirigée par Houari Boumedienne favorable à un « socialisme arabe » islamique. C’est cette alliance qui avait permis à la combinaison Ben Bella-Boumedienne d’écarter l’ancienne équipe du GPRA dans l’été 1962. Le coup d’Etat constitue une grave atteinte à l’aile gauche de la révolution algérienne et met en danger l’acquis principal de cette révolution, l’autogestion ouvrière des entreprises nationalisées.
Article paru dans Le Prolétaire, n° 25,octobre 1965,p. 1-2
During the Watts Riots while flames burn in the background, a police officer stands guard over a handcuffed man on the street and propped against the front wheel of a parked car, Los Angeles, California, July 1965. (Photo by Lawrence Schiller/Polaris Communications/Getty Images)
Le conformisme international aura vite enseveli les faits « regrettables » de Californie sous une épaisse couche de silence. Les bourgeois éclairés chercheront encore longtemps les causes « mystérieuses » qui ont enrayé là-bas le fonctionnement « pacifique et régulier » du mécanisme démocratique. Et les observateurs des deux bords de l’Atlantique se consoleront en pensant qu’après tout les manifestations de violence collective des hommes de « couleur » ne sont pas en Amérique une nouveauté, et que celles de 1943 à Détroit sont restées sans lendemain, quoique beaucoup plus graves.
Article de Sébastien de Diesbach alias S. Chatel paru dans Socialisme ou Barbarie, n° 40, juin-août 1965, p. 84-89
Une noire ayant une fonction élevée dans le gouvernement de la Ville de New-York loue les vertus de la limousine avec chauffeur qui fait partie des attributs de son poste : « Sans elle je ne peux pas aller à mon bureau. Quand j’essaie d’entrer à pied dans une enceinte administrative, un policier m’arrête pour me dire ‘Sorry miss, il n’y a pas de manifestation aujourd’hui (no picketing today)’ » (D’après le New-York Times)
ALGIERS, ALGERIA – MARCH 31: Prime Minister of China Zhu Enlai is welcomed by President Ahmed Ben Bella after his arrival for an official visit on March 31, 1965 in Algiers, Algeria. (Photo by Keystone-France/Gamma-Rapho via Getty Images)
La presse avait sommairement annoncé en avril dernier que le gouvernement algérien avait décidé de désaffecter la fameuse prison « Barberousse » d’Alger. En fait, il s’agissait de bien davantage. C’est toute une réforme du système pénitentiaire qu’envisageait Ben Bella dans le discours qu’il a prononcé le 9 avril en inaugurant une stèle à la mémoire des combattants du F.L.N. guillotinés par ordre des « tribunaux » militaires français. Le discours vient d’être publié in extenso par la revue des services d’information du gouvernement algérien. En voici le passage essentiel :
Editorial du Bulletin de liaison, organe du Comité national de défense de la révolution, n°4, décembre 1965, p. 3
ALGIERS, ALGERIA – MAY 16: Meeting between Algerian President Ahmed Ben Bella and King Hassan II of Morocco; on right the Algerian Minister of Defense Houari Boumediene on May 16, 1965 in Algiers, Algeria. (Photo by Gamma-Keystone via Getty Images)
Comme son illustre prédécesseur le faisait de temps à autre, Boumedienne vient de proclamer la nécessité de l’austérité. Dans son discours du 1er Novembre, il invite en effet la Nation à « comprendre qu’elle ne peut plus continuer à vivre au-dessus de ses moyens » et il exige d’elle « un comportement rigoureux d’austérité ».
Press Conference of President Houari Boumediene after the presentation of new Algerian government on August 8, 1965 in Algiers, Algeria. (Photo by Gamma-Keystone via Getty Images)
Depuis la déposition de Ben Bella par la fraction bureaucratique hétérogène que conduit Boumedienne, les luttes ouvrières en Algérie – qui s’expriment avant tout dans l’action syndicale – n’ont fondamentalement pas changé de nature. Les congrès syndicaux qui se sont tenus depuis le 19 juin ne sont pas qualitativement différents des congrès antérieurs, du moins de ceux qui ont suivi le « congrès-pilote » des cheminots algériens (juin 1964). Pendant un an, jusqu’en juin 1965, la lutte des classes a connu ses développements les plus conscients lors des congrès syndicaux, au niveau des A.G. d’usines et de fermes, des U.L., des U.R. mais surtout à celui des fédérations corporatives ainsi que de la Centrale elle-même (fin mars 1965). En l’absence d’un parti d’avant-garde du prolétariat des villes et des campagnes (ce dernier étant numériquement le plus important), c’est le mouvement syndical qui joue, dans l’Algérie révolutionnaire d’aujourd’hui, l’Algérie des ouvriers et des paysans pauvres, le rôle de canalisateur de la pression des masses.
Premier Nikita Khrushchev/ President Gamel Abdel Nasser of the UAR and President Ben Bella of Algeria at Karnak Temples.
Le Monde, qui fait souvent assaut de complaisance à l’égard du régime de B.B., avec l’Humanité et aussi avec certains milieux catholiques algériens (je ne dis pas avec La Croix qui est au contraire un des rares journaux à donner de temps en temps quelques informations intéressantes sur l’opposition benbelliste) a tout de même signalé dans son numéro du 29-30 novembre 1964 que d’après Révolution et Travail, la situation sociale serait mauvaise dans le Sud algérien. Il ne m’a pas été possible de me procurer le numéro de l’organe de l’U.G.T.A. où a paru cette nouvelle (qui est d’ailleurs valable pour toutes les régions de l’Algérie).
La prise de position de la direction du Théâtre National Algérien (TNA) (avec à sa tête Mohammed BOUDIA assassiné en 73 par les services secrets israéliens à Paris), au lendemain du coup d’Etat militaire de Boumediene du 19 Juin 65, a entraîné comme vous le savez sans doute, l’exil de la majeure partie de la direction du TNA, des animateurs et des comédiens.
Dans le numéro précédent de notre journal, nous avions dénoncé le PRS (Parti de la Révolution Socialiste) comme un parti nationaliste petit-bourgeois. Nous avions montré que le PRS n’avait pas rompu quant au fond avec la politique du FLN ; le même populisme, le même langage socialisant, et aussi, et c’est le principal, le même nationalisme…
Article publié dans La Charte, organe du F.L.N. clandestin, Rassemblement Unitaire des Révolutionnaires (RUR), n° 35, février-mars 1973, p. 15-18.
Lors de la journée internationale de la femme (8 mars), BOUMEDIENNE s’adressant aux militantes de l’Union Nationale des Femmes Algériennes (UNFA) devait notamment déclarer : « Au nom du pouvoir révolutionnaire, je proclame que nous sommes pour un progrès qui ouvre devant la femme toutes les portes menant à une participation effective, afin qu’il lui soit permis d’accéder pleinement à la place qui lui revient dans tous les domaines et à tous les niveaux ».
Article paru dans Travailleurs immigrés en lutte, mensuel de l’Organisation communiste révolutionnaire internationaliste d’Algérie, n° 26, décembre 1978, p. 3-4.
Depuis son retour d’URSS, Boumédiène est dans un coma profond ; deux caillots de sang lui obstruent le cerveau, et il est atteint d’une maladie rare, la maladie de Waldenström, dans sa forme aiguë. Autant dire que, malgré sa survie artificielle, Boumédiène est mort, et physiquement et politiquement.
Il fallut attendre la manifestation du 8 mars 1965 pour mesurer l’ampleur des revendications des femmes, à Alger. La journée avait été déclarée journée officielle de la femme.
Manifeste repris par Tribune algérienne, n° 15, mai 1978, p. 39-44 et par Sou’al, n°4, novembre 1983, p. 121-125
Préambule*
De plus en plus les femmes dans le monde sont amenées à lutter contre l’arbitraire et l’injustice qui leur sont faits.
Les femmes algériennes ne sont pas épargnées de ce sort répressif. Elles ont eu plusieurs fois l’occasion de montrer qu’elles étaient les premières à ressentir et à souffrir des contradictions existant dans la société algérienne, et ce par la quotidienneté de leur oppression.
Article paru dans Pouvoir ouvrier, n° 73, septembre-octobre 1965, p. 4-7
Talks between the President of Algeria Ahmed Ben Bella and King Hassan II of Morocco also attended by colonel Houari Boumediene for a reconciliation between the 2 countries on May 16, 1965 in Saidia, Morocco. (Photo by Keystone-France/Gamma-Rapho via Getty Images)
Monsieur Boumedienne est scandalisé. On n’a tout de même pas fait une révolution nationale pour que des étrangers viennent vous donner des leçons ! Pourquoi imaginez-vous qu’ils se sont battus, lui et ses compères militaires ?
« Notre vérité, c’est l’Algérie, d’un territoire de plus de 2 millions de km2 , d’une population de 12 millions d’habitants, d’une histoire propre à elle, d’une langue arabe et d’une religion musulmane » (El djeich, organe de l’Armée Nationale Populaire, n° 28, août 1965).
Article paru dans Pouvoir ouvrier, n° 72, juillet-août 1965, p. 1-5.
Le renversement de Ben Bella a surpris tout le monde, y compris les Algériens. Mais ce qui peut étonner davantage, c’est l’absence de riposte. Il y a eu des réactions mais pas de contre-offensive d’un parti ben belliste. C’est qu’il n’y avait pas de partisans de Ben Bella. Le pouvoir de ce dernier était fait de prestige et de népotisme. Il n’avait réussi à construire ni un État ni un parti.
Tract diffusé en Algérie à la fin de l’année 1965 et reproduit dans Internationale situationniste, n° 10, mars 1966, p. 12-21
A tank is seen at the city center after the bloodless coup by colonel Houari Boumedienne on June 19, 1965 in Algiers, Algeria. (Photo by The Asahi Shimbun via Getty Images)
On pourrait croire que le nouveau régime algérien s’est donné pour unique tâche de confirmer l’analyse sommaire que l’I.S. a présentée de lui, dès les jours qui suivirent son putsch inaugural, dans l’Adresse aux révolutionnaires que nous avons alors publiée à Alger. Liquider l’autogestion, c’est tout le contenu du boumediennisme, c’est sa seule activité réelle ; et elle commence à l’instant même où l’État, par le déploiement de la force militaire qui était sa seule cristallisation achevée sous Ben Bella, son seul organisme solide, a proclamé son indépendance en face de la société algérienne. Les autres projets de l’État, la réorganisation technocratique de l’économie, l’extension de la base de son pouvoir, socialement et juridiquement, dépasse les capacités de la classe dirigeante actuelle dans les conditions réelles du pays. La foule des indécis, qui n’avait pas été les ennemis de Ben Bella mais ceux qu’il a déçus, et qui ont attendu pour juger le nouveau régime sur ses actes, peuvent voir que finalement, ce régime ne fait rien, excepté son acte constituant la dictature autonome de l’État, qui est du même coup sa déclaration de guerre à l’autogestion. Même énoncer des accusations précises contre Ben Bella, ou l’abattre publiquement, semble être au-dessus de ses forces pour une longue période. Le seul reste de «socialisme» professé en Algérie est précisément ce noyau du socialisme renversé, ce produit de la réaction générale dans le mouvement ouvrier même que la défaite de la révolution russe a légué comme modèle positif au reste du monde, y compris à l’Algérie de Ben Bella : la contre-vérité policière du pouvoir. C’est ainsi que l’ennemi politique n’est pas condamné pour ses positions réelles, mais pour le contraire de ce qu’il a été ; ou bien même il se dissout soudainement dans un silence organisé, il n’a jamais existé, ni pour le tribunal ni pour l’historien. Et c’est ainsi que Boumedienne, un des principaux responsables depuis toujours du fait que l’autogestion algérienne n’est qu’une caricature de ce qu’il lui faut être, la traite officiellement de «caricature» afin de la réorganiser autoritairement. Au nom d’une essence de l’autogestion idéologiquement garantie par l’État, Boumedienne rejette les manifestations réelles ébauchées de l’autogestion.
Ce tract a été diffusé en Algérie après le coup d’État du 19 juin 1965 et reproduit dans la revue Internationale situationniste, n°10, mars 1966, p. 43-49
Défilé militaire pour célébrer le 12ème anniversaire de la Révolution à Alger en novembre 1966, Algérie. (Photo by Keystone-France/Gamma-Rapho via Getty Images)
« Les révolutions prolétariennes… raillent impitoyablement les hésitations, les faiblesses et les misères de leurs premières tentatives, paraissent n’abattre leur adversaire que pour lui permettre de puiser de nouvelles forces de la terre et se redresser à nouveau formidable en face d’elles, reculent constamment à nouveau devant l’immensité infinie de leurs propres buts, jusqu’à ce que soit créée enfin la situation qui rende impossible tout retour en arrière. » Marx (Le 18 Brumaire de Louis Napoléon Bonaparte).