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Albert Roux : Contre la répression en Algérie

Article d’Albert Roux paru dans La Quatrième Internationale, n° 2, décembre 1965, p. 7

EN septembre, le président Ben Bella n’ayant pas donné le moindre signe de vie (trois mois après son arrestation) un appel fut lancé à l’opinion publique internationale en vue d’obtenir, par une intervention concertée et massive auprès des dirigeants algériens, que celui qui, en droit, reste le président de la République algérienne, soit autorisé « à être assisté des avocats de son choix, à recevoir des visites, à être examiné par un médecin », en un mot, à jouir « des droits élémentaires de la personne humaine ».

En quelques jours, un demi millier de signatures fut recueilli dont celles de :

Arthur Adamov, Jacques Berque, de l’Institut de France, Simone de Beauvoir, Loleh Bellon, Claude Bourdet, André Breton, Michel Butor, Aimé Césaire, Alain Cuny, Marguerite Duras, Robert Gallimard, Jean Guéhenno, Daniel Guérin, écrivain ; Michel Leiris, Louis Martin-Chauffier, François Mauriac, Robert Merle, écrivain ; Yves Montand, Vincent Monteil, Maurice Nadeau, Jacques Nantet, Pierre Naville, Louis Odru, Jacques Panigel, du Comité Audin ; Vladimir Pozner, Marcel Prenant, Alain Resnais, David Rousset, Claude Roy, Françoise Sagan, Nathalie Sarraute, Jean-Paul Sartre, Catherine Sauvage, Simone Signoret, Tanguy-Prigent, Pierre Vidal-Naquet, du Comité Audin ; Andrée-Pierre Viénot.

A ce demi millier de signatures françaises ne cessent de se joindre celles de nombreuses personnalités des cinq parties du monde.

Malheureusement, il ne s’agit plus seulement aujourd’hui de défendre Ben Bella et les quelques personnalités arrêtées avec lui.

C’est pour des centaines de victimes de la répression qu’il faut maintenant obtenir des nouvelles autorités algériennes le respect des droits élémentaires.

En effet, la vague d’arrestations de septembre et octobre derniers a durement frappé la gauche du F.L.N. et n’a pas épargné les militants anticolonialistes français dont une cinquantaine ont déjà été appréhendés.

On a su, notamment par ces derniers, que beaucoup de ces emprisonnés ont subi des tortures.

Cette situation nouvelle a amené ceux qui s’étaient levés pour réclamer que les droits de la personne humaine soient accordés à Ben Bella à élargir et renforcer leur action.

Le 4 novembre, au cours d’une assemblée générale des signataires, une structure était donnée à ce qui n’était jusqu’alors qu’un rassemblement de bonnes volontés ; et l’organisme ainsi créé recevait le nom de « Comité pour la défense d’Ahmed Ben Bella et des autres victimes de la répression en Algérie ».

L’action déjà déployée n’est sans doute pas étrangère à l’autorisation donnée à Ben Bella et à quelques-uns de ses compagnons d’écrire à leurs proches une lettre d’ailleurs encore unique. Et probablement n’est-elle pas non plus étrangère au fait que 47 parmi les emprisonnés ont enfin été déférés à un juge d’instruction, ce qui, en principe, devrait désormais les soustraire à l’arbitraire policier.

Mais, depuis le 15 novembre, c’est de nouveau le silence pour Ben Bella et ses compagnons ; aucun avocat, aucun médecin ne les ont vus. Et si 47 personnes sont maintenant, en principe, soustraites à l’arbitraire policier, il faut bien penser aux autres, qui n’ont pas cette « chance ».

Il faut donc redoubler d’efforts pour alerter largement l’opinion publique internationale afin qu’une pression suffisante soit faite en vue d’amener les autorités algériennes à :

– accorder à Ahmed Ben Bella et aux autres victimes de la répression l’assistance des médecins et avocats de leur choix ainsi que la possibilité de recevoir des visites et, particulièrement, celles de leurs familles ;

– décider que ceux d’entre eux qui n’ont pas été inculpés et qui, de ce fait, sont actuellement entre les mains de la police ou de la sécurité militaire soient libérés ou déférés à la justice avec le bénéfice de tous les droits de la défense.

Il convient d’adresser les pétitions en ce sens, après avoir pris soin de s’assurer que les noms des signataires sont faciles à identifier, à l’adresse suivante :

Maurice Jardot, 27, quai de Bourbon
Paris (IV°)
C.C.P. 40.39.04 Paris

Mais il n’est naturellement pas déconseillé aux signataires d’un même pays, voire d’une même ville, d’effectuer également des démarches collectives auprès des représentations diplomatiques de la République algérienne ; il ne l’est pas davantage de se constituer en comités analogues à celui qui existe en France.

Albert ROUX.

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