Manifeste de la Fédération allemande des anarchistes communistes paru dans Le Réveilcommuniste-anarchiste,année XIX, n° 505, 25 janvier 1919, p. 2
Un groupe de soldats brandissant le drapeau rouge, le 9 novembre à la porte de Brandebourg (Source)
Le manifeste suivant a été répandu en Allemagne :
Après cinquante et un mois de carnage, le prolétariat allemand a suivi l’exemple de ses frères russes ; aidé des travailleurs soldats, il a renversé ses bourreaux. Le militarisme allemand, formidable colonne de la réaction, ruiné dans notre pays comme dans le monde entier, est détruit.
Hat Factory. Monza. Lombardia. Italy. 1920. (Photo by: Touring Club Italiano/Marka/Universal Images Group via Getty Images)
Le Congrès anarchiste de Bologne fut indigné de voir, à un moment où les esprits étaient surexcités par les nouvelles venant d’Ancône, renvoyer à une époque indéterminée une réunion que les circonstances rendaient urgente et nécessaire pour s’entendre entre subversifs sur l’action à entreprendre. Il accusa les organismes, qui étaient cause du renvoi, de ne pas vouloir susciter des embarras au gouvernement.
Meeting of the Socialist German Workers Youth in Hamburg in August 1925 (Photo by ADN-Bildarchiv/ullstein bild via Getty Images)
Comment peut-on élire des socialistes au parlement ? La majorité des électeurs n’est pas socialiste, même dans un arrondissement électoral qui serait créé expressément, car si elle l’était, elle n’aurait pas besoin de nommer des députés et pourrait, en admettant même que tous les autres arrondissements fussent réactionnaires, devenir un centre de rayonnement socialiste et attaquer le régime bourgeois de mille façons bien plus efficaces. Pour se former une majorité, il faut donc transiger, s’allier avec celui-ci ou bien celui-là, mystifier le programme, promettre des réformes immédiates, faire accroire aux uns une chose, aux autres le contraire, tâcher que la bourgeoisie vous tolère et que le gouvernement ne vous attaque pas trop violemment. La propagande socialiste que devient-elle alors ?
King of Italy Vittorio Emanuele III and the King of Spain Alfonso XIII in a carriage in Madrid, Italian royal visit to Spain, from L’Illustrazione Italiana, Year LI, No 24, June 15, 1924.
Les gouvernements de dictature qui sévissent en Italie, en Espagne, en Russie et qu’envient les fractions les plus réactionnaires et les plus froussardes des autres pays, sont en train de faire une espèce de nouvelle virginité à la « démocratie» bien dépossédée de son autorité. Aussi voyons-nous de vieux bonzes, rompus à toutes les manœuvres maléfiques de la politique, responsables de répressions contre le peuple travailleur et de massacres, se mettre en avant, quand encore ils ont ce courage, comme hommes de progrès et chercher à accaparer le prochain avenir au nom de l’idée libérale. Et, étant donné la situation, ils pourraient bien y réussir.
Parmi tous les problèmes que l’homme de cœur et de raison est amené à se poser, il n’y en a peut-être pas de plus délicat, important et troublant aussi que celui de la violence.
Benito Mussolini speaking from the loggia of Palazzo della Signoria in Florence, Italy, June 19, 1923, from L’Illustrazione Italiana, Year L, No 25, June 24, 1923.
A propos de la suppression de la « fête » du Premier Mai (1)
Le moment peut paraître mal choisi pour une polémique avec les socialistes.
Benito Mussolini speaking to a Fascist assembly in Rome, Italy, January 29, 1924, from L’Illustrazione Italiana, Year LI, No 5, February 3, 1924.
On entend dire : à quelque chose malheur est bon. Et en effet le fascisme, tout en ayant été un déplorable et horrifiant phénomène de régression morale et politique, a cependant servi à dévoiler des germes de mal qui persistaient parmi la population et à faire penser aux remèdes opportuns. De lui nous pourrons tirer de précieuses leçons qui, espérons-le, seront mises à profit dans un prochain avenir.
Le vent est à la démocratie. C’était à prévoir. On ne saigne pas quelque dix millions d’hommes pour assurer des débouchés, la maîtrise des mers et la royauté de l’industrie sans que les survivants de cette chevauchée dans le sang humain ne réclament en retour quelques compensations. On leur avait donné déjà la joie de mourir pour le droit, on leur offrira la réalité de quelques droits politiques illusoires, heureux dérivatifs à de plus substantiels besoins.
La passivité des humains est bien le fait le plus incroyable qui s’offre à nos méditations. La grandeur de l’Etat nous a valu plus que l’amoindrissement, l’anéantissement de l’individu. Au rebours de ce que tous les maniaques du centralisme nous affirment, le fait d’appartenir à cette énorme entité, l’Etat, dominant et disposant à son gré des forces immenses d’un pays, a détruit et non augmenté la puissance de chaque sujet. L’individu ne sait plus être par et pour lui-même ; il ne garde que la valeur d’un instrument plus ou moins perfectionné et dont le rendement est proportionné à l’habileté et à la chance de celui qui aura à s’en servir.
Portrait of Errico Malatesta (Santa Maria Capua Vetere, 1853-Rome, 1932), Italian anarchist.
Je ne parlerai point de la manière dont peut être combattue et abattue la tyrannie qui opprime actuellement le peuple italien. Ici nous nous proposons de faire simplement œuvre de clarification des idées et de préparation morale en vue d’un avenir, proche ou lointain, car il ne nous est pas possible de faire autre chose. Du reste, lors même que nous croirions le moment venu d’une action plus effective… nous en parlerions encore moins.
Article d’Errico Malatesta paru en deux parties dans Le Réveil communiste-anarchiste n° 644 du 28 juin 1924 et n° 645 du 12 juillet 1924.
Portrait of Errico Malatesta (Santa Maria Capua Vetere, 1853-Rome, 1932), Italian anarchist.
Notre ami Carlo Francesco Ansaldi s’occupe dans la Voce Repubblicana de nos discussions au sujet du proche avenir. Il exprime des aspirations et des désirs qui au fond se rapprochent et même se confondent avec les nôtres, mais il omet, me semble-t-il, ce qui pour moi est le nœud de la question, c’est-à-dire la façon dont on peut s’acheminer vers le nouvel ordre social, aussitôt les institutions en vigueur renversées, et l’origine du pouvoir constituant. N’oublions pas que dans nos débats actuels il s’agit non du point d’arrivée, sur lequel sans doute nous nous trouverons tous d’accord, y compris Ansaldi, mais des voies et moyens qui devront nous conduire à la réalisation de notre idéal.
Portrait of Errico Malatesta (Santa Maria Capua Vetere, 1853-Rome, 1932), Italian anarchist.
Sous ce titre notre ami Louis Fabbri a publié en italien un volume, dont le Libertaire avait annoncé il y a quelque temps la traduction française. Nous ne savons ce qui est advenu de ce projet, mais nous croyons qu’une lutte tenace s’impose à nous contre le bolchevisme soi disant communiste et sa prétention de vouloir monopoliser la révolution. Malgré ses persécutions criminelles et le plus éclatant démenti que les faits viennent donner chaque jour à son faux révolutionnarisme, il profite encore de l’une de ces légendes dont la vie est singulièrement dure. A nous de montrer sans relâche la douloureuse réalité.
Portrait of Errico Malatesta (Santa Maria Capua Vetere, 1853-Rome, 1932), Italian anarchist.
J’ai l’impression, et par ce qui paraît dans nos différents périodiques en Italie et au dehors, et par ce que les camarades nous envoient et qui en grande partie n’est pas publié soit par manque de place, soit par trop complète insuffisance de composition, j’ai l’impression, dis-je, que nous ne sommes pas encore arrivés à faire bien comprendre à tous les intentions que nous nous proposons dans cette Revue.
Portrait of Errico Malatesta (Santa Maria Capua Vetere, 1853-Rome, 1932), Italian anarchist.
Voici comment le Giornale d’Italia répond au député socialiste Turati qui attribue à la guerre en Tripolitaine l’accroissement de misère dans la classe ouvrière :
« Elle a (la guerre), sinon augmenté, du moins nullement diminué le mouvement économique en Italie, car des centaines et des centaines de millions ont été dépensés dans le pays en pro-visions, équipements, etc… »
Portrait of Errico Malatesta (Santa Maria Capua Vetere, 1853-Rome, 1932), Italian anarchist.
Je voudrais attirer l’attention des révolutionnaires sur un problème, essentiel à mon avis, et qui me semble par trop négligé : c’est celui de l’alimentation publique, spécialement dans les grandes villes, en temps de révolution et immédiatement après.
Portrait of Errico Malatesta (Santa Maria Capua Vetere, 1853-Rome, 1932), Italian anarchist.
Au rebours des anarchistes, il y a nombre de révolutionnaires, qui n’ont pas confiance dans l’instinct de construction des masses, mais ils croient avoir, eux, la recette infaillible pour assurer le bonheur universel : ils disent craindre la réaction, mais ils craignent peut-être davantage la concurrence d’autres partis ou d’autres écoles de réformateurs sociaux, et veulent ainsi s’emparer du pouvoir et substituer au gouvernement d’aujourd’hui un gouvernement dictatorial.
Portrait of Errico Malatesta (Santa Maria Capua Vetere, 1853-Rome, 1932), Italian anarchist.
Ces temps sont tristes pour nous.
Notre travail de tant d’années semble détruit. Beaucoup de nos camarades languissent dans les prisons et dans les bagnes ou vont errants et désolés par les terres d’exil, tous nous sommes presque réduits à la complète impuissance.
Portrait of Errico Malatesta (Santa Maria Capua Vetere, 1853-Rome, 1932), Italian anarchist.
Nous avons donné dans notre n° 653 la traduction d’un article d’Errico Malatesta sur la Constituante, le faisant suivre d’une note pour attirer l’attention des camarades sur cette question subsidiaire, suggérée par la plus douloureuse des expériences : Comment empêcher que notre opposition à la Constituante ouvre la voie à la dictature ? Malatesta nous donne la réponse suivante :
Portrait of Errico Malatesta (Santa Maria Capua Vetere, 1853-Rome, 1932), Italian anarchist.
Voici un article écrit surtout à un point de vue italien, mais la question de la Constituante pourra aussi se poser ailleurs au lendemain d’une révolution, comme cela a été précisément le cas pour la Russie, aussi croyons-nous utile de le traduire.