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Pannonicus : Les conseils ouvriers de la révolution hongroise

Article de Pannonicus paru dans Socialisme ou Barbarie, Volume IV (9e année), n° 21, mars-mai 1957, p. 105-112

1er novembre 1956, à Budapest, des Hongrois sur un char soviétique ©Getty – Gamma-Keystone (Source)

C’est depuis une centaine d’années environ qu’on observe la tendance socialiste dans l’histoire ou, pour employer la phraséologie hégélienne, que le mouvement autonome de l’esprit pur « se socialise ». Il faut admettre que le mot « socialisme », en lui même, ne dit rien, ou plutôt dit trop. Derrière ce mot agissaient les hitlériens ; le « socialisme » est le principe déclaré de plusieurs gouvernements sociaux-démocrates et, horribile dictu, c’est au nom du « socialisme » qu’on exerce des dictatures sanguinaires, comme celle de Kadar en Hongrie.

La notion de socialisme doit donc être profondément et minutieusement expliquée et élaborée dans son contenu économique, social et politique.

Il est indiscutable que l’exigence par les masses d’une vie meilleure et plus juste, d’une organisation sociale perfectionnée, tend vers des formes économiques, sociales et politiques qui constituent ce qu’on appelle le socialisme. On ne peut, dans le cadre de cet article, présenter d’une façon détaillée ces formes. Il suffira de dire que le socialisme doit comprendre l’auto-direction des habitants, c’est-à-dire une décentralisation de la vie économique, sociale et politique d’un si haut degré qu’on puisse la comparer — si on peut risquer une comparaison globale — avec la démocratie des anciennes communautés primitives. Cette démocratie accorde à chacun le droit de résoudre les questions économiques, sociales et politiques en fonction de sa propre vie et exclut par là même la possibilité que certains individus puissent avoir une puissance absolue dans aucun secteur de la vie.

C’est pourquoi les divers conseils ouvriers formés dans les dernières années, dans divers pays, ont une importance immense. En particulier, les conseils ouvriers nés dans le feu de la révolution hongroise, même si la période de leur activité autonome et souveraine a été brève, nous offrent des expériences qui méritent d’être étudiées.


Les conseils ouvriers hongrois ne sont pas nés, par une genèse mythologique, comme naquit Pallas de la tête de Zeus. Ils vinrent après des événements qui les avaient préparés et sans lesquels leur formation extrêmement rapide aurait été inimaginable. Je ne fais pas allusion aux éléments qui ont préparé, pour ainsi dire, psychologiquement les ouvriers à une telle expérience, mais à ceux qui précédaient directement la formation des conseils ouvriers.

L’existence et la nature de ces conseils n’étaient pas totalement inconnues en Hongrie. Bien qu’on ne connût pas exactement et en détail les conseils ouvriers yougoslaves, pourtant, le peu qu’on en savait suffisait pour que la création de tels conseils devînt une des revendications de la lutte antistalinienne qui se manifesta très vigoureusement pendant l’année 1956. Il est bien compréhensible que — dans une dictature de capitalisme d’état totalitaire où les syndicats et le soi-disant « parti de la classe ouvrière » sont devenus des annexes et des forces exécutives de l’État bureaucratique exploiteur qui, par surcroît, comme c’était le cas en Hongrie, trahissait les intérêts du pays — l’idée des conseils ouvriers ait eu un grand écho. C’est pourquoi, avant le 23 octobre et surtout dans la période qui précéda l’insurrection, le Cercle Petöfi et l’Union des Écrivains insistaient sur la nécessité de leur création. Un des principaux mots d’ordre de la grande manifestation dont les étudiants prirent l’initiative le 23 octobre fut l’autonomie ouvrière, un de ses buts fut d’imposer la création des conseils ouvriers. On sait même que la première réponse de la clique Geroë à la manifestation fut le refus, et même la provocation. Mais, dès le 24 octobre, devant le développement croissant de l’insurrection et face à l’effondrement quasi total des appareils du parti et des syndicats, Geroë et sa clique changèrent de tactique. Ils acceptèrent la création des conseils ouvriers et en confièrent l’exécution à l’appareil du parti. Le déroulement des événements montre précisément quel était leur but : freiner l’élan révolutionnaire et, d’autre part, impressionner la classe ouvrière en vue de la détourner de la révolution et de la reprendre en main. Alors que, auparavant, ils avaient nié la nécessité des conseils ouvriers, maintenant ils s’empressaient de les organiser pour mobiliser la classe ouvrière — suivant leur expression contre la contre-révolution.

Bien entendu, ils organisèrent les conseils ouvriers à leur guise, c’est-à-dire en vue d’être assurés « de leur fidélité » ; ces conseils étaient donc composés du directeur, du secrétaire de la cellule, des chefs du syndicat et de quelques ouvriers domestiqués.

Mais ils furent dépassés par les événements. La classe ouvrière était déjà du côté de la révolution. Le soir du 23 octobre, les étudiants avaient manifesté, appelant les ouvriers à la grève générale. La nuit, ils avaient parcouru les usines avec des camions demandant aux ouvriers d’abandonner le travail et de se rallier à la révolution. L’unité des ouvriers et des étudiants, dès le matin du 24 octobre, devint un fait indiscutable et resta la plus grande force de la révolution.

Ainsi apparut une situation étrangement contradictoire : les ouvriers prenaient part à la révolution tant par la grève générale qu’en luttant dans les groupes armés, côte à côte avec les étudiants, et, pendant ce temps, les soi-disant « conseils ouvriers » formés officiellement lançaient des appels pour la cessation de la grève et se déclaraient contre l’insurrection. Les ouvriers luttaient contre Geroë et les marionnettes de Geroë parlaient en leur nom.

Il était évident que cette situation ne pouvait durer longtemps. Les ouvriers voyant les grandes possibilités des conseils prenaient conscience de leurs propres forces et ne pouvaient supporter que les hommes de Geroë se parent du prestige des conseils ouvriers et parlent au nom de la classe ouvrière. Ils regagnèrent les usines, mirent à la porte les bureaucrates usurpateurs et créèrent par des moyens démocratiques et révolutionnaires les conseils ouvriers.

La formation des conseils ouvriers de la révolution hongroise ne fut donc pas l’œuvre du hasard ; si ces conseils ne furent pas le résultat d’une longue préparation, ils naquirent de l’activité directe de la classe ouvrière.

L’analyse des élections et de la constitution des conseils ouvriers est un problème important, d’un point de vue moins sociologique que politique. Bien que nous ne disposions pas d’une documentation complète sur les conseils, les données que nous possédons nous permettent des constatations importantes. On peut affirmer que l’élection des conseils, même lorsqu’elle a eu lieu dans des conditions exceptionnelles, s’est déroulée démocratiquement. La date des élections était annoncée à plusieurs reprises et chaque ouvrier, chaque employé des usines était invité à voter. Grâce à ces précautions, 50 à 70 % de l’effectif fut présent aux élections. Les ouvriers votèrent malgré les combats qui continuaient dans les rues et bien que les communications fussent interrompues. II est très naturel que le pourcentage ait été différent suivant les usines.

Les élections furent faites au grand jour; on pouvait prendre la parole tout à fait librement ; chaque électeur pouvait proposer des candidats et on discutait la compétence, l’attitude, l’activité passée et récente de chacun d’eux.

L’unité de l’insurrection se manifesta à l’occasion de ces élections, quand les diverses usines laissèrent unanimement de côté toutes les organisations des partis et des syndicats. Chacun agissait non en qualité de délégué d’un parti quelconque mais en qualité d’ouvrier de telle ou telle usine.

L’analyse de la composition des conseils ouvriers reflète aussi cette unité de la révolution, son caractère populaire et la maturité politique de la classe ouvrière.

Cette analyse est à faire tant du point de vue social que du point de vue politique. Les conseils reflétaient fidèlement la composition sociale des usines, leur majorité étant formée par les ouvriers qui travaillaient près des machines et qui, de ce fait, avaient le plus de droit à la direction des usines. C’était eux surtout qui manifestaient la plus grande activité. Malgré le sentiment de leur supériorité les ouvriers élirent de nombreux employés et techniciens, plusieurs fois même comme présidents. Ce phénomène exprime premièrement l’unité sociale de la révolution à laquelle — sans tenir compte des différences de classe — tous les honnêtes gens participèrent au moins par la manifestation de leur sympathie. Deuxièmement, l’élection des intellectuels techniciens et économistes prouve que les ouvriers avaient une vue très claire de la situation : les conseils ne doivent pas être de simples organisations destinées à défendre les intérêts matériels, mais des organisations capables de diriger les usines et de représenter l’opinion et l’attitude générale des ouvriers à l’égard des autres organisations.

Un autre phénomène saute aux yeux : le haut pourcentage de jeunes dans les conseils. Une explication du genre de celle-ci : « La révolution hongroise fut la révolution de la jeunesse » n’est pas seulement une expression poétique de la vérité ; elle est également véridique à l’échelle des usines. Si le rôle immense de la jeunesse dans la révolution hongroise exige une explication, il en est de même en ce qui concerne les conseils ouvriers. Les jeunes ouvriers, entre 18 et 30 ans, étaient les éléments révolutionnaires les plus actifs dans les usines. Ils avaient, moins encore que les autres, pu supporter l’horrible oppression, l’atmosphère de contrainte et de terreur qui régnait dans les usines et ils n’étaient pas le moins du monde retenus par des considérations théoriques si jamais de telles considérations ont pu retenir des ouvriers.

Les ouvriers plus âgés pensaient peut-être aux conséquences possibles dans le domaine de la politique internationale et à d’éventuelles représailles. Il faut ajouter encore que la révolution hongroise fut une révolte armée et que ce fut la jeunesse qui tint dans la bataille le rôle principal, conquérant ainsi, par son sang, le droit de participer à la direction des usines et du pays même.

L’analyse politique de la composition des conseils s’avère non moins significative. Il y eut des usines dans lesquelles, immédiatement après l’ordre donné par Geroë et sa clique de constituer des conseils ouvriers, les ouvriers constituèrent des conseils qui exprimaient leur volonté et dont la composition ne fut plus modifiée par la suite. Ce fut le cas du conseil de la fabrique Gamma de Budapest ou du conseil ouvrier du comité de Borsod.

Ceux qui furent élus, d’une façon générale, étaient des ouvriers communistes honnêtes, partisans de Imre Nagy, qui soutenaient depuis longtemps les revendications ouvrières et qui avaient souffert maintes vexations ou persécutions. On a du aussi des vieux militants sociaux-démocrates qui, pendant des dizaines d’années, avaient lutté pour les droits des ouvriers et qui avaient été emprisonnés ou poursuivis par les rakosistes. Par exemple, le président du conseil de Csepel fut Jozsef Ivanics qui avait lutté toute sa vie pour le bien-être des ouvriers, et qui avait passé des années dans les prisons de Rakosi. Il avait gagné, par sa vie de militant, par son talent et par ses connaissances, une réputation indiscutable non seulement à Csepel mais partout ailleurs. Devinrent aussi membres des conseils, des ouvriers et des techniciens qui luttaient depuis des années contre les rakosistes, défendant les droits des ouvriers ; des bons ouvriers ; des spécialistes. Y prenaient part enfin ceux qui, en pleine révolution, faisaient la preuve qu’ils étaient de vaillants guerriers, de bons organisateurs et de vrais politiciens.

Les conseils manifestaient les activités les plus variées. Ils menaient d’abord un travail politique. Ils organisaient des meetings où les problèmes politiques étaient discutés, où on précisait la position de l’usine et où on mettait au point ce que les conseils devaient réaliser.

Cette activité politique visait les problèmes d’intérêt national et exprimait l’opinion et les revendications de la classe ouvrière. Les revendications des différentes usines du pays étaient si semblables, ou, du moins, avaient entre elles si peu de différences qu’il suffit de citer la résolution du conseil ouvrier de Borsod, prise le 23 octobre :

1. — Il faut, en excluant la participation des ministres qui ont servi sous le régime rakosien, constituer un nouveau gouvernement qui devra lutter pour une Hongrie indépendante, autonome, libre et socialiste.

2. — Un tel gouvernement ne peut être formé qu’après des élections générales libres. Comme la situation présente ne permet pas que ces élections aient lieu, Imre Nagy doit constituer un gouvernement provisoire qui ne comprenne que les ministères les plus nécessaires.

3. — La première tâche du nouveau gouvernement, appuyé sur la coalition du Parti des Travailleurs Hongrois et du Front Populaire, est d’obtenir le retrait immédiat des troupes soviétiques. Les troupes soviétiques ne doivent pas retourner dans leurs garnisons, mais doivent se retirer dans leur patrie, l’Union Soviétique.

4. — Le nouveau gouvernement doit incorporer dans son programme et doit réaliser les revendications des conseils ouvriers, des organisations ouvrières et étudiantes.

5. — L’État ne doit posséder que deux corps armés : la police et la Honved. L’A.V.H. doit être, dissoute.

6. — Il faut lever la loi martiale et accorder l’amnistie à tous ceux qui ont participé à l’insurrection.

7. — D’ici deux mois, il faut organiser des élections générales avec la participation de plusieurs partis. Il est naturel que les revendications ainsi formulées se soient modifiées et concrétisées au fil des événements orageux de la révolution, mais les principes restèrent invariables.

Les conseils ne sont pas devenus la force organisée la plus valable de la révolution pour ensuite appuyer des revendications étrangères ou même contraires aux intérêts des ouvriers. Ils n’ont pas lutté avec tant d’audace et tant de force imposante contre le régime de capitalisme d’État instauré par Rakosi pour remettre à sa place le capitalisme privé. Les conseils ouvriers, contrairement à l’attitude stupide et dénaturée du régime rakosien qui étouffait toute initiative privée, ont considéré que de telles initiatives privées étaient utiles et ont déclaré que l’État doit appuyer les initiatives des hommes simples (des artisans, par exemple). Mais ils ont affirmé aussi qu’ils sont attachés aux résultats socialistes déjà acquis. Le conseil ouvrier de la fabrique de wagons de Györ, dans sa résolution du 3 novembre, s’est ainsi exprimé :

« La classe ouvrière s’attache fermement à ses exigences sociales essentielles qui sont les conquêtes de la révolution nationale démocratique. Nous sommes, avec toutes nos forces, contre le rétablissement de la propriété foncière, contre la remise en propriété capitaliste des banques et des grandes usines. Nous sommes également contre une restauration stalino-rakosienne. »

Les conseils ouvriers ont également déployé une activité politique dans les usines. Cette activité s’orienta dans une double direction : détruire les restes politiques et organisationnels de l’ancien régime et instaurer une nouvelle politique caractérisée par le travail des conseils ouvriers.

Les anciennes organisations politiques et syndicales se volatilisèrent sans que les conseils aient le moins du monde à intervenir. Cependant, les questions personnelles ne furent pas les plus simples. Dans des discussions agitées, on étudia, un à un, le cas des employés principaux dans les usines, des fonctionnaires dirigeants des syndicats et du parti qui avaient été généralement de durs exécutants de la politique de terreur du régime rakosien. Ils furent généralement congédiés et expulsés des usines. Quelquefois la haine et la fureur des ouvriers excités étaient telles qu’ils furent chassés brutalement et frappés. Pourtant, dans la plupart des cas, ils furent éloignés très poliment. L’objectivité, la justesse des conseils est très bien caractérisée par le fait que, dans quelques usines, les conseils ouvriers confirmèrent dans leur poste des directeurs qui étaient des hommes honnêtes et de bons spécialistes. Partout furent dissoutes les soi-disant « sections du personnel » qui étaient des centres de mouchardage. Les dossiers personnels furent remis entre les mains des ouvriers.

Toute cette activité signifiait la destruction totale de l’ancien appareil d’État, dans toutes ses organisations politiques, d’espionnage et de répression.

L’analyse des nouveaux phénomènes politiques qui se présentaient pour la première fois dans le cadre des conseils ouvriers est très importante. Tout d’abord, il y eut l’organisation de la grève générale, d’une force inconnue dans toute. l’histoire. Cette grève fut totale, embrassant toute la classe ouvrière, assurant la défense absolue des usines et organisant la lutte armée de la masse des ouvriers. Cette œuvre politique eut des traits nouveaux. Elle n’eut aucun caractère bureaucratique, car les meetings ouvriers étaient les organes suprêmes de discussion et de délibération, des organes uniquement populaires. Ainsi les conseils ouvriers étaient la libre expression de la classe ouvrière dans un mode nouveau et révolutionnaire, expression libre qui se manifesta ainsi, presque sans aucun organe intermédiaire, aussi bien sur le plan local que sur le plan national.

Parmi les problèmes économiques dont les conseils eurent à s’occuper, il faut mentionner, en premier lieu, les revendications formulées à l’échelle nationale qui, tout en étant des revendications politiques, touchaient en même temps de très près la situation économique du pays, y compris, bien entendu, la situation des ouvriers. Les conseils exigeaient l’abolition du système des normes de travail, l’augmentation des salaires, le droit de grève, de véritables syndicats démocratiques, la rupture avec la colonisation économique du pays, l’établissement du commerce avec l’Union Soviétique sur un pied d’égalité, etc., toutes revendications conformes aux buts de la révolution.

Les conseils organisaient dans les usines les bases économiques de la grève. Ils continuaient à payer les salaires, avec une augmentation générale de 10 % — ils avaient donc immédiatement commencé la réalisation des revendications — ils organisaient le ravitaillement par un commerce direct avec les paysans à l’aide de convois de camions et ils con-centraient la distribution des aliments dans les usines mêmes. Pour les familles ouvrières les plus pauvres, les conseils versaient des aides immédiates.

Pendant les quelques jours de la révolution, le système des conseils ouvriers s’organisa à une vitesse inouïe. Les conseils furent d’abord formés dans les usines, les délégués des usines désignèrent les conseils d’arrondissement dont les délégués constituèrent enfin le conseil du Grand-Budapest (c’est-à-dire la capitale et sa banlieue, environ deux millions d’habitants parmi lesquels se trouve presque la moitié de la classe ouvrière hongroise. Note du traducteur.)

Le Conseil ouvrier du Grand-Budapest conquit en très peu de temps une autorité immense et apparut comme la seule force politique réelle du pays surtout après la seconde offensive soviétique du 4 novembre. Il exigeait pour les conseils ouvriers une représentation autonome dans la future assemblée nationale, ce qui veut dire qu’il fit une tentative pour transposer sa force politique réelle dans les formes parlementaires. Cette exigence du Conseil exprimait l’opinion de la classe ouvrière qui tendait à exprimer ses conceptions politiques directement, en tant que classe ouvrière, indépendamment des partis. Cette opinion s’exprima aussi par le fait que les ouvriers se prononcèrent contre la création de cellules dans les usines et ils dénièrent à tous les partis le droit de créer des cellules. De nombreux organisateurs furent chassés des usines.

La naissance des conseils ouvriers et leur activité prouve le caractère populaire et socialiste de la révolution hongroise et offre des expériences, des actes nouveaux dans la recherche des formes du socialisme, de la gestion directe, de l’auto-direction ouvrière.

Parmi les conclusions à tirer, il faut placer à la toute première place celle-ci : l’auto-direction révolutionnaire des ouvriers est la condition indispensable de tout soulèvement, de chaque combat populaire — fait qui, malheureusement, n’a pas été reconnu par les politiciens, écrivains et intellectuels hongrois. Deuxièmement : sous n’importe quel régime, un système qui exclut la participation directe et en masse des ouvriers, ou qui se réalise malgré eux, s’il se dit socialiste, est une escroquerie. Troisièmement : l’expérience des conseils ouvriers a démontré qu’une politique calme et sage, un travail d’organisation économique ne peut être réalisé qu’avec des ouvriers autonomes et libres, qui se dirigent eux-mêmes. Quatrièmement : la direction d’un pays peut être confiée aux ouvriers qui sont égaux aux autres couches sociales et peuvent collaborer entre elles. Cinquièmement : l’histoire des conseils ouvriers doit être étudiée dans le détail, parce que, sans la connaissance de ces expériences générales et particulières, personne ne peut plus se nommer socialiste.

J’espère que le présent article, qui est plutôt un essai pour esquisser l’histoire des conseils ouvriers hongrois, incitera tous ceux qui s’intéressent au sort de la Hongrie et plus largement au sort du socialisme mondial à une étude plus approfondie du problème.

PANNONICUS.

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