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David Rousset : Nous voulons d’abord la liberté ! Lettre ouverte à Albert Einstein

Article de David Rousset paru dans Franc-Tireur, 8 décembre 1948, p. 1 et 3

Albert Einstein (right), and Mme. Irene Joliot-Curie, French nuclear physicist, sit in the sun on the back porch of Einstein’s home in Princeton, New Jersey, USA. Mme. Joliot-Curie, who was detained overnight at Ellis Island when she arrived in the U.S. March 18th, was Prof. Einstein’s guest.

Dans ce grand débat d’idées que suscite l’irrésistible mouvement des peuples contre la guerre, notre ami David Rousset exprime le point de vue de ceux qui voudraient déjà que l’on apporte à la formule du « gouvernement mondial » un contenu économique et social susceptible d’en hâter la réalisation.


LORSQUE Garry Davis déclare : « Ancien pilote de bombardement, je ne tiens pas à le redevenir », nous sommes tous, j’imagine, d’accord avec lui. Mais ensuite ? Car, enfin, s’il suffisait pour que la paix soit de crier son nom dans la sincérité du cœur, le problème serait depuis fort longtemps résolu. Nous pouvons répéter à satiété et avec toutes les transes exigées : « Paix sur la terre et aux hommes de bonne volonté », il n’arrivera rien d’autre que ce qui est. Nous n’aurons pas fait le moindre pas en avant, mais par contre perdu beaucoup de temps précieux.

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Jean Cavignac : Sur le problème algérien (2)

Lettre de Jean Cavignac adressée à Robert Louzon, parue dans La Révolution prolétarienne, n° 172 (473), juin 1962, p. 21-22

Algiers, the S.A.O. (Secret Army Organisation) continues its campaign for a French Algeria : new posters picturing General SALAN are seen on the walls of Algiers on March 11, 1962. (Photo by Keystone-France/Gamma-Keystone via Getty Images)

De J. CAVIGNAC, de Paris, cette lettre adressée à Louzon :

Je vous avais déjà exprimé que je n’étais pas d’accord avec vous pour une évacuation de l’armée française qui laisserait face à face Musulmans et Pieds-Noirs et inspirerait à ces derniers une crainte salutaire, commencement de sentiments coopératifs.

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Se mobiliser, oui, mais pour quoi ?

Article paru dans Pouvoir ouvrier, n° 39, avril 1962, p. 1-2

Et maintenant ? Le colonialisme a perdu la dernière bataille, non à Evian, mais en Algérie.

Officiers déserteurs et européens fanatisés tirent leurs dernières cartouches, assassinent leurs dernières victimes. Dans quelque banlieue algéroise, Salan compulse fiévreusement ses plans de « guerre subversive », cherche « l’erreur », lance encore des ordres.

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Quand un journaliste bourgeois devient lucide

Textes parus dans Pouvoir ouvrier, n° 38, mars 1962, p. 2-3

Algiers : a French soldier stands guard, leaning against a wall on which is painted the inscription : « SAO kills traitors ». This threat from the SAO reflects the violent atmosphere that reigns in Algiers with the upcoming declaration of a cease-fire. New troops are dispatched to reinforce already installed security services and the streets are patrolled non-stop. (Photo by Keystone-France/Gamma-Keystone via Getty Images)

LA SITUATION A CONSTANTINE VUE PAR LE FIGARO (15.3.62).

Il est clair, et on a eu l’occasion de le vérifier déjà à plusieurs reprises, qu’en cas de heurs entre les communautés, l’armée prendra partie pour les Européens.

Les autorités civiles s’inquiètent de cet état d’esprit.

Elles constatent avec une certaine amertume leur impuissance.

Elles n’ont aucun moyen d’action. Les services de la Préfecture comprennent une immense majorité de Français d’Algérie. La police est noyautée par l’O.A.S. Les autorités sont noyées dans un milieu hostile, épiées et surveillées sans cesse.

L’O.A.S. distribue des tracts et des bulletins d’informations, multiplie ses émissions-pirates de la radio, intercepte les ordres et prend connaissance des consignes les plus secrètes. La Préfecture n’a aucun moyen d’action propre. Elle est obligée de passer par le canal de l’armée qui lui refuse son concours actif. Certains militaires sont ouvertement favorables à l’OAS. Les autres, l’immense majorité, restent dans l’expectative.

MAX CLOS
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Mouvement National Algérien : Bulletin intérieur (janvier-février 1962)

Mouvement National Algérien, Bulletin intérieur, janvier-février 1962, 4 pages

ANALYSE – DIRECTIVES – INFORMATIONS

Dans le dernier Bulletin Intérieur, nous avons analysé la situation politique du dernier trimestre de l’année 1961 sur l’évolution du problème algérien. Il a été question de la commémoration du 7ème anniversaire de la Révolution Algérienne, de ses conséquences sur le plan de la répression, du problème des contacts secrets, des futures négociations et des événements qui se sont déroulés en Tunisie à la suite du départ de Ferhat ABBAS et de l’entrée en scène, pour la première fois, des Centralistes, en la personne de Benyoussef BENKHEDDA.

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La lutte contre l’OAS et pour la paix en Algérie

Textes parus dans Les Cahiers du communisme, n° 1, janvier 1962, p. 5-9 et p. 180-189

Anti Oas Demonstration In Paris On December 1961 (Photo by Keystone-France/Gamma-Keystone via Getty Images)

Editorial

L’ANNEE 1962 s’ouvre dans un climat de lutte politique particulièrement âpre, dont l’avenir de notre pays dépend.

Les problèmes politiques essentiels sont aujourd’hui ceux que pose l’activité de l’O.A.S. liée à la situation en Algérie.

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Les perspectives de la « guerre froide »

Article paru dans Quatrième Internationale, 11e année, Volume 11, n° 5-7, juillet 1953, p. 1-6

Le bilan global des événements des derniers mois, disons depuis la mort de Staline, démontre l’impossibilité de sortir de l’impasse de la « guerre froide » et d’arriver à un compromis général et durable entre les pays impérialistes et ceux dudit bloc soviétique. En ce sens, la paix à laquelle aspirent avec raison les millions des travailleurs, n’est pas certainement pour demain.

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Albert Camus : L’embarras du choix

Article d’Albert Camus paru dans Franc-Tireur, 7 décembre 1948, p. 1 et 3

LA paix a les inconvénients de l’amour. On croit savoir ce qu’elle est et puis l’épreuve arrive, la voici menacée, et personne ne s’entend sur le sens de ce mot. Les premiers venus, dont je suis, pensent que la paix est l’absence de guerre et qu’une politique pacifiste est une politique qui ne multiplie pas les chances de guerre. Ils pensent, en outre, qu’on a d’autant moins le droit de courir ces chances que la guerre à venir menace d’être plus générale et plus destructive. Autrement dit, s’il faut être prudent quand il s’agit de risquer une guerre de canons et d’avions entre la France et l’Allemagne, il faut l’être d’autant plus quand il s’agit d’une catastrophe où les continents seront atomisés.

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Gérard Lamari : Algérie. Les résultats de la loi sur la « concorde civile » tournent à la « concorde militaire »

Article de Gérard Lamari paru dans Courant alternatif, n° 97, mars 2000, p. 17-18

Abdelaziz Bouteflika in Verdun, France on June 17, 2000. (Photo by Pool MERILLON/SIMON/Gamma-Rapho via Getty Images)

Afin de ramener la paix dans le pays, le président de la république algérienne, A. Bouteflika, a fait voter en septembre dernier une loi d’amnistie des terroristes islamistes. Cette loi qui s’intitule « loi de concorde civile » a été votée à plus de 98 % au suffrage universel. Aujourd’hui qu’elle est mise en pratique, elle est loin de faire l’unanimité.

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L’Algérie au lendemain des journées tragiques et historiques de décembre 1960

Textes parus dans La Voix du peuple, janvier 1961

The War In Algiers, Algeria In 1960 – Riots. (Photo by Dominique BERRETTY/Gamma-Rapho via Getty Images)

Depuis le 9 décembre 1960, pendant plusieurs jours, l’Algérie a connu des événements graves. Les 11, 12 et 13 décembre ont vu le sang couler dans les rues d’Alger, d’Oran, de Bône et de leurs banlieues. Des centaines de tués, des milliers de blessés, voilà le bilan de ces événements. Mais ce ne sont pas seulement les « forces de l’ordre » qui ont mitraillé les Algériens ; il est établi officiellement que plusieurs dizaines d’Algériens ont été assassinés par des Européens. Ils se sont acharnés sur des vieillards et même des enfants qui jouaient. Cette férocité des « pieds noirs » contre les nôtres s’est particulièrement déployée à Bab-El-Oued, à Belcourt et au Ruisseau. C’était sous les hurlements de « l’Algérie française » que les hordes de LAGAILLARDE, de SUSINI et d’ORTIZ massacraient de pauvres innocents ; elles ont ainsi vidé leur haine bestiale et leur racisme odieux et, de ce fait, elles ont tué les mythes de la « fraternisation » et de tous les mensonges que leur « Echo d’Alger » leur « Dépêche Quotidienne d’Alger » n’ont cessé de scribouiller depuis le 13 mat 1958.

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Edgar Morin : La révolution anticoloniale

Article d’Edgar Morin paru dans Arguments, 2e année, n° 10, novembre 1958, p. 27-31.

 

 

III. La révolution algérienne et la gauche française

Que l’on s’entende bien. Je suis internationaliste et non nationaliste. Je ne respecte pas le nationalisme algérien comme un nationaliste éclairé respecterait un nationalisme étranger, légitime comme le sien propre. Au fait, je ne respecte rien. Ce qui mérite d’être reconnu et défendu, dans le nationalisme algérien, c’est la revendication à la dignité et l’égalité de 8 millions d’êtres humains, et c’est la condamnation d’un système colonial et raciste.