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Poznań

Article paru dans Socialisme ou Barbarie, Volume IV (8e année), juillet-septembre 1956, n° 19, p. 116-120

« Nous demandons du pain » : manifestation dans la rue de l’Armée rouge (aujourd’hui rue Saint-Martin). Source

Les ouvriers polonais viennent de répondre à leur manière au XXe Congrès. Tandis que dans le monde entier les dirigeants communistes rusent pour contenir les formidables remous que propage la déstalinisation, à Poznan, métallos et cheminots ont formulé sans qu’on les y convie leur propre critique qui est celle des armes : les ouvriers de l’usine Staline ont débrayé le 28 au matin, tenu un meeting monstre, appelé à leur aide les travailleurs des autres entreprises, et, après avoir défilé en scandant « c’est notre révolution. Du Pain. Démocratie. Liberté. A bas les bonzes » ils ont attaqué la prison et les Bureaux des services de sécurité. Le très libéral Cyrankiewicz peut bien insinuer que les révoltés sont des ouvriers arriérés et le sinistre Courtade les traiter de chouans, l’explosion de Poznan est trop forte pour qu’on puisse en dissimuler le sens : les ouvriers ne s’accommodent pas de la déstalinisation ; il ne leur suffit pas que les dirigeants sacrifient un ou deux de leurs anciens collègues terroristes et qu’ils affichent une soudaine horreur de la dictature stalinienne, ils veulent du pain, la liberté, la démocratie — bref ce qu’ont toujours voulu les ouvriers dans tous les régimes d’exploitation dès qu’ils sont entrés en lutte.

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Gaston Davoust : De Cronstadt à Gdańsk et Szczecin

Article de Gaston Davoust dit Henry Chazé paru dans les Cahiers du Communisme de Conseils, n° 8, mai 1971, p. 3-14

Gdansk, December 1970: The crackdown on the workers’ uprising, photographed by Jan Juchniewicz (Source)

« Toute révolution nouvelle commence non sur la base où débuta la précédente, mais en partant du point où la révolution antérieure a subi un enrayement mortel »

Ciliga – L’insurrection de Cronstadt – La Révolution Prolétarienne, sept. 1938
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Saïd Akli : De l’infitah à l’état de siège

Article de Saïd Akli paru dans Inprecor, n° 274, 17 octobre 1988, p. 3-5

Burnt vehicles during uprising in Algiers on October 9, 1988 in Algiers, Algeria. (Photo by Georges MERILLON/Gamma-Rapho via Getty Images)

POUR LA PREMIERE FOIS depuis le coup d’Etat militaire du 19 juin 1965, I’Algérie connaît l’état de siège et l’armée a tiré sur les manifestants dans plusieurs villes du pays. La sauvagerie de la répression militaire a dépassé toutes les limites de l’imaginable, pour une population traditionnellement habituée à voir la presse et le télévision nationales dénoncer de telles pratiques en Israël, en Afrique du Sud, au Chili et ailleurs.

En seulement 6 jours, le soulèvement national de la jeunesse algérienne s’est déjà soldé par près de 500 morts (176 selon les sources officielles), des centaines de blessés et des centaines d’arrestations. Ce bilan provisoire très lourd exprime mieux que toute analyse, la consommation totale de la rupture politique entre les masses populaires et le pouvoir.

Saïd AKLI