Editorial paru dans La Jeune Garde,organe des Jeunesses Socialistes de la Seine (S.F.I.O.), 2e année, n° 14, numéro spécial, 5 février 1937, p. 1
La permanence du fascisme est un fait. En février 1934 la violence a fait échec, mais replié sur lui-même, le phénomène n’a pas cessé de vivre et de préparer les conditions favorables à un développement futur.
Éditorial de Maxime Rodinson paru dans le Bulletin du Groupe de recherche et d’action pour le règlement du problème palestinien, n° 3, avril-mai 1969
Au moment où paraitra ce numéro, se tiendra un colloque organisé par le GRAPP. Y ont été conviés des groupements de France et de l’étranger qu’anime plus ou moins le même esprit et qui se trouvent placés dans un milieu analogue à celui au sein duquel se situent nos efforts. Le but de ce colloque est de confronter nos réflexions et nos informations en regard d’une évolution rapide du conflit arabo-israélien tant sur le plan diplomatique que sur celui des affrontements militaires. Seule une série de remises au point peut permettre d’adapter nos vues à une situation toujours changeante. Nous nous efforcerons de publier l’essentiel des rapports et échanges de vues que ce colloque aura entendus afin d’alimenter les réflexions de nos lecteurs.
Éditorial paru dans Le Monde libertaire, du 30 novembre au 6 décembre 2000.
La pratique de la torture et la liquidation physique des opposants algériens à la colonisation française a donc été un fait quotidien tout au long de la guerre d’Algérie. Les aveux publics d’au moins deux généraux directement impliqués dans ces assassinats font qu’aujourd’hui l’État français va devoir digérer cette ignominie pour sauver l’essentiel, à savoir la pérennité de l’armée et des services secrets barbouzes.
Éditorial signé du Comité de rédaction, Sou’al, n° 1, décembre 1981, p. 3-10
Le monde arabe * est en proie à de graves difficultés. Qu’elles soient politiques, sociales, économiques — ces difficultés sont sous-tendues par une terrible lacune : le monde arabe n’a pas pu, n’a pas su, se doter d’une vision du monde spécifique, d’un projet historico-culturel à vocation universelle. Sans doute est-ce là le prix qu’il lui a fallu payer pour accéder au concert des nations indépendantes du XXe siècle. Car l’impérialisme, le colonialisme, le néo-colonialisme n’acceptent le monde arabe que divisé, affaibli, donc sujet à toutes les manipulations. Mais au-delà de cette contrainte extérieure, c’est bien en lui-même, dans son esprit propre que le monde arabe est frappé de faiblesse. C’est qu’il revient de loin. Lui, qui fût l’héraut des premières lumières, qui connut son Aufklärung alors que l’Occident somnolait dans la léthargie — lui, qui inventa les mathématiques modernes, qui transmit au monde Aristote, qui pratiqua bien avant Léonard de Vinci la visitation des gisants, — lui, qui sut respecter les minorités ethniques et religieuses, qui se flattait qu’un de ses plus grands penseurs, Maïmonide, fut Juif, — le voilà encore confronté à la modernité qui s’est développée depuis trois siècles sans lui et en dehors de lui — le voilà enfin, aujourd’hui, désarçonné par l’innommable déroute de ses classes dominantes face au progrès économique et à l’émancipation culturelle. Le voilà, d’un mot, dans la nécessité d’être enfin lui-même à l’encontre et au-delà de l’adversité.
A midi, les armes devraient se taire, en Algérie. Trois ministres français ont apposé hier signature, sur des documents officiels de trêve, en caution de celle d’un ministre algérien.
Éditorial de Hamid Cheriet alias Idir paru dans Politis, 22 au 28 juin 1995, p. 12
Être Algérien, ici en France, c’est déjà un métier assez dur en soi. L’être là-bas, c’est aussi difficile, autrement. Il y a une mémoire qui fonctionne, une identité prégnante. Les artistes doivent exister pour prévenir, aller à contre-courant, être au besoin anticonformistes. L’artiste, c’est l’œil qui voit, qui avertit, le doigt qui peut accuser. En Algérie, il se passe quelque chose hors du commun : l’absolutisme s’installe, l’obscurantisme s’enracine et gagne le cerveau des gens. Et, fait majeur, les gens meurent ! Quand il y a des gens qui tombent pour leurs idées ou leur appartenance à un mouvement quelconque, on ne peut pas faire comme si de rien n’était. La place de l’artiste, aujourd’hui, c’est d’être du côté des victimes, du côté de la paix.