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Déclaration de l’Organisation Socialiste Israélienne (Matzpen)

Déclaration parue dans Rouge, n° 225, vendredi 19 octobre 1973, p. 2

Camions militaires égyptiens franchissant le canal de Suez sur un ponton le 7 octobre 1973, pendant la guerre du Kippour (source)

A nouveau une guerre a éclaté entre Israël et les pays arabes. Peu nous importe qui a tiré le premier coup de feu, quelle armée a été la première à traverser les lignes du cessez-le-feu. Car pour nous la responsabilité de cette guerre, comme de toutes celles qui l’ont précédée, retombe avant tout sur Israël.

— car elle a conquis des territoires et n’a aucune intention de les rendre ;

— car elle spolie, expulse et opprime le peuple arabe palestinien et elle doit s’attendre à ce que les masses arabes fassent tout pour rendre leurs droits aux Palestiniens ;

— car elle a pris sur elle de jouer le rôle de gendarme de l’impérialisme dans la région et sa politique fanfaronne réussit à provoquer jusqu’aux classes dominantes de l’Orient arabe.

Ceux qui ont spolié les Palestiniens et les ont expulsés de leurs territoires, ceux qui ont bombardé au napalm Abou-Zabel, Hatsabie et des dizaines d’autres endroits, ceux qui ont massacré à Deir-Yassin, Kafr-Qassem, ceux qui envahissent chaque jour le Liban, la Jordanie et l’Egypte, ceux dont les provocations criminelles s’étendent même outre-mer, ceux qui ont tué de sang-froid Ghassan Kanafani, Abou Youssef, Hamchari et des dizaines de dirigeants palestiniens, ceux qui ont tué récemment plus de cent personnes dans l’avion libyen, ceux-là n’ont pas le droit de parler d’agression, car ce sont eux les agresseurs.

Tant qu’aux Palestiniens n’auront pas été rendus leurs droits, tant que l’Etat sioniste existera, à lui de savoir que les masses arabes ne renonceront pas et qu’elles combattront ; tant qu’Israël servira les intérêts impérialistes dans la région et fera tout pour enrayer le mouvement révolutionnaire arabe, qu’elle sache que la guerre est inévitable et que la responsabilité retombe sur elle…

… Nos forces sont très limitées et nous ne pouvons pas influencer le cours de la guerre. Mais il est au moins en notre pouvoir de dire clairement à la classe ouvrière en Israël et dans l’Orient arabe que cette guerre n’est pas la nôtre, que nous considérons le sionisme comme responsable de chaque goutte de sang, juif ou arabe, versé dans cette région, et que nos ennemis ne sont pas les masses arabes qui veulent récupérer les territoires qu’Israël a conquis et rendre aux Palestiniens leurs droits, mais notre ennemi est bien nos propres classes dominantes et l’Etat sioniste.

Nous savons déjà ce que cette guerre coûtera aux travailleurs d’Israël.

Avant tout en vies humaines : il ne fait aucun doute que dans cette guerre des centaines de personnes sont tombées et tomberont encore. Par là, il sera à nouveau prouvé que la sécurité que le sionisme apporte aux Juifs, n’est qu’une illusion. A la place de la sécurité, le sionisme prépare pour les Juifs un piège de guerre permanente, une guerre de 1 000 ans, comme le dit le général Dayan.

Ensuite en niveau de vie : déjà aujourd’hui on entend les appels à la production et aux efforts particuliers que l’on demande pour la guerre. La Histadrout annonce pompeusement que le moment n’est pas aux luttes ouvrières pour la défense du niveau de vie des ouvriers. C’est ainsi que les travailleurs israéliens apprendront que leur véritable intérêt, leur intérêt de classe est contradictoire et opposé au soi-disant intérêt national, qui est en fait l’intérêt de la bourgeoisie israélienne et de l’impérialisme.

Et finalement en libertés : « en période de crise, le peuple doit être uni » disent tous les sionistes, de droite et de gauche. Une telle union permet aux autorités de frapper de nouveaux coups contre les libertés qui existent encore pour la population juive en Israël : de nouvelles lois antigrèves, de nouvelles limitations aux libertés de presse, d’organisation, etc. … C’est ainsi que la classe ouvrière juive apprendra dans sa propre chair que « un peuple qui en opprime un autre ne peut être libre ».

C’est ce qu’expliquent et continueront à expliquer nos camarades aux travailleurs israéliens, même pendant la guerre, surtout pendant la guerre.

Nous laissons à nos camarades dans les pays arabes le soin de régler leurs comptes avec leurs propres classes dominantes et de démasquer leur insuffisance dans la lutte contre le sionisme, devant les masses arabes. Nous ne doutons pas qu’ils le feront.

Et à nos camarades révolutionnaires à travers le monde nous disons : ne soyez pas victimes de la propagande des alliés du sionisme dans votre pays, ne permettez pas que l’on soutienne l’effort de guerre israélien : pas un sou, pas un homme, pas une arme pour Israël !

Cette guerre n’est pas la nôtre… Mais nous nous engageons devant la classe ouvrière du monde entier à exploiter cette guerre dans le but de démasquer devant les masses juives, le piège mortel que représente le sionisme pour elles, et la guerre permanente qu’il représente ; c’est ainsi que nous pourrons détacher les travailleurs juifs du sionisme et les joindre à la guerre révolutionnaire des masses arabes contre l’impérialisme, le sionisme et la réaction arabe.

* A bas le sionisme, l’impérialisme et la réaction arabe !

* Vive la révolution socialiste dans l’Orient arabe !

* Vive l’internationalisme prolétarien !

Jérusalem, 7 octobre 1973

Bureau Politique de l’Organisation Socialiste Israélienne (« Matzpen Marxiste » IVe Internationale)

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