La crise des intellectuels compagnons de route soulève, en premier lieu pour ceux-ci, des problèmes de la plus grande importance, tels les rapports des écrivains, artistes, etc…, et de leurs œuvres avec les masses et leurs luttes émancipatrices, avec les formes d’organisation qu’elles prennent (partis, États…).
NOUS n’en aurions rien dit, s’il s’agissait seulement d’être étonné qu’un homme comme Sartre, dont nous n’oublions pas l’amical sourire, offre à présent le visage crispé du « sectarisme de l’incertitude ».
L’auteur, ex-membre du P.C. français, ayant rompu avec le parti lors de l’affaire Rajk, se livre à une critique lucide de la situation des intellectuels français, de « gauche» et de « droite ». Il insiste plus particulièrement sur ceux de la « gauche » qui vont des membres du P.C. français aux « sympathisants » ou ex-sympathisants à la Sartre.
Si les fascistes français font surtout parler d’eux, car ils ont trouvé dans la guerre d’Algérie un élément politique et des troupes, le caractère international du mouvement fasciste n’en persiste pas moins.
Sartre, Jean-Paul (*21.06.1905-15.04.1980+) , Philosoph, Schriftsteller, Frankreich, – Portrait mit Zigarette, – 1950, Foto: Fritz Eschen (Photo by Fritz Eschen / ullstein bild via Getty Images)
En tant que simple abonné des Temps modernes, je me permets de poser à J.-P. Sartre et M. Merleau-Ponty les questions suivantes :
1. N’existe-t-il pas une différence de nature entre les camps russes, pièce maîtresse d’une économie planifiée (ce sujet est traité dans toute son ampleur dans le dernier ouvrage traduit de Dallin, et plus succinctement dans le deuxième numéro du Bulletin des Groupes de liaison internationale) et les autres camps de concentration actuellement connus, en Espagne, en Grèce et dans les colonies ?
Article de Victor Serge paru dans Masses, n° 4-5, novembre 1946, p. 29-32
JE ne veux considérer ici ce problème que sous les aspects les plus redoutables de la réalité immédiate. Ces notes sont d’un écrivain qui a le sentiment d’avoir combattu depuis une vingtaine d’années au milieu d’événements de plus en plus étouffants où sans cesse il voyait périr diversement des hommes (et des œuvres) dont la vocation essentielle était d’exprimer la conscience.
Many have described Ali Shariati as the « ideologue » or the « architect » of the Iranian Revolution of 1979 (1). He has been represented as both an intellectual, who from a radical Islamic viewpoint, offered a vigorous critique of Marxism and other « Western fallacies » (2), and as a reformationist Islamic writer who was simultaneously « influenced by Marxist social ideas » (3).
There is little disagreement on Shariati’s role in transforming and refining the ideological perspective of millions of the literate Iranian youth. Shariati provided his audience with a firm and rigorous ideological means, by re-interpreting Islam through « scientific » concepts employed by the modern social sciences, an interpretation which the traditional Islamic clergy were incapable of formulating.
Extrait de Georges Henein, L’esprit frappeur (Carnets 1940-1973), Paris, Encre éditions, 1980, p. 159-160.
1960. – Mort de Camus. Albert Camus dont le destin vient de s’interrompre comme au milieu d’une phrase, appartient au jaillissement de la Libération. Jusqu’à sa mort, il est resté marqué à la fois par les exigences et par l’équivoque de cette conjoncture particulière.
Extraits du livre : Edgar Morin, Itinérance, Entretien avec Marie-Christine Navarro, Paris, Arléa, 2000, pp. 45-50.
M.-C. N. : Est-ce pour cette raison que, dans les débuts de la guerre d’Algérie, en 1955, vous créez avec Antelme le comité contre la guerre d’Algérie ? Comité créé, cette fois, dans un esprit critique. J’aimerais qu’on parle de l’Algérie parce que, là encore, à cette époque, vous avez une position très originale – originale par rapport au manifeste des 121, et surtout par rapport au courant messaliste
E.M. : Il y avait dans ce comité René-Louis Desforêts, Robert Antelme, Dyonis Mascolo, moi-même, Marguerite Duras et ma femme Violette. On prend la décision de former un comité d’intellectuels contre la guerre en Afrique du Nord – parce qu’il faut préciser que tout n’était pas terminé non plus en Tunisie.
Source : Georges Fontenis, L’autre communisme. Histoire subversive du mouvement libertaire, Mauléon, Acratie, 1990, p. 208-210.
(…) dans le numéro 464 du 2 février, une lettre ouverte de Daniel Guérin adressée « aux membres du comité d’action contre la poursuite de la guerre en Afrique du Nord » est un gros pavé dans la mare : au meeting du 27 janvier, salle Wagram, est apparue la partialité de certaines organisations
Source :Edgar Morin, Autocritique, Paris, Seuil (Points), 1991, p. 187-203.
En automne 1955, Antelme, Mascolo, Louis-René des Forêts et moi fondions le Comité d’action des intellectuels contre la guerre en Algérie. C’était l’époque où une lame de fond semblait vouloir se former dans le pays. Des casernes étaient assaillies. Des jeunes rappelés chahutaient. D’autres voulaient se planquer. Le parti communiste s’efforçait de canaliser le mouvement dans un sens légal pétitionnaire et il lui brisait les reins. Nous voulions nous élever contre le principe même de la guerre coloniale et pour le principe même du droit des peuples. Notre force première était d’être indépendants. De nombreux intellectuels de gauche adhérèrent au comité. Quelques communistes, déçus par la mollesse tacticienne du parti, nous rejoignirent quoiqu’on les eût mis en garde contre ce « comité d’exclus ».