Article de Victor Serge paru dans Masses, n° 4-5, novembre 1946, p. 29-32
JE ne veux considérer ici ce problème que sous les aspects les plus redoutables de la réalité immédiate. Ces notes sont d’un écrivain qui a le sentiment d’avoir combattu depuis une vingtaine d’années au milieu d’événements de plus en plus étouffants où sans cesse il voyait périr diversement des hommes (et des œuvres) dont la vocation essentielle était d’exprimer la conscience.
Article de Richard Hoggart paru dans Lignes, n° 8, 1989/4, p. 21-31
Il serait quelque peu pervers de la part d’un écrivain anglais de parler, aujourd’hui, des droits et des devoirs, des libertés et des responsabilités des artistes de cette fin du XXe siècle, sans faire le point sur l’affaire qui nous préoccupe en Grande-Bretagne depuis déjà six à huit mois (1) : la publication des Versets sataniques, le dernier livre de Salman Rushdie.
Article de Pierre Mertens paru dans Lignes, n° 6, 1989/2, p. 29-40
The 14th evening of the « Cesars » in Paris, France in February, 1989 – Claudia Cardinale, Isabelle Adjani, Cesar for the best actress with « Camille Claudel » by Bruno Nyutten, Michel Drucker. On this occasion Isabelle Adjani, voted the best actress for the third time in her career, reads an excerpt from « Vesrets Sataniques » by Salman Rushdie. (Photo by Pool ARNAL/SIAUD/Gamma-Rapho via Getty Images)
Bien sûr, l’imam Khomeiny n’a pas lu les Versets sataniques. Depuis quand les tyrans prendraient-ils la peine de lire des romans ?
Son hégémonie se voit, seulement, un peu contestée, depuis quelque temps, au sein du grand empire islamique. C’est à partir de l’automne 88 qu’en Inde, au Pakistan, au Arabie Saoudite, et même à Bradford, en Grande-Bretagne, le livre impie remue les fidèles, et qu’on le brûle publiquement.
Le suprême ayatollah laisserait-il aux sunnites l’initiative de l’intolérance ? Aux Saoudiens qui sont, en priorité, ses rivaux ?
Dossier paru dans Inprecor,n° 285, 3 avril 1989,p. 25-28
British muslims demonstrate at anti-Rushdie rally on May 27, 1989 in London, United Kingdom. (Photo by Marc DEVILLE/Gamma-Rapho via Getty Images)
Rushdie dans la tempête
LES VERSETS SATANIQUES, de Salman Rushdie ont été interdits dans la plus grande partie du monde islamique, et même en Inde et en Afrique du Sud, pays « laïques ». En France notamment, les éditeurs ont « retardé » sa parution, mais dans les pays où il est disponible, malgré (ou à cause) de la campagne pour son interdiction, ou son boycott, les ventes montent en flèche.
Entretien de Maxime Rodinson avec Robert Bonnaud et Michel Wieviorka paru dans La Quinzaine littéraire, n° 537, du 1er au 31 août 1989, p. 9-10
Manifestation d’intégristes musulmans contre le livre de Salman Rushdie ‘Les versets sataniques’ à Paris le 26 février 1989, France. (Photo by Mohammed LOUNES/Gamma-Rapho via Getty Images)
Spécialiste de l’islam et du monde arabe, Maxime Rodinson est également connu pour ses idées marxisantes, ainsi que pour ses prises de position en faveur des Palestiniens et de plusieurs revendications arabes dès 1948. Ses ouvrages sur Mahomet (Le Seuil, 5e éd., Coll, Points, 1979), Islam et capitalisme (Le Seuil, 1966), Marxisme et monde musulman (Le Seuil, 1972) ont eu un écho et une influence considérables. Il achève actuellement, pour les Editions de La Découverte, une nouvelle édition de la Fascination de l’Islam.
Ce livre n’est pas un pamphlet destiné à dénoncer la condition faite aux femmes dans les sociétés musulmanes, mais une thèse soutenue à la Sorbonne en 1913 dans un temps où la thèse devait être un travail scientifique appuyé par une érudition rigoureuse. Il aurait pu disparaître dans les décombres de la production universitaire, et son auteur tomber dans l’oubli comme des milliers d’autres docteurs, si les gardiens de l’ordre traditionnel ne l’avaient mis en lumière en le clouant au pilori.