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Sancho : L’intelligentsia contre la révolution

Article de Sancho paru dans Spartacus, n° 5, avril-mai 1977, p. 30

Georges Pompidou Centre, Paris, France. August 1977. (Photo by Staff/Mirrorpix/Getty Images)

Me trouvant récemment attablé chez une très chère amie, animatrice de galerie d’art, au milieu d’une vingtaine d’artistes-peintres, sculpteurs, etc… — dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils montreraient les dents si l’on supposait un instant qu’ils ne sont pas dignes du qualificatif « avant-garde » — et de quelques « amateurs » cultivés, sinon milliardaires du moins aisés, je dus enregistrer avec étonnement, au moment où la conversation roula vers le thème du Centre Beaubourg-Pompidou, que j’étais le seul de mon avis. Pour tout avouer, j’étais le seul à contester radicalement la « chose » qui s’élève lentement au seuil des Halles. Étonnement, ai-je écrit, l’expression n’est pas exacte au fond. Ce qui m’étonna ce soir-là, ce n’est pas tant le fait que les artistes-convives aient défendu Beaubourg, mais qu’ils l’aient fait avec un acharnement qui ne laisse pas place à la méditation vaseuse. J’en entendis de toutes les couleurs, si je puis m’exprimer ainsi, et ceux qui font figures de « gauchistes » n’étaient pas les derniers à trouver de « bons » arguments pour justifier l’opération. On me rétorqua que « Beaubourg, somme toute, c’était pas si mal que ça, des tas de créateurs méconnus allaient enfin trouver une revanche », « que c’était un lieu où plein d’expériences seraient possibles, pour un grand public » et puis que « Beaubourg servirait quand la gauche aurait gagné ». J’avoue, je suis resté coi, jusqu’à la seconde où il me fallut bien enfoncer le couteau dans la plaie, balayer les balivernes, et replacer le parcellaire dans une vision globale.

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Albert Camus : L’artiste est le témoin de la liberté

Discours d’Albert Camus à la Rencontre internationale de la salle Pleyel et paru dans La Gauche, n° 10, 20 décembre 1948, p. 3

FRANCE – DECEMBER 01: Paris. Salle Pleyel. Albert Camus Speaking. December 1948. (Photo by Keystone-France/Gamma-Keystone via Getty Images)

NOUS sommes dans un temps où les hommes, poussés par de médiocres et féroces idéologies, s’habituent à avoir honte de tout. Honte d’eux-mêmes, honte d’être heureux, d’aimer ou de créer. Un temps où Racine rougirait de Bérénice et où Rembrandt, pour se faire pardonner d’avoir peint « La Ronde de nuit », courrait s’inscrire à la permanence du coin. Les écrivains et les artistes d’aujourd’hui ont ainsi la conscience souffreteuse et il est de mode parmi nous de faire excuser notre métier. A la vérité, on met quelque zèle à nous y aider. De tous les coins de notre société politique un grand cri s’élève à notre adresse et qui nous enjoint de nous justifier. Il faut nous justifier d’être inutiles en même temps que de servir, par notre inutilité même, de vilaines causes. Et quand nous répondons qu’il est bien difficile de se laver d’accusations aussi contradictoires, on nous dit qu’il n’est pas possible de se justifier aux yeux de tous, mais que nous pouvons obtenir le généreux pardon de quelques-uns, en prenant leur parti, qui est le seul vrai d’ailleurs si on les en croit. Si ce genre d’argument fait long feu, on dit encore à l’artiste : « Voyez la misère du monde. Que faites-vous pour elle ? » A ce chantage cynique, l’artiste pourrait répondre : « La misère du monde ? Je n’y ajoute pas. Qui parmi vous peut en dire autant ? » Mais il n’en reste pas moins vrai qu’aucun d’entre nous, s’il a de l’exigence, ne peut rester indifférent à l’appel qui monte d’une humanité désespérée. Il faut donc se sentir aimable, à toute force. Nous voilà traînés au confessionnal laïque, le pire de tous.

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Richard Hoggart : Créateurs sous influence

Article de Richard Hoggart paru dans Lignes, n° 8, 1989/4, p. 21-31

Il serait quelque peu pervers de la part d’un écrivain anglais de parler, aujourd’hui, des droits et des devoirs, des libertés et des responsabilités des artistes de cette fin du XXe siècle, sans faire le point sur l’affaire qui nous préoccupe en Grande-Bretagne depuis déjà six à huit mois (1) : la publication des Versets sataniques, le dernier livre de Salman Rushdie.

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Pour un Maghreb des luttes

J’ai le plaisir d’annoncer la publication sur le site Middle East Eye de mon dernier texte intitulé : « Pour un Maghreb des luttes ».

On le retrouve parmi les contributions réunies sous le titre : « 2019 : ce qui attend le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord« .

En voici le premier paragraphe :