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On continue à se moquer des travailleurs nord-africains ; Le racisme sévit aussi à Mâcon

Article et communiqué du groupe communiste libertaire de Mâcon parus dans Le Libertaire, 56e année, n° 386, 25 mars 1954, p. 1 et 4

La presse mâconnaise nous a informé de la création d’un centre de service médical gratuit qui aura lieu à la Croix-Rouge à l’intention des Nord-Africains. Nos médecins mâconnais sont des malins :

1° Ils ont peur de perdre leur clientèle par crainte de la présence de vilains Nord-Africains dans leur salon d’attente, et prennent des mesures pour satisfaire « l’honorable clientèle » qui pense « que les gens comme il faut ne doivent pas se mélanger avec ceux comme il ne faut pas ».

2° Ils donnent l’impression de faire un geste de charité d’une grandeur indiscutée, la mode de l’Abbé Pierre se porte beaucoup cette année.

Quant aux Nord-Africains eux-mêmes, ils pensent qu’ils doivent simplement être considérés comme les autres « civils », qu’ils ont le droit comme tout citoyen de recevoir des soins chez n’importe quel médecin de leur choix.

Enfin, ils pensent qu’au lieu de créer un centre médical, on ferait mieux d’empêcher les germes de maladies en les logeant ailleurs qu’au remblais.

A un camarade nord-africain qui se présente pour être embauché à l’usine Monet-Goyon, on répond que l’on n’accepte aucun « étranger ». Soit dit en passant, l’armée est moins difficile, elle considère les Nord-Africains comme « Français » pour les envoyer au casse-pipe en élite de ligne.


Le racisme sévit aussi à Mâcon

MACON compte dans ses murs un grand nombre de travailleurs nord-africains. Misérablement vêtus, ils exécutent tous les durs travaux et les patrons profitent de leur ignorance pour les exploiter encore plus que les travailleurs français. Il faut savoir qu’ils ont été attirés en France avec des promesses mirifiques. Il faut savoir qu’ils viennent travailler ici parce que les colonialistes capitalistes prennent le meilleur des revenus de leur pays. En guise de logis on leur donne des baraquements au stand d’où ils respirent les effluves du remblai municipal pour un prix de location scandaleux. On a vu l’un d’eux, l’été dernier, près d’être lunché par une bande d’énergumènes, place Gardon. Théoriquement, ils ont les mêmes droits que les autres travailleurs, ayant la nationalité française, mais en fait, la discrimination se fait d’instinct à cause de la mentalité imbécile de certains. Témoin ceci : au chantier de Bioux, tous les travailleurs pères de famille, devaient toucher des entreprises une prime de fin d’année et de la municipalité une prime de 1.000 francs par enfant. (Nous avons déjà dit ce que nous pensions de ce mode de rétribution). Les Nord-Africains s’étaient vu refuser ces primes. A l’entreprise Boussiron, on avait même répondu à un de nos camarades qui protestait, que la prime était donnée pour Noël et que les Nord-Africains n’étant pas catholiques, n’y avaient, de ce fait, pas droit. Et il nous avait été donné de surprendre un de ces messieurs demander à un Nord-Africain le sens de la fête de Noël. Faudra-t-il présenter un certificat de baptême aux patrons et à la municipalité ? Enfin, tout rentra dans l’ordre : les Nord-Africains finirent par toucher comme les autres. Mais ce fut une rude bataille et nous n’y fûmes pas pour rien. Ces travailleurs sont nos frères, la lutte qu’ils mènent contre les colonialistes est bien la même que celle que nous menons contre le patronat.

LE GROUPE COMMUNISTE LIBERTAIRE DE MÂCON.

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