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Michel Donnet : Le combat anticolonial, c’est la lutte de classe

Article de Michel Donnet alias Michel Malla paru dans Le Libertaire, n° 385, 11 mars 1954, p. 4

LE colonialisme est fait de pillages et de meurtres. C’est un crime permanent qu’il faut sans cesse dénoncer.

Le temps du colonialisme doit finir bientôt car les peuples colonisés se réveillent et donnent l’exemple d’un magnifique combat. Chaque coup porté contre l’impérialisme par les mouvements révolutionnaires d’outre-mer a ses répercussions sur le capitalisme de chez nous. Chaque victoire des peuples colonisés est une victoire pour le prolétariat mondial. Chaque coup porté contre le militarisme – surtout en Indochine – affaiblit notre armée nationale de métier qui risque un jour ou l’autre – ne l’oublions pas – de devenir une armée contre-révolutionnaire entre les mains de la classe possédante, une armée de répression.

Au contraire, chaque victoire de l’Impérialisme et du militarisme ruine un peu plus le prolétariat de ce pays et fait reculer l’heure de sa libération.

Une partie de la bourgeoisie française, de de Gaulle à Daladier en passant par le Comte de Paris, est partisante d’une négociation en Indochine ; c’est pour pouvoir ramener les mercenaires en Afrique du Nord et en France. C’est pour pouvoir mâter le prolétariat nord-africain et français qui risque de devenir très dangereux.

La guerre d’Indochine ne peut se terminer que par le départ des Français. La lutte révolutionnaire que mène tout un peuple opprimé ne peut cesser à partir d’un compromis. Ceux qui pensent à ce compromis, ceux qui parlent d’une négociation possible n’ont rien compris au problème du colonialisme ou obéissent à des intérêts supérieurs.

Les peuples colonisés lutteront jusqu’à leur libération totale. L’Union Française n’existe pas. Les belles déclarations sont restées lettres mortes. On a gueulé partout et surtout à l’O.N.U. : « Droit aux peuples à disposer d’eux-mêmes ». Ils ont disposé jusqu’à maintenant du coup de matraque, de la prison, de la sous-alimentation et de la maladie. Ils ont répondu par la révolte. C’est normal.

Le colonialisme se meurt. On invente pour le ressusciter « l’Eurafrique ». Ce masque grotesque dont il va s’affubler ne le fera pas survivre. Le vieux colonialisme national va peut-être se transformer en colonialisme international ; c’est l’Europe, avec ou sans C.E.D., qui va reconquérir l’Afrique. Ce n’était vraiment pas la peine de taire couler tant de sang pour prendre quelques colonies allemandes si quarante ans plus tard le capitalisme franco-germanique repart à la reconquête d’une Afrique qui lui échappe.

L’Eurafrique – comme l’Europe – aux mains des guerriers de métier et des capitalistes ne nous intéresse pas. Elle nous intéresse d’autant moins qu’elle constitue une victoire pour le capital.

Nous saurons lutter avec le prolétariat d’outre-mer. Chaque coup porté contre notre capitalisme est un coup porté contre l’impérialisme. C’est en luttant chaque jour dans notre propre pays contre le capital et l’Etat que nous aiderons les peuples colonisés dans leur combat révolutionnaire.

Le combat anticolonial, c’est la lutte de classe.

Michel MALI.A.

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