TANDIS que la nationalisation des moyens de production s’accommode fort bien, comme on peut le voir dans le monde entier, de l’État existant — capitaliste partout — la socialisation implique sa destruction préalable et totale. Celle-ci peut uniquement être l’œuvre de la couche sociale qui, de nos jours, subit le plus lourdement l’oppression politique et économique. Cette dernière se manifeste par une répartition monstrueusement inégale des biens de consommation et de la culture.
Once a prisoner of war himself, David Rousset, famed French writer, is shown as he staged the first rally of his one-man crusade for the investigation of Soviet prison and work camps, where thousands of prisoners of war are still held, many at forced labor. (Photo by Bettmann/Corbis/Getty Images)
AU cœur de la crise morale et intellectuelle de la gauche se trouve cette question à deux faces : pourquoi la révolution socialiste n’a-t-elle pas eu lieu ? Demeure-t-elle possible ?
Albert Einstein (right), and Mme. Irene Joliot-Curie, French nuclear physicist, sit in the sun on the back porch of Einstein’s home in Princeton, New Jersey, USA. Mme. Joliot-Curie, who was detained overnight at Ellis Island when she arrived in the U.S. March 18th, was Prof. Einstein’s guest.
Dans ce grand débat d’idées que suscite l’irrésistible mouvement des peuples contre la guerre, notre ami David Rousset exprime le point de vue de ceux qui voudraient déjà que l’on apporte à la formule du « gouvernement mondial » un contenu économique et social susceptible d’en hâter la réalisation.
LORSQUE Garry Davis déclare : « Ancien pilote de bombardement, je ne tiens pas à le redevenir », nous sommes tous, j’imagine, d’accord avec lui. Mais ensuite ? Car, enfin, s’il suffisait pour que la paix soit de crier son nom dans la sincérité du cœur, le problème serait depuis fort longtemps résolu. Nous pouvons répéter à satiété et avec toutes les transes exigées : « Paix sur la terre et aux hommes de bonne volonté », il n’arrivera rien d’autre que ce qui est. Nous n’aurons pas fait le moindre pas en avant, mais par contre perdu beaucoup de temps précieux.
Discours d’André Bretonà la Rencontre internationale de la salle Pleyel et paru dans La Gauche, n° 10, 20 décembre 1948, p.3
Conférence de André Breton et Garry Davis à Paris, circa 1950. (Photo by Keystone-France/Gamma-Rapho via Getty Images)
EN invitant à s’exprimer ici tel d’entre nous dont je suis, nos amis du R.D.R. montrent assez que la conception démocratique dont ils se réclament n’est pas un vain mot de leur part. Ils jugent tolérable, voire souhaitable, que la présente réunion manifeste entre ceux qui y participent d’appréciables divergences de points de vue. Ils font voir par-delà ces divergences à la sincérité et à la solidité de nos objectifs communs, éprouvés dans la personne de chacun d’entre nous. Ils font passer cet accord essentiel par-dessus tout ce qui pourrait tendre à nous séparer sur le plan de la méthode, cette méthode elle-même fonction de nos formations d’esprit et de nos déterminations individuelles très dissemblables.
FRANCE – MARCH 20: Trotskist Militant David Rousset At An Existentialist Meeting In Parism On March 20Th, 1948. (Photo by Keystone-France/Gamma-Keystone via Getty Images)
LES hommes de ce siècle sont rassasiés de mensonge. L’Histoire, dans son ironie profonde, révèle le mensonge comme la moralité supérieure de la société. Il accompagne les hommes depuis les origines avec obstination. Il exprime l’intensité des contraintes, la violence des contradictions. Il est tout à la fois le compromis sur le dos de l’esclave, mais aussi en un certain sens la duperie du maître. Il résout et il accommode. Il peut être l’arme la plus cynique et la plus brutale dans la violence déchaînée. Il est l’aveu permanent de l’exploitation de l’homme, de sa meurtrissure sociale. Son triomphe aujourd’hui dépasse de loin toutes les apothéoses du passé. Il nous enseigne ainsi notre place dans l’Histoire.
Discours d’Albert Camus à la Rencontre internationale de la salle Pleyel et paru dans La Gauche, n° 10, 20 décembre 1948, p. 3
FRANCE – DECEMBER 01: Paris. Salle Pleyel. Albert Camus Speaking. December 1948. (Photo by Keystone-France/Gamma-Keystone via Getty Images)
NOUS sommes dans un temps où les hommes, poussés par de médiocres et féroces idéologies, s’habituent à avoir honte de tout. Honte d’eux-mêmes, honte d’être heureux, d’aimer ou de créer. Un temps où Racine rougirait de Bérénice et où Rembrandt, pour se faire pardonner d’avoir peint « La Ronde de nuit », courrait s’inscrire à la permanence du coin. Les écrivains et les artistes d’aujourd’hui ont ainsi la conscience souffreteuse et il est de mode parmi nous de faire excuser notre métier. A la vérité, on met quelque zèle à nous y aider. De tous les coins de notre société politique un grand cri s’élève à notre adresse et qui nous enjoint de nous justifier. Il faut nous justifier d’être inutiles en même temps que de servir, par notre inutilité même, de vilaines causes. Et quand nous répondons qu’il est bien difficile de se laver d’accusations aussi contradictoires, on nous dit qu’il n’est pas possible de se justifier aux yeux de tous, mais que nous pouvons obtenir le généreux pardon de quelques-uns, en prenant leur parti, qui est le seul vrai d’ailleurs si on les en croit. Si ce genre d’argument fait long feu, on dit encore à l’artiste : « Voyez la misère du monde. Que faites-vous pour elle ? » A ce chantage cynique, l’artiste pourrait répondre : « La misère du monde ? Je n’y ajoute pas. Qui parmi vous peut en dire autant ? » Mais il n’en reste pas moins vrai qu’aucun d’entre nous, s’il a de l’exigence, ne peut rester indifférent à l’appel qui monte d’une humanité désespérée. Il faut donc se sentir aimable, à toute force. Nous voilà traînés au confessionnal laïque, le pire de tous.
Appel paru dans Gavroche, n° 169, 24 décembre 1947, p. 1-2
French philosopher and author Jean-Paul Sartre (1905 – 1980) during an interview in which he denies ‘founding’ the new philosophy of Existentialism, describing it as the present day current of thought. Original Publication: Picture Post – 4411 – A New Philosophy Or Is It Only A New World? – pub. 1947 (Photo by Charles Hewitt/Getty Images)
NOUS publions aujourd’hui le texte intégral du premier appel adressé par un groupe d’intellectuels français à la conscience internationale. Soucieux de préciser publiquement leurs positions intellectuelles, morales et politiques devant les événements et décidés à résister à la poussée de forces qui, dans l’univers et à l’intérieur de chaque nation, aveuglent aujourd’hui les esprits, préparant ainsi des catastrophes que certains considèrent comme fatales, quelques hommes de gauche, qui croient encore à la liberté et à la responsabilité, ont choisi de préciser leurs accords sur le plan de la vie internationale, comme sur celui de la vie nationale.
Article d’Yves Dechézellesparu dans La Gauche, n° 12, 11 février 1949, p. 1-3
Le témoignage de Louis Martin-Chauffier lors du procès de Viktor Kravchenko contre le journal ‘Les Lettres françaises’, le 25 février 1949, à Paris. (Photo by Keystone-France/Gamma-Rapho via Getty Images)
Ce n’est pas assez du fracas des armes et des invectives homériques que les diplomates se lancent à la figure en pleine tribune de l’O. N. U., pour exprimer les conflits entre les grands. La justice s’est aussi mise de la partie.
Joseph stalin, around 1939, in his office in the kremlin, moscow, ussr. (Photo by: Sovfoto/Universal Images Group via Getty Images)
Ce n’est pas un mince sujet d’étonnement pour l’observateur que de constater la singulière vitalité dont fait preuve dans les pays les plus divers le bolchevisme dégénéré, sous ses aspects sans cesse mouvants, et les succès indéniables qu’il a remportés ici et là, en dépit et peut-être à cause de son caractère essentiellement fugace, changeant, de son habileté à varier, de son opportunisme et de son adaptivité. Ces succès ne s’expliquent évidemment pas par une adhésion consciente de masses sans cesse accrues, à un principe révolutionnaire. En premier lieu, le communisme officiel de notre époque ne cèle même plus qu’il ne se donne pas pour but la révolution ; en second lieu, c’est précisément cet abandon de ses buts initiaux qui lui permet de séduire des couches beaucoup plus larges qu’a l’époque où il faisait profession d’intransigeance.
Article de Robert Petitgand alias Robert Delny paru dans Masses, n° 1, janvier 1939, p. 12-18
German troops parade through the state stadium in Prague, during the German occupation of Czechoslovakia, on the occasion of Adolf Hitler’s 50th birthday, 20th April 1939. The troops were reviewed by General Viktor von Schwedler, Commander of the 4th Army Corps. (Photo by Ceteka/Pix/Michael Ochs Archives/Getty Images)
Une révolution profonde est toujours précédée d’un vaste mouvement d’idées qui bouleverse de fond en comble les conceptions morales de l’ancienne société. A l’image idéale que l’on se faisait de l’homme se substitue une éthique nouvelle née des rapports originaux que la vie a introduits dans le corps social et dont la pression irrésistible fait éclater l’enveloppe des institutions arriérées. La brusque rupture d’équilibre qui fait chanceler l’ancienne organisation, se traduit d’abord par la démoralisation du vieil homme, incapable de contenir plus longtemps l’afflux des tendances juvéniles, endiguées jusque là par une contrainte aussi avisée que tyrannique. La philosophie des Lumières au 18e siècle ne se borna pas à dénoncer les privilèges ; elle entreprit également la critique des vertus séculaires de l’homme bien né, railla l’honneur aristocratique, réduisit la gloire féodale à la mesure d’un simple et parfois chimérique appétit. Le Jacobinisme n’aurait jamais pu accomplir sa tâche historique, si préalablement la doctrine philosophique n’avait précipité de leur piédestal, pour les faire rentrer dans la commune nature, les personnes héroïques des potentats féodaux.
Je suis heureux d’annoncer à mes amis et lecteurs la parution d’un nouvel entretienautour de mon ouvrage Histoire algérienne de la France qui vient de paraître aux PUF.
Texte paru dans Venceremos, n° 2, octobre 1986, p.61-62
A section of a lane in Kings Cross where Heroin addicts use to « Shoot Up ». November 21, 1986. (Photo by David Richard Trood/Fairfax Media via Getty Images).
La diffusion de masse de l’héroïne sur les quartiers et dans les cités correspond historiquement au début de la crise et du chômage qui en découle (années 74-75) ; la bourgeoisie doit étendre son contrôle et son exploitation jusqu’au prolétaire exclu du marché du travail, pour ce faire elle utilise un moyen déjà utilisé dans d’autres pays (les USA des années 60) pour pacifier les ghettos et détruire les velléités de révolte.
Je suis heureux d’annoncer à mes amis et lecteurs la tenue d’une nouvelle rencontre autour de mon dernier ouvrage, Histoire algérienne de la France, qui vient de paraître aux Puf.
21st June 1976: South African rioters in Soweto use cars as roadblocks during unrest stemming from protests against the use of Afrikaans in schools. (Photo by Keystone/Getty Images)
Forces d’encadrement de la paysannerie pauvre et de la petite bourgeoisie intellectuelle du « tiers monde », organismes patentés de la récupération et du sabotage des luttes parcellaires du prolétariat, bras armés de la restructuration étatique des capitalismes faibles, les fronts patriotiques, les fractions nationalistes ou régionalistes, occupent une place de choix dans le spectacle de la mystification politique, dans le jeu sanglant de la mise en coupe des populations récemment passées sous le signe du salariat…
Je suis heureux d’annoncer à mes amis et lecteurs que la soirée de lancement du très beau livre collectif, Boubaker Adjali l’Africain : un regard tricontinental, qui vient de paraître aux éditions Otium, aura lieu ce mercredi 8 févrierà partir de 19h à la librairie coopérative Envie de lire : 16, rue Gabriel Péri 94200 Ivry-sur-Seine (métro : Mairie d’Ivry).
CANADA – JANUARY 21: Daniel Cohn-Bendit (Photo by Don Dutton/Toronto Star via Getty Images)
Depuis plusieurs mois, la conscience de l’isolement et le désir de le rompre sont des constations de base. Il y a différentes manifestations : aller voir les gens chez eux, dans certains cafés, dans les lieux de passage. Mais se laisser aller aux aléas de la vie quotidienne se révèle vite insatisfaisant, dès qu’on a conscience à quel point le pouvoir manipule les réactions affinitaires, les désirs, etc… ; de plus les rencontres fortuites sont de plus en plus rares à cause du morcellement, du cloisonnement, de l’atomisation forcenée des réseaux sociaux et des individus imbriqués là-dedans. Il s’agit :
L’attitude des Jeunesses socialistes révolutionnaires détermine des réactions fort diverses. Mais il en est une qui nous impose une mise au point. Il existe en effet des jeunes, et la présente page est émaillée d’exemples de ce genre, qui du plus haut sommet de l’intellectualisme, sceptique et, dilettante nous reprochent je ne sais trop quel sectarisme terre a terre. Pour nous l’action révolutionnaire est une action ingrate, tissée de menus faits dont tous sont animés par une idée semblable ; c’est une longue patience vers l’acquisition d’arrache-pied du but immense de l’émancipation des hommes, et non pas une simple dissertation dans le vide destinée à n’être jamais suivie d’effets concrets. Pour nos amis, au contraire, l’action consiste en fait à contempler la lutte du sommet de l’arène, en menant grand tapage, en jetant des fleurs et en s’écriant de temps en temps : « Bravo toro ! » Ceux qui se croient les plus sportifs sont souvent ceux qui, spectateurs habituels des compétitions n’ont en fait jamais pratiqué le sport.
Article paru dans L’Insurgé, n° 1, 15 avril 1969, p. 4
Les ‘forts des Halles’ manifestant contre leur ‘reconversion’ après le transfert des Halles à Rungis, le 12 février 1969 à Paris, France. (Photo by Keystone-France/Gamma-Rapho via Getty Images)
C’est un Marocain aux cheveux crépus. 25 ans environ. Assis à la terrasse d’un bistrot de la rue du Louvre. Passent deux forts des Halles qui le bousculent. Il proteste. Les débardeurs sont furieux : « Quoi ! Monsieur n’est pas content ? Retourne dans ton pays, sale étranger ! » Il est empoigné et jeté dehors. Le patron rigole, les clients approuvent : « C’est quand même quelque chose ! Venir nous faire chier chez nous ! Et on paye des impôts pour eux. Qu’on les renvoie dans leur pays, bon Dieu ! On est en France, non ? »
Article paru dans L’Anti-Mythes, n° 5, [1974-1975], p. 2-10
Banderole ‘Pour une école publique démocratique’ lors de la manifestation contre la ‘Réforme Haby’ le 28 mai 1975 à Paris. (Photo by Francois LOCHON/Gamma-Rapho via Getty Images)
Avant mai 68, il semblait globalement qu’aucune pédagogie ne s’articulait sur l’évolution générale de l’intelligentsia. A la « découverte » de la psychanalyse, du matérialisme historique, de la linguistique, à l’apparition de revues du type Tel Quel, les Cahiers pour l’analyse, etc., il n’y avait aucun répondant dans l’enseignement. Ce dernier apparaissait de plus en plus archaïque, au point que dans le supérieur les étudiants pouvaient à juste titre avancer des mots d’ordre du type : les enseignants ne savent rien, nous sommes des étudiants sans enseignants ; virons les croûtons, ces incapables dont le pouvoir ne repose même plus sur un savoir.
Article de Geneviève Prost paru dans Tankonalasanté, n° 7, février 1974, p. 15
French minister of economy and finance Valery Giscard d’Estaing visits the retirement home of Chamalières (Central France). He has been the mayor of the city from 1967 to 1974 (Photo by Alain Nogues/Sygma/Sygma via Getty Images)
Des organisations syndicales démocratiques proposent aux travailleurs d’avancer de cinq ans l’âge de la retraite (encore faut-il y arriver), et en font un thème de lutte contre le patronat. Gagner cinq ans… cinq ans d’exploitation ? Ou cinq ans de vie ? Quelle vie ?
Je suis heureux d’annoncer à mes amis et lecteurs la parution, aux Éditions Otium (Collection Argentique), d’un très beau livre collectif, Boubaker Adjali l’Africain : un regard tricontinental.
Vous y trouverez les contributions éclairantes de Sohir Belabbas-Bendaoud, Marie Chominot, Olivier Hadouchi, Constantin Katsakioris et Luísa Semedo.
Je suis heureux d’annoncer à mes amis et lecteurs la tenue d’une nouvelle rencontre autour de mon dernier ouvrage, Histoire algérienne de la France, qui vient de paraître aux Puf.
Chaîne de montage de l’usine ‘Renault’ de Boulogne-Billancourt, en 1956. (Photo by Keystone-France/Gamma-Rapho via Getty Images)
Fin Janvier, chaque membre du personnel de la Régie Renault a reçu à domicile, une lettre l’informant que prochainement serait institué un système de retraite pour tous.
Ceux qui sont déjà d’un âge avancé ont accueilli cette nouvelle avec beaucoup de sympathie, ceux qui sont plus jeunes l’ont accueillie avec beaucoup plus d’indifférence : « où serons-nous dans 25 ou 30 ans ? »
Teenager In Front Of A Carding Machine, September 1954. (Photo by Keystone-France/Gamma-Keystone via Getty Images)
Dans le numéro 5 de « Tribune ouvrière », un camarade a posé la revendication du droit à la retraite à 55 ans pour les ouvriers comme pour les fonctionnaires. Le camarade conclut son article en écrivant :
« Nous estimons que la société a la possibilité d’offrir à ceux qui suent et surtout à ceux qui produisent, le repos à 55 ans. »
Je suis heureux d’annoncer à mes amis et lecteurs la tenue d’une nouvelle rencontre autour de mon dernier ouvrage, Histoire algérienne de la France, qui vient de paraître aux Puf.
Article paru dans Pouvoir Ouvrier, n° 95,février 1969,p. 1 et 5
Des policiers font monter des étudiants dans leur car après que plusieurs bagarres aient éclaté lors d’une nouvelle tentative d’occupation de la Sorbonne le 24 janvier 1969 à Paris, France. (Photo by KEYSTONE-FRANCE/Gamma-Rapho via Getty Images)
La rentrée de janvier avait eu lieu tout de même. Les cours avaient repris secteur par secteur, département par département, discipline par discipline. Le gouvernement respirait.
Article paru dans Action, n° 35,12 décembre 1968,p. 6
Le hall du centre universitaire de Vincennes qui vient d’ouvrir ses portes, à Vincennes, France le 24 décembre 1968. (Photo by Keystone-France/Gamma-Rapho via Getty Images)
Mai a bouleversé le rapport de forces dans l’Université les péripéties de la rentrée universitaire l’ont bien montré : les professeurs réactionnaires sont pris d’une peur panique devant les possibles développements de la lutte, les enseignants dits « progressistes » se font surtout remarquer par leur absence ; le pouvoir, lui, reflète la trouille générale, temporise et retarde la rentrée dans toutes les facultés de France.
Vendeuses en grève d’un magasin près de la Gare Saint-Lazare, le rideau de fer est baissé, 17 juin 1936, Paris, France. The metal grill has been pulled down on this store near the Saint-Lazare train station and the saleswomen are on strike, June 17, 1936, Paris, France. (Photo by KEYSTONE-FRANCE/Gamma-Rapho via Getty Images)
Pour les Communistes les enseignements de l’histoire du Front Populaire sont des plus simples : l’unité syndicale et l’unité politique de la gauche ont alors assuré la défaite de la réaction et le succès des revendications ouvrières. Aujourd’hui comme il y a 30 ans, « l’unité sans exclusive » des organisations syndicales et des « vrais républicains » produirait les mêmes heureux effets et même permettrait d’amorcer la transition pacifique vers le socialisme. Le dernier mot du « marxisme » des communistes est de proposer aux travailleurs la simple répétition d’une politique vieille de trois décennies, qui fut mise en œuvre dans des conditions entièrement différentes et qui de surcroit démontra la faillite retentissante du réformisme.
Article paru dans El-Oumami, n° 8, février-mars 1980, p. 13-15
Chinese Prime Minister Chou En-Lai shakes hands with Pakistan Prime Minister Mohammed Ali at the end of the African-Asian Conference, held in Bandung, Java, Indonesia in April 1955.
Au cours d’une récente réunion générale du parti, un rapport a été présenté, dont le but était de faire le point pour situer approximativement où ce mouvement historique en est arrivé aujourd’hui alors que nous escomptons une reprise de la lutte prolétarienne et qu’il nous intéresse au plus haut point de préciser quelles forces pèseront dans la balance de la révolution communiste.
Article paru dans L’Arme de la critique, supplément à Alarme, n° 3, mai 1987, p. 7-13
FRANCE – APRIL 09: Election Boards In The Streets Of Paris On April 9, 1936. The Front Populaire, A Link Coalition, Won The Elections. We Can See That The Struggle Against Fascism Was A Key Component Of Their Program. (Photo by Keystone-France/Gamma-Keystone via Getty Images)
Deux facteurs visibles dominent les années 30 pour la classe ouvrière. D’une part la crise économique, d’autre part la référence à la révolution russe et sa répercussion mondiale. Mais le facteur déterminant, pressenti et dénoncé par quelques minorités seulement, et qui fait basculer de tout son poids vers la guerre, c’est la contre-révolution, initiée en Russie développée par le stalinisme et qui s’étend silencieusement au monde entier, relayée par les appareils syndicaux, socio-démocrates et fascistes.
Texte du groupe franco-espagnol des « Amigos de Durruti » paru dans Révision, n° 6, 1er août 1939, p. 4-5
Spain! True Anarchists are against false liberty, invoked by cowards, to avoid their duty. Publication by the Spanish Anarchist movement with a portrait of José Buenaventura Durruti (1896 20 November 1936). Durruti was an Anarcho-syndicalist militant involved with the CNT, FAI and other anarchist organisations during the period leading up to and including the Spanish Civil War. Durruti played an influential role during the Spanish Revolution and is remembered as a hero in the Anarchist movement. (Photo by: Universal History Archive/Universal Images Group via Getty Images)
Les décrets-lois marquent un pas vers la fascisation de la France. Les avantages ouvriers sont battus en brèche. Les unes après les autres, les conventions collectives sont dénoncées. Dans les nouvelles conventions, le patronat, en harmonie avec les mesures gouvernementales, s’efforce d’anéantir les avantages offerts par ces conventions, et de n’en conserver que la discipline anti-ouvrière.
Sollicité au sujet de la pétition réclamant la libération d’Ihsane El Kadi, j’ai refusé de signer le texte daté du 26 décembre 2022 en raison de la référence à la constitution qui ne me semble pas constituer un point d’appui pour garantir le respect des libertés politiques.
Je suis heureux d’annoncer à mes amis et lecteurs la parution d’une nouvelle recension de mon Histoire algérienne de la France (Puf) signée Sylvain Boulouque pour la revue trimestrielle Chroniques Noir & Rouge(n° 11, décembre 2022, p. 60-61).
Jean-Marie Le Pen sur le plateau de l’émission ‘L’Heure de vérité’, le 13 février 1984, à Paris. (Photo by Laurent MAOUS/Gamma-Rapho via Getty Images)
Sans sombrer dans un anti-fascisme de pure forme – voie de garage facile pour un radicalisme en mal de perspectives – nous ne pouvons contourner le problème d’une effective remontée de l’extrême droite et, plus largement, des thématiques dont elle est traditionnellement le vecteur ; racisme, poujadisme, idéologie sécuritaire. Par-delà le phénomène médiatique et (donc) électoral que constitue Le Pen, ce renouveau d’une droite autoritaire s’articule sur plusieurs niveaux différenciés, lui donnant un caractère d’opération politique d’ensemble, qui n’a rien à voir avec le phantasme d’un coup d’État ou un simple péril activiste fasciste.
Michel Rocard lors d’un rassemblement de soutien à la démocratie à Dreux le 9 septembre 1983, France. (Photo by Laurent MAOUS/Gamma-Rapho via Getty Images)
« A Dreux, nous avons refusé le silence. Et nous nous sommes battus, parfois physiquement contre ces jeunes gens en treillis et rangers, protège-dents aux mâchoires et matraque à la ceinture. Depuis des mois. Aussi, lorsqu’à la fin du scrutin quand nous avons vu et entendu le premier secrétaire du parti socialiste dire sur nos écrans de T.V qu’il n’y a pas aujourd’hui de danger fasciste en France, nous avons regretté qu’il ne soit pas venu faire un tour à Dreux… Faut-il rappeler que dans les années trente déjà, la SFIO tentait de minimiser la montée du nazisme parce que la France n’était pas l’Allemagne » (Nouvel Obs. 22/09/1983).
Manifestation en solidarité de Nacer M’Raidi bléssé par un policier, Chatenay-Malabry le 19 février 1983, France. (Photo by Mohamed LOUNES/Gamma-Rapho via Getty Images)
Le 14 février, un brigadier blessait grièvement un jeune Tunisien. Les jeunes des deux cités – l’une française, l’autre immigrée – se retrouvent pour s’organiser.
Je suis heureux d’annoncer à mes amis et lecteurs la parution d’une nouvelle recension de mon Histoire algérienne de la France (Puf) signée Sylvain Boulouque pour le site Slate.fr
Ce samedi tranquille de février 80, un flot ininterrompu de promeneurs inhabituels envahissant les rues, sema la consternation dans ce quartier sans histoires du 20e arrondissement. Beurs, punks, skins, étudiants rigolards et désœuvrés progressaient sans discrétion vers l’usine occupée de la Parmentière et les squats de l’ilot St Blaise. Sur leur passage, les commerçants inquiets fermaient précipitamment boutique et le claquement métallique des lourds rideaux d’acier résonnait comme la métaphore d’antagonismes sociaux irréductibles.
Depuis quelques mois, la vague d’intérêt suscitée par les jeunes immigrés de la seconde génération semble être retombée. Les « beurs » ont-ils réintégré leurs cités ?
En fait ce silence dissimule de profondes mutations souterraines.
Retrouvez aujourd’hui sur le site du magazine Mariannemon entretien avec Kévin Boucaud-Victoire autour de mon ouvrage Histoire algérienne de la France qui vient de paraître aux PUF.
Manifestation à l’appel du Parti communiste pour soutenir le maire de Vitry-sur-Seine qui à provoqué un tollé en détruisant un foyer de travailleurs maliens le 10 janvier 1981 à Vitry-sur-Seine, France. (Photo by Laurent MAOUS/Gamma-Rapho via Getty Images)
Le 24 décembre dernier, un commando de militants du PCF, employés communaux, et accompagnés du maire de Vitry, faisait une descente au bulldozer sur le foyer de Vitry où venaient d’être relogés 300 travailleurs immigrés maliens.
Article paru dans El-Oumami n° 24, avril 1982, p. 16
L’ancien président algérien Ahmed Ben Bella, l’ancien premier ministre soudanais Sadeq al-Mahdi et l’évêque melkite Hilarion Capucci lors de la Conférence internationale du Conseil islamique à Paris le 22 septembre 1982. (Photo by Jean-Claude FRANCOLON)
L’ « Amicale des Algériens en Europe » semble revenir à ses vieilles méthodes dans le but de semer la peur dans les rangs des travailleurs émigrés. C’est ce qui se dégage en tout cas du récent incident qui a lieu le 28 mars dernier à la Maison du Peuple de Belfort au cours d’une réunion publique organisée par Ben Bella et ses partisans. Plusieurs dizaines de nervis de l’Amicale sont intervenus violemment à coups de barres de fer en scandant le nom de Boumediene et ont ainsi réussi à mettre un terme à la réunion, espérant en même temps décourager la présence des travailleurs émigrés à ce type de réunion.
Depuis la mort de Boumédiène et son remplacement par Chadli, un certain nombre d’évènements ont eu lieu en Algérie. Nous avons déjà évoqué dans T.I.L. certains d’entre eux, comme par exemple la campagne d’ « assainissement ». Après l’élargissement de Ben Bella et la suppression des autorisations de sortie, la presse internationale n’a cessé de parler des perspectives de plus en plus certaines de « libéralisation ». Des illusions sont propagées par la presse bourgeoise au sein de la classe ouvrière, sur les effets bénéfiques d’une présumée « déboumédiènisation »…
Des travailleurs immigrés dans le bureau du directeur de leur foyer SONACOTRA dans les années 1970. (Photo by Francois DUCASSE/Gamma-Rapho via Getty Images)
La volonté de l’Etat français d’expulser toute une partie de l’immigration ouvrière ne fait pas de doute. Représentant une population d’environ 800 000 personnes aujourd’hui (843 806 en janvier 1977) dont près de 400 000 travailleurs, les Algériens, composante importante de l’immigration, sont directement visés. 350 000 d’entre eux ont reçu des cartes de séjour d’un an après l’expiration de celles de 10 ou 15 ans qu’ils possédaient. Ce n’est qu’un répit, qui reporte l’échéance d’une éventuelle expulsion à 1980.
Je suis heureux d’annoncer à mes amis et lecteurs la parution d’une nouvelle recension de mon Histoire algérienne de la France (Puf) signée Valentine Faure pour l’édition papier du journal Le Monde datée du 15 décembre.
Groupe d’enfants dans une rue de la casbah d’Alger, en avril 1979, Algérie. (Photo by Michel HUET/Gamma-Rapho via Getty Images)
Début septembre, était déclenchée à Alger une vaste campagne pour lutter contre la délinquance et la malpropreté dans la ville. Cette campagne devait s’étendre aux villes d’Oran, de Constantine, etc., les jours suivant.
Je suis heureux d’annoncer à mes amis et lecteurs la tenue d’une nouvelle rencontre autour de mon dernier ouvrage, Histoire algérienne de la France, qui vient de paraître aux Puf.
Lettre parue dans L’Union prolétarienne, n° 6, novembre-décembre 1984, p. 1-7
Nadja Reski et Jean-Pierre André lors du tournage du film ‘Pierre et Djemila’ en septembre 1986 à Roubaix (Photo by Jacques PRAYER/Gamma-Rapho via Getty Images)
Nous tenons d’abord à vous dire que beaucoup de choses nous ont motivés pour rédiger ce texte. La conjoncture bien sûr. A travers elle, il s’agit avant tout de déterminer quelle doit être notre intervention. Pour cela, une conception relativement claire de la situation globale s’affirme de plus en plus comme étant nécessaire. Ce qui ne signifie pas, bien entendu, qu’il ne faille rien envisager et ne pas intervenir avait de disposer d’une vue complète de la situation. Dans la question qui nous concerne aujourd’hui, le racisme et le fascisme, il convient très certainement de situer cette offensive du capital dans une perspective beaucoup plus vaste de la bourgeoisie : celle qui consiste à empêcher toute constitution de la classe ouvrière en classe organisée, organisée pour ses propres buts, organisée en classe pour soi.
Article paru dans El-Oumami, n° 24,avril 1982, p. 13
L’ancienne filature de coton et de laine ‘Motte Bossut et Cie’, aujourd’hui le Centre des archives du monde du travail, à Roubaix, en 1987, dans le Nord, France. (Photo by Pierre MICHAUD/Gamma-Rapho via Getty Images)
La situation des jeunes dans les quartiers ouvriers de Roubaix, dont beaucoup font partie de la « 2e génération » d’immigrés, s’aggrave continuellement.