On peut lire mon dernier article, « L’histoire et la politique hors-la-loi? Réflexions autour d’un film sur des indépendantistes algériens », dans la revue French Politics, Vol. 30, No. 3 Winter 2012, pp. 119-129.
En voici les premières lignes :
Constamment reconstruit suivant les logiques du temps présent, le cinéma historique apparaît comme le produit d’une équation à plusieurs variables dépendant, tout à la fois, de la configuration interne des relations au sein des univers politique et cinématographique et des modalités spécifiques de leur croisement. 1
J’ai fait partie de ceux qui attendaient avec une réelle impatience la sortie du dernier film de Rachid Bouchareb. Je n’avais pourtant guère apprécié le message et l’esthétique du film Indigènes, présenté comme le prologue de Hors-la-Loi, et encore moins la reprise du « Chant des Africains » par les acteurs récompensés lors du Festival de Cannes en 2006. Chant qui, rappelons-le, était devenu un hymne colonialiste durant la révolution algérienne et qui fut interdit dans l’armée française sous la présidence de Charles de Gaulle. Après 1962, il appartiendra au patrimoine des nostalgiques de l’Algérie colonisée.
Ma déception fut grande en sortant de la salle, malgré les avertissements glanés dans les médias algériens et français, en particulier à l’occasion la polémique relative à sa projection au festival de Cannes que des militants de l’Algérie française voulaient perturber sans avoir vu le film. Jean Bréhat, co-producteur, annonçait alors : « Il y a une base historique, mais c’est avant tout un film de gangstersii ». Je pouvais alors commencer à tempérer mon enthousiasme. En reprenant les principaux éléments de réflexion sur les contours de la critique du film, je m’attacherai dans cet article à restituer quelques enjeux autour du cinéma algérien et de la représentation du mouvement indépendantiste.
i Sylvie Lindeperg, « La Résistance rejouée. Usages gaullistes du cinéma », Politix 6, 24 (1993), 151.
ii L’Express, 6 mai 2010.